WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

La parenthèse comme stratégie d'écriture dans Allah n'est pas obligé de Ahmadou Kourouma


par Théogène Hakuzimana Bizimana
ISP/Goma  - Licence 2017
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

III. 4. LE TRANSGÉNÉRIQUE COMME EFFET DE LA PARENTHÈSE

Évoquer une écriture transgénérique, c'est repenser le texte comme étant le résultat du mélange de plusieurs genres, de plusieurs cultures. Cela s'appelle également une hybridatité générique ou encore cumul des genres. Kourouma fait preuve de cette pratique scripturaire à travers les parenthèses. On le voit à travers cette séquence :

« Faforo (bangala du père) ! Nous étions maintenant, nous étions à présent bien loin de Zorzor, loin de la forteresse du colonel Papa le bon. Le soleil avait bondi comme une sauterelle et commençait à monter doni-doni.(Doni-doni signifie petit à petit d'après Inventaire des particularités lexicales du français en Afrique noire.) Nous devions faire attention. » (pp.83-84)

Avec cet extrait, on remarque que la narrateur provoque un écueil de lecture à travers le mélange des langues à savoir le malinké dans « faforo », « bangala » et « doni-doni » auxquels sont jointes les unités linguistiques du français. Cette hybridité linguistique ou encore hétérolinguisme est l'une des traces de l'esthétique postmoderne dite transgénérique. La langue en tant que vecteur de la culture, fait de cet hétérolinguisme la fondation de la diversité culturelle, que la parenthèse « Doni-doni signifie... » vient légitimer pour diluer les effets nés de ce cumul de langues. À travers ce mélange de langues dans ce texte de Kourouma, le narrateur montre que le français ne suffit pas, à lui seul, pour cerner l'univers des personnages, et en même temps celui des consommateurs de sa narration. Il recourt ainsi aux autres langues, qu'il explique à travers ses dictionnaires, eux-mêmes traces de la diversité culturelle. En tant qu'indice de l'esthétique postmoderne, la parenthèse devient alors une stratégie d'écriture transgressive. Car le narrateur y décide d''abandonner le fil narratif pour justifier ses choix lexicaux, syntaxiques, etc. en empruntant les outils de l'univers normatif que sont les dictionnaires, textes appartenant à un genre autre que le narratif.

Avec cet aspect, l'écriture de Allah n'est pas obligé se place au centre d'un vaste champ linguistique complexe. Elle ne se fait pas en « une langue », ni ne véhicule « une culture » mais en « des langues » et est un espace culturel diversifié que le narrateur mobilise pour s'adresser à son narrataire à travers les parenthèses. Ici, l'écriture se présente comme consciente de sa réception. C'est ce qui ressort encore de cet extrait :

« Ça portait sur la sorcellerie, les méfaits de la sorcellerie. Ça portait sur la trahison, sur les fautes des autres chefs de guerre : Johnson, Koroma, Robert Sikié, Samuel Doe. Ça portait sur le martyre que subissait le peuple libérien chez ULIMO (United Liberian Movement of Liberia), Mouvement uni de libération pour le Liberia, chez le LPC (Le Liberian Peace Concul) et chez NPFL-Koroma. » (p.72)

Cet extrait fait transparaître deux configurations linguistiques différentes à savoir l'anglais et le français. Il fait aussi penser à la culture langagière abréviative qui est synonyme d'une diversité culturelle de l'usage de l'outil linguistique. Pareille configuration laisse entendre que la parenthèse est un vecteur des variantes intentionnelles du narrateur soucieux de s'adresser à un monde de narrataires diversifiés. En corrélation avec l'écriture, l'on peut donc dire que le scripteur veut diversifier son lectorat, ce qui fait de la parenthèse une stratégie d'écriture consciente de sa réception.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Le don sans la technique n'est qu'une maladie"