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Les déterminants de la faible bancarisation dans l'UEMOA

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par Agossou Jacques GANSINHOUNDE
Université Polytechnique du Bénin - Master Banque-Finance 2007
  

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2 La théorie des barrières à l'accès

La théorie des barrières à l'accès a été développée par plusieurs auteurs qui ont procédé à des études comparatives sur le niveau de pénétration des services bancaires et financiers dans différents pays. Certaines de ces études (Caskey et al. (2004); Chamberlain et Walker (2005); Honohan (2004); Ketley , Davis et Truen (2005); Peachey et Roe (2004) ) se sont limitées à une analyse statistique simple tandis que d'autres (Beck , Demirguc-Kunt et Peria (2005 et 2006); Beck et al.(2004)) ont procédé à une analyse économétrique des phénomènes observés et en ont déduit les facteurs explicatifs principaux.

2.1 Définition

La notion de barrière à l'accès fait référence à un ensemble d'obstacles susceptibles de gêner, voire bloquer le processus de démocratisation des services bancaires et financiers au sein des populations. Il existe plusieurs sortes de barrières. Honohan (2004) en identifie trois à savoir la barrière de prix, la barrière de l'information et la barrière du produit et du service. Ketley, Davis et Truen(2005) identifient des barrières pécuniaires et d'autres non-pécuniaires. Beck, Demirguc-Kunt et Peria (2006) mettent en exergue des barrières liées à l'accessibilité (physique et financière) et à l'éligibilité. Ces différentes distinctions permettent de ressortir les facteurs explicatifs principaux de la non utilisation des services bancaires et financiers.

2.2 Détermination des barrières

Les différents auteurs ont mis en exergue plusieurs types de barrières dont quelques unes sont décrites ci-après.

2.2.1 La barrière physique à l'accès

Elle mesure la distance parcourue par le client pour accéder au guichet d'un établissement

teneur de compte (ETC). Beck, Demirguc-Kunt et Peria (2005)8 ont construit un indicateur composite constitué de quatre informations à savoir la pénétration géographique des agences (nombre d'agences bancaires sur 1.000 km²), la pénétration démographique des agences (nombre d'agences bancaires pour 100.000 habitants), la pénétration géographique des distributeurs automatiques de billets ou DAB (nombre de DAB sur 1.000 km²) et la pénétration démographique des DAB (nombre de DAB pour 100.000 habitants). Beck , Demirguc-Kunt et Peria (2006)9 ont construit un indicateur qui mesure cette barrière. Il vaut 1 si le compte ne peut être ouvert qu'au siège de l'établissement, 2 si le compte peut être ouvert au siège ou dans une agence et 3 si le compte peut être ouvert au siège, dans une agence ou à un point de service. Chamberlain et Walker (2005) mesurent cette barrière par le coût du transport nécessaire pour joindre l'agence bancaire la plus proche.

2.2.2 La barrière financière à l'accès

Elle traduit les conditions d'ouverture et de maintien d'un compte de dépôt. Elle est évaluée sur la base du montant minimal d'ouverture et des frais de tenue d'un compte chèque. Beck, Demirguc-Kunt et Peria (2006) mesurent cette barrière par un indicateur qui représente la part du PIB/habitant nécessaire à l'ouverture d'un compte et à son entretien. Chamberlain et Walker (2005) estiment à 2%, la part maximale de revenu qu'une personne peut consacrer aux frais bancaires. Au delà, se crée un obstacle. Ketley, Davis et Truen (2005) insistent particulièrement sur la barrière financière en détaillant davantage son contenu. Ils y incluent notamment les charges liées au retrait à un distributeur automatique (DAB) ou dans une agence, et les charges liées aux opérations de transfert électronique, aux paiements par carte, etc.

2.2.3 La barrière de l'éligibilité

Elle indique les conditions particulières d'ouverture imposées par les établissements de crédit. Pour Beck, Demirguc-Kunt et Peria (2006), il s'agit de déterminer le nombre de documents nécessaires à l'ouverture d'un compte de dépôt. Parmi ces documents, on peut citer la carte d'identité nationale, la fiche de paie et la lettre de recommandation (dans certains cas). Plus

8 Beck T., Demirguc-Kunt A. et Peria M., (2005) ont travaillé sur les informations bancaires de 99 pays entre 2003 et 2004.

9 Beck T., Demirguc-Kunt A. et Peria M.(2006) ont travaillé sur les informations de 193 banques réparties dans 58 pays dans le monde.

le nombre de documents demandé est important, plus la barrière est élevée. Chamberlain et Walker (2005) mesurent cette barrière par le pourcentage d'agences bancaires n'imposant aucune de ces conditions.

2.2.4 La barrière de la réglementation

Elle permet d'apprécier les obstacles spécifiques auxquels peuvent être confrontés certains groupes sociaux indépendamment des établissements de crédit. Chamberlain et Walker (2005) évoquent par exemple le cas de certains pays où la femme ne peut ouvrir un compte sans le consentement de son mari.

2.2.5 La barrière des services disponibles et de leurs caractéristiques

Elle pose le problème de l'offre de services bancaires et financiers. Cette barrière a été identifiée par Chamberlain et Walker (2005). Est ce que tous les besoins potentiels des clients sont couverts par la gamme et la qualité des services proposés? Si tel n'est pas le cas, il y a une possibilité d'existence d'obstacle à l'accès.

2.2.6 La barrière de l'information

Honohan (2004) identifie cette barrière en évoquant le problème de l'asymétrie d'information notamment dans la distribution des crédits. Mais compte tenu des imbrications entre instruments de paiement et instruments de crédit (carte bancaire), cette barrière est valable pour les problèmes de création de compte et des services de paiement associés. En plus de l'asymétrie, il nous faut citer l'illettrisme (financier) qui met les informations hors de portée de certaines personnes.

Le problème de l'illettrisme financier est profond. Il se pose avec acuité dans les pays en voie de développement et ne doit pas être confondu avec celui de l'analphabétisme. Il existe des personnes alphabétisées qui demeurent financièrement illettrées.

2.3 Les causes des barrières

Les différentes barrières ci-dessus énumérées ne sont pas exclusives. Certaines d'entre elles sont liées. Ainsi pour Chamberlain et Walker (2005), la barrière de l'éligibilité est déterminée par la barrière financière (dépôt minimal) et la barrière physique à l'accès (coût du

transport vers l'agence la plus proche). Il existe donc une corrélation entre ces barrières.

Chacun des auteurs, restant dans la limite des barrières identifiées et des informations traitées, met en évidence des relations plus ou moins fortes entre plusieurs variables.

Beck, Demirguc-Kunt et Peria (2006), qui ont travaillé sur trois barrières (barrière financière, d'accès physique et d'éligibilité) montrent une corrélation négative entre ces barrières et le niveau de développement économique et financier. En utilisant ensuite un modèle de régression (Fi,k = âo + â1Bi + â2Ck + ëi,k où F représente l'indicateur de barrière pour une banque i dans un pays k, B la matrice des variables de banque et C la matrice des variables de pays), ils démontrent les causalités suivantes:

· la nécessité d'un montant minimal d'ouverture et les frais de tenue de comptes chèques constituent un facteur limitatif de l'accès;

· l'exigence stricte de documents est un facteur limitatif de l'accès;

· les obstacles spécifiques imposés par les banques dépendent de leur taille, de la qualité des infrastructures telles que le réseau électrique, le réseau de communication, le cadre juridique, l'actionnariat (étatique/privé, national/étranger), le niveau de compétitivité, de transparence et d'ouverture économiques. Ils constituent des facteurs limitatifs de l'accès.

Ces explications confirment celles données par Beck et al.(2004)10 qui ont utilisé le même modèle économétrique appliqué à des données différentes. Ces derniers insistent néanmoins sur le développement institutionnel global comme principal facteur discriminant entre les pays.

10Beck T. et al.(2004) ont travaillé sur les données du World Business Environment Survey (WBES) relatives à une vaste enquête concernant 80 pays développés ou non sur la période 1999-2000 menée par la Banque Mondiale.

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault