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Les sociétés anonymes dans la législation haïtienne. Entre favoritisme et rigorisme.


par Maniela SEJOUR
Université d'Etat d'Haiti - Licence en droit 2012
  

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3- Cas des sociétés anonymes étrangères

La législation haïtienne ne fait pas de discrimination entre les sociétés anonymes étrangères et celles haïtiennes en ce qui concerne l'acquisition et la jouissance du droit de la propriété mobilière. De la même manière qu'une société anonyme haïtienne acquiert et jouit de son bien meuble, la société anonyme étrangère peut le faire. Sur ce plan là, il n'y a vraiment pas de disparité. Il y a même une thèse selon laquelle les étrangers jouissent de tous les droits qui ne leur sont pas refusés expressément par un texte de loi. Mais pour ce qui est du droit de la propriété immobilière, c'est une toute autre histoire.

La première constitution de la République d'Haïti (1805) en son article 12 interdit à tout étranger de race blanche de devenir propriétaire d'immeuble en Haïti et toutes les constitutions subséquentes ont consacré l'idée. Bien que la loi du 16 Juin 1975 en ait porté un bémol, les sociétés étrangères assimilées aux personnes physiques étrangères n'ont pas les mêmes prérogatives que les sociétés anonymes haïtiennes en droit de propriété immobilière. Les discriminations se concentrent au niveau de l'acquisition et de la jouissance. Le titre IV de la constitution en vigueur consacré à eux explique les conditions d'acquisition de biens immobiliers par les étrangers, les limites, réserves et interdictions, sans parler des modalités de transmission et de suspension du droit de propriété. L'acquisition d'immeubles par des sociétés anonymes étrangères est une opération soumise à des règlements très stricts et très compliqués. Comme les sociétés anonymes haïtiennes, elles peuvent le faire à titre gratuit, à titre onéreux, ou par adjudication. Les articles 6 et 10 de la loi du 16 Juin 1975 modifiée par la loi du 20 Septembre 1979 sont clairs là-dessus.

Article 6 : « Aucune acquisition de propriété immobilière titre gratuit ou onéreux ne peut être faite par une société constituée en vertu des lois étrangères si ce n'est pour les besoins des entreprises agricoles, commerciales, ou industrielles ou d'enseignement etc. ».

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financement, de crédit et de banque légalement établies en Haïti, pourront être proclamées adjudicataires de plusieurs immeubles à la fois ».

Si les sociétés anonymes haïtiennes peuvent se porter adjudicataires qu'elles que soient la nature et la provenance des biens à vendre aux enchères, les sociétés anonymes étrangères ne peuvent se déclarer adjudicataires de plusieurs immeubles que dans le but de récupérer leur créance. De plus, l'acquisition est conditionnée dans la mesure où qu'elle doit être faite dans un but bien déterminé, c'est-à-dire, pour les besoins de l'exploitation de l'objet social. Elles n'ont pas la latitude d'acquérir tous les biens immobiliers qu'ils veulent. L'article 4 fixe la superficie à 1 carreau ou 1 ha 29 en zone urbaine et à 5 carreaux ou son équivalent en ha en zone rurale, et un supplément qui n'excédera pas un carreau pourra leur être accordé pour le logement des travailleurs car c'est une nécessité de fonctionnement. Et l'article 5 de ladite loi précise que les sociétés étrangères ne peuvent acquérir plusieurs maisons d'habitation car elle ne peut acquérir d'immeubles que pour les besoins de leurs entreprises. Les restrictions ne se terminent pas là. L'article 22 de la même loi stipule que « le droit de propriété immobilière des sociétés étrangères n'a pas un caractère absolu, il comporte pour tous des tempéraments :

a) Il ne s'étend pas aux sources, rivières ou autres cours d'eau, mines, carrières, lesquels relèvent du domaine public de l'Etat1.

b) Il s'entend de la propriété du sol, celle du dessus dont la hauteur maximum sera fixée par la loi.

c)Il astreint la propriété à toutes les charges généralement quelconque et aux restrictions que les lois auront établies quant à l'usage et à la jouissance du droit.

De plus, aucune société étrangère ne peut être propriétaire d'un immeuble borné par la frontière haïtienne (art. 55-3 de la constitution). Et leur droit de propriété prend fin avec la cessation de leurs activités et opérations commerciales. Les liquidateurs ont un délai de deux ans pour vendre les biens immobiliers. Passé ce délai, les biens acquis seront dévolus au bureau des successions vacantes pour être vendus aux enchères publiques (articles 13, 14 et 15 de la loin du 16 Juin 1975).

1- Cette condition vaut également pour les sociétés commerciales haïtiennes.

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A l'instar de toutes ces exigences, les sociétés étrangères, pour faire l'acquisition de biens immobiliers doit suivre toute une série de procédures selon les articles 4 et 5 de la loi en débat. D'abord, elles doivent avoir une autorisation du Ministre de la Justice. Ensuite, elles doivent déposer une requête au même Ministère avec une expédition dûment signée de son acte constitutif.

Comme on le voit, les sociétés étrangères sont nettement désavantagées par rapport aux sociétés anonymes haïtiennes sur le plan de l'immobilier. Et on peut aisément comprendre les motivations des législateurs !

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