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Les déterminants de la faible bancarisation dans l'UEMOA

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par Agossou Jacques GANSINHOUNDE
Université Polytechnique du Bénin - Master Banque-Finance 2007
  

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2 Exclusion bancaire et faible bancarisation 2.1 Exclusion bancaire et financière

D'après la définition du Centre Walras6 repris par Gloukoviezoff (2004b), « une personne se trouve en situation d'exclusion bancaire et financière lorsqu'elle subit d'entrave dans ses pratiques bancaires et financières qui ne lui permet plus de mener une vie sociale normale dans la société qui est la sienne ». Il ressort de cette définition que l'exclusion bancaire se mesure par rapport aux difficultés sociales qu'elle engendre. Bien que cela soit globalement vrai pour tous les pays développés où le rôle de la monnaie scripturale est prédominant, il n'en demeure pas moins que l'impact social dépend du pays concerné. Avant de revenir sur ces différences, il est utile d'apporter quelques précisions par rapport à la définition donnée ci-dessus.

2.1.1 Pratiques bancaires et financières

Les pratiques bancaires et financières décrivent l'ensemble de la relation bancaire qu'une personne entretient avec sa banque dans le cadre de la consommation des services qui lui sont proposés. Une entrave à ces pratiques traduit une limitation dans l'accès aux dits services. Le terme « accès » revêt une notion de droit qui peut être répartie en droits formels et droits réels (Gloukoviezoff, 2001). Les droits formels décrivent l'autorisation et la liberté que l'on a d'accéder aux services. Les droits réels décrivent plutôt la capacité de comprendre et d'utiliser ces services.

6 Le Centre Walras est spécialisé dans l'étude de l'exclusion bancaire en France et édite des rapports périodiques sur le sujet.

Et le vrai problème de l'exclusion bancaire se situe au niveau des droits réels. Il ne suffit pas d'être autorisé, il faut pouvoir exercer son droit. Les personnes confrontées à des difficultés d'ordre cognitif (connaissance) ou émotionnel (vécu) s'auto-excluent (Beck et De la Torre, 2006). L'auto-exclusion constitue d'ailleurs selon Kempson (2001) et Kempson & Whyley (1999) cités par Gloukoviezoff (2004a) la principale source de non-accès aux services bancaires. A côté de cette catégorie d'exclus existe une autre, constituée d'individus capables d'utiliser les services mais qui en sont écartés par des pratiques de sélection de la clientèle organisées par les établissements de crédit (Eber, 2000).

2.1.2 Relation entre exclusion bancaire et exclusion sociale

La définition du Centre Walras donnée ci-dessus montre bien que le phénomène de l'exclusion bancaire s'apprécie à l'aune des dégâts engendrés sur la qualité de la vie sociale. Ainsi une personne exclue bancaire est forcément confrontée à des problèmes sociaux. Cette causalité se justifie dans le cas de la France où la législation impose l'utilisation de la monnaie scripturale dans toutes les transactions7. Les salaires et les cotisations sociales sont versés par virement bancaire. La privation de service bancaire équivaut alors à une quasi-impossibilité de perception de revenu régulier.

Cela n'est pas exactement le cas des pays anglo-saxons notamment des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne. Ici, le salaire est parfois perçu sous forme de chèque non barré ou en liquidité. L'absence de relation bancaire n'a donc pas nécessairement un impact direct sur la vie sociale. Contrairement à la France qui a décrété le droit au compte, la bancarisation aux Etats-Unis s'est faite par la démocratisation du crédit (Gloukoviezoff, 2005).

Mais quelque soit le pays développé considéré, l'absence de relation bancaire est un facteur de dégradation de la qualité de vie. Le niveau de vie et la consommation de masse obligent les ménages à recourir à des crédits et donc à entretenir nécessairement une relation bancaire. A défaut, ils sont socialement marginalisés. « L'exclusion bancaire étant elle-même une composante de désaffiliation sociale » selon Servet (2000). Pour Peachey et Roe (2004), la question de l'exclusion bancaire est partie intégrante d'une problématique plus vaste de lutte contre l'exclusion sociale.

7 Les accords de Matignon de 1968 ont consacré l'usage prioritaire du compte bancaire dans les transactions avec l'obligation de verser les salaires dans des comptes bancaires (Alain Plessis dans « Histoire des banques de France ». Ces dispositions seront par la suite étendues aux revenus sociaux.

2.1.3 Les différentes formes d'exclusion bancaire

Servet (2000) distingue trois formes d'exclusion bancaire et financière. Il y a:

· la stigmatisation : elle tient aux difficultés d'accès ou d'usage des instruments modernes de paiement qui peuvent créer un sentiment de rejet;

· la mise à l'écart: elle naît des méthodes de sélection de clientèle des banques;

· la marginalisation économique: elle fait suite aux difficultés économiques rencontrées par une personne.

2.2 Faible bancarisation

2.2.1 Définition

Le terme « faible bancarisation » est utilisé pour qualifier la situation d'un pays où une faible proportion de la population a accès au compte bancaire. Dans l'UEMOA, seules 3 personnes sur 100 ont accès à un compte (BCEAO, 2005b). Ce ratio est très faible et témoigne de difficultés majeures d'adéquation entre l'offre et la demande dans l'UEMOA.

2.2.2 Mesure

Une fois l'état de faible bancarisation défini, il est nécessaire de retenir un indicateur permettant l'appréciation du phénomène dans le temps. Pour des raisons de commodité, nous retenons un indicateur dépendant du taux de bancarisation mais différent de celui-ci. Il s'agit de la marge de bancarisation.

Marge de bancarisation = 100 % - Taux de bancarisation

La marge de bancarisation représente l'écart entre la situation de bancarisation complète (100%) et le taux actuel de bancarisation. Plus elle est grande, plus le niveau de bancarisation est faible et inversement.

Encadre n°1: La mesure du taux de bancarisation

Il existe plusieurs méthodes pour mesurer le taux de bancarisation. Trois d'entre elles sont données ici. Le choix dépend de l'objectif visé.

Méthode 1

Pc

t= Pa

* 100 avec Pc: Nombre de personnes ayant un compte bancaire

et Pa: Taille de la population active.

Méthode 2

Mc

t= Mt

* 100 avec Mc: Nombre de ménages ayant un compte bancaire

et Mt: Nombre total de ménages

Méthode 3

Nc

t= Pa

* 100 avec Nc: Nombre de comptes bancaires de particuliers

et Pa : Taille de la population active.

2.2.3 Faible bancarisation et promotion des instruments scripturaux de paiement

La définition intrinsèque de la bancarisation fait référence à la proportion de la population ayant un compte de dépôt (bancaire ou non). Mais tous les comptes, même en banque, ne donnent pas droit à l'utilisation des moyens scripturaux de paiement. Le compte livret de la Poste et le compte d'épargne permettent juste de faire des mouvements de dépôt et de retrait directement au guichet des institutions concernées. Il n'est pas possible de délivrer sur ces types de comptes des chéquiers, des cartes bancaires etc. Et pourtant leurs titulaires seront considérés comme bancarisés bien qu'ils ne puissent utiliser des instruments scripturaux.

Il existe donc une différence entre la promotion de la bancarisation et la promotion de l'utilisation des moyens scripturaux de paiement. La première est une condition nécessaire mais pas suffisante pour la seconde.

2.3 Différence entre faible bancarisation et exclusion bancaire

A l'opposé de l'exclusion bancaire et financière qui sévit essentiellement dans les pays industrialisés, la faible bancarisation est une problématique des pays pauvres. Elle traduit le faible niveau d'accès aux services bancaires au même titre que l'accès à l'eau courante, à la santé, à l'éducation etc. Peachey et Roe (2004) font remarquer à cet effet que le taux de bancarisation

dans les pays du Sud et le taux d'exclusion bancaire et financière dans les pays du Nord sont similaires. Ils tournent au tour de 10%. Environ 10% des populations des pays riches sont exclues alors que dans les pays pauvres, seules 10% y ont accès.

Mais cette catégorisation systématique du problème de l'exclusion bancaire dans les pays du Nord et de la faible bancarisation dans les pays du Sud souffre de quelques imprécisions qu'il convient d'indiquer ici. En effet, d'après les propos du directeur financier d'un réseau mutualiste repris par Gloukoviezoff (2004b), un exclu bancaire « ce n'est pas forcément quelqu'un qui est hors de la banque, c'est également quelqu'un qui est dans la banque mais n'y comprend rien ». Il est évident que dans les pays sous-développés, parmi la frange de la population bancarisée, il y a des personnes qui bien que disposant d'un compte en banque ne comprennent rien aux services proposés; se contentant de gérer leur compte comme une caisse où il dépose et retire de la monnaie fiduciaire.

On peut néanmoins en prenant en considération l'aspect social, nécessaire à l'utilisation du qualificatif de l'exclusion, se contenter de la séparation stricte des deux notions en leur attribuant un espace géographique bien déterminé.

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