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Les déterminants de la faible bancarisation dans l'UEMOA

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par Agossou Jacques GANSINHOUNDE
Université Polytechnique du Bénin - Master Banque-Finance 2007
  

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II Le système bancaire et financier depuis la crise des années 80 1 Les faillites bancaires des années 80

L'Union Monétaire Ouest Africaine14 a été secouée dans les années 1980 par une grave crise économique qui a eu des répercussions négatives sur le secteur sensible de la banque. Outre les causes macro-économiques, la réglementation bancaire et le cadre comptable qui comportaient de multiples défauts, la mauvaise gestion des établissements de crédit et

14 L'UEMOA n'existait pas encore à cette époque.

l'interventionnisme des Etats sont les principaux facteurs qui expliquent cette situation (Powo, 2000).

1.1 Etendue de la crise

Tous les pays de l'Union15, à des degrés divers, ont été touchés par la crise (tableau 1) . Seul, le Mali n'a pas connu de situation de faillite. La Côte d'Ivoire et le Sénégal ont enregistré le plus grand nombre de faillites avec respectivement 8 et 7 disparitions d'établissements bancaires. En Côte d'Ivoire, quatre grandes banques totalisant 90% du portefeuille de crédit ont été affectées par la crise (Caprio et Klingebiel, 1996). Sur les 27 établissements disparus du paysage bancaire de l'Union, 15 étaient publiques. Cela traduit, le rôle de l'Etat dans la déliquescence du secteur.

Tableau 1 : Nombre de faillites bancaires de 1980 à 1995 dans l'UEMOA

 

Bénin

Burkina Faso

Côte d'Ivoire

Mali

Niger

Sénégal

Togo

Total

Faillite

4

1

8

0

3

7

4

27

(dont banque d'Etat)

2

1

6

 

2

3

1

15

Fusions/Absorptions

0

1

1

0

1

0

0

3

Total

4

2

9

0

4

7

4

30

 

Source : BCEAO repris par Powo (2000)

Plus que tous les autres pays, le Bénin, avec 80% du portefeuille de crédit bancaire de mauvaise qualité (Caprio et Klingebiel, 1996), a été particulièrement touché par cette crise qui a consacré la disparition de toutes les banques de la place. La Banque Béninoise de Développement (BBD) a fermé en 1989 suivie un an plus tard de la Banque Commerciale du Bénin (BCB) et de la Caisse Nationale de Crédit Agricole (CNCA). Quant à la Banque Méridien BIAO-Bénin qui a obtenu son agrément le 5 décembre 1994, elle n'a jamais démarré ses activités.

Les établissements financiers non bancaires ont été également touchés par la crise avec vingt cinq faillites enregistrées dans la période 1980-1993 (BCEAO repris par Powo (2000)).

15 La Guinée-Bissau qui a adhéré à l'UEMOA en 1997 n'est pas concerné.

1.2 Conséquences de la crise

Au niveau macro-économique, cette faillite généralisée a eu des conséquences très néfastes sur le système économique des pays touchés. Caprio et Klingebiel (1996) évaluent à 95 milliards CFA le montant cumulé des pertes financières pour le Bénin, soit 17% de son PIB d'alors. Ce taux représente également l'ampleur du désastre économique enregistré par le Sénégal. Quant à la Côte d'Ivoire, ses pertes sont estimées à 677 milliards CFA, soit 25% du PIB.

Au niveau micro-économique, les faillites ont entraîné la ''perte'' des avoirs de nombreuses familles qui se sont vues d'un jour à l'autre, dépossédées de leurs épargnes, entamant durablement leur confiance dans le secteur bancaire. Powo (2000) parle de ''fuite devant les institutions financières'' pour expliquer l'impact de cette crise sur le développement important de la finance informelle et sur le faible taux de bancarisation dans l'Union.

2 Nouvelles surveillance et orthodoxie bancaire 2.1 Nouveau dispositif de surveillance bancaire

Le cadre réglementaire inadapté des années 80 a été souligné par Powo (2000) comme étant un facteur ayant contribué significativement aux faillites bancaires qui ont secoué la sousrégion. Dès 1989, une vaste restructuration du secteur bancaire a été initiée par la Banque Centrale visant d'une part à restaurer la solvabilité et la liquidité des établissements de crédit et d'autre part à organiser un désengagement progressif de l'Etat du capital et de la gestion des institutions financières (BCEAO, 1998).

Un nouveau dispositif de surveillance bancaire a été mis en place avec:

· la convention portant création de la Commission Bancaire, entrée en application le 1er octobre 1990 ;

· la loi cadre portant réglementation bancaire du 1er octobre 1990;

· le dispositif prudentiel applicable aux banques et établissements financiers de l'UMOA;

· le décret relatif au classement, à la forme juridique et aux opérations des établissements financiers (pris entre 1984 et 1992, selon les pays de l'UMOA) ;

· le nouveau plan comptable bancaire ou PCB, entré en vigueur le 1er janvier 1996.

Toutes ces dispositions ont pour objectif d'assainir le paysage, d'assurer la solvabilité et la liquidité des établissements de crédit vis-à-vis des déposants et des tiers, ainsi que l'équilibre de leur structure financière.

La loi bancaire distingue deux catégories d'établissement de crédit à savoir les banques et les établissements financiers. Au plan réglementaire, c'est la notion de « banque universelle » qui prime. La réglementation ne fait aucune distinction entre les banques. Une banque agréée au sein de l'Union peut mener toutes les activités bancaires qu'elle jugera nécessaire à son développement. Certaines institutions choisis sent volontairement et pour des raisons stratégiques de se focaliser sur une activité donnée. Ainsi, il existe des banques de l'habitat, du commerce, de l'investissement, etc.

En dehors de ces deux catégories, il y a trois autres types d'établissements qui sont régis par une réglementation spécifique. Il s'agit des caisses d'épargne, des banques islamiques et des systèmes financiers décentralisés (microfinance).

La Commission Bancaire de l'UMOA a remplacé les organismes nationaux de surveillance avec de réels pouvoirs de contrôle et de décision. Elle effectue des contrôles sur pièces et sur sites. En cas de non respect de la réglementation par un établissement, la Commission peut prendre toute mesure contraignante qu'elle jugera nécessaire. Cela va du simple avertissement à la mise sous administration provisoire et au retrait d'agrément dans le cas ultime.

2.2 Nouvelle orthodoxie bancaire

Un guide du banquier de l'UMOA a été édité par la Commission Bancaire pour aider les dirigeants des établissements de crédit à mieux cerner leurs responsabilités au regard de la réglementation en vigueur dans les pays membres.

L'appareil judiciaire a été renforcé (BCEAO, 1998) avec une simplification des procédures de recouvrement et un meilleur dispositif des incidents de paiement.

Pour prévenir toute nouvelle crise et compte tenu de l'hécatombe observée au niveau des banques publiques, une limitation de la participation de l'Etat (25% maximum du capital) a été érigée en règle (BCEAO,1998).

3 Reconstruction du paysage bancaire et financier 3.1 Les établissements de crédit

Suite aux réaménagements du dispositif de surveillance, le paysage bancaire sousrégional s'est reconstruit progressivement grâce à l'initiative privée. Conformément aux

prescriptions, l'emprise des pouvoirs publics sur le secteur bancaire s'est effritée au profit des investisseurs privés nationaux et surtout étrangers. L'actionnariat est dominé par les capitaux privés non-nationaux. Le tableau 2 ci-dessous donne la situation à fin décembre 2005.

Tableau 2: Le paysage bancaire de l'UEMOA

Désignation (**)

Nombre d'établisse- ments

agréés

Ré- seaux (*)

Nombre de

Comptes

Montant du

Capita

(a

Répartition du Capital en % (b)

Nationaux

NonNationaux

Etat

Privés

Bénin (1)

14

51

245 552

41 810

6,24

25,49

68,27

Burkina-Faso (2)

16

108

778 789

31 907

23,58

20,35

56,07

Côte d'Ivoire

19

157

812 181

119 595

20,99

20,88

58,13

Guinée-Bissau (1)

3

2

10 551

3 343

0,00

14,60

85,40

Mali (1)

16

176

438 537

47 017

23,57

16,81

59,62

Niger (2)

12

36

78 456

20 423

22,82

10,98

66,20

Sénégal (4)

20

167

517 691

45 784

8,97

32,64

58,39

Togo

(dont 3 en arrêt
d'activité)

14

71

187 233

32 927

14,71

12,73

72,56

Total

114

768

3 068 990

342 806

17,48

20,97

61,55

(a) : Les montants sont en millions de FCFA

(b) : Le pourcentage remplace les montants bruts dans le tableau original (*) : Nombre d'agences et de bureaux constituant le réseau

(* *) : Nombre d' établissements non opérationnels au 31/12/2005 Source: CB-UMOA(2006)

L'UEMOA dispose d'un tissu bancaire et financier de 114 établissements agréés dont 100 réellement en activité au 31 décembre 2005. Les réseaux de guichets sont très peu densifiés avec une couverture bancaire moyenne de 110.677 habitants pour un guichet. En comparaison, la norme internationale communément admise est de 5.000 habitants par guichet.

L'actionnariat public représente une faible proportion des capitaux investis. Il varie entre

0% pour la Guinée-Bissau et 23,58% pour le Burkina-Faso avec une moyenne de 17,48% pour l'Union. Cette faible présence étatique dans l'actionnariat bancaire tient à la mésaventure des années 80. Mais elle a pour conséquence directe, la liberté assez poussée dont bénéficient les établissements de crédit dans la définition de leur politique commerciale qui n'obéit qu'au seul critère de rentabilité économique et financière. Les pouvoirs publics ne peuvent imposer aucun objectif social au secteur bancaire à moins d'en assumer le coût.

3.2 Les institutions financières à statut particulier

La loi bancaire soumet en son article 43, le Trésor public et les services financiers de la poste des Etats membres au contrôle exercé par la BCEAO et la Commission bancaire sur le secteur financier sous-régional. En outre, il existe un cadre spécifique qui a été conçu pour réglementer les institutions de microfinance.

3.2.1 Le Trésor Public

Le Trésor constitue le bras financier par excellence de l'administration publique. Il assure dans chacun des pays, la gestion du budget, la rentrée des recettes et le règlement des dépenses. Il gère les comptes des institutions et établissements publics et dans certains pays de l'Union, ouvre des comptes aux fonctionnaires publics. A ce titre, il constitue un acteur de la bancarisation qu'il faut considérer comme tel, même si de par son statut particulier, il ne peut offrir l'ensemble des services financiers proposés par les banques.

3.2.2 La Poste

La Poste dispose certainement, dans chacun des Etats membres, du réseau de guichets le plus dense. En effet, elle gère les caisses d'épargne et les centres des chèques postaux.

Les caisses d'épargne ouvrent des comptes de dépôt aux particuliers qui disposent d'un livret leur permettant de faire des opérations de dépôt et de retrait de monnaie fiduciaire. Elles ne gèrent pas des instruments scripturaux de paiement.

Quant au centre des chèques postaux, il ouvre des comptes chèques aux particuliers et met à leur disposition des instruments scripturaux de paiement.

3.3 Les institutions financières informelles

En dehors des institutions formelles décrites ci-dessus, il existe dans l'UEMOA une multitude d'établissements informels fonctionnant sur les principes de mutuelle, de solidarité et de tontine. Le développement de ces institutions est favorisé par la structure de l'économie de l'Union qui est caractérisée par la présence d'un secteur informel florissant.

4 Le cadre juridique de la promotion de la bancarisation

Dans le soucis d'une activité bancaire saine et prospère, les autorités ont initié un projet de modernisation des systèmes et moyens de paiement (annexe 7). Les deux premiers volets (STAR-UEMOA et SICA-UEMOA) sont déjà déployés. La monétique interbancaire est en phase de déploiement dans les pays pilotes. Cette réforme repose sur un cadre juridique spécifique destiné, entre autres, à promouvoir la bancarisation et les moyens scripturaux de paiement.

Mais certaines dispositions des textes composant le cadre juridique sont difficiles à appliquer. Par exemple, l'article 4 de la directive n°08/2002/CM/UEMOA indique entre autres, que les salaires des fonctionnaires doivent être payés par des moyens scripturaux. Cette disposition est difficile d'application en raison de la faible densité du réseau bancaire. Un fonctionnaire qui touche le SMIC16 ne peut pas se payer un déplacement lointain vers une agence bancaire à chaque fin de mois.

Il y a également la notion du « droit au compte » instaurée par le R1 5 qui fait obligation aux banques d'ouvrir un compte à toute personne physique ou morale possédant un revenu régulier (périodicité mensuelle, bimensuelle, trimestrielle, semestrielle voire annuelle) de 50.000 FCFA. Si au bout de trois tentatives, aucune banque ne s'exécute, la Banque Centrale pourra désigner d'office une banque pour ouvrir le compte avec un service bancaire minimum. L'objectif de cette disposition est de rendre le compte accessible à tous. Mais, il n'est pas évident pour un plaignant de se faire délivrer des attestations de refus par les banques. En outre, la justification du revenu régulier est une contrainte difficile à surmonter pour nombre de personnes; tant l'informel et le travail au noir sont prédominants. Par ailleurs, quelque soit le mode de saisine, il serait compliqué pour un citoyen ordinaire de surmonter les difficultés psychologiques créées par le refus de trois banques successives pour se référer à une institution aussi prestigieuse et peu ouverte au public que la Banque Centrale. Il serait intéressant d'avoir les statistiques des plaintes

16 Salaire minimum interprofessionnel de croissance

déjà enregistrées pour juger de la pertinence de cette disposition.

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld