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Etude de l'évolution de l'agglomération de La Paz - El Alto depuis les vingt dernières années


par Florent Demoraes
Université de Savoie
Traductions: Original: fr Source:

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2/ Une volonté d'évaluer les contraintes et les potentialités du milieu naturel

afin de réaliser un outil de référence innovateur en matière de planification

urbaine

a/ Les acteurs :

La mairie de l'époque (Honorable Alcaldia Municipal de La Paz), après avoir réalisé un premier

travail intitulé Modelo de Crecimiento Urbano (Modèle de croissance urbaine), avait fait appel à

des organismes étrangers en vue de mettre en oeuvre un plan de développement urbain à moyen et

long terme et d'approfondir certains aspects comme la géologie, les ressources en eaux et en

matériaux de construction, les ressources et contraintes spatiales, les conditions de logement,

l'activité de transport, le secteur industriel, les marchés etc...

Le maire, Mario Mercado Vaca Guzman, tenait plus particulièrement à ce que la planification

autorise une réduction, ou tout au moins une prévention des catastrophes naturelles que subit La

Paz plus spécialement en saison des pluies, de décembre à mars et d'une manière générale tout au

long de l'année. Le mois de janvier 1977 avait été marqué par un glissement de terrain dans le

secteur de Villa Armonia au Sud-Est de Miraflores (pour la localisation, voir Figure 18) qui avait

détruit une dizaine de maisons et coupé une route (Avenida Mejillones). La même année, au mois

de juillet et août, une série de glissements avait affecté la partie médiane de la gorge de Cotahuma,

sur le versant Ouest de la Cuenca, entre Tembladerani et Sopocachi, (Figure 18) mais n'avait pas

occasionné de dommages (PDU, tome 2, D-11).

30C'est ainsi que le B.R.G.M (Bureau de Recherches Géologiques et Minières), le B.C.E.O.M (Bureau Central pour les Equipements d'Outre-Mer), le S.M.U.H (Secrétariat des Missions d'Urbanisme et d'Habitat) et le bureau bolivien Prudencio Claros y Asociados, furent chargés d'élaborer le Plan de Développement Urbain de La Paz (PDU). b/ Les objectifs et principes de réalisation :

L'objectif général de l'étude consistait donc à réaliser des schémas prospectifs de développement

urbain aux horizons 1990 (moyen terme, soit 15 ans) et 2010 (long terme, soit 30 ans). « Il s'agissait

de partir de perspectives de croissance démographique, économique et spatiale de la ville » (Masure,

1996) qui avaient été calculées en considérant le contexte socio-économique, l'évolution passée de

l'agglomération, puis les contraintes et potentialités environnementales.

C'est donc principalement le concept de « planification environnementale » qui a été suivi dans

l'élaboration du plan. Cette notion peut être définie comme étant la volonté « d'évaluer les

contraintes et potentialités que présente le milieu naturel pour l'aménagement »(Masure, 1996). Les

choix d'aménagement ne sont plus fondés seulement sur des critères économiques à court terme,

mais également sur la considération des coûts (sociaux, financiers, environnementaux) qu'ils

impliquent à moyen et long terme » (Masure, 1996). Ainsi, la volonté de mise en place d'outils

efficaces de gestion du développement urbain ne pouvait être envisagée sans la prise en compte des

caractéristiques physiques du site et notamment son instabilité, « sous peine de voir se multiplier la

dégradation coûteuse des constructions et les phénomènes naturels dangereux » (Masure, 1996).

Aussi, le PDU s'organise-t-il en 8 grandes phases principales (d'après Ph. Masure) :

1 -L'évaluation du cadre géologique,

2 -La définition de conditions climatiques et hydrologiques,

3 -L'étude du milieu écologique,

4 -La réalisation d'un premier niveau de synthèse,

· Evaluation et zonage des risques naturels,

· Evaluation de l'aptitude géotechnique des sols à l'aménagement,

5 -La réalisation d'un demième niveau de synthèse,

6- L'étude de l'organisation de l'espace urbain,

7- La réalisation d'un troisième niveau de synthèse, projet d'organisation environnementale de

l'espace: intégration des données du milieu physique et environnemental et des vocations des zones

élémentaires de la ville à l'aménagement (résidentiel, agricole, industriel, récréatif...),

8 -L'adaptation des plans d'aménagement, sur la base d'une analyse des impacts prévisibles des

projets d'urbanisation; plan d'actions sur le milieu naturel (protection, réhabilitation

environnementales ).

Ces études ont été entreprises par des spécialistes boliviens et français en 1976- 77 et couvrent une

surface de 340 Km carrés. Se distinguent les études écogéologiques menées par 39 spécialistes (378

hommes-mois) et les études urbaines réalisées par 43 spécialistes (280 hommes-mois). Le coût total

de l'opération s'élève à 3,5 millions de dollars américains de 1976. Ces chiffres paraissent

aujourd'hui bien exorbitants.

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C'est avant tout l'équipe « d'écogéologues » composée de géologues, géomorphologues,

hydrogéologues, géotechniciens, sismologues, hydrologues, etc... du B.R.G.M et les spécialistes de

la mairie qui avaient pour objectif d'analyser les caractéristiques et processus naturels particuliers

au site, puis de « tenter de fixer la morphologie et la rendre plus accueillante, dans la limite des

possibilités techniques et des ressources économiques de la ville » (Masure, 1996). C'est ainsi qu'ont

été entrepris des travaux visant à la réduction de certains risques grâce à des projets spécifiques de

protection (régulation de rios, stabilisation des pentes ) comme l'illustrent, entre autre, les travaux

réalisés en 1977 dans le ravin de Cotahuma, sur le versant Ouest de La Paz. Ces opérations ont

consisté à drainer les talus à l'aide de galeries souterraines en vue de minorer au maximum les

risques de glissement de terrain, les risques d'écroulement et les risques de coulées boueuses qui

menaçaient directement certains quartiers de l'agglomération.

c/ Un exemple de réalisation: la carte de « constructibilité » de La Paz :

La réalisation de la carte d'aptitude à la construction (Figure 18) s'inscrit dans une troisième étape

de l'étude du milieu physique réalisée par les « écogéologues » du B.R.G.M et spécialistes boliviens.

Elle correspond à un document de synthèse qui combine et résume l'étude détaillée des conditions

géologiques et hydrogéologiques du site (première étape), l'évaluation des risques naturels

présentée par la carte d'aléas, et enfin les conditions géotechniques des sols présentées par la carte

géotechnique (seconde étape). Cette adaptation synthétique des informations recueillies

précédemment a servi aux urbanistes pour leurs investigations à propos des potentialités de

développement de la ville.

Cette carte au 1/10 000 présente quatre catégories de secteurs déterminant des conditions

spécifiques d'aménagement. Ces secteurs sont identifiés à l'aide de couleurs :

vert: bonne qualité géotechnique des terrains de fondation. Constructions en hauteur

possibles.

jaune : qualité géotechnique médiocre des terrains de fondation. Constructions basses ou

moyennes.

Figure 17 - Légende de la carte de constructibilité de la Cuenca

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Figure 18 - Extrait de la carte de constructibilité, secteur de la Cuenca, PDU

Le but de cette première partie a donc été tout d'abord de dresser un diagnostic de la situation de

l'agglomération en 1976 d'un point de vue démographique, social, économique puis

environnemental en abordant les principales caractéristiques topographiques, géologiques,

hydrologiques et climatiques de son site. Cela nous a permis de constater que La Paz en 1976 est

une ville en pleine expansion, caractérisée par une forte croissance démographique, par une

ségrégation socio-économique relativement marquée et par des conditions physiques plutôt

contraignantes pour l'homme dans un cadre où il représente lui-même un élément de perturbation

potentielle pour son milieu. Nous avons pu en second lieu, détailler les notions de risque et

vulnérabilité, particulièrement vérifiées dans le site pacénien, pour enfin envisager l'étude de la

réalisation du Plan de Développement Urbain de la Ville de La Paz (PDU). Ce dernier a été mis en

oeuvre grâce à la collaboration d'équipes françaises et boliviennes en vue de définir des schémas

d'évolution tendancielle en tenant compte des potentialités et des obstacles du milieu physique et

aussi en vue de minorer les risques et la vulnérabilité des biens et des personnes.

Il serait maintenant intéressant de savoir quelles sont vingt ans après les nouvelles caractéristiques

de l'agglomération pacénienne. Les conditions de vie se sont-elles amélioré, la ségrégation socio-

économique s'est-elle réduite, les prévisions du PDU se sont-elles réalisées?

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DEUXIEME PARTIE

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