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La pluralité comme condition de l'action et du pouvoir politique chez Hannah Arendt

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par André-Joël MAKWA
Université Pontificale Grégirienne/ Faculté de Philosophie Saint Pierre Canisius-Kinshasa - Graduat en Philosophie 2006
  

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CHAPITRE TROISIEME : MODERNITE COMME PERVERSION DE LA VITA ACTIVA

La vita activa, nous l'avions vu, constitue l'ensemble des trois activités humaines à savoir le travail, l'oeuvre et l'action. Relevant du privé, et « pris dans le processus biologique des besoins et de leur satisfaction, le travail est une activité indéfiniment répétitive vouée à satisfaire les nécessités vitales »97(*). L'oeuvre, c'est la catégorie du faire où l'homo faber tout en produisant des objets durables, des artefacts, accède à un domaine public non politique. Tout en étant la condition de l'appartenance au monde, l'oeuvre est cependant soumise « à l'utilité et au cycle des moyens et des fins. »98(*) Alors il faut l'action qui est le stade le plus sublime dans la pensée arendtienne de la vita activa. C'est par l'action (qui est inséparable de la parole) que les hommes sont en rapport les uns avec les autres, sans aucun intermédiaire. Et c'est dans l'agir politique que l'homme entre en dialogue de façon libre avec son pair.

Nous montrerons ici comment la société moderne, en se passant de l'oeuvre et de l'action, est arrivée à élever le travail au premier rang, créant ainsi une société de travailleurs sans travail. Elle, en voulant libérer l'homme du joug du travail, a plutôt créé une société où tout est orienté à la seule activité qui n'est rien d'autre que le travail en vue de la consommation.

III. 1. LA PLACE DU TRAVAIL DANS LA SOCIETE MODERNE

Notre analyse s'appuie donc sur la critique arendtienne des auteurs qui ont contribué à l'élévation du travail au détriment des deux autres activités humaines (oeuvre et action). Dans ce but, il nous faut jeter un regard rétrospectif sur le passé, précisément le passé grec et sur l'ancienne conception chrétienne (médiévale) du travail.

III. 1. 1. Le travail dans l'histoire

Hannah Arendt prend la Grèce comme un paradigme qui vise justement à montrer comment la société moderne a semé la confusion entre les activités humaines de la vita activa, jusqu'à plébisciter le travail. Or dans l'antique société grecque, le travail - relevant du privé - était une condition dont se détachait le libre citoyen pour s'intéresser aux affaires de la cité. Quand bien même s'affirmait une indistinction entre travailler et oeuvrer, les deux représentaient cependant deux réalités différentes. La preuve en est que le travail, d'après Hannah Arendt, était considéré comme une activité servile et réservée aux femmes et aux esclaves. N'est-ce pas que travailler était synonyme de l'asservissement à la nécessité ? D'où, il fallait instaurer l'esclavage qui « fut une tentative pour éliminer des conditions de la vie le travail. »99(*) Le travail, ainsi conçu, n'est pas le propre de l'homme, car il le partage avec les animaux. D'ailleurs, dans cette condition de nécessité, il est appelé animal laborans.

Au Moyen-Âge chrétien, le travail est considéré comme une sanction, conséquence du péché commis par nos premiers parents (Adam et Eve). Le travail renvoie ainsi à la souffrance infligée à l'homme [son étymologie tripalium : torture]. N'est-ce pas que Dieu a annoncé à l'homme qu'il mangera désormais à la sueur de son front ? Cette conception justifierait les formes de pénitences (travaux) données aux pécheurs pour expier les fautes commises. Toutefois, le travail était aussi recommandé (par exemple dans les monastères) pour lutter contre la paresse.

Ainsi, dans la société grecque le travail vient à la dernière place, il est antipolitique et est méprisé. Mais d'où vient l'exaltation du travail dans la société moderne ? Comment est-il passé du privé au public ?

* 97 Myriam REVAULT d'Allonnes, « Arendt Hannah » in Dictionnaire des philosophe. A-J, Paris, PUF, 1993, p. 134.

* 98 Idem., p. 135.

* 99 Hannah Arendt, Condition de l'homme moderne, p. 96.

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"Le doute est le commencement de la sagesse"   Aristote