III.
ANALYSE ET INTERPRÉTATION DES RÉSULTATS DES ESTIMATIONS AU
CAMEROUN.
Dans cette section, nous allons présenter les
principaux résultats de nos estimations. Dans un premier temps, nous
allons tester la non linéarité de relation existante entre les
ratios surplus primaire et dette publique au Cameroun. Ensuite nous allons
estimer des fonctions semi paramétrique en considérant des
relations linéaires dans lesquelles les coefficients sont des fonctions
non linéaires du temps.
III.1.
MODÈLE NON PARAMETRIQUE.
L'équation à estimer dans cette approche
est :
(3.13)
Dans un premier temps, nous avons estimé
l'équation (3.13) avec le ratio dette non corrigé. On
obtient ainsi une valeur 49(*) pour la
variable GVAR indiquant une relation linéaire entre les ratios
surplus primaire et dépenses publiques (voir Tableau 3.04 en
annexe). Sans aucune perte sur la qualité des résultats, nous
avons retenu l'estimation de (3.13) en considérant
GVAR linéaire. Les résultats obtenus sont
reportés au Tableau 3.01. Ils indiquent que la réaction
du ratio surplus primaire sur PIB au Cameroun suite à l'accroissement du
ratio dette publique sur PIB est statistiquement non linéaire et
croissante. Les Figures 3.06 et 3.07 indiquent les relations
fonctionnelles entre les ratios surplus primaire et dette sur PIB d'une part et
le cycle des affaires d'autre part.
Tableau 3.0150(*) : Estimation de l'équation
(3.13),
ratio dette non corrigé
On constate sur la Figure 3.06 que la fonction de
réaction de la politique fiscale est croissante et concave. La
croissance du ratio surplus primaire sur PIB ralenti à mesure que le
ratio dette publique sur PIB s'élève. A partir d'un niveau
supérieur à 50% du PIB, la réaction du ratio surplus
primaire devient très faible.
La Figure 3.07 montre que le surplus primaire est
une fonction croissante du cycle des affaires. Un climat des affaires favorable
améliore la situation financière de l'Etat.
Dans un second temps, nous avons estimé
l'équation (3.13) avec la variable ratio dette publique
corrigée de l'effet dévaluation de 1994. On obtient des
résultats presque identiques au cas précédent à la
différence que le R2 est plus petit et le GCV est
plus élevé (voir Tableau 3.02).
Tableau 3.02 : Estimation de
l'équation (3.13), ratio dette
Corrigé de l'effet dévaluation 1994
Les Figures 3.08, 3.09 et 3.10
montrent les relations fonctionnelles de l'équation (3.13) avec
le ratio dette corrigé. Dans ce cas le surplus primaire demeure une
fonction croissante concave du ratio dette publique mais une fonction non
linéaire du ratio dépenses publiques.
A la lumière des résultats ainsi
présentés, il n'est pas possible de conclure que la politique
fiscale au Cameroun entre 1975 et 2005 est soutenable au sens de Bohn (1998).
Ceci est dû à l'absence de linéarité entre les
ratios surplus primaire et dette publique sur PIB. Toutefois on constate que
l'Etat réagit positivement à l'accroissement du ratio dette
publique sur PIB avec une vitesse de réaction faible pour des ratios
dette élevés. Si on considère uniquement les niveau de
ratio dette publique sur PIB inférieur à la zone [40%, 50%], on
constate que l'hypothèse de linéarité est
vérifiée (voir Figure 3.06). On peut ainsi garantir que
la politique fiscale au Cameroun était soutenable au cours des
périodes où le ratio dette publique sur PIB était
inférieur à 50%. Ainsi, si l'on fixe l'évolution de
l'économie Camerounaise telle que observée entre 1975 et 2005,
alors pour des niveaux de ratio dette publique sur PIB inférieur
à 50%, le gouvernement respecte sa contrainte budgétaire
intertemporelle, donc la soutenabilité fiscale au sens de Bohn
(1998).
Contrairement au résultats de Greiner et al. (2005)
qui montre dans le cas de l'Allemagne que le gouvernement réagit
négativement pour des ratios faibles et positivement pour des ratios
élevés, le gouvernement Camerounais a toujours réagit
positivement mais très faiblement pour des ratios élevés.
Nous allons essayer de vérifier ces résultats en vérifiant
la stabilité du coefficient de réaction entre 1975 et
2005.
* 49 La valeur edf
indique la trace de la matrice de lissage pour chaque fonction et donne le
niveau de complexité de chaque terme. Si cette valeur est proche de un
alors la relation est linéaire et si elle est assez élevée
par rapport à 1 la relation est statistiquement non linéaire.
* 50 ***, **, * indiquent la
significativité à 0%, 0.1%, et 1% respectivement.
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