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La postérité de l'empereur Tibère (XVIIIème- XXIème siècle)


par Thomas Min-Tung
Université du Havre - Master 2 « Cultures, Espaces et Sociétés Urbaines et Portuaires » 2015
  

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c. Un prince souhaitable ?

Enfin, et c'est là un point d'intérêt majeur à mettre à cette question, on ignore tout de ce qu'aurai pu être le règne de Germanicus. Il semble que lui-même était conscient de cette adulation malsaine, ayant fait publier un édit pour que les Égyptiens ne lui manifestent pas d'égards superflus356. Mais s'il avait vécu, aurait-il suivi le même exemple que son fils, acclamé à son avènement, conspué quatre ans plus tard ? Cela est plausible. Si Caligula a été autant aimé à ses débuts, c'est en tant que fils de Germanicus. C'était donc une image qu'on révérait, non pas l'homme lui-même. Au pouvoir, Germanicus aurait autant pu poursuivre ses idéaux de jeunesse, tout en les mûrissant avec l'expérience, et devenir un précurseur de Trajan que révéler son inaptitude, se reposer sur sa popularité et finir par être tout autant détesté que les empereurs julio-claudiens.

Pour devenir dément, le tyran avait besoin de temps. Germanicus, comme Alexandre ou Titus, est mort en pleine gloire, assez jeune pour qu'on plaigne cette injustice, mais il est probable que, s'il avait vécu, sa réputation aurait été ternie, comme celle de son père adoptif. Charles Beulé propose l'étude hypothétique d'une mort prématurée de Tibère : aurait-il été aussi populaire que Germanicus

s'il avait péri durant le règne d'Auguste ?: Arrêtons-nous un instant, messieurs, et demandons-nous ce qu'aurait pensé de Tibère la postérité, si la tempête qui l'emportait vers une île lointaine avait submergé son navire. Quel crime avait-il commis jusque-là, dans l'ordre moral ? De quel attentat était-il responsable, dans l'ordre légal? Quelle faute grave lui reprocherait-on , si ce n'est la faiblesse qui le tenait asservi sous l'implacable Auguste et lui faisait répudier sa femme enceinte pour épouser la fille méprisée de l'empereur? Quel acte de cruauté l'avait trahi? Quel esclave avait-il fait torturer? Quel citoyen avait-il maltraité? Quelles violences lui reprochait-on? Quelles lois avait-il personnellement et volontairement enfreintes? (...) Si Tibère était mort alors, à l'âge de trente-cinq ans , il aurait laissé une réputation à peu près semblable à celle de Drusus, son frère, qui s'était montré aussi un brave soldat, un bon général, un citoyen strictement honnête, supérieur parce qu'il regrettait la liberté et se montrait moins soumis à Auguste.357

Il est vrai que Germanicus était en droit de demander le pouvoir ; certes, Auguste avait choisi Tibère, non ce jeune homme, mais il était un héritier légitime : il était le petit-fils de celle que l'on nommait désormais Augusta, le mari de la petite-fille du défunt empereur et le père des arrières-petits enfants d'Auguste. Mais, et peut-être est-ce un détail qui rebutait le prince, Germanicus était,

355. Linguet 1777, p. 100

356. Yavetz 1969, p. 154

357. Beulé, 1868, p. 127-128

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par sa mère, le petit-fils de son ennemi d'antan, Marc Antoine. Et le destin du jeune homme aurait pu être équivoque à celui de son ancêtre : tous deux étaient respectés, populaires et, si l'un est mort avant d'embrasser le pouvoir, l'autre s'est détourné des valeurs romaines pour s'attacher à l'Orient, et ainsi, aux yeux de la morale, « passer à l'ennemi ». C'est du moins le destin de ses descendants : Caligula, puis Néron, héritant des principes juliens en les mêlant aux idéaux hellénistiques de leur ancêtre. Du fait, et c'est sur ce point que Germanicus et Tibère n'aurait pu s'accorder : l'un avait volonté d'innover, l'autre restait tourné vers le passé.

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