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Microfinance et Petites et Moyennes Entreprises (PME) en Haïti dans le courant des années 2000 à 2006 : Cas de Sogesol et ACME

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par Donija AUGUSTIN
Université d'Etat d'Haiti, Institut National d'Administration, de Gestion et des Hautes Etudes Internationales (INAGHEI) - Licence en Administration, option Gestion des Affaires 2008
  

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Chapitre IV

Les PME à Port-au-Prince dans le courant des années 2000 à 2006

4-1- Rôle économique des PME

4- 2- Les Petites et moyennes entreprises à Port-au-Prince

4-2-1- Caractéristiques organisationnelles et managériales

4-2-2- Impacts de la microfinance sur les PME à Port-au-Prince

4-2-1- Analyses des indicateurs d'expansion de 2000 à 2006.

a) Aspect multiplicatif

b) Dynamisation en termes de chiffre d'affaires

b-1) La catégorie I

b-2) la catégorie II

c) Création d'emplois

4-3- Contribution réelle de la microfinance dans la dynamisation des PME

4-1- Rôle économique des PME

Les PME constituent une source d'emplois importante et contribuent fortement à la croissance économique tant dans les pays industrialisés que dans les pays en développement. Dans ces économies, les PME se voient attribuées un rôle d'intégration économique et sociale et aussi un rôle de redistribution de la richesse. Selon Alicia T, les PME ont un rôle économique et social prépondérant. Elles sont pourvoyeuses d'emplois et de formation. Dans les années 90, elles représentaient 50 à 80% des emplois non-agricoles, plus de 60% de l'emploi urbain et 90% des nouveaux emplois en Afrique65(*). Elles contribuent au PIB et à la croissance économique avec une fonction d'intégration pour les populations les plus démunies dont les jeunes et les femmes. Enfin, elles ont une fonction de redistribution. Donc, l'économie informelle exerce également les rôles d'intégration et de régulation sociale quand l'Etat s'est révélé défaillant ou impuissant dans ses fonctions. Plus loin, Alicia T. pense qu'en produisant des biens et services de proximité, à des prix très abordables, les PME contribuent à des objectifs plus larges de santé publique ou d'amélioration du cadre de vie66(*). Constatant l'ampleur des PME dans l'économie de la zone euro, on les considère comme le moteur de l'économie de la zone. D'ailleurs, elles représentent 99% des entreprises et 27 millions de PME fournissent 75 millions d'emplois. La dynamique des PME crée l'esprit d'entreprise, l'innovation, stimule la croissance économique, crée des emplois et la cohésion économique et sociale67(*). Le modèle de développement économique italien repose sur les PME et il est reconnu dans le monde entier comme un modèle de croissance endogène. D'ailleurs, 98% des entreprises industrielles italiennes comprennent moins de 100 employés. Elles exportent des produits de haute qualité et font la force de l'économie nationale. Ce dynamisme et cette compétitivité, doit-on le préciser, ne sont pas le fruit d'un phénomène aléatoire. Cela est dû à un mode de regroupement désigné cluster dans la littérature des sciences de la gestion68(*). Les PME présentent les avantages suivants :

- Elles utilisent une forte main-d'oeuvre et des techniques de production relativement simples, ce qui convient à l'abondance de main-d'oeuvre et de la pénurie des capitaux dans la plupart des pays en développement.

- Elles sont réputées plus efficaces en matière d'utilisation des capitaux et profitent de l'épargne, du talent pour entreprendre, et d'autres ressources qui, autrement, ne serviraient à rien.

- Elles peuvent être d'utiles fournisseurs des grandes entreprises

- Elles réussissent quelques fois en fournissant des marchés limités ou spécialisés, peu attrayants pour les grandes entreprises.

- Elles peuvent apporter plus de stabilité à la collectivité locale que les grosses entreprises dont les intérêts s'étendent par delà des frontières régionales et internationales.

- Les petites affaires sont plus aptes à élever le niveau de participation populaire dans l'économie69(*).

4- 2- Les Petites et moyennes entreprises à Port-au-Prince

Les petites et moyennes entreprises, en Haïti, sont les unités qui exercent leurs activités, le plus fréquemment, dans le segment inferieur du marché de l'offre des biens et services. Elles sont très nombreuses et versées dans les différentes activités. On peut essayer d'esquisser quelques unes parmi les plus communes, sans avoir la prétention d'être exhaustif. On peut recenser des boutiques, des quincailleries, des prêts-à-porter, des boulangeries, des studios de beauté, des pâtisseries, des studios de photo, barber shop, cyber café, épiceries, cordonneries, imprimeries, services de photocopie, ateliers de fabrication de meubles, des ferronneries, des étalagistes dans les trottoirs des grandes rues ou dans les marchés publics, les marchands ambulants, ateliers de couture, etc. Ce sont, entre autres, des petites et moyennes entreprises auxquelles nous avons soumis des questionnaires pour collecter les informations.

4-2-1- Caractéristiques organisationnelles et managériales

Les sciences de la gestion retiennent quatre fonctions fondamentales de l'entreprise : la fonction de production, la fonction marketing, la fonction finance et la fonction Ressources Humaines. Ce sont ces fonctions classiques qui déterminent, de manière opérationnelle, ce que font quotidiennement les entreprises. Au niveau des petites et moyennes entreprises haïtiennes, ces fonctions n'existent presque pas et celles qui en tiennent compte confondent toutes les fonctions. La fonction de production concerne les entreprises de production. Ces dernières sont peu nombreuses par rapport aux entreprises commerciales et faiblement capitalisées en termes d'actifs. Les équipements sont très simples et de faible technicité. Il n'y a pas, à proprement parler, des procédures et une définition scientifique de la production. Dans les unités les plus petites, on produit pour satisfaire la demande de proximité sans se soucier du seuil de rentabilité, du délai d'écoulement des stocks, du stock de sécurité etc. Dans les unités les plus grandes, il y a comme élément de différenciation, une extension de marché résultant d'une plus grande capacité relative de production. Mais, l'aspect scientifique de la production est ignoré. Le management des stocks, des approvisionnements, de la qualité n'est pas rigoureusement assuré.

En termes de conception et d'organisation du système de production, il n'y a pas une approche systémique. Tout se fait sur la base routine. Les produits sont conçus par imitation, sans avoir aucun élément de différenciation par rapport à la concurrence et sans aussi tenir compte des risques perçus par les consommateurs. Les procédés sont généralement manuels et, dans de rares cas, mécanisés pour les entreprises qui ont un plus haut niveau de capitalisation. La capacité de production est ignorée car on produit pour un marché dont les contours ne sont pas entièrement connus. Le choix de la localisation n'est pas déterminé scientifiquement mais en fonction, des fois, d'un effet d'entrainement de tout le monde vers le lieu où les activités économiques sont denses, ou en fonction des prix du loyer dans une zone ou lieu de résidence des promoteurs. Cet état de fait explique la situation qui présente souvent qu'une PME choisit décidément de rentrer en concurrence directe avec une autre. L'aménagement et l'organisation du travail sont arbitraires et ne respectant aucune norme de gestion des opérations de la production.

Pour ce qui a rapport à la fonction marketing, on fait des choses sans pour autant appliquer un mix marketing de manière formelle. Le manque de qualification des ressources humaines et l'absence d'un personnel préposé, à cet effet, expliquent le fait que ces notions sont ignorées. Pour s'assurer de l'augmentation du volume des ventes ou pour se tailler une place du marché, elles se fient à la superstition suivant un ensemble de croyances populaires plutôt qu'a une rationalité basée sur une intelligence marketing. La fonction commerciale ou marketing n'existent pas de manière académique. La relation entreprise-produit-client est déterminée par le hasard suivant les caprices du marché.

Pour la fonction finance au niveau des petites et moyennes entreprises, il n'en existe pas une, à proprement parler. La raison est qu'il y a l'absence de la tenue de livre ou d'un système comptable qui assure l'enregistrement et le traitement des informations financières. Il n'y a pas, non plus, un système d'information et de gestion qui permette de rationnaliser les décisions d'investissement et de financement. Encore, c'est le propriétaire qui exécute le rôle de caissier et de trésorier, un rôle qui n'a rien à voir avec une fonction de gestionnaire financier ou d'analyste financier interne à l'entreprise.

En matière de ressources humaines, une trop grande attention n'est pas accordée à ce facteur. Le personnel est formé, pour la majeure partie des PME, du propriétaire qui, dès fois, assisté de certains proches, fait tout. Il n'y a pas, dans ces structures, une politique de ressources humaines. Les impacts négatifs se font remarquer dans la structure administrative très faible. Pas de répartition scientifique du travail, ni une évaluation ex-post.

Quant aux caractéristiques managériales des PME, le processus de planification, d'organisation, de direction et de contrôle n'est jamais rigoureusement suivi, mais est souvent court-circuité. Puisque les PME n'ont pas de stratégie, la gestion du court terme est la seule préoccupation. A cet effet, la nécessité de planifier ne s'impose pas. Les décisions sont ordinaires et n'affectent pas la vie de l'entreprise à une longue échéance. Le seul aspect que l'on retrouve est la direction qui se résume à toutes les orientations possibles qui peuvent être données à l'entreprise par son propriétaire. La direction est centralisée et il n'y a pas de statut qui définit les responsabilités, ni délégation de pouvoir.

4-3- Impacts de la microfinance sur les PME à Port-au-Prince de 2000 à 2006

En ce qui a trait aux impacts des activités de microcrédit sur les PME à Port-au-Prince, les résultats sont nuancés suivant plusieurs facteurs qui peuvent entrer en ligne de compte. D'après l'enquête effectuée sur les PME qui bénéficient du microcrédit, il est nécessaire de procéder à une catégorisation selon les critères de niveau d'investissement, du volume de prêts contractés et des caractéristiques socio-économiques des bénéficiaires de la prestation des services.

On a opéré une première catégorie (catégorie I) qui comprend les très petites entreprises qui, en majorité, exercent leurs activités dans la commercialisation d'un ensemble de produits de premières nécessités, importés ou locaux. Ce sont les petits détaillants, les étalagistes, les marchands ambulants, les très petites entreprises de production ou de services qui ont un modeste niveau de capitalisation et une faible capacité d'emprunt. Leurs propriétaires appartiennent aux couches défavorisées et/ou ont un faible niveau d'éducation.

La deuxième catégorie (catégorie II) comprend les petites ou moyennes entreprises de production, de commerce ou de services. Ces entreprises ont un espace physique plus ou moins aménagé pour leurs activités d'exploitation. Elles ont du personnel, un niveau de capitalisation relatif d'une certaine envergure et une capacité d'emprunt supérieure à la catégorie I. Pour les entreprises de production, elles utilisent les matières premières locales ou importées pour produire des biens et services destinés au marché local ou régional. Leurs propriétaires sont généralement des professionnels, employés ou anciens employés révoqués ou retraités, héritiers des entreprises familiales, Universitaires diplômés.

Tableau 6 : Résumé de la catégorisation des entreprises opérée

Catégories

Entreprises

Activités Principales

Niveau de capitalisation

Niveau et capacité d'emprunts

Caractéristiques socio-économiques des propriétaires

I

Très petites entreprises

Marchands Ambulants, détaillants de multi produits, petits métiers rudimentaires de faible technicité,

De 1000 HTG à 30 000 HTG

De 1000 HTG à 15 000 HTG

Gens appartenant aux couches défavorisées, faibles niveau d'éducation,

II

Petites ou moyennes entreprises

Entreprises de production, de commerce ou de services

Supérieur à 30 000 HTG

De 15 000 HTG à 125 000 ou plus

Professionnels, Employés ou anciens employés révoqués ou retraités, héritiers des entreprises familiales, Universitaires diplômés,

4-3-1- Analyses des indicateurs d'expansion de 2000 à 2006.

a) Aspect multiplicatif

Par l'aspect multiplicatif nous entendons l'augmentation du nombre de PME créées grâce aux activités de microfinance. Notre enquête nous a révélé que le microcrédit ne contribue pas à la multiplication quantitative des PME. La totalité des unités touchées soutiennent que l'investissement de départ ou initial a été retiré de leurs fonds personnels ou du fonds des parents qui ont légué l'entreprise. D'ailleurs, pour obtenir le premier prêt, les agents du prestataire des services viennent effectuer la visite des affaires déjà existantes et la visite du patrimoine du propriétaire pour évaluer la capacité morale, économique et financière de contracter l'emprunt. Ce qui, pour l'institution, représente une forme de garantie. Sur la période de 2000 à 2006, beaucoup de PME ont vu le jour effectivement. Mais, suivant notre constat, cela est dû, dans une faible proportion, au microcrédit. On sait aussi que la majorité des institutions de microfinance ne financent pas les entreprises au démarrage.

b) Dynamisation en termes de chiffres d'affaires

L'indicateur principal de mesure des impacts de la microfinance sur les PME est le chiffre d'affaires. Ceci est un outil comptable qui permet de mesurer les avancées significatives des activités d'exploitation de l'entreprise sur les différents exercices. La cueillette des informations nous a été très difficile compte tenu de la structure administrative et de l'absence de la gouvernance financière de ces entreprises.

Par dessus tout, les informations recueillies nous permettent de constater ces états de fait explicités dans les paragraphes suivants.

b-1) La catégorie I

Au niveau de la catégorie I, les entreprises, sur lesquelles ont été menées les enquêtes, ont connu une augmentation de leur chiffre d'affaire. Les crédits obtenus leur ont permis d'offrir plus de produits et de dégager un chiffre d'affaires supérieur à celui des exercices précédents. On n'est, cependant, pas en mesure de mesurer les variations, en pourcentage, du fait du non enregistrement des transactions et du caractère très informel des activités dans ce segment.

Cependant, ces entreprises ont certaines choses qui jouent en leur défaveur. Premièrement, on constate une sorte de mimétisme caractérisé par la dissémination des mêmes types d'affaires dans le même espace géographique. Elles sont souvent séparées par quelques centimètres. Le choix d'un offreur fait par un acheteur a une base purement aléatoire. De ce fait, la concurrence est vive et acharnée. Les produits sont les mêmes sans aucun élément de différenciations. La stratégie de vente est la capacité d'élocution du vendeur qui représente la seule forme de communication marketing avec la clientèle. A ce facteur s'ajoute ce que nous appelons « multi produits ». Nous désignons, par ce concept, le fait pour l'offreur d'étaler une quantité indéfinie de produits sur un tréteau ou un étalage. Ces produits ne dégagent pas une marge de profits significatifs pour faire fructifier les affaires. La priorité du propriétaire est de maintenir l'investissement initial appelé « manmnan lajan70(*) ». La finalité est la survie à court terme. Si l'on se réfère à la logique, à la base, du capitalisme qui est l'accumulation, ces entreprises sont condamnées à faire du sur-place parce que la vision ou la stratégie n'est pas de grossir mais d'assurer la pérennité existentielle dans le temps. Il y a aussi la période d'écoulement de stock du produit qui pose problème. Avec un cycle très long, elle font face à un problème de fonds de roulement. Elles confrontent aussi un problème de saturation de marché à cause de la multiplicité des offreurs et de la faible marge de profit dégagée par les activités et de plafonnement rapide des activités. Donc, en fonction de ces contraintes, leur potentiel de croissance et d'accumulation est quasi nul.

Sur le plan externe, ces entreprises font face aux difficultés caractéristiques de l'économie et à celle du ménage propriétaire. Les facteurs venant de l'économie sont l'absence du pouvoir d'achat de la clientèle, l'inflation, le niveau du chômage. Tous influencent négativement la marche des affaires, annihilant ainsi tout effort de rentabilité. Les problèmes venant des ménages propriétaires se rapportent aux pressions exercées par les besoins personnels sur les ressources de l'entreprise. Généralement, les maigres profits générés sont tout simplement captés par ces besoins. Donc, le gonflement d'un cash-flow, dans les perspectives de saisir les opportunités de marché ou d'élargissement, est non envisagé. Les crédits bénéficiés par les PME permettent, certes, d'augmenter l'offre, mais le profit généré n'est pas cumulé pour constituer une capacité résiduelle de financement et pour financer un éventuel élargissement des activités.

Bizarrement, ces entreprises remboursent les crédits contractés. Le fait est simple, le montant des mensualités à savoir, intérêt plus principal, est calculé par l'IMF qui octroie le prêt. Ce montant, déterminé au préalable, est la partie intouchable des ressources de l'entreprise. Le remboursement des dettes est la condition sine qua non du renouvellement du crédit. Des fois, elles ont recours à d'autres sources d'argent pour rembourser les prêts. Elles font tout ça parce que le crédit de l'institution financière permet de faire face au besoin de fonds de roulement qui constitue, à son tour, la plaque tournante des affaires.

Il faut noter, par contre, que toutes les entreprises de la catégorie I ne sont pas prises dans cette spirale. Certaines ont pu franchir cet état avec succès pour connaître une expansion de leurs activités. Elles ne sont généralement pas dans le commerce, mais dans la production ou les services. Les propriétaires ont une attitude plus entrepreneuriale et un certain niveau de développement socio-économique différentiel. Leurs comportements sont moins prédateurs sur les ressources de l'entreprise. Eux, ils profitent plus de la microfinance pour renforcer leurs activités que les autres types.

Sur le plan financier, ces entreprises présentent un niveau de risque plus élevé pour les IMF. Par suite, elles sont astreintes à un taux d'intérêts plus élevé, ce qui amoindrit davantage les revenus générés par leurs activités.

b-2) La catégorie II

Les entreprises de la catégorie II connaissent aussi une augmentation plus soutenue de leur chiffre d'affaires et profitent mieux de la microfinance que celles de la première catégorie. L'effet est d'importance, dépendamment de deux facteurs : l'âge de l'entreprise et le nombre de prêts déjà obtenus. Celles qui sont plus anciennes ont déjà un certain niveau d'activité qui leur permet de bénéficier des montants de crédits plus élevés. Elles empruntent non seulement pour leur fonds de roulement mais aussi, pour saisir les opportunités de marché ou pour l'achat d'un nouvel équipement. Dans ce cas, les prêts contractés permettent un renchérissement des activités, un renforcement de la capacité de production pour les entreprises de production, une augmentation de l'offre pour les entreprises commerciales ou de services. Pour les entreprises très jeunes, par contre, elles ne bénéficient pas d'un montant de crédit élevé, surtout les premiers emprunts. Elles les investissent pour renforcer leur fonds de roulement et les crédits reçus contribuent légèrement à la rentabilité de l'entreprise.

Pour ce qui a rapport au nombre de prêts obtenus, plus, on bénéficie de prêts, plus, on rembourse, plus, on obtient des montants de crédits plus élevés et moins, les intérêts sont élevés. Les PME, qui bénéficient d'une succession de crédits, profitent, aussi mieux, du microcrédit pour renforcer leurs activités. Les bénéfices successifs générés sont à même de maintenir l'entreprise dans le temps et financer l'expansion.

En termes de dynamisme, les entreprises de cette catégorie ont un fort potentiel de croissance. Les crédits viennent en complément des ressources propres et permettent de stimuler le développement des affaires.

Certains facteurs inhibent leur croissance. Comme la première catégorie, on constate le mimétisme dans les activités, avec la ruée de tout le monde vers une seule niche de marché. On dirait qu'il n'y a pas d'autres créneaux porteurs dans l'économie haïtienne. Cela engendre une concurrence très vive entre les unités ayant souvent entre elles une grande proximité. On copie les grandes entreprises haïtiennes dans la concentration des activités sur le commerce des produits importés. Le même problème de saturation de marché et de plafonnement des activités sont les mêmes difficultés auxquelles font face les Petites et moyennes entreprises de la catégorie II. Ceci constitue un frein à l'innovation et aussi à une extension des activités des PME.

En termes d'engagement sur la durée, elles se caractérisent par l'absence de stratégie d'entreprise, une vision claire, la fixation des objectifs généraux pour étendre les activités. Les moyens existent, car elles font du profit ; elles se transforment sans avoir la volonté de devenir grandes. Ce choix s'explique par des facteurs d'ordre culturel.

Ces entreprises sont privilégiées par rapport à la catégorie I, car elles bénéficient des crédits à des taux d'intérêts plus bas renforçant ainsi leur capacité de profiter de l'effet de levier provoqué par les fonds empruntés.

d) Création d'emplois

Le secteur des PME en Haïti est très immense et emploie beaucoup de gens. Il est à signaler un fait révélateur au niveau des emplois créés, grâce aux activités économiques dans ce segment de marché de l'offre. L'enquête nous a permis d'avancer ce qui suit : Les PME ont une faible propension à créer de l'emploi, dépendamment du secteur d'activité. Dans la catégorie I, la quantité d'emplois est proportionnelle à la quantité de petites entreprises existantes. Il y en a quelques unes, par contre, pour lesquelles le nombre d'emplois évolue, en augmentant de plus d'un employé sur la période considérée. Elles sont généralement dans le secteur de la production ou des services. Cette faible propension à la création d'emplois s'explique par leur faible potentiel de croissance et l'absence de structure organisationnelle pour assurer la gestion rationnelle de l'entreprise et planifier son avenir.

Dans la catégorie II, ces entreprises emploient plus de personnes que les premières. Mais l'offre d'emploi est plus importante pour les entreprises de production et les entreprises de services. Du fait de l'importance des activités dans ces entreprises, la nécessité de disposer des ressources humaines s'impose. Dans les PME de commerce, ce sont les propriétaires qui, assistés par quelques membres de la famille, font tout. Dans les PME, il faut relativiser quant à la qualité des emplois créés. Dans la plupart des cas, ce sont des emplois très précaires qui ne sont pas en mesure d'assurer le minimum existentiel à leur bénéficiaire. Car ce sont, dans la majorité des cas, des taches routinières qui n'exigent aucune compétence spécifique. L'augmentation des emplois constatée est plus importante dans les entreprises de production et de services que dans les entreprises commerciales.

On doit remarquer que, dans les grandes entreprises traditionnelles, le besoin de recruter de la main-d'oeuvre se fait sentir quand l'entreprise révise ses stratégies en opérant, par exemple, une intégration verticale ou horizontale, en conquérant un nouveau marché ; et lance un nouveau produit, diversifie les activités, veut se renforcer dans le milieu concurrentiel et veut profiter d'une nouvelle technologie. Les petites et moyennes entreprisses haïtiennes se perdent dans la gestion du court terme sans vision stratégique. Voila pourquoi, la création d'emploi n'est pas massive dans les PME vue la grande quantité de ces entreprises dans le milieu des affaires haïtien.

4-3- Contribution réelle de la microfinance dans la dynamisation des PME

Compte tenu de la rareté des ressources financières sur le marché des capitaux haïtien et des difficultés à trouver du financement pour les projets, les ressources financières des institutions de microfinance sont nominalement un élément important dans la vie des petites et moyennes entreprises en Haïti. Les faiblesses internes et les contraintes de l'environnement externe constituent un facteur de rétention de leur croissance.

Les contraintes externes sont aussi liées aux conditions de crédit des institutions de microfinance. Selon les clients interrogés, ils ont un problème de maturité des prêts et les montants sont souvent trop inferieurs à leur requête. Le financement est à court terme et ne peut servir, généralement, qu'à financer le fonds de roulement. Les PME n'arrivent pas à profiter entièrement de l'effet de levier qui serait provoqué par les fonds empruntés. La règle de la synchronisation des échéances ou règle de l'équilibre des maturités veut qu'on ne finance pas des investissements à long terme par des ressources à court terme. Le microcrédit ne contribue pas au renforcement du stock de capital physique des PME. Ce qui réduit la possibilité de constituer une capacité de production à long terme. On comprend pourquoi le microcrédit en Haïti se tourne vers les activités de commerce au détriment du secteur des services et de la production.

* 65 Alicia T, Le Gret et l'appui aux petites entreprises : pratiques et perspectives, Paris, coll. Etudes et travaux, série en ligne #17, Ed. du Gret, www.gret.org., av. 2008, p13.

* 66 Ibid.

* 67 Commission économique européenne, la nouvelle définition des PME, guide de l'utilisateur et mode de déclaration, 2006, p35.

* 68 Patrizio Bianchi, Lee M. Miller et Silviano, Bertini, Cluster: l'expérience italienne et ses enseignements pour les pays émergents, in Les BDS (Business Developpment Services), l'actualité des services aux entreprises, clusters et réseaux d'entreprises, #4, France, février 2003, p.6.

* 69 Spencer-Hull Galen, La petite entreprise à l'ordre du jour, Paris, l'Harmattan, col. Nouveaux horizons, 1987, p 76.

* 70 Expression créole désignant le montant de l'investissement dans l'entreprise.

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