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Quel avenir pour la presse quotidienne nationale française ?

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par Marc LEIBA
Ecole Supérieure de commerce de Reims - Master in Management 2006
  

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2. On ne concurrence pas la démocratie de
papier

La PQN est donc bel et bien une exception industrielle française. Empiriquement, ce secteur n'est pas une industrie comme une autre puisqu'il paraît être gouverné par des lois et des impératifs qui échappent à la rationalité économique pure. En outre, la PQN depuis la Libération s'est bâtie sur l'intervention d'un Etat omniprésent. Y.Cornil37(*) n'écrit-il pas que « L'Etat se doit d'assurer l'atomicité de la production de l'information politique et générale, non pas parce qu'il considère que la concurrence libre et non faussée favorise la maximisation du surplus collectif, mais parce que le principe antiéconomique par excellence de libre communication des pensées et des opinions l'exige. » ? Soit, admettons un instant que l'Etat et d'autres acteurs majeurs du secteur aient raison de préserver l'état d'exception de la PQN, comment s'y prendront-ils pour forcer le lecteur à consommer leur production ? Ou bien, pour adopter un langage qui leur soit intelligible, comment faire comprendre au citoyen qu'il fait courir un grave danger à notre régime politique lorsqu'il ne se procure pas quotidiennement l'émanation démocratique (payante, cela va sans dire) de cellulose ? Libération qui voulait répondre aux besoins d'une « génération » n'a jamais atteint l'objectif des 200 000 exemplaires par jour qu'il s'était fixé ? Mais est-ce que 200 000 personnes forment une génération française ? Quoi qu'il en soit, d'autres formes de presse et d'autres médias ne se posent pas la question de la particularité industrielle et osent s'adresser à une audience ciblée, voire, crime de lèse-majesté, dégager des bénéfices. Certains médias continueraient donc de suivre l'aphorisme du romancier Gaston Leroux,38(*) pour qui « Le premier devoir d'un journaliste c'est d'être lu. » Nous nous intéresserons au cours de cette partie aux éléments extérieurs à la PQN qui entrent dans l'explication de la crise, c'est-à-dire la concurrence d'où qu'elle vienne, puis nous verrons qu'une des conséquences de ce marché concurrentiel prend la forme de nombreuses aides et subventions accordées par l'Etat.

2.1 Evolutions des pratiques socioculturelles des français

2.1.1 Le choix médiatique

Comme nous l'avons rappelé, la presse a longtemps eu le monopole de la transmission de l'information. En France par exemple, on reconnaît Théophraste Renaudot comme étant le père fondateur de la presse moderne. C'est lui qui, en 1631, crée le premier hebdomadaire régulier du nom de La Gazette. Au passage, notons que s'il se targuait de ne pas céder aux pressions des annonceurs, il n'en était pas moins inféodé à Richelieu, donc à l'Etat français. L'arrivée de nouveaux médias au cours du vingtième siècle a ouvert une brèche, quasi irréversible, dans le lectorat des quotidiens, qui a progressivement délaissé, voire abandonné ce que Hegel nommait « la prière laïque du matin de l'homme moderne » pour écouter la radio, regarder la télévision et utiliser les possibilités multimédia du net.

Tableau 14 Evolution de la lecture des quotidiens en % d'une classe d'âge39(*)

Proportion des français âgés de 15 ans et plus qui lisent un quotidien

1973

1981

1988

Tous les jours ou presque

55

46

43

Plusieurs fois par semaine

8

10

12

Une fois par semaine

8

9

14

Plus rarement

6

6

11

Jamais ou presque

23

29

21

Le constat est sans appel : la proportion de français de 15 ans et plus lisant très régulièrement un quotidien passe de 55 % en 1973 à 43 % en 1988. La barre symbolique des 50 % est donc franchie et moins d'un homme moderne ne prie plus laïquement le matin en 1988. Sur la période 1999-2002, on recense en moyenne autour de 70 % de la population étudiée qui n'a jamais lu un quotidien au cours de l'année écoulée, soit plus de deux personnes sur trois. Le pourcentage est au minimum deux points au dessus chez les femmes, quand il est au maximum deux points au dessous chez les hommes.

Tableau 15 Lecture d'un quotidien au cours des 12 derniers mois selon le sexe en %40(*)

S'agissant de la radio.

Tableau 16 Evolution de l'écoute de la radio en % d'une classe d'âge41(*)

Proportion des français âgés de 15 ans et plus qui écoutent la radio

1973

1981

1988

Tous les jours ou presque

72

72

66

Environ 3 ou 4 jours par semaine

5

7

7

Environ 1 à 2 jours par semaine

8

6

6

Plus rarement

4

4

6

Jamais ou presque

12

11

15

Durée moyenne (h / semaine)

17

16

18

La radio semble également céder du terrain, même si en 1988, ils sont 66 % à l'écouter tous les jours ou presque. Média chaud par excellence, la radio est arrivée à maturité, notamment en raison des développements technologiques qui l'ont accompagnée : baladeurs, autoradios et lecteurs MP3, dont l'utilisation est elle-même corrélée avec l'allongement du trajet pour se rendre sur son lieu de travail. A partir des années 2000, il devient plutôt rare de ne jamais consommer ce média lors des 12 derniers mois ; en 2002, c'est le cas pour 12 % des français de plus de 15 ans. En revanche, presque les deux tiers des hommes et des femmes considérés ont écouté la radio, une fois par jour.

Tableau 17 Ecouter la radio les 12 derniers mois selon le sexe en %42(*)

S'agissant de la télévision.

Tableau 18 Evolution de l'écoute de la télévision en % d'une classe d'âge43(*)

Proportion des français âgés de 15 ans et plus qui regardent la télévision

1973

1981

1988

Tous les jours ou presque

65

69

73

Environ 3 ou 4 jours par semaine

9

13

11

Environ 1 à 2 jours par semaine

13

8

6

Plus rarement

6

5

5

Jamais ou presque

6

4

5

Durée moyenne (h / semaine)

16

16

20

La télévision est sans conteste le média favori des français de 15 ans et plus, et ce chiffre augmente fortement si sont pris en compte les individus âgés de moins de 15 ans, grands amateurs d'un média qui leur propose des programmes adaptés. Pour la période récente, fort peu de différences de consommation de ce média sont constatées selon le sexe. Et, sur la période allant de 1999 à 2002, ils ne sont que 2, voire 3 % des français âgés de 15 ans et plus, à n'avoir jamais regardé la télévision au cours des 12 derniers mois. En revanche, ils sont près des deux tiers à l'avoir regardée une fois par jour et environ 18 % à l'avoir regardée plusieurs fois pas jour.

Tableau 19 Regarder la télévision au cours des 12 derniers mois en %44(*)

=Médiamétrie indique qu'en 2005, un français consacre  3 heures et 23 minutes de sa journée à regarder la télévision, quand il passe environ 30 minutes à la lecture de journaux, et qu'une personne sur deux, âgée de  11 ans et plus, est un internaute.

Les bons scores de la radio et le "tabac" réalisé par la télévision sont compréhensibles, car ce sont deux médias qui ont segmenté et ciblé leur audience, ce qui relève d'une démarche marketing conventionnelle et sensée. Sur les ondes ainsi qu'à l'écran, depuis la libéralisation courant années 1980 du secteur des télécommunications, une offre pléthorique de stations et de chaînes est proposée. Chaque sensibilité, chaque communauté, chaque mouvement trouve une offre qui lui corresponde, notamment depuis l'arrivée de la télévision numérique terrestre (TNT). Notons qu'en radio comme en télé, un service public, dépositaire de valeurs éthiques et déontologiques certaines, cohabite avec un secteur privé. Certes, il est fiancé en partie par la redevance audiovisuelle, mais également par la publicité.

* 37 Y.Cornil, La concentration de la presse : analyse économique comparée de la presse magazine et de la presse quotidienne, document non publié, 2005, cité par P.Le Floch et N.Sonnac, opus cité.

* 38 Cité par P.Eveno, opus cité, p.166.

* 39 Repris de J-M.Charon, 1991, annexes, d'après Les pratiques culturelles des français (1973-1989), O.Donnat et D.Cogneau.

* 40 Insee, enquête permanente sur les conditions de vie des ménages d'octobre.

* 41 Charon, 1991, opus cité.

* 42 Insee, enquête citée.

* 43 Charon, 1991, opus cité.

* 44 Insee, enquête citée.

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"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci