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Travail des enfants de 5-14 ans et rendement scolaire au Cameroun

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par Francky FOUEDJIO
Institut Sous-Régional de Statistique et d'Economie Appliquée - Ingénieur Statisticien 2008
  

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1.1.2. Notion de travail des enfants

L'OIT distingue quatre catégories imbriquées d'enfants travailleurs (en anglais, « child workers ») : les enfants économiquement actifs, les travailleurs enfants (en anglais, « child laborers »)8(*), les enfants astreints à des travaux dangereux, les enfants astreints à des formes de travail intrinsèquement condamnables. La définition du « travail des enfants à abolir » résulte du croisement de ces catégories avec l'âge des enfants.

1.1.2.1. Population économiquement active infantile

La population économiquement active infantile est définie exactement comme la population économiquement active adulte. Selon l'OIT (2000)9(*), la population économiquement active « comprend toutes les personnes des deux sexes qui fournissent durant une période de référence spécifiée, la main d'oeuvre disponible pour la production de biens et services comme définis par les systèmes de comptabilité et bilans nationaux des Nations Unies ». Autrement dit, un enfant entre dans cette catégorie s'il a consacré (au cours de la semaine de référence) une heure au moins de son temps à une activité économique (travail rémunéré ou pas, pour l'autoconsommation, etc.), s'il n'a pas travaillé mais occupe normalement un emploi, ou s'il a recherché un emploi. Cette définition exclut les tâches domestiques et les activités inhérentes à la scolarité.

1.1.2.2. Travail des enfants

Ce que l'on appelle « travail des enfants » recouvre une réalité très hétérogène, qu'il n'est pas possible de catégoriser simplement10(*). Les critères de jugement sont extrêmement variables d'une société ou d'une catégorie sociale à l'autre. Cette complexité a été relevée par Schlemmer (1996) : « quand "l'éducation", au sens de la préparation à la vie adulte, s'effectue par les parents, dans le cadre des activités familiales, le "travail", au sens de tâches ménagères ou de soins domestiques, commence souvent avec les premiers pas et s'accroît en même temps que la force physique de l'enfant, ses connaissances et sa capacité à remplir les petites obligations de la vie quotidienne. Aujourd'hui, des millions d'enfants sont élevés dans un contexte où les notions "aides aux parents", "éducation et préparation à la vie adulte" et "travail" sont bien difficiles à distinguer les unes des autres ».

Du point de vue de la théorie économique, toutes les activités autres que l'école et le loisir devraient être considérées comme travail. Cette définition inclut alors les travaux effectués après l'école dans le cadre d'une activité économique familiale, les tâches domestiques telles que le ménage ou la surveillance des frères et soeurs.

Du point de vue politique, on distingue les différentes formes plus ou moins acceptables du travail des enfants. Ainsi, selon le Bureau International du Travail (BIT), le travail des enfants fait référence à tout travail qui nuit aux enfants sur le plan mental, physique ou moral, qui peut avoir un effet négatif sur le développement mental et social et affecte leur scolarité en les privant de l'opportunité d'aller à l'école ou en les obligeant à quitter l'école prématurément. L'OIT réserve le terme « travail enfantin » (en anglais, « child labor ») aux formes de travail des enfants « qui devraient être éliminées ». Cette définition tente d'isoler les formes de travail néfastes pour le développement. Les enfants économiquement actifs âgés de 15 ans ou plus qui exercent une activité qui n'est pas considérée comme dangereuse et les actifs de 12 à 14 ans qui exercent une activité dangereuse pendant moins de 14 heures par semaine sont exclus de cette catégorie.

L'UNICEF retient pour sa part une définition plus large du concept en considérant qu'un enfant travaille « lorsqu'il exécute une tâche rémunérée ou non pour une personne autre qu'un membre du ménage ou lorsqu'il consacre plus de quatre heures par jour aux travaux ménagers et/ ou autres tâches au sein du ménage ». Pour la Banque Mondiale, le travail des enfants est défini comme « [...] un travail exécuté par les enfants qui sont trop jeunes au sens qu'en le faisant, ils réduisent indûment leur bien être [...] ou leur capacité future à se faire un revenu ».

D'autres définitions mettent en exergue le volume horaire, d'autres par contre insistent sur la pénibilité du travail par rapport à l'âge de l'enfant ou encore l'aspect domestique du travail et la rémunération qui en résulte ou, tout simplement, le fait de travailler dans un cadre familial ou non.

Au Cameroun, la Loi No 92/007 du 14 août 1992, portant Code du Travail interdit tout emploi salarié des enfants âgés de moins de quatorze ans (article 86)11(*), même pour un apprentissage, conformément aux normes de l'OIT. Il est possible toutefois d'obtenir des dérogations par autorisation ministérielle.

De notre point de vue, il serait préférable de considérer le travail total de l'enfant (travail économique et travail domestique) et non le seul travail économique. En effet, le travail domestique familial prend parfois autant de temps aux enfants qu'un emploi économique à temps plein. Il peut donc nuire à leur développement physique et surtout intellectuel. Ceci est particulièrement constaté lorsque l'enfant n'est pas scolarisé. En outre, le travail domestique ne s'accompagne nullement d'une acquisition de compétences comme cela est souvent le cas pour le travail économique.

Dans ce mémoire, le but poursuivi étant de définir de façon précise notre objet d'analyse, le travail des enfants est mesuré ici par le fait que l'enfant accomplisse des activités domestiques pendant plus de quatre heures par jour , soit que ce dernier exécute une tâche rémunérée ou non pour une personne autre qu'un membre du ménage, soit encore qu'il exerce une activité économique pour au moins une heure.

1.1.2.3. Travail dangereux et les « formes intrinsèquement condamnables du travail des enfants »

De nombreuses personnes et organisations internationales importantes établissent une distinction entre les travaux inacceptables « par leur nature » (également appelées « pires formes intrinsèques ») et les travaux inacceptables « de par les conditions dans lesquelles ils s'exercent » (à savoir les travaux dangereux)12(*).

Les « pires formes  intrinsèques » sont souvent illicites et également inacceptables pour les adultes ; ce sont toutes les activités qui, quoiqu'on fasse pour améliorer les conditions de travail, resteront classées dans la catégorie des pires formes. Tel est le cas de l'exploitation sexuelle des enfants à des fins commerciales ou de l'esclavage qui resteront de toute façon inacceptables pour un enfant.

Au rang des pires formes d'activités « de par les conditions dans lesquelles elles s'exercent » figurent les activités manufacturières dangereuses, le travail minier, le concassage de pierres, la plongée en eaux profondes, le travail en hauteur dans la construction, le triage des ordures, le ramassage des vieux chiffons et le portage de lourdes charges13(*). Il faut également prendre en compte les travaux qui ne laissent pas de cicatrices physiques mais qui nuisent à l'équilibre psychologique des enfants ou entravent leur développement social ou intellectuel, notamment les situations dans lesquelles les enfants subissent insultes, pressions et stress pour produire un résultat, sont exposés à des comportements d'adultes (boire, fumer, jouer) ou sont isolés de leurs pairs ou privés d'émulation.

Toutes ces activités distinctes comportent des risques spécifiques pour la sécurité, la santé, et l'intégrité psychologique et morale de l'enfant. Dans bien des cas, les enfants ne devraient pas être affectés à ces travaux, ou tout au moins les plus jeunes d'entre eux. La figure 1 résume ces différentes définitions. Elle constitue un cadre de référence sur le travail des enfants.

1.1.3. Notion de rendement scolaire

L'entrée à l'école n'est que le commencement d'un long processus éducatif. Les difficultés inhérentes à la progression dans un cycle d'enseignement constituent une source de préoccupations majeures aussi bien pour les planificateurs que pour les parents d'élèves14(*). Le rendement interne d'un système éducatif évalue dans une certaine mesure le nombre d'années prises par un enfant pour compléter un cycle ou degré particulier (primaire, secondaire, etc.). Les indicateurs de base qui mesurent le rendement interne d'un système éducatif sont calculés à partir des taux de flux : le taux de promotion, le taux de redoublement et le taux d'abandon. Pour obtenir ces indicateurs, nous avons besoin de statistiques sur la scolarisation d'au moins deux années consécutives (les plus récentes). Ces taux sont utilisés pour évaluer et contrôler l'efficacité du flux d'élèves dans le système scolaire et ainsi, estimer les effectifs futurs. Les taux de redoublement et d'abandon permettront de mesurer le rendement du système, ainsi que les gains d'efficience potentiels en termes de ressources.

Le facteur éducationnel est un facteur déterminant dans le cadre du travail des enfants. Ce dernier joue un rôle sur le rendement scolaire. Le rendement scolaire d'un enfant est apprécié par son résultat (succès ou échec) obtenu à la fin de l'année scolaire considérée. Cet indicateur est construit à partir des données relatives à la scolarisation de l'enfant au cours de deux années académiques successives. De ce fait, est considéré comme ayant terminé son année scolaire par un succès, tout enfant qui était inscrit à un niveau à l'année scolaire et qui intègre le niveau au cours de l'année scolaire . Autrement dit, la réussite scolaire d'un enfant est définie comme le fait de passer de la classe à la classe .

Ainsi, le taux de promotion est la proportion d'élèves inscrits à une année d'études et qui, au début de l'année suivante, seront inscrits à l'année d'études supérieure. Le taux de redoublement pour sa part exprime la proportion d'élèves qui s'inscrivent dans le même degré (ou niveau) d'études que l'année précédente, exprimée en pourcentage de l'ensemble des effectifs scolarisés dans l'année d'études considérée. Le taux d'abandon quant à lui, exprime la proportion des élèves qui quittent l'école sans terminer une année d'études donnée, exprimée en pourcentage de ceux qui étaient inscrits à la même année d'études au début de cette année scolaire15(*).

Le travail des enfants, dans son contenu est très hétérogène et recouvre une grande diversité de situations. Les définitions de ce concept sont multiples et tributaires du contexte socio-culturel. La section suivante s'intéresse à l'historique et à la typologie du travail des enfants.

* 8 La littérature anglo-saxonne considère le travail des enfants ou child work, comme un travail non nuisible à l'enfant (puiser l'eau, entretenir la maison,...) et oppose à ce terme celui de child labour, qui va désigner les situations de travail dangereuses pour l'enfant.

* 9 BIT (2004).

* 10 BIT (2004).

* 11 http://www.ilo.org/public/french/dialogue/ifpdial/info/national/index.htm

* 12 BIT (2004).

* 13 BIT (2004).

* 14 UNESCO (2001).

* 15 Abanda (2006), pp 29-30.

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