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La pluralité comme condition de l'action et du pouvoir politique chez Hannah Arendt

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par André-Joël MAKWA
Université Pontificale Grégirienne/ Faculté de Philosophie Saint Pierre Canisius-Kinshasa - Graduat en Philosophie 2006
  

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III. 1. 2. La valorisation du travail et la mécanisation

Parlant de l'indistinction entre le travail et l'oeuvre dans notre premier chapitre, nous avions décelé ce problème qui, depuis la Grèce antique, a continué à s'affirmer même dans l'époque moderne, malgré la petite distinction que les théoriciens (Marx, Adam Smith) établiront alors, distinction qui va d'ailleurs servir de fondement à leurs théories.100(*)

Les trois théoriciens du travail, à savoir John Locke, Adam Smith et Karl Marx ont chacun trouvé respectivement dans le travail la source de la propriété, de la richesse et de la production. C'est à eux, au dire de Arendt, qu'il faut attribuer l'ascension du travail, qui est en réalité une déviation. Car ces derniers ont assimilé l'oeuvre au travail; ils ont fait disparaître l'homo faber en attribuant toutes les propriétés de l'oeuvre au travail. Cette confusion, mieux, cette déviation aura une conséquence sur l'ensemble de la vita activa.

Le travail est devenu de la sorte un élément capital et central dans les temps modernes, à telle enseigne que toute la société n'y est plus qu'une société de travailleurs. L'unique et grande tâche de cette société n'est que l'accumulation des biens pour la consommation. C'est « l'évolution des temps modernes et l'avènement de la société dans lesquels la plus privée des activités humaines, le travail, est devenue publique en recevant le droit de fonder son domaine commun.  »101(*)

Par ailleurs, la société de travailleurs dite aussi société de consommateurs a pour logique la production. Le souci de produire davantage qui hante désormais l'homme conduit à l'emploi, et à l'usage parfois excessif de la machine.

C'est que tous les produits n'ont pour fin que la consommation. Dans le souci d'avoir plus de produits, l'homme est parvenu à mettre au point des mécanismes qui aident à la fabrication. Ce sont des machines. Mais ces outils fabriqués avec plus de perfectionnement, dit Hannah Arendt, ont certes diminué l'intensité de la souffrance dans le travail, mais ils n'ont plus dispensé la vie de sa soumission à la nécessité. Ces outils ont été créés pour soulager et aussi libérer l'homme de la nécessité du travail.

Cependant, point n'est besoin de rappeler ce que les machines causent comme difficultés à l'homme depuis leur essor! Si les machines ont certes facilité à l'homme d'accroître sa production, si elles ont diminué ou soulagé l'effort dans le travail; elles n'ont pas résolu tous les problèmes des travailleurs. Au contraire, elles ont apporté divers autres problèmes (chômage, etc.) jusqu'à assujettir l'homme. C'est dans ce cadre que Hannah Arendt interroge la société moderne sur le type de rapport qu'elle établit entre les machines et l'homme. Car les machines modernes, au lieu d'être comme les anciens outils de l'homo faber, au service de la main, tendent plutôt à envahir l'homme à tel point qu'on est forcé de se demander si le progrès réalisé dans leur invention sert encore l'homme. « Dans la société moderne, les hommes deviennent les esclaves des machines qu'ils ont inventées et s'adaptent aux exigences de ces machines au lieu de les mettre au service des besoins humains. »102(*) Si les machines, dans bien des cas, réduisent les hommes à l'état d'esclave, pourquoi continuer à les utiliser ? Il faut noter qu'à l'état actuel, il est impossible de s'en débarrasser car elles font partie de la condition humaine103(*) de telle sorte qu'elles interviennent presque dans chaque forme de travail que réalise l'homme.

Les travailleurs, dans la société moderne, sont devenus comme des automates ou des robots parlant et exécutant le même travail pendant des dizaines d'années104(*). Les machines ont imposé un rythme artificiel aux hommes, qui, à force de répéter le même rythme, finissent par s'assimiler aux machines. Hannah Arendt parle ici en termes de mouvement : « Dans l'emploi des machines qui, de tous les outils, sont les mieux adaptés au fonctionnement de l'animal laborans, ce n'est plus le mouvement du corps qui détermine le mouvement de l'instrument, ce sont les mouvements de la machine qui règlent ceux du corps ».105(*) Les machines inventées par l'homme sont devenues "maîtres" du monde. L'homme s'est adapté à un milieu de machines dès le moment où il les a inventées. Par contre, l'homo faber ne s'était jamais adapté aux outils qu'il inventait avant l'avènement des machines. De là surgit la question suivante : Est-ce que les machines continuent à servir le monde ? Car il se peut qu'elles soient à la base de sa destruction. Il convient de noter que l'usage des machines modernes, s'il accroît la production, ne libère cependant pas l'homme de la nécessité du travail. Les machines modernes ont plutôt amplifié la crise sociale déjà présente dans la société de travailleurs.

* 100 Cfr. notre premier chapitre pour plus d'explication.

* 101 Hannah Arendt, Condition de l'homme moderne, p. 126.

* 102 Idem., p. 162.

* 103 C'est nous qui le soulignons.

* 104 Nous pouvons ici faire allusion à ceux qui travaillent dans les usines où chacun a le même type de travail, aussi routinier et monotone soit-il.

* 105 Hannah Arendt, Condition de l'homme moderne, p. 164.

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