Communauté Economique et Monétaire de
l'Afrique Centrale
(CEMAC)
(ISSEA)
Organisation Internationale
BP : 294 Yaoundé (Rép. Du Cameroun)
Tél : (237) 222 0134 E-mail :
issea@cenadi.cm
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REPUBLIQUE DU CAMEROUN
Paix-Travail-Patrie
Ministère de l'Economie et des
Finances
Caisse Autonome d'Amortissement
(CAA)
Yaoundé - Cameroun
|
MÉMOIRE
Soutenabilité Fiscale au Cameroun :
Une évaluation de la règle de politique
fiscale.
Mémoire Présenté et Soutenu
Publiquement En Vue De L'obtention Du Diplôme d'Ingénieur
Statisticien Economiste.
PAR
NGWA EDIELLE THIERRY HERVÉ JACKSON
Elève Ingénieur Statisticien
Economiste
Superviseur
Bruno Iboklene
Directeur des Opérations de la
Dette
Economètre
issea_caa, Décembre 2006
L'Institut Sous-Régional de Statistique et
d'économie Appliquée (ISSEA) et la Caisse Autonome
d'Amortissement (CAA) n'entendent donner aucune approbation, ni improbation aux
opinions émises dans ce mémoire professionnel. Ces opinions
doivent être considérées comme propres à leur
auteur.
Je dédie ce mémoire à ma chère
maman.
REMERCIEMENTS
Mes sincères remerciements vont à mon encadreur
monsieur Iboklene Bruno. sa disponibilité et son sens pousse de
l'objectivité m'ont guide et pousser en permanence vers la quête
d'une démarche fondée sur des préceptes scientifiques. Sa
lucidité m'a toujours permit de ne pas m'éloigner des faits que
j'ai eu à analyser. Je lui dois l'accomplissement de ce travail.
J'ai toujours senti au cours de ce travail le support
scientifique et administratif de l'équipe technique de la direction des
opérations de la dette. Je citerai madame Enanga Line, la charge
d'étude de la CAA, monsieur Kamdem Pierre
Sommaire ou tables des matières ;
Liste des tableaux et des graphiques ;
Avant-propos ;
INTRODUCTION
GÉNÉRALE.
Le problème des déficits publics et de
l'endettement massif de l'Etat est apparu dans les économies modernes
depuis les années 70 (Semmler et al., 2005). La crise de l'endettement
à partir du milieu des années 70 a gagné les pays en
développement, notamment les pays d'Amérique latine. L'un des cas
les plus cités est celui du Mexique qui annonçait en Août
1982 qu'il suspendait le paiement des intérêts qu'il devait au
compte du service de sa dette1(*). La crise va ainsi se propager aux pays Africains vers
le début des années 80. On la considère souvent comme le
résultat d'une politique d'endettement irresponsable aussi bien de la
part des gouvernements des pays créanciers que de la part de ceux des
pays débiteurs2(*).
La conséquence pour les pays pauvres est que le service de la dette les
prive de ressources importantes nécessaires au financement de leur
développement.
Il faut remarquer que c'est à partir du début
des années 70, et surtout à la suite du premier choc
pétrolier de 1974 qu'un double laxisme est intervenu. Du
côté des créanciers tout d'abord qui, ayant à faire
face au recyclage des eurodollars, puis des
pétrodollars, ont développé une activité
de prêt aux pays pauvres. L'objectif était d'octroyer des
crédits pour rémunérer les placements des pays
exportateurs de pétrole. Du côté des pays en
développement (PED), les crédits obtenus n'ont pas toujours
été productifs. Au lieu de financer des investissements
productifs, seuls susceptibles de renforcer la capacité exportatrice du
débiteur et de générer les flux de devises
nécessaires au remboursement de la dette, certains dirigeants du Sud ont
détourné à leur profit, bien souvent avec la
complicité des créanciers, des sommes
considérables3(*).
Une cause exogène de l'endettement fut la politique
anti-inflationniste rigoureuse menée par les Etats-Unis en 1979. Cette
politique contribua à orienter l'économie mondiale vers la
récession en 1981. La baisse de la demande globale dans les pays
industriels exerça évidemment un impact négatif direct sur
les pays en développement. Trois autres mécanismes
jouèrent un rôle important. Comme les pays en développement
avaient une dette importante libellée en Dollars, cela se traduisit par
une hausse immédiate et spectaculaire de la charge
d'intérêt que les pays débiteurs devaient honorer. Ce
problème fut accentué par la forte appréciation du Dollar
sur le marché du change, appréciation qui augmenta
substantiellement la valeur réelle de la charge de la dette en dollars.
Enfin, les prix des matières premières s'effondrèrent,
déprimant les termes d'échange de beaucoup de pays pauvres
(Krugman, 2001).
La Banque Mondiale estime à environ 2450 milliards de
dollars la dette des PED en 2001 contre seulement 560 milliards de dollars en
1980. Pour les analystes de la banque mondiale, le service de la dette depuis
les années 90 est devenu un véritable fardeau sur les PED
remettant même en cause leur développement.
Au delà des pays en développement, il faut noter
que les pays riches n'ont pas été épargnés par
cette situation. Les Etats-Unis ont ainsi connu entre 1981 et 1983 des
déficits publics de 1 à 4,1% du PNB. Et malgré la fin de
la récession en 1984, le déficit reste persistant autour de 2,9%
du PNB4(*).
Plusieurs approches ont été
développées pour résoudre ce problème autant par
les pays endettés que par les bailleurs de fonds regroupés pour
la plupart autour du FMI.
Les Etats-Unis ont engagé depuis 1985, une restriction
du secteur public ramenant le déficit public en dessous de 2% du PNB.
Seulement, à partir de 1990, les recettes fiscales tombèrent et
le déficit gouvernemental s'enfla de nouveau5(*). Sous l'impulsion du FMI et de
la Banque Mondiale qui cherchaient à persuader les banques de continuer
leurs prêts, les pays d'Amérique latine ont entrepris des
ajustements structurels de leurs économies et les flux de capitaux
privés vers les pays en développement reprirent au début
des années 1990. Seulement dès le milieu des années 90, de
l'Argentine en 1994-1995 au Brésil en 1994, en passant par le Mexique et
le Chili, la crise se répéta. Même l'Asie du Sud Est que
l'on croyait, grâce à la très forte croissance, à
l'abri du problème entra en crise dès 1997. La Malaisie qui
n'avait jamais appliqué les prescriptions du FMI rompit les rangs en
1998 (Krugman, 2001).
L'Europe quand à elle a inscrit au Traité de
Maastricht de 1991 des dispositions limitant l'endettement de ses pays membres.
Ainsi, le pays membre ne peut pas avoir un déficit public
supérieur à 3% de son PIB (sauf circonstance exceptionnelles et
temporaires) et sa dette publique ne peut excéder 60% de son PIB.
Cependant, des pays européens comme la Belgique et la France se trouvent
depuis la fin des années 90 dans des problèmes assez
sérieux d'endettement. En France par exemple, la dette publique en 2005
est évaluée à 65,8% du PIB (Duhamel, 2006). D'après
le rapport de la commission des finances publiques présidée par
Michel Pébereau, la dynamique de l'endettement de la France n'est pas
soutenable.
Le problème de l'endettement en Afrique subsaharienne
est un peu particulier du fait de la faiblesse du revenu par habitant dans ces
pays. Ces pays en fait sont caractérisés par de très
faible niveau de croissance et en proie à de nombreuses guerres. C'est
dans les années 80 avec la chute du cours des matières
premières, principale ressource du continent que les pays Africains vont
connaître de graves problèmes d'endettement. La thérapie
d'ajustement mis en oeuvre dans ces pays a contribuée pour beaucoup dans
l'augmentation du niveau de la pauvreté. La nouvelle approche
développée par le FMI et la Banque Mondiale depuis 1996 est
l'allègement de la dette des pays à faible revenu à
travers le mécanisme de l'initiative pays pauvres très
endettés (IPPTE).
Dans le cas particulier du Cameroun, c'est vers le milieu des
années 80 avec le ralentissement de la croissance économique que
le problème d'endettement deviendra très sérieux. Ce n'est
qu'en fin d'année 1988 que le gouvernement Camerounais va pour la
première fois se présenter au club de Paris et accepter
l'assistance du FMI. L'approche préconisée dès cette date
sera le rééchelonnement de la dette du Cameroun au prix d'un
ralentissement considérable du train de vie de l'Etat. Cette compression
des dépenses de l'Etat va se traduire en 1993 par une double baisse des
salaires à la fonction publique. Comme dans la majorité des pays
de la zone franc, la dévaluation du Franc CFA va venir exacerber le
problème d'endettement entraînant les ratios de dette publique au
delà des 100% du PIB. En bénéficiant de l'initiative PPTE
développée en 1996 et reformée en 1999 par le FMI et la
Banque Mondiale, certains pays Africains vont voir leur dette publique
considérablement allégée au prix de reforme parfois rudes.
C'est en 1999, après la révision des critères d'admission
que le Cameroun va être admis à l'IPPTE renforcée et
atteindre le point d'achèvement en Avril 2006.
On observe malheureusement que des années plus tard,
certains pays ayant atteint le point d'achèvement n'arrivent pas
toujours à émerger et à dégager une bonne
santé des finances publiques. L'une des principales raisons de ces
défaillances est que de part leur taille et leur structure, ces
économies sont vulnérables aux chocs externes, notamment la
volatilité des prix mondiaux de leurs exportations et la chute continue
des prix des produits agricoles. Une autre raison est l'absence de
diversification de ces économies, l'accès limitée aux
marchés des pays industrialisés, le niveau faible des
investissements étrangers privés et à la qualité
des infrastructures6(*).
De façon générale, que ce soit pour des
pays industrialisés ou pour des pays à faible revenu,
malgré les multiples tentatives, le problème de la dette publique
demeure un problème sérieux dans le développement des
économies contemporaines. La question que nous posons est donc celle de
savoir comment dans ce contexte de l'évolution de
l'économie mondiale un pays à revenu faible comme le Cameroun
pourrait assurer la soutenabilité fiscale.
La question de solvabilité de l'Etat peut
paraître curieuse car l'Etat peut toujours recourir à de nouveau
emprunts pour assurer le service de sa dette. On parle habituellement dans la
littérature d'une situation de jeu Ponzi7(*). De plus l'Etat dispose en théorie d'un pouvoir
illimité de taxation. Mais dans la pratique, ce principe trouve des
limites, notamment du fait de l'existence d'un seuil de pression fiscale
tolérable, de la désincitation des créanciers, de la
fraude fiscale ou du refus des agents de contribuer continuellement au payement
des intérêt de la dette. On parlera ainsi de soutenabilité
fiscale si la politique d'endettement publique (dette intérieure et
dette extérieure) remet en cause la capacité de l'Etat à
assurer à moyen et long le service de sa dette. La politique fiscale
telle que définie par l'Etat doit assurer à terme la
solvabilité de l'Etat, c'est-à-dire garantir que la dette
publique ne croîtra pas dans des conditions excessives telles que l'Etat
ne puisse plus assurer son remboursement (Semedo, 2001, P.276). Evaluée
la soutenabilité fiscale dans un pays n'a rien d'évident et
repose la plus part de temps sur de nombreuses hypothèses concernant les
paramètres exogènes de l'économie (Raffinot, 1998).
OBJECTIFS DE RECHERCHE.
L'objectif principal de ce travail est d'analyser la
soutenabilité fiscale au Cameroun à travers le respect d'une
règle de politique fiscale qui garantie la solvabilité de l'Etat.
L'idée centrale ici est de montrer que l'analyse de la
soutenabilité va bien au delà de la simple observation des ratios
d'endettement, mais qu'elle intègre les interrelations entre les
agrégats macroéconomiques et les variables d'endettement.
Pour atteindre cet objectif principal, trois objectifs
spécifiques sont définis :
§ Le premier objectif spécifique est
d'évaluer à travers des simulations la possibilité pour le
gouvernement de définir une règle de politique fiscale
garantissant la solvabilité à moyen et long terme de l'Etat.
L'idée ici est d'analyser sur un plan purement théorique
l'existence d'une telle règle et d'en déterminer les instruments
de mise en oeuvre.
§ Le second objectif spécifique est
d'évaluer la soutenabilité fiscale au Cameroun selon le nouveau
cadre d'analyse développée par le FMI (Debt Sustainability
Analysis, DSA). Dans cette approche, nous considérons qu'un certain
nombre de règles sont imposées à l'Etat par une
institution supra nationale, notamment la Banque Mondiale et le FMI dans notre
cas.
§ Le troisième objectif spécifique est
d'évaluer la soutenabilité fiscale au Cameroun avec une approche
alternative à celle du FMI. Dans cette approche, nous allons
considérer que le gouvernement de façon volontariste s'est
défini des règles. L'objectif est donc d'évaluer
l'adéquation de cette règle en matière de
soutenabilité.
HYPOTHÈSES DE
RECHERCHE.
Deux hypothèses de recherches sont formulées
pour servir de fil conducteur à toute notre analyse.
§ H1 : Il existe une règle fiscale qui assure
la solvabilité de l'Etat.
§ H2 : La politique fiscale au Cameroun est
soutenable.
MÉTHODOLOGIE.
Deux approches permettent d'analyser le concept de
soutenabilité fiscale : la première, considère qu'un
pays peut rembourser sa dette lorsqu'il dispose des ressources suffisantes pour
le faire et la seconde considère que les pays qui ont la capacité
de rembourser ne le feront que s'ils y trouvent leur
intérêt8(*).
Dans la première approche, il est important de faire la
différence entre solvabilité et soutenabilité. Le
critère de solvabilité est que la dette finisse par s'annuler.
Par contre la soutenabilité fait référence à la
situation dans laquelle un pays continue à recevoir des financements
extérieurs parce qu'il paye régulièrement les
intérêts sur l'encours de ses dettes. La soutenabilité
diffère de la solvabilité dans la mesure où la condition
de soutenabilité est compatible avec le fait que l'encours de la dette
progresse régulièrement alors que la solvabilité
suggère une convergence vers 0 de l'encours. Sur le plan quantitatif, on
parle de soutenabilité lorsqu'un qu'un ratio d'endettement
déterminé (en général encours de la dette sur le
PIB) tend vers une limite finie. Le fait que les ratios d'endettement ne
connaissent pas de tendance explosive suffirait à assurer la
possibilité de continuer à s'endetter.
Le concept de soutenabilité a été
défini formellement par les économistes tels que Greiner et al.
(2005), Blanchard (1990), Hamilton et Flavin (1986). D'après eux
l'objectif de toute politique fiscale est de stabiliser les cycles, soutenir la
croissance et de réduire ou stabiliser la dette publique. Ainsi, une
politique fiscale qui ne stabilise pas la dette ou freine à moyen terme
la croissance n'est pas souhaitable. A la base, une situation fiscale est
considérée comme insoutenable si elle débouche dans le
futur sur une situation d'insolvabilité de l'Etat. Pour parler de
soutenabilité, il faut que la valeur actualisée du surplus
primaire (le surplus avant le paiement des intérêts et
l'amortissement du principal aux échéances convenues) soit au
moins égale à la dette publique existante :
(0.01)
étant la valeur actualisé du surplus primaire, la dette publique existante et r le taux d'escompte. La politique
fiscale est alors considérée comme soutenable si elle suit une
règle qui augmente le surplus primaire chaque fois que la dette publique
augmente :
,
est le paramètre de réactivité de la politique
fiscale (Greiner et al. 2005). Il est possible qu'une économie face
à certains chocs s'éloigne temporairement de cette règle
sans remettre en cause la soutenabilité de sa dette. D'où la
nécessité de prendre en compte l'existence de chocs (Hamilton et
Flavin, 1986). Le gouvernement peut s'assurer d'un surplus primaire
élevé à travers une politique d'imposition expansive. Or
une politique d'imposition excessive à un effet négatif sur
l'économie, donc sur les recettes futures (Barro, 1974 ; 1979).
Blanchard (1993) définit ainsi le taux d'imposition soutenable comme
celui qui permet de garantir une valeur actualisée du surplus primaire
suffisamment grande pour rembourser la dette publique. Si le taux d'imposition
est trop élevé, il réduit les recettes futures et n'assure
plus le remboursement de la dette. Par contre, s'il est très faible, il
n'est pas suffisant pour assurer le service de la dette. La différence
entre le taux d'imposition soutenable et le taux d'imposition effectif mesure
alors le degré de soutenabilité fiscale. Le grand débat
depuis des années sur la soutenabilité repose sur son
évaluation empirique.
Notre démarche méthodologique se résume
ainsi en deux étapes :
§ La première étape est purement
théorique. Elle consiste en l'élaboration d'un modèle
théorique qui justifie l'existence et la praticabilité d'une
règle fiscale qui assure la soutenabilité des finances publique
(Equation 0.01) sans remettre en cause les objectifs de
croissance ;
§ La seconde étape est empirique et consiste
à évaluer si le Cameroun aurait respecté ou respecte une
telle règle permettant d'assurer la soutenabilité fiscale.
APPROCHE THÉORIQUE.
Dans cette approche théorique, nous allons
élaborer un modèle macroéconomique de croissance
endogène qui permet de mettre en exergue l'impact de la politique
fiscale sur la dynamique de la dette. Les premières analyses
développées dans ce sens sont ceux de Allais (1947), Samuelson
(1958), Diamond (1965). Ces auteurs ont développé des
modèles macroéconomiques à générations
imbriquées comportant trois agents : les ménages, les
entreprises et l'Etat. Trois faiblesses majeures caractérisent ces
modèles : l'altruisme intergénérationnel qui impose
l'équivalence Ricardienne, l'absence d'un concept clair de soutenabilite
(règle sur l'évolution du surplus primaire) et l'absence d'un
mécanisme endogène de la croissance économique. De la
Croix et Michel (2002) et Rankin et Roffia (2003) redéfinissent ces
modèles en introduisant un concept de soutenabilité. Seulement ce
concept ne se définit pas en terme de règle de l'évolution
du surplus primaire. Une telle règle est théoriquement
définie par Marin (2002) qui en établit les mécanismes
d'implémentation. Dans cette étude, nous allons reprendre les
analyses de Fernandez-Huertas Moraga et Vidal (2004) qui en prenant en compte
la règle de Marin (2002) introduisent l'endogénéité
de la croissance économique par le capital humain. A la
différence de Fernandez-Huertas Moraga et Vidal (2004), nous allons
considérer comme Annicchiarico et Giammarioli (2004) que
l'endogénéité de la croissance est due à
l'accumulation du savoir et qu'il n'existe pas forcement d'altruisme
intergénérationnel. Cette dernière approche est plus
intéressante parce qu'elle nous permettra de procéder à
des exercices de simulation. Trois éléments importants doivent
pouvoir ressortir d'une telle analyse théorique : la dynamique de
la dette, la dynamique des ajustement à la règle et la dynamique
de la croissance économique.
APPROCHE EMPIRIQUE.
L'objectif de l'évaluation empirique est de voir si
l'économie Camerounaise a respecté ou respecte une règle
fiscale qui assure la soutenabilité fiscale [relation (0.01)].
Nous nous intéressons particulièrement à deux états
possibles : le premier considère qu'une règle est
imposé à l'Etat par les institutions de Breton Wood et le second
que le gouvernement de façon volontariste peut lui-même se
définir et s'imposer le respect d'une règle. Deux approches sont
pour cela retenues : l'approche développée par le FMI et
celle de Bohn (1998).
L'approche du FMI analyse la soutenabilité fiscale sur
la base d'une dynamique prospective des ratios d'endettement par rapport
à certains seuils (FMI, 2002a ; FMI, 2003a). La méthode de
Bohn (1998) est plus historique et estime sur les périodes
passées la fonction de réaction de la politique fiscale.
APPROCHE DU FMI.
Une première approche empirique de la
soutenabilité de la dette est fondée sur la recherche de seuils
de référence9(*). Cependant aucune théorie ne permet de
définir un seuil unique pour déterminer la soutenabilité
de la dette (Bachellerie et Couillault, 2005). Reinhar, Rogoff et Savastano
(2003) à partir de l'importance historique des défauts de
paiement montrent que les pays ayant une dette extérieure
supérieure à 15 ou 20 % du PIB ne peuvent soutenir durablement
une dette extérieure. Le FMI définit une zone à risque
qui, suivant les méthodes utilisées peut commencer à 25%
du PIB (FMI, 2003b). Seulement, cette approche montre des limites avec
l'émergence des crises du compte de capital (Bachellerie et Couillault,
2005).
Une seconde approche consiste en l'analyse de la tendance.
Lorsque la dette d'un pays augmente sur plusieurs années, la
stabilité du niveau de la dette peut être un indicateur de
Soutenabilité de la dette. Selon Blanchard (1990), il est possible de
calculer l'excédent primaire nécessaire pour stabiliser le ratio
Dette/PIB. La différence avec l'excédent primaire correspond
à l'écart sur l'ajustement budgétaire. Si la
différence est positive, la dette est considérée comme
insoutenable. De même, le taux d'imposition requis pour assurer la
stabilisation du ratio Dette/PIB peut être calculé. Ces
indicateurs présentent l'avantage d'être aisément produit
mais sont d'interprétation délicate.
Pour établir un diagnostic ponctuel, ajustable en
fonction des changements anticipés dans le potentiel de croissance et
des variations de la politique fiscale, le FMI à adopté
l'observation de certains ratios sur une moyenne de trois ans. Cette approche
à été utilisée comme critère
d'admissibilité à l'IPPTE. Seulement, dans un souci
d'évaluation dynamique de la soutenabilité, elle à
élaboré depuis 2003-2004, un nouveau cadre d'analyse de la
soutenabilité de la dette basée sur la dynamique prospective des
ratios d'endettement. Contrairement au document du point d'achèvement du
Cameroun qui s'est focalisé uniquement sur la soutenabilité de la
dette extérieure, notre analyse portera sur la soutenabilité
fiscale.
APPROCHE DE BOHN (1998).
Bohn (1998) presente une nouvelle approche
économétrique pour estimer la soutenabilité de la dette
publique. Les analyses et tests empiriques tels que défini par Blanchard
(1990) et d'autres auteurs qui lui sont contemporains sont limités car
elles se limitent à une évaluation exogène de la
contrainte budgétaire intertemporelle de l'Etat (Greiner et al. 2005).
Bohn (1998) trouve que les tests conventionnels10(*) sont restrictifs dans la mesure où ils
concluent trop rapidement à l'insoutenabilité d'une politique.
Comme alternative, il suggère d'évaluer comment le surplus
primaire réagit à l'augmentation du ratio de la dette. Si le
ratio du surplus primaire sur le PIB augmente de façon linéaire
ou quasi linéaire avec le ratio de la dette, la dette publique est
soutenable. L'idée derrière ce test est la suivante : si le
gouvernement peut faire évoluer le surplus primaire dans le même
sens que l'évolution du ratio de la dette, alors les mesures correctives
montrent que le gouvernement reste solvable. L'avantage de cette approche est
qu'elle est fondée sur une définition formelle et testable de la
soutenabilité.
La particularité de ce travail est l'utilisation d'une
méthode d'estimation non paramétrique qui ne présuppose
pas la forme fonctionnelle de la relation surplus primaire - ratio de la dette
publique. Les méthodes non paramétriques nous permettrons de
dériver la forme de la relation fonctionnelle au Cameroun. Pour ce
faire, nous allons utiliser les développements récents en analyse
statistique tels que développé Hastie et Tibshirani (1990, 1993)
qui élaborent une nouvelle classe de modèle flexible
appelée modèle GAM (Generalized Additive Model). Ces
développements sont aujourd'hui rendus pratiques grâce au
développement de nouveaux logiciels tels que S plus et R for
Windows11(*).
L'idée de base derrière cette classe de modèle est que
l'on ne spécifie aucune fonction paramétrique, mais on admet une
flexibilité de la relation en supposant que l'effet est lisse au sens de
la différentielle. La forme fonctionnelle est dérivée des
données soit en utilisant des estimations locales (méthode de
Kernel) ou les « spline smoothing »12(*).
Ce mémoire se présente comme suit :
§ Dans le chapitre 1, nous allons présenter un
modèle macroéconomique théorique d'analyse de la
soutenabilité fiscale contrainte par une règle fiscale. Cette
analyse théorique sera placée dans le cadre d'un modèle de
croissance endogène pour prendre en compte les perspectives de long
terme de l'analyse. Nous allons présenter dans ce chapitre quelques
exercices de simulations fondées sur le Calibrage du modèle par
les paramètres proches autant que possible de l'économie
Camerounaise.
§ Dans le chapitre 2, nous allons présenter
l'analyse de la soutenabilité fiscale au Cameroun selon l'approche
développée par le FMI. Plusieurs scénarios de gestion de
la dette publique au Cameroun après le point d'achèvement seront
développés dans le cadre de cette analyse.
§ Dans le chapitre 3, nous allons présenter
l'analyse de la soutenabilité fiscale au Cameroun selon l'approche
développée par Bohn (1998). Nous allons estimer la fonction de
réaction de la politique fiscale à partir des méthodes
d'estimations non paramétriques.
* 1 Voir pour un historique
des crises d'endettement Toussaint (2001), Millet et Toussaint (2002).
* 2 Extrait de Coalition 2005
: plus d'excuses !, Objectifs du Millénaire pour le
Développement : plus d'excuses -Recommandations des organisations de la
société civile française pour 2005, mars 2005.
* 3 A ce propos, on estime
qu'en moyenne 30% des dollars empruntés par les huit principaux
débiteurs ont refranchi la frontière entre 1974 et 1982
(Raffinot, 1998)
* 4 Economic Report of the
President, Février 1995, et U.S. Department of commerce, Survey of
current Business, Avril 1995.
* 5 Op Cite.
* 6 Voir Razzaque (2003)
* 7 Charles Ponzi
était un escroc qui en 1919 s'est enrichi en remboursant ses emprunts
avec de nouveau emprunts. Le 26 juillet 1920 il fit un crash et retrouva
très fortement endetté.
* 8 Voir Raffinot (1998) pour
une présentation.
* 9 Voir Manasse et al.
(2003).
* 10 Pour les tests classiques
voir Hamilthon et Flavin (1986), Kremers (1988), Trehan et Walsh (1991),
Greiner et Semmler (1999)
* 11 Voir Venables et Ripley,
2003 pour les détails sur les méthodes « Smoothing
spline regressions ».
* 12 Voir aussi Venables et
Ripley, 2003
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