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Les passerelles entre économie solidaire et économie collaboratve


par Eugenie Lobe
Conservatoire national des arts et métiers  - Master Sciences humaines et sociales 2017
  

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II.1) Le domaine du transport de voyageurs

? Présentation des deux initiatives, Citiz et Uber :

La première initiative, Citiz, est une coopérative d'auto-partage, composée de 13 coopératives locales. Citiz Ile-de-France-Ouest était une SIC (Société coopérative

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d'intérêt collectif), qui s'est d'abord constituée en association, Cergy Auto-partage, née en 2009. La transformation en entreprise sociale Citiz a eu lieu en 2011. Son activité s'est arrêtée en juin 2016.

Il n'y a pas de clivage particulier, au regard des deux entretiens menés, entre Citiz Ile-de-France et Citiz national. Les deux discours peuvent quasiment, à quelques mots près, se superposer l'un sur l'autre. Le coeur d'activité de cette structure est la mise à disposition de véhicule en libre-service. Citiz Ile-de-France était adhérente du réseau France Auto-partage (qui devient Citiz en 2013) qui leur fournissait tout le système d'exploitation des véhicules en auto-partage. Ce réseau réunissait 15 opérateurs d'auto-partage en 2013, qui ne sont aujourd'hui plus que 13. Citiz Ile-de-France et Citiz national ont un ancrage territorial très marqué au niveau local, mais leur présence sur le territoire dématérialisé d'Internet n'est pas dans leur stratégie, un enjeu fondamental.

Comme le démontre Rachel Bostman dans le livre What's mine, yours, la logique collaborative peut exister en dehors de la sphère numérique. C'est le cas de ces deux structures. Ce constat semble particulièrement vrai pour les activités hors Pair to Pair, la plateforme numérique ne faisant pas office d'intermédiation. Citiz, suivant la classification de Rachel Bostman, relève des « Products Services system », l'économie d'accès à un service, qui a vocation à dépasser « la vision classique de la propriété pour proposer une réponse à travers un service auquel le consommateur a accès ».

La seconde initiative, Uber, se rapproche davantage, via des plateformes logicielles et propriétaires, du capitalisme nétarchique qui permet à la fois le large déploiement de la coopération humaine (digital labor) et l'extraction de valeur par des propriétaires singuliers54. D'ailleurs, Bauwens considère qu'Uber ne construit pas sa logique autour du commun, mais selon la logique du profit (capitalisme distributif).

Les nombreuses polémiques, ponctuées de procès auxquelles Uber fait régulièrement face, posent la question du passage d'un capitalisme tourné vers la captation des rentes vers un capitalisme de type « génératif », redistribuant la richesse à ceux qui contribuent aux communs. On ne peut aborder le cas d'Uber, sujet à de

54 Benjamin CORIAT, Le retour des communs, intro du chapitre 4 "Perspective pour demain", p. 256.

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nombreuses controverses dont la plupart restent en suspens, sans passer par un bref historique :

? En 2008, la commission pour la libéralisation de la croissance française, présidée par Jacques Attali, souhaite libéraliser le secteur des taxis. Cette décision entraîne une pression des taxis qui refusent qu'on augmente le nombre de licences, car cela aurait pour conséquence de faire baisser la valeur des licences (valeur moyenne : 230 000 euros). L'indemnisation des taxis semble impossible pour l'Etat, le montant hypothétique de cette indemnisation étant de 3 milliards.

? En 2009, la loi Novelli autorise la création d'une nouvelle catégorie de transport avec chauffeur, les VTC (Voiture de Transport avec Chauffeur), permettant la mise en circulation de nouveaux véhicules dédiés au transport de personnes, tout en réservant le privilège du « maraudage » aux taxis. Or, l'innovation juridique est très vite supplantée par l'innovation technique. En effet, le progrès technique, ayant entraîné la généralisation de smartphones et d'applications, le « maraudage électronique » est désormais possible grâce aux plateformes dédiées comme Uber, le grand précurseur, Le Cab, Chauffeur privée, Hitch, Drivy...

L'analyse des quatre entretiens, passés avec deux dirigeants de Citiz et deux chauffeurs indépendants d'Uber, permet de renseigner les catégorisations précédemment faites et de valider les indicateurs employés.

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld