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Les déterminants de la faible bancarisation dans l'UEMOA

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par Agossou Jacques GANSINHOUNDE
Université Polytechnique du Bénin - Master Banque-Finance 2007
  

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Deuxième partie: Etude empirique de la faible

bancarisation dans l'UEMOA

Le paysage bancaire de l'Union Economique et Monétaire Ouest Africaine est depuis quelques années en pleine mutation. En dépit des incertitudes liées à la crise sociopolitique ivoirienne, l'attractivité et la vitalité de la place financière sous-régionale ne se démentent point. Cela s'est traduit en 2005 par une croissance de 22,58% du nombre des établissements de crédit agréés dans l'Union (CB-UMOA, 2006).

Mais cette croissance ne se ressent pas particulièrement au niveau de la démocratisation des services bancaires et financiers. Une partie importante de la population est exclue du champ d'intervention des établissements de crédit. Elle est livrée aux institutions de microfinance et aux systèmes de tontine dont le coût reste prohibitif. Plusieurs facteurs susceptibles d'expliquer cet état de chose sont analysés ici.

Cette partie est subdivisée en trois chapitres. Dans le chapitre 3, nous faisons une analyse contextuelle de la faible bancarisation dans l'UEMOA. Le chapitre 4 est destiné à l'étude économétrique tandis que le chapitre 5 est consacré à l'interprétation des résultats obtenus et à la proposition de mesures correctives.

Chapitre 3 : Analyse contextuelle de la faible bancarisation

Ainsi qu'il ressort de la revue de littérature, une bonne appréhension du problème de limitation de l'accès aux services bancaires et financiers nécessite une investigation dans les domaines économique, juridique, bancaire, financier et social. Traitant de ces différents aspects, ce chapitre permet de rechercher les obstacles à la bancarisation dans les traits caractéristiques de l'UEMOA.

I L'environnement global

Dans le Doing Business 200711, les pays de l'UEMOA sont classés parmi les pays les moins favorables à l'entrepereunariat privé. Le cadre global des affaires y est jugé particulièrement mauvais. Le pays le mieux placé est le Bénin au 137 ème rang mondial sur 178 et le plus mal classé est le Burkina au 163 ème rang. Mais au delà de ces chiffres bruts qui témoignent des problèmes de toutes sortes auxquels sont confrontés ces pays, il est important de s'apesantir sur certains axes clés pour mieux mesurer l'étendue des difficultés à lever pour la création d'un meilleur environnement à l'accès aux services bancaires et financiers. Pour cela, nous étudierons successivement les problèmes liés à la croissance économique, au cadre juridique, aux infrastructures de base et à l'analphabétisme.

1 Une croissance économique insuffisante

L'UEMOA connaît depuis plus d'une décennie une croissance économique relativement instable qui se traduit par un taux de croissance réel du PIB très variable selon les années. Ce taux est passé de 6,4% en 1996 à 3,7% en 2005 (figure 2) avec une baisse drastique à 0,5 % en 2000 due entre autres à la grave crise socio-politique en Côte d'Ivoire. Ce rythme d'augmentation de la richesse créée est insuffisant compte tenu des défis importants à relever à tous les niveaux. Les objectifs du millénaire pour le développement fixent à 7% le taux minimal d'une croissance soutenue pour réduire la pauvreté de moitié à l'horizon 201512. Parmi les pays de l'Union, seul le

11 Le Doing Business est un projet de la Banque Mondiale qui vise à donner une mesure de la réglementation et du renforcement du cadre des affaires dans 178 pays. A cet effet, des rapports annuels sont édités pour traduire l'évolution de la situation dans chaque pays.

12 www.uneca.org/omd/MDGs_page.asp

Burkina Faso est cité par la Commission Economique pour l'Afrique (CEA) des Nations Unies, comme pays pouvant atteindre cet objectif.

Une caractéristique importante de l'économie de l'UEMOA est la part prépondérante qu'occupe le secteur informel. Dans les capitales des pays de l'UEMOA (à l'exception de la Guinée-Bissau), entre 70,9% et 80% des emplois urbains sont créés dans l'informel (Vescovo, Bosquier, et Torelli, 2007). D'après les résultats d'une enquête13 faite au niveau de l'Union, il existe une unité de production informelle par ménage en zone urbaine.

Figure 2 : Croissance économique dans l'UMOA

La même enquête révèle que « le secteur informel est caractérisé par l'absence ou la faiblesse de capital dans le processus de production, ainsi que par un sous-investissement chronique. La faiblesse des possibilités d'emprunt inhibe la capacité d'accumulation du secteur ». Cela met en exergue l'un des maux qui minent l'essor de nos économies : l'inadéquation entre l'offre et la demande de ressources financières. Les services offerts par le secteur bancaire et financier de l'UEMOA ne permettent pas de couvrir les besoins de la majorité des agents économiques.

13 Enquête 1-2-3 de 2001 à 2002 réalisés par les instituts nationaux de statistique des Etats membres publiée par l'UEMOA (www.uemoa.int/Publication/2004/RapSectInform2.pdf)

2 Une justice inefficace

A l'instar des pays francophones, le système judiciaire de la plupart des pays de l'UEMOA est une émanation du système colonial français. Certains textes de cette époque demeurent en vigueur. Selon Bako Arifari repris par Tidjani (2005), les dispositions du code pénal béninois datent de 1930. Le droit coutumier reste une référence pour une grande majorité des populations selon Tidjani (2005). Ce dernier évoque également la faible couverture géographique des juridictions qui pour l'essentiel sont dans les capitales et les grandes villes. Il existe donc un problème d'accès physique à la justice.

En outre, la corruption qui gangrène l'administration publique des pays de l'Union n'a pas épargné l'appareil judiciaire (Transparency International, 2007). D'après Tidjani (2005), le paiement de commissions indues, l'activation et l'utilisation de liens personnels avec le juge ou le magistrat, le détournement de deniers publics, la négociation illicite des peines sont autant de maux qui minent la justice. Il met également en exergue l'existence d'une justice parallèle animée par les agents de police dans les commissariats au profit des plus offrants.

Toutes ces lacunes rendent la justice inefficace, inapte à la création d'un cadre favorable à l'éclosion de l'initiative privée. La sécurité des affaires n'est pas véritablement assurée. A cet effet, des efforts louables sont entrepris notamment dans le cadre de l'OHADA. Mais, au delà des textes, il est important que chaque Etat de l'Union fasse un effort dans les allocations budgétaires à la justice afin de doter l'appareil judiciaire de moyens nécessaires pour un meilleur fonctionnement.

3 Des infrastructures de base insuffisantes

Il s'agit de l'un des grands défis auxquels doivent obligatoirement s'atteler les pays de l'UEMOA pour attirer les investissements et rendre leurs économies compétitives. Les transports publics sont inexistants ou en mauvais état. L'eau potable et l'électricité sont des biens souvent difficiles à avoir même dans les grandes villes. Plusieurs pays de la sous-région sont d'ailleurs confrontés depuis plusieurs mois à une crise aiguë du secteur énergétique qui se traduit par de longues périodes de délestage journalier. En 2001 par exemple, la consommation électrique était de 68,11 kwh par habitant pour le Bénin et 132,67 kwh pour le Sénégal. En comparaison, la France était pour la même année à 6.68 1,61 kwh par habitant (WDI 2005).

Concernant les nouvelles technologies de l'information et de la communication, les pays de l'UEMOA ont également un retard important à combler. La téléphonie mobile a fait un pas important en palliant les insuffisances du fixe mais sa pénétration démographique demeure insuffisante. En 2001, le nombre de téléphones mobiles était de 19 pour 1000 habitants au Bénin et de 30,78 au Sénégal. En comparaison, ce nombre était de 605,3 3 pour 1000 habitants en France dans la même année (WDI 2005).

4 Une alphabétisation insuffisante et inadaptée

Le problème de l'alphabétisation est une préoccupation majeure dans le processus de développement des pays membres de l'UEMOA. Le taux d'alphabétisation est estimé en 2001 à 38,59% pour le Bénin et à 16,5% pour le Niger (WDI 2005). Le Togo qui a le taux le plus élevé est à 58,41%. Ce qui demeure insuffisant.

Mais le problème se complique lorsqu'on s'intéresse à la langue dans laquelle les populations sont alphabétisées. Dans la plupart des cas, ce travail se fait dans les langues locales des pays concernés. Or, aucune de ces langues n'est utilisée dans l'administration. Le contrat de création de compte est rédigé en français (et en portugais pour la Guinée-Bissau). Il se pose alors un vrai problème de lecture et de compréhension au niveau des populations.

En plus de cela, même si l'on sait lire et écrire dans une langue officielle, il n'est pas garanti qu'on puisse avoir une bonne compréhension des termes et concepts utilisés dans les différents documents des institutions bancaires. Une chose est de savoir lire, une autre est de comprendre les opérations de débit/crédit. Cela justifie le terme « illettrisme financier » utilisé dans la littérature et évoqué précédemment.

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand