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sens et portee des donations au clerge traditionnel bamileke au regard des sources egypto nubiennes

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par Jules Bernard Gankem
Universite de Yaounde 1 - DEA en histoire 2006
  

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Dénominations et attributions des prêtres bamiléké de l'Ouest du Cameroun

Les Bamiléké tout comme les Egyptiens anciens ont des noms qui leur sont propres pour désigner leurs prêtres. Aussi distinguent-ils ceux-ci à divers niveaux de leur société notamment familiale, communautaire et royal .

2.1. Les prêtres de famille.

Au niveau familial, il s'avère que chaque entité familiale a son prêtre. Il y a donc autant de prêtres de familles que de familles. Les familles sont de deux types : monogamique et polygamique. Dans le premier type où il y a seulement le père, la mère et les enfants, le prêtre de famille est le père. Mais à sa mort, l'un de ses fils le remplace dans ses fonctions religieuses de prêtre de famille.

Dans le second type où il y a un père, plusieurs femmes et les enfants. Le prêtre est le père, mais à sa mort, c'est l'un des enfants d'une de ses femmes qui hérite de ses fonctions de prêtre de famille.

Ces deux types de prêtres sont de moindre importance en comparaison au prêtre héritier du fondateur du lignage ceci d'autant plus que le lignage est constitué de plusieurs familles créées par les divers enfants de l'ancêtre fondateur du lignage. Par exemple, désignons par G, un fondateur d'un lignage avec au premier niveau huit enfants, chacun de ses huit enfants se marie et fonde une famille. Parmi les huit enfants de G, un seul lui succède et devient à la fois prêtre de la famille G et prêtre suprême de toute la descendance de G. Donc, le prêtre héritier de G, du fait de l'antéposition de G est supérieur à tous les autres prêtres de famille descendant de G. Ainsi, on a dans un lignage fondé par G, père de huit enfants, un héritier prêtre fils de G, qui est plus respecté et plus influent que les autres sept prêtres héritiers des autres sept enfants de G.

Dans tous les cas, l'héritier d'une famille en pays bamiléké est dénommé  dzodié  qui littéralement signifie ``celui qui hérite de la maison''. Il est d'après Emmanuel Ghomsi69(*) le prêtre de famille, un personnage très important, il est entouré de respect... Il est en effet le seul membre de la famille habileté à calmer les esprits des ancêtres par les sacrifices. Ceci parce qu'il est détenteur des crânes de ses ancêtres notamment, il conserve le crâne de son feu père et ceux de ses ancêtres depuis la création de leur lignage. Le crâne ici est un réceptacle pour l'esprit des défunts ancêtres. En l'absence du crâne d'un ancêtre, l'héritier recueille un peu de poussière sur le chemin emprunté par son ancêtre, cette poussière remplace le crâne de l'ancêtre lors du culte.

Le culte ici consiste pour l'héritier à adresser des doléances aux réceptacles des ancêtres : crânes-poussières ; après les doléances, il fait les dons à ses ancêtres puis il va attendre le résultat de ses doléances. Très souvent, les ancêtres vont lui communiquer la conduite à tenir à travers des rêves.

En outre, il est aussi courant que l'héritier chef de famille, consulte l'araignée mygale avant chaque événement important. En effet, il place les bâtons devant le trou de l'araignée ; chaque bâton ayant une signification particulière. Suivant le bâton déplacé par l'animal à sa sortie du trou, l'héritier devine ainsi le sens de l'événement qu'il avait voulu savoir.

Sur un autre plan, l'héritier pour faire face à une agression extérieure, peut solliciter l'aide de ses ancêtres, soit pour se protéger, soit pour punir les coupables même si ces derniers ne font pas partie de leur lignage ; car les ancêtres peuvent agir sur ceux qui sont coupables d'actes nuisibles à la vie de leurs descendants, pour la raison que dans le culte des morts de la religion traditionnelle des Bamiléké, «l'héritier (des ancêtres) a, par ses sacrifices le pouvoir de les faire entrer en action contre ceux de ses ennemis qui s'opposent injustement à l'accroissement de son lignage»70(*)

Anderson Stephen C., dans son texte intitulé « The Skull and the sacred place'', a interviewé un prêtre de famille sur la raison de l'exhumation du crâne de son feu père ; comme réponse, l'héritier explique qu'à la mort de son feu père quelqu'un l'avait fait souffrir notamment en gardant, en conservant de manière injuste les biens à lui confiés par son défunt père. Sur les conseils d'un des amis de son feu père, il a donc avec ce vieil ami de son père, déterré le crâne de son père pour lui demander de l'aider à restaurer sa concession qui est en état de délabrement du fait de la confiscation de ses biens par son ancien ami encore vivant. Après avoir exprimé leurs doléances, le prêtre héritier de famille et l'ami à son défunt père ont re-enterré le crâne dans la maison des crânes, l'ayant au préalable bien lavé avec de l'eau.

D'après le prêtre de famille : l'héritier, la réaction du crâne ne se fit pas attendre car le coupable qui avait distrait les biens de son défunt père fut brûlé gravement par un feu qu'il avait même activé71(*).

Il se dégage de tout ce qui précède, une double activité du prêtre de famille : le prêtre de famille est un élément clé du culte familial des ancêtres ; ce culte étant à la fois un moyen pour apaiser la colère des ancêtres et appeler leur bénédiction sur la famille, en plus étant aussi une arme de défense contre les individus qui chercheraient à nuire aux membres de la famille de ces ancêtres72(*)

L'on peut dire en dernier ressort que le prêtre de famille est l'intermédiaire entre les ancêtres et leurs descendants d'une part et d'autre part il est le protecteur de sa famille contre toute forme d'agression extérieure73(*). Notons qu'il est quelque fois aidé dans sa difficile tâche par les autres prêtres du culte communautaire que les Kamsi ou prêtres notables du dieu, les prêtres devins dits Ngankang

2.2. Les kamsi, prêtres du Dieu suprême Si.

Si est le Dieu suprême des bamiléké, ceux-ci lui attribuent la création du monde et sa supériorité à tous les autres petits dieux. Son culte diffère du culte des ancêtres et s'effectue dans les lieux saints éparpillés à travers le village notamment certains bosquets, grottes, petits bois... lieux d'offrande en sacrifice au Dieu suprême des poules, huile de palme, sel...74(*) Ce sont ses prêtres qu'on appelle les Kamsi ou prêtres notables de Dieu. Ces prêtres du Dieu Si sont des hommes ou des femmes ayant eu une révélation divine et ayant été chargés par Dieu de transmettre sa volonté aux hommes. Sortes de prophète, ils vont de village en village appeler les gens à la purification. On les distinguait autrefois du reste de la population par leur longue chevelure sale qu'ils ne coupaient ni ne lavaient jamais et qui était souvent tressée avec du fil noir75(*). De nos jours encore, ils portent encore beaucoup de cheveux présentant toujours un aspect peu commun notamment un aspect quelque peu désordonné.

Les Kamsi, prêtres notables du Dieu sont des intermédiaires entre les dieux et les hommes ; ils perçoivent les désirs et les voeux des dieux et les transmettent aux hommes qui viennent à eux à la recherche d'une solution à leur problème. Même les prêtres de famille recourent aux kamsi avant de faire des sacrifices sur les crânes de leurs ancêtres. En effet, dans le texte d'Anderson Stephen C., intitulé ``The skull and the sacred place'', son interlocuteur, qui est un prêtre de famille, à la question de savoir ce qui se passe avant l'exhumation du crâne, le père, prêtre de famille répond qu'avant l'exhumation du crâne, il faut visiter les voyants, quatre ou cinq au moins disant la même chose notamment qu'il y a un crâne qui n'a pas été exhumé, c'est donc à partir de ce moment qu'il faut se décider de déterrer ledit crâne76(*).

Il se dégage que le Kamsi est très indispensable dans les activités cultuelles des prêtres de famille ceci parce qu'il détermine lequel des ancêtres réclame à tel descendant une donation, un sacrifice.

Les Kamsi ne recommandent pas seulement aux prêtres l'exhumation des crânes, ils peuvent aussi interpréter leurs rêves surtout pour les jeunes prêtres de famille. Toute action religieuse entreprise par le prêtre de famille est donc au préalable étudiée par divers Kamsi, les seuls aptes à lire la volonté des dieux. Il faut ajouter ici que les dieux sont les ancêtres déifiés par la mort notamment après l'exhumation de leurs crânes ; il y a aussi une multitude d'autres dieux considérés par exemple comme créateurs de l'homme, de l'enfant, du monde, du pays,... sans oublier le Dieu suprême Si.

Les Kamsi sont donc des prêtres choisis par Dieu, lui-même pour communiquer sa volonté aux hommes. Les Kamsi ne peuvent pas se refuser à ce rôle car le faisant, ils risquent au pire leur vie et au mieux leur santé mentale.77(*)

De ce fait lorsque Dieu choisit quelqu'un pour ce rôle, sa famille et ses amis se cotisent pour faire d'importants sacrifices aux dieux notamment en présence des anciens Kamsi qui savent quoi et où faire des donations afin de sauver leur proche, forcé par Dieu à devenir prêtre. Il n'est donc pas comme son collègue le prêtre dit Ngankang qui lui embrasse le métier plutôt par vocation et après formation.

2.3. Les Ngankang

A l'opposé  des Kamsi qui sont désignés du fait de la volonté divine, les Ngankang, autre catégorie de prêtres médecins devins chez les Bamiléké sont plus proprement formés de professionnels qui embrassent cette carrière par vocation et doivent au préalable subir un apprentissage de plusieurs années. Alors que les Kamsi procèdent plutôt par Oracle, les Ngankang utilisent diverses techniques avec des accessoires notamment les prières, cauris, kolas, bandelettes tressées, terriers de mygales... Ngankang en bamiléké signifie l'homme ayant reçu le kang. Le Kang étant lui-même un savoir acquis notamment pour résoudre les problèmes physiques et même métaphysiques des hommes.

Charles Henri Pradelles De Latour78(*) interviewa l'un des Ngankang et celui-ci lui raconta comment il avait acquis ce pourvoir en ces termes :

Quand j'ai pris le Kang, j'avais environ seize ans, je suis allé chez mon grand-père paternel et lui ai remis quatorze volailles. Il y en avait sept pour lui et sept pour la cérémonie. Je suis allé m'asseoir dans une maison où je retrouvai dix huit de mes frères (3). C'était un jour de liékounk à la fin de la saison des pluies. On avait fini de danser le mece (4). Nos aînées nous posèrent sur la tête de grandes familles de Nénuphar (mbepu) que nous avons attaché avec des tiges de fougères, puis nous donnèrent deux grandes lianes carrées (nzetip) que nous avons mis nous même en bandoulière autour de notre torse de façon à ce que les deux lianes se croisent sur le devant. Nous étions ainsi revêtus de parures réservées aux Ngankang (5). Le lendemain matin notre grand-père paternel qui officiait au titre de« père du kang» nous donna à manger un taro cuit dans lequel était enfoncés un morceau de kaolin, une gousse de ndedip (nourriture de jumeaux) et le fruit mbha que seuls peuvent goûter le chef et quelques-uns des neufs notables. Il nous demanda ensuite d'avaler sans mâcher des herbes crues nouées et mélangées à de l'huile de palme dans un large pétale noir de fleur de bananier plantain.

Nous sommes restés là, assis dans la maison pendant quatre jours à ne manger que la nourriture cuite sous la cendre. Nous n'avions pas le droit de sortir, mais nous n'étions pas seuls. Des parents et voisins vinrent nous rendre visite.

Le quatrième jour, jour sacré de liètsuâ, nous sommes sortis dans la cour, où nos aînés nous ont bandé les yeux avec des feuilles fraîches de mbepu. Le père du Kang dit alors : kang wé hô, le kang arrive, et il déversa un sac contenant des os ayant appartenu à des animaux tels que la panthère, le buffle, l'éléphant, le caïman... et un os humain (6). Nous en avons pris chacun à tâtons. Nous avons retiré des feuilles de mbepu qui bandaient nos yeux et nous sommes partis dans la brousse avec notre os ramasser toutes sortes de plantes(7). Lorsque nous les avons apportées, le père du Kang et nos aînés les trièrent et les repartirent en trois tas. D'un côté il y avait de bonnes herbes, de l'autre les mauvaises, au milieu celles qui étaient sans importance.

On nous apprit à les reconnaître pour que nous ne ramassions plus les mauvaises. Le père du Kang reprit alors notre os et dit à chacun, dans le creux de l'oreille, le nom de notre Zhié. Si l'un de nous avait pris un os humain, il avait été rejeté de l'initiation.

Nous sommes ensuite allés au Kelang où les nggankang soignent leurs patients. Là, le père du kang cassa une grande calebasse de vin de palme qui s'est répandu en formant une flaque, il en ramassa et nous en donna un peu à boire dans le creux de la main. Il nous fit goûter ensuite pour la première fois (cübe) neuf ignames différentes (8), de la viande de chien (9), des champignons et des gâteaux de haricot et de pistache enfermés dans neuf petits paquets (10).

Après ce grand cube le père du Kang s'approcha en tenant un coq mort dans chaque main dont il nous frotta le corps. Puis, il nous donna à chacun quatre coeurs de poule et trois de coq que nous avons avalé crus sans les mâcher. Le soir, nous sommes rentrés chez nous.

De cet extrait correspond les notes ci-après :

(3) «Frères'' signifie aussi cousins parallèles

(4) Le mece était la danse des récoltes. cf. chapitre III

(5) Les nggankang résidant dans l'Est du pays bamiléké ne portent pas un masque en tissu noir, surmonté de cornes de buffle ornée de cauris comme leurs homologues de l'Ouest.

(6) Plusieurs nggankang m'ont assuré que tous les animaux de la brousse devaient être représentés par un de leurs os, mais quand je leur ai demandé de les énumérer, ils ne m'ont cité que les plus grands.

(7) Brousse est désigné ici par le terme kupushâ, qui désigne les forêts galeries entourant les marigots, et le pays de l'au-delà.

(8) Les ignames sont les suivantes : «pégang, ku'umbié, lôkfi, ngânyâ, ndüô, luôaküp, lelô, câushâ, puonze''.

(9) Certains disent que le chien devait être un chien à quatre yeux, c'est-à-dire un chien ayant deux tâches au-dessus des paupières.

(10) ce rite est identique à celui que nous avons décrit pour l'entrée des sociétaires dans une association secrète de la chefferie. Cf. chapitre IV.

Il ressort de ce témoignage que le maître initiateur ici est un prêtre de famille qui avant toute chose reçoit des volailles dont une partie lui est destinée et l'autre réservée pour l'initiation. Les liens de parenté n'excluent pas la donation d'autant plus que tous les postulants au kang se considèrent déjà comme étant des frères. L'initiation commence après la saison des pluies et les

postulants sont revêtus dès le départ de parures réservées à quelques grands prêtres du village. Il faut noter que leurs repas sont exclusivement cuits sous la cendre. Au quatrième jour, les postulants reçoivent effectivement kang c'est-à-dire que chacun ce jour reçoit sa doublure, son totem et devient officiellement un ngangkang.

Son nouvel attribut fait de lui désormais un prêtre, devin, médecin, sorcier, donc un prêtre important. A ce sujet, selon Obenga, tout dans la société précoloniale bantu pivotait autour du nganga les naissances, la mort, la guerre, la chasse, la danse, les travaux agricoles, le destin. Le nganga avait des pouvoirs vrais ou supposés de dévoiler les secrets d'opérer magiquement, de traiter n'importe quelle maladie, de fabriquer des breuvages propres à rendre fécondes des femmes stériles79(*).

Aussi vient-on consulter les nggankang afin d'être désensorcelé et de se réconcilier avec les ancêtres de se purifier et de se faire soigner. Ils désensorcellent les patients grâce à leur doublure qu'ils ont reçue lors de leur initiation : à leur zhié80(*).

Ainsi, le Ngankang est un prêtre qui a embrassé le métier par vocation et surtout il a suivi au préalable une formation de quelques jours. Du fait de cette brève formation, il s'apparente quelque peu aux autres prêtres bamilké qui gravitent autour du chef prêtre roi qui lui aussi l'est devenu après une initiation de neuf semaines.

2.4. Les prêtres du monde de la chefferie

Aussi au niveau royal ou de la chefferie, gravite autour du prêtre roi une panoplie de prêtresses et prêtres aux tâches spécifiques et variées. On les dénomme comme suit : sop , kuipo , Mafo, Nkon , Djuikam , Nkem, Wambo, sandio, sandio, wentuo, Mekam, Le chef lui-même prêtre roi dit fo ; assisté de ses prêtres serviteurs dits wala

2.4.1. Les prêtres sop

Ce sont des prêtres nommés par le prêtre roi, ils sont soit ses fils soit ses petits-fils. Donc les prêtres dits sop sont avant tout de la famille royale, de la chefferie, ce sont en dernier ressort des princes.

2.4.2. Le kwuipo ou kwete,

Il est un prêtre frère du chef qui est intronisé et soumis au même rite en même temps que lui. Il est en quelque sorte le vice-chef. Ce titre est beaucoup plus honorifique que pratique.

2.4.3. Le tafo ou (père du chef)

Il est donné au grand-père maternel du chef ; mais dans certains villages, ce titre est porté par un grand serviteur81(*).

2.4.4. La Mafo

Elle est une prêtresse très puissante et très respectée parce que c'est elle la mère du chef ; les soeurs utérines du chef, sa grand-mère et tantes maternelles portent le même titre. Mais seule la Mafo mère du chef a effectivement des pouvoirs politiques. De ce fait, elle entretient à sa résidence des sociétés masculines et féminines. Elle intervient aussi dans l'administration de la chefferie ; très versée dans la coutume, elle est souvent conseiller politique du chef82(*) .

2.4.5. La prêtresse Nkon ou Ngup ou Ngop

C'est le titre que porte la première femme du chef. Elle jouit d'une certaine notoriété auprès des autres femmes du chef.

 2.4.6. Djuikam ou Djuikop

C'est le titre que porte la deuxième femme du chef chez les Bamiléké. Aussi, ce titre est porté par la femme qui accompagne le jeune chef pendant son initiation de neuf semaines au lakam. Là il est meunkem, s'il est jugé incapable d'assumer la fonction royale, il est chassé du lakam et on l'appellera alors désormais sougan83(*).

2.4.7. Les prêtres dits  nkem 

Ce sont des serviteurs, roturiers ou anciens esclaves anoblis. En général, le prêtre roi accorde ces titres en récompense des services rendus à la communauté. Selon Apisay Eveline A., cette catégorie des prêtes qu'on retrouve chez les Awing dans le Nord-Ouest Cameroun s'apparente aux prêtres Sem, Hem de l'Egypte ancienne84(*) ...

 2.4.8. Wambo ou Wambé

C'est un prêtre au service du prêtre roi. Aussi, un fils de chef peut le porter et dans ce cas on l'appelle wambo sob. Les wambo sont choisis du fait de leur dévouement au prêtre roi ou fon ; ils sont sous les ordres du chef et font souvent des donations d'huile et de chèvres au chef, ils sont réputés être des grands magiciens.

2.4.9. Sandio ou sagon ou Sa

C'est un titre militaire et signifie qui commande et qui exécute en même temps.

2.4.10. Wanto, wentuo

C'est également un titre militaire signifie « qui décapite et qui brûle ».

2.4.11. Mekam ou mekep,

Ce titre est porté par certains anciens chefs indépendants et soumis par les grands au cours des guerres. Ces chefs, actuellement dépendants sont appelés fon'te ou fan'tio chef dépendant, chef soumis. Ils ont conservé des attributs de chef avec la seule différence qu'ils ne sont pas indépendants.

2.4.12. Le fo ou fon, le prêtre roi bamiléké.

En pays bamiléké du fait de la domination des institutions par les impératifs religieux et juridiques, le chef est avant tout un grand justicier et un grand prêtre. Il rend justice au nom de Dieu, le Si dont il est le représentant terrestre. Il n'est pas le seul juge du village car la tâche serait très ardue. C'est ainsi qu'au niveau de la famille, le prêtre de famille ou chef de famille est un juge dit conciliateur ; au niveau du quartier, le chef de quartier juge les différends opposant les individus de familles différentes. Ici la justice n'est pas conciliatoire comme c'est le cas en famille ; plutôt, le coupable doit payer en plus des dommages et intérêts une amende notamment de chèvre, vin de raphia et de palme...

Sur le plan religieux, le chef est toujours assisté de ses prêtres serviteurs, ceci parce que le chef ne peut procéder lui-même aux sacrifices, aux offrandes d'huile de palme et de sang sur les crânes de ses ancêtres. Seule sa présence est parfois nécessaire d'où le rôle proéminent de ses prêtres serviteurs dits wala.

2.4.13. Les wala ou prêtres serviteurs du roi.

Ce sont les serviteurs supérieurs, on peut les comparer aux secrétaires d'Etat. Ils reçoivent du chef des attributions précises. Il en existe deux grands types de wala : les wala ka et les wala Sissi.

- Le wala ka, est une sorte de premier ministre du roi, il remplace très souvent le prêtre roi dans certaines cérémonies publiques. En plus de ses fonctions religieuses, il est aussi chef de guerre et grand juge après le chef.

- Le wala sissi quant à lui a une fonction essentiellement religieuse. Il officie le culte des ancêtres du roi. Il est de ce fait gardien des crânes des ancêtres du roi85(*).

En plus des fonctions religieuses, les walas jouent aussi un rôle politique important notamment lors de l'intronisation du nouveau chef. En effet, il existe un conseil formé de sept walas influents qui sont au courant de tous les secrets du chef86(*).

3. Les Analogies entre les deux clergés.

Après la présentation des membres du clergé chez les Egyptiens anciens d'une part et chez les Bamilékés de l'ouest du Cameroun d'autre part, il nous semble judicieux de rapprocher ces deux entités dans le sens d'une mise en évidence des analogies notamment au niveau du fonctionnement de ces institutions.

Ainsi les prêtres serviteurs du dieu de l'Egypte ancienne se rapprochent du fait de leur fonction et même de leur dénomination des prêtres notables chez les Bamiléké que sont les Nkem, désignés par le chef Bamiléké, en récompense des services rendus à la communauté. Ces prêtres Nkem rappellent aussi les prêtres Sem, Hem de l'ancienne Egypte du fait notamment de leur rôles non moins négligeables dans les rituels funéraires.

Bien plus, les prêtres hiérogrammates ou homme de science de l'ancienne Egypte s'apparentent au Ngankang Bamiléké qui eux reçoivent la science après une formation. Ce sont généralement des prêtres professionnels, médecins et devins.

De même les prêtres horologues et horoscopes de l'Egypte ancienne, du fait de leurs activités s'apparentent aux Kamsi Bamiléké qui en quelques sortes, perçoivent les désirs et les voeux des dieux et les transmettent aux hommes qui viennent à eux à la recherche d'une solution à leurs problèmes.

Kamsit en Egypte signifiait, la noire, la négresse, et était le nom de la prêtresse d'Hathor. Kamsi chez les Bamilékés est un voyant. Km wr, «le Grand noir» était le titre d'Osiris.

Bien plus, les prêtres lecteurs Egyptien anciens, considérés comme les magiciens populaires font penser aux Wambo ou Wambé Bamiléké qui eux aussi, sont réputés être des grands magiciens.

Aussi, les prêtres pastophores tout comme les prêtres de famille chez les bamilékés, ont la particularité d'avoir l'exclusivité de porter les objets sacrés lors des divers événements cultuels.

De même, certains prêtres de famille chez les bamiléké, du fait de leur fonction au niveau de la chefferie, sont semblables aux prêtres sacrificateurs qui étaient chargés d'égorger les bêtes consacrées à l'offrande dans l'Egypte ancienne. Chez les bamiléké, le même rôle est joué par un prêtre appelé Gwanom, traduit par « le boucher ». Très souvent, ce boucher est au service du chef. En même temps, il est aussi prêtre de famille, héritier d'un lignage important. En outre, les auxiliaires et les hôtes du corps sacerdotal dans l'Egypte ancienne ont les mêmes fonctions que les prêtres bamiléké dit Wala Sissi ; ceux-ci étaient essentiellement au service du prêtre roi bamiléké encore appelé FO ou FON.

Le Fo, prêtre roi Bamiléké au même titre que le Pharaon, per âa, des Egyptiens anciens est perçu comme étant le représentant terrestre du Dieu suprême, lequel lui a confié son troupeau que sont les hommes.

Le première femme du chef Bamiléké tout comme celle du pharaon continue à jouer un rôle politique important auprès de son illustre époux. Elle trône sur toutes les associations féminines, nous rappelant ainsi les rapports ayant existé entre la reine elle-même ou une princesse et les prêtresses musiciennes des temples égyptiens anciens.

Jusqu'ici, nous avons défendu la thèse de l'existence d'un clergé traditionnel égypto-africain aux dénominations et attributions communes. Au regard du contexte religieux actuel dans lequel nous évoluons, il nous semble plausible de comparer ce clergé égypto africain par rapport à celui de l'occident chrétien ceci dans une perspective de primauté de l'un par rapport à l'autre.

* 69 E.Ghomsi, ``Les Bamiléké du Cameroun, Essai d'Etude historique des origines à 1920'', Thèse de Doctorat 3ème cycle en Histoire, Sorbonne, 1972, pp.201-203.

* 70 J. Fouomena, «Anthropo-logique existentielle et Dia-logique symbiotique de l'oblation», Thèse de Doctorat 3ème cycle en Anthropologie, Université de Lyon, 1985, p.196.

* 71 S.C. Anderson, « Skulls, Gods and revenge in a Bamileke text.'' , Notes on anthropology and intercultural community work, Yaoundé, SIL, 1987, p.7.

* 72 J. Fouomena, « Anthropo-logique'', 1985, p.196.

* 73 Est considérée comme agression extérieure tout acte d'injustice, de sorcellerie, de vol dont est victime, le prêtre de la famille ou tout membre de sa famille.

* 74 E. Ghomsi, «Les Bamiléké du Cameroun» , 1972, p.129.

* 75 Ibid.

* 76 S.C. Anderson, « Skulls, Gods and », 1987, p.6.

* 77 Entretien avec Meny une prêtresse à Obili, Yaoundé le 27 décembre 2005.

* 78 C.H. Pradelles De Latour, « Le champ du langage dans une chefferie bamiléké» , Thèse de Doctorat ès lettres et sciences humaines, Paris, 1986, pp.234-326.

* 79 T. Obenga, Les Bantu. Langues, peuples et civilisation, Paris, Présence Africaine, 1985, p.83.

* 80 C.H. Pradelles De Latour, «  Le champ du langage », 1986, pp.339-340.

* 81 Ibid. p.54.

* 82 J.P. Notué, « Contribution à la connaissance des arts Bandjoun (Ouest-Cameroun) », Diplôme d'Etudes supérieures en Histoire de l'art, Université de Yaoundé, 1978, p.42.

* 83 D'après M. Kadjié Samuel à Bafoussam, en Novembre 2005.

* 84 E. Apisay A., «La mort et les pratiques funéraires en Egypte ancienne et au Cameroun: le cas des conceptions égyptiennes anciennes et des Nguemba d'Awing», Mémoire de Maîtrise en Histoire, Université de Yaoundé I, 2004, p.82.

* 85 K.K., Enock, « Les institutions de droit », 1960, p.63.

* 86 Ibid.

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus