Conclusion
Au demeurant, ce travail réalisé sur la
microfinance et les PME en Haïti nous a permis de rapprocher les deux
concepts pour évaluer, en réalité, les impacts des
activités de microcrédit sur la dynamisation des PME à
Port-au-Prince de 2000 à 2006.
La revue de la littérature a dégagé les
points de vue de certains penseurs sur la contribution potentielle de la
microfinance dans le développement des affaires en faveur des pauvres et
dans une perspective plus large de réduction de la pauvreté. Dans
cette étude, il a été question de montrer la contribution
réelle de la microfinance dans l'expansion des PME en Haïti,
particulièrement à Port-au-Prince de 2000 à 2006. Nous
avons posé comme hypothèse que le développement de la
microfinance favorise l'expansion des PME en Haïti sur la période
mentionnée. Pour la validation, nous avons procédé
à la cueillette des informations au moyen d'une enquête de terrain
par laquelle on a soumis un questionnaire aux PME utilisant le
microcrédit. On a constaté que les activités de
microfinance, en termes de distribution de crédit, sont en progression
continuelle sur la période de 2000 à 2006. Les indicateurs
retenus, comme le nombre d'emprunteurs actifs et le volume de crédit,
sont en nette augmentation, année après année. C'est le
même cas de figure pour les PME. En termes d'impacts des activités
de microfinance sur l'expansion des PME en Haïti, mesurés en termes
de multiplication quantitative, de chiffre d'affaires et de création
d'emplois. L'étude nous a permis de dégager les conclusions
suivantes : la microfinance a contribué réellement à
l'expansion des PME à Port-au-Prince, dépendamment du
degré de structuration de l'entreprise bénéficiaire et du
niveau de développement socio-économique des promoteurs. D'autres
facteurs supplémentaires déterminent le poids des impacts
positifs du microcrédit sur le développement des affaires. Ainsi
a-t-on retenu : l'âge de l'entreprise, son niveau de capitalisation,
le nombre de prêts contractés ou le cumul de prêts
déjà obtenus et la dimension des activités de
l`entreprise.
En outre, que ce soit dans le secteur du commerce, de
production ou des services, les PME profitent mieux de la microfinance pour
dynamiser le rendement et la croissance des activités si une importance
est, plus ou moins, accordée aux fonctions classiques de l'entreprise et
celles du management. Cela s'associe à une attitude plus
entrepreneuriale des propriétaires. En fait, la microfinance
pratiquée en Haïti est faite sur une approche de
rentabilité. Elle favorise certaines entreprises par rapport à
d'autres. Malheureusement, ce sont les plus pauvres des pauvres qui n'en
bénéficient pas, contrairement à la finalité
première de cet instrument financier dont les vertus ont
été mises en relief par la Grameen Bank. Nous sommes
d'accord qu'on ne peut pas faire la finance sur une base caritative ; car
suivant l'approche de la pensée économique néo-classique,
l'argent est une ressource rare. Comme telle, il doit être utilisé
de manière optimale, c'est-à-dire être investi dans des
projets capables d'augmenter la richesse des promoteurs et de
rémunérer les facteurs. A ce moment là, les IMF pourront
contribuer à dynamiser les entreprises et à assurer, du
même coup, leurs viabilités financières. Cependant, tel que
se développent les activités de microfinance en Haïti
actuellement, on craint une dérive de l'objectif premier de cet outil
financier. Au lieu d'avoir des impacts directs sur la vie des pauvres, la
façon dont elle imite le système bancaire traditionnel, elle
pourrait arriver à créer une autre classe de
privilégiés en creusant, davantage, l'écart entre les plus
pauvres des pauvres et les plus lotis économiquement parmi les pauvres.
Le rôle d'intégration économique et sociale de la
microfinance et les PME sera tout simplement vilipendé. Les nantis
pourront toujours disposer de cet instrument pour faire leurs choux gras au
détriment des pauvres en créant plus de marginaux. Nous faisons
les recommandations suivantes pour arriver, suivant la vision de la
construction du secteur financier accessible à tous, à
intégrer les pauvres dans la vie économique et sociale du pays en
tant qu'individus à part entière.
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