II.2.
DONNÉES ET VARIABLES DU MODÈLE.
Pour mettre en oeuvre le test de soutenabilité fiscale
au Cameroun tel que développé à la première
section, nous allons estimer selon les deux approches présentées
l'équation suivante :
(3.12)
et sont respectivement les ratios surplus primaire et de dette publique
sur PIB, est une matrice de toutes les autres variables qui ont une influence
considérable sur le surplus primaire et le terme d'erreur iid selon une loi normale .
Les variables que nous retiendrons pour la matrice , et qui sont supposées influencer considérablement le
surplus primaire sont : qui représente le cycle des affaire et les dépenses publiques. Il aurait été souhaitable
de considérer comme Greiner et al. (2005) le surplus social qui
permettrait de percevoir l'effet du système de sécurité
sociale sur la santé financière de l'Etat. Malheureusement ces
informations ne sont pas disponibles. En fait, le surplus étant la
différence entre recettes et dépenses, comme Bohn (1998) et
Greiner et Kauermann (2005) les variables et sont les principales composantes de Xt. Pour un
niveau inchangé du taux d'imposition les recettes fiscales varient avec
et pour un niveau fixé des recettes, le surplus varie avec .
Le ratio surplus primaire/PIB :
Nous avons reconstitué cette série à
partir des tableaux des opérations financières de l'Etat (TOFE)
disponibles au MINEFI47(*). Une structure stable de ces tableaux mois par mois
existe depuis 1989. Il est donc facile pour cette période de ramener les
années budgétaires Juillet-Juin aux années civiles
Janvier-Decembre. Pour la période 1980-1988, les informations sur le
TOFE sont annuelles et en année budgétaire Juillet-Juin. Pour les
ramener en année civile Janvier-Decembre, nous avons
évalué les proportions moyennes sur la période 1989-2005
que nous avons appliqué à la période 1980-1988. De plus,
26 points d'observation sont insuffisants pour procéder aux spline
regressions du fait de la matrice S, le lisseur. Pour cela nous avons
projeté, en intégrant l'effet choc pétrolier des
années 70, la série sur la période 1975-1979. La
Figure 3.01.montre l'évolution du ratio surplus primaire entre
1975 et 2005.
Le surplus primaire est resté négatif entre
1985 et 1993. Cette période est marquée par la chute des cours
des matières premières suite à la
dépréciation du Dollar Américain qui va
considérablement réduit les ressources de l'Etat Camerounais. La
chute de ce ratio depuis 1975 va prendre fin en 1987. On va observer un
retournement du mouvement dès 1988 qui correspond au premier passage du
Cameroun au Club de Paris. Le retour à une valeur non
négative va être observé à partir de 1994. Ceci peut
être apprécié par la décision audacieuse que l'Etat
camerounais a pris en réduisant deux fois de suite les salaires à
la fonction publique en 1993 et la dévaluation de Fcfa de Janvier 1994.
A partit de 1997, ce ratio va se stabiliser autour de 5% du PIB.
Le ratio dette publique/PIB :
Les données sur le ratio dette publique ont
été calculées sur la base des données disponibles
à la Caisse Autonome d'Amortissement (CAA) sur la période
1984-2005. Les observations sur la période 1975-1983 ont
été obtenues en réconciliant les données du
IMF-IFS-CDROM et de l'INS-Cameroun.
La Figure 3.02 montre l'évolution de ce ratio
entre 1975 et 2005. La courbe en interrompu long indique l'évolution
brute de ce ratio au Cameroun tandis celle en continu représente
l'évolution du ratio corrigé de l'effet dévaluation de
1994. On observe que le ratio dette est resté faible et très
stable entre 1975 et 1986. Entre 1987 et 1994, ce ratio s'est fortement et
rapidement accru du fait du financement extérieur de l'Etat camerounais
en proie à des difficultés de sa finance publique. On peut voir
sur les deux courbe de la Figure 3.02 que le ratio dette diminue
jusqu'à atteindre environ 35% en 2005.
Le ratio dépenses publiques/PIB :
La Figure 3.03 montrent que les dépenses
publiques de l'Etat représentent une très forte proportion du PIB
entre 1975 et 1985, sans doute à cause de la politique interventionniste
qu'elle a mené pendant cette période en participant au
système de production marchand. On observe toute fois une
décroissance du ratio dépenses publiques au cours de cette
période. Cette baisse ne peut pour autant pas être
attribuée à une politique volontariste de désengagement de
l'Etat, ceci du fait que les dépenses publiques en valeur courante (CFA
courant) ont augmenté en moyenne de 0,5% contre une augmentation de la
production en valeur nominale (CFA courant) de plus de 10%. Entre 1986 et 1994
les dépenses publiques baissent plus rapidement que la production, soit
-5,6% et -1,16% respectivement. Entre 1995 et 2005, les dépenses
publiques augmentent moins rapidement que la production, soit 8,2% contre 9%
respectivement. On peut donc en général penser que la baisse
observée depuis la fin des années 80 décrit mieux une
politique volontariste de désengagement du gouvernement camerounais.
Le Cycle des affaires :
Bien que important pour analyser les effets marginaux de la
dette publique, déterminer un indicateur du cycle des affaires n'est pas
toujours évident (Bohn, 1998). On peut toute fois se dire que les agents
économiques sont capables de distinguer les tendances des cycles dans la
production et se faire ainsi une idée sur le climat des affaires (Bohn,
2005). On peut donc considérer le cycle des affaires comme la composante
cyclique de la série PIB. L'importance du cycle des affaires pour la
politique économique a été mise en exergue par Lucas
(1977) qui développe le concept de cycle des affaires international.
C'est un concept d'un grand intérêt pour la politique
économique notamment la politique monétaire et fiscale (Marcet et
Ravn, 2003). Nous avons déterminé cet indicateur en utilisant le
filtre de Hodrick-Prescott48(*). Supposons que la série originelle est composée d'une tendance et d'un cycle , c'est-à-dire : avec t = 1...T. Hodrick et Prescott (1997) propose un moyen
d'isoler ces deux composantes en résolvant le problème de
minimisation suivant :
le multiplicateur de Lagrange est le paramètre de lissage.
Hodrick et Prescott (1997) suggèrent pour des données annuelles. Nous avons dans cette analyse
appliquer deux fois le filtre HP et déduit la série
YVAR.
La Figure 3.04 montre l'évolution de cette
série entre 1975 et 2005. On observe un cycle des
affaires stable au cours des périodes 1975-1980, 1995-2001
et un effet de relance après le point de décision atteint en
2000. A partir de 1982, on observe une amélioration considérable
du cycle des affaires, permettant à la production nationale de passer au
dessus du niveau du PIB potentiel. Cette amélioration va se poursuivre
jusqu'en 1987 avant de subir une détérioration qui va prendre fin
uniquement en 1994.
La relation ratio surplus primaire/PIB - ratio
dette publique/PIB.
Les Figures 3.05 et 3.05* mettent en
relation les ratios surplus primaire et dette publique. On peut constater qu'en
corrigeant le ratio dette de l'effet dévaluation de 1994, on ne
modifie pas la forme fonctionnelle du nuage de points.
* 47 Ministère de
l'économie et des finances.
* 48 Filtre HP
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