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Les rituels funéraires chez les Dadjo vivant au Gabon

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par Abakar Ramadane
Université Omar Bongo - Master 1 2004
  

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IV- Revue de la littérature écrite et présentation des informateurs

A- Les ouvrages

Les ouvrages ici consultés sont ceux qui étaient disponibles, c'est à dire accessibles à nous par le fait de leur présence à la Bibliothèque Universitaire, au centre Culturel Français au aux bibliothèques du Département de sociologie et d'Anthropologie (LABAN). Parmi les oeuvres consultées pour l'élaboration de cette recherche, nous nous sommes inspirés des auteurs suivants: Louis Vincent Thomas, Baudry Patrick,, Malinowski Bronislow et Joseph Tonda. Aussi, encyclopédies, dictionnaires, journaux et périodiques ont été consultés pour cerner le contour de cette étude.

1°) Louis-Vincent Thomas, La mort, Paris, P.U.F., «Que sais-je?», 1990.

L'auteur brosse les attitudes face à la mort et situe le concept de mort comme étant un concept traversant une pluralité de champs anthropologiques. Loin de brosser tous les aspects développés dans ce livre, nous nous arrêterons sur quelques points qui apparaissent, à notre avis, édifiants, notamment par le fait que l'ouvrage ait eu le mérite de situer notre préoccupation sur la mort en trois aspects notamment:

a°) Toute société se voudrait immortelle et ce qu'on appelle culture n'est rien d'autre qu'un ensemble organisé de croyances et de rites, afin de mieux lutter contre le pouvoir dissolvant de la mort individuelle et collective;

b°) La société, plus encore que l'individu, n'existe que dans et par la mort;

c°) La mort, du moins l'usage social qui en est fait, devient l'un des grands révélateurs des sociétés et des civilisations, donc le moyen de leur questionnement et de leur critique.

Cependant si le livre explique méthodiquement la forte croyance à la mort matérialisée par les rites basée sur l'organisation sociale et culturelle , il clarifie moins sur les tracers des frontières entre les rites profanes existantes et les rites prophétiques importés des sociétés moyens orientales qui fondent notre préoccupation.

2°) Joseph Tonda, «Enjeux du deuil et négociation des rapports sociaux de sexe au Congo», in Cahiers d'études africaines, N° 157, 2000.

Cet article explore le deuil au Congo (Brazzaville) et nous édifie sur les « enjeux » des rapports sociaux entretenus par les membres de la société, hommes et femmes lors de la perte d'un de leurs membres.

En effet, cet article nous situe sur la place et la tâche de la femme lors des rituels funéraires et illumine sur des symboliques qui entourent la personne dès l'annonce de deuil à son retrait. Il rapporte le fait que dans cette société Congo, les femmes sont plus enclin à l'émotion, à la solidarité et au partage. Elles sont les principales actrices et productrices des «pleurs, animent les veillées avec leur chorale, couvrent d'un mouchoir noir, blanc, ou blanc tacheté de noir, entrent en transe, etc

Quant aux hommes, eux, connaissent la violence morale provenant celles-ci lors du décès d'une de leurs siennes. «La primauté des enjeux symboliques et sociaux sur les enjeux économiques participe d'un travail fait d'investissements et de dépenses de tous ordres».

Cet article nous situe, par le rôle des acteurs qu'il traite, sur le rapport de genre et de sexe -hommes et femmes-, et en même temps, édifie sur les formes solidaires de la société Congo dans l'expression des pratiques mortuaires. C'est ici qu'est passé en revue la croyance, la symbolique et les représentations propres à l'historicité indigène." L'auteur revisite la notion de deuil, notion purement occidentale et la charge désormais d'une «tristesse féminine» assez prononcée avec des coupures spatio-temporelles tout à fait féminisées que masculinisées comme nous le véhicule la société occidentale.

De ce point de vue, même si cet article ne traite évidemment pas des survivances de pratiques funéraires, il illumine et oriente notre approche sur la question des rôles des acteurs dans la société Dadjo face aux nouvelles religions.

3°) Patrick Baudry, La place des morts, Enjeux et rites, A.Colin, Paris, 1996.

L'ouvrage se place dans la suite des analyses d'Ariès et Thomas qui présentent notre société comme située dans une phase critique du fait de son « déni de la mort». Les deux auteurs s'étaient attachés à montrer comment le monde moderne, du fait notamment de l'individualisme et de la technicité, tendait à masquer et à évacuer de nos vies la mort. Cette perspective a souvent été reprise dans les documents de l'Église catholique traitant de ce sujet (voir Documents Épiscopat: « Points de repère pour la pastorale des funérailles».

P. BAUDRY s'efforce de montrer que, de manière paradoxale, le regain d'intérêt autour de la mort et de ses rites n'est qu'une prolongation de ce déni. Dans le même temps, il pointe les attitudes qui, dans notre modernité, constituent une posture juste face à la mort. Le coeur de sa démonstration est, en effet, celui-ci : il y a nécessité à faire une place aux morts; « vouloir simplement se débarrasser d'eux est mortifère». Les deux premiers passages en italique de l'introduction disent exactement le projet du livre : la société (et pas seulement l'individu) est dans l'obligation, pour sa vitalité d'une construction, d'un rapport à la mort: cette construction s'édifie sur divers processus de mise en place des défunts. Il s'agit d'un enjeu de culture pour toute société.

Même si les configurations de l'espace funéraire n'a mention que d'une réflexion éclaire, l'on doit à ce livre, une étude outillée et détaillée de la «place des morts»: rapports des vivants avec les morts, les obsèques, les cérémonies des funérailles, etc. Les attitudes humaines justifiant la préoccupation aux morts se modifient et prennent des formes nouvelles plus expéditives, plus modernisées.

3°) Bronislow Malinowski, Les argonautes du pacifique occidentale, Paris, PUF, 1922.

Ouvrage écrit dans les îles trobriandaises qui traduit les moeurs des «peuples oubliés», la vie en communauté, la Kula ou système d'échange entretenus par les habitants ces îles. Aussi, il nous oriente sur les attitudes à tenir lors des enquêtes ethnographiques pratiquées dans un groupe social.

De même qu'il nous édifie sur les méthodes d'observation, celles dites «d'observation participante », qui consistent à s'«immerger» dans la réalité sociologique et culturelle du groupe afin de dégager les spécificités des croyances et les rites funéraires.

De ce fait, il entretient éminemment des relations avec notre thème d'étude dans la mesure où il nous permet de savoir les us et les coutumes, les savoirs rituels et les échanges.

Au plan méthodologique, il a été d'un apport sans précédent quant aux collectes des données, leurs traitements et leurs analyses.

b°) Présentation des informateurs

1°) Oumar Yakoub

C'est le premier informateur, père de trois enfants est l'homme que nous avions consulté et entretenu sur les funérailles. Avec lui, nous avions discuté sur les déroulements des funérailles. Cet entretien s'est étalé pour une durée de trois semaines portent sur les aspects de deuil: port d'habits de deuil, repas funèbres, les attitudes, etc.

2°) Mahadjir Abdoulaye

Cet informateur de clan Toumné (Autriche) est issu d'un milieu défavorable. Il est un ancien forgeron et maintenant gardien de nuit. Les entretiens que nous avions eu avec lui s'étaient déroulés la nuit en raison de sa disponibilité au lieu de gardiennage. Nous avions traité les questions relatives aux interdits liés le deuil.

3°) Souleymane Bochi

Né à Dar Sila (Tchad), cet informateur est sans doute l'un des plus inspiré et le plus aguerri de la tradition Dadjo, du moins pour ce qui est des Dadjo de Libreville (Gabon). Avec, les points forts tels que l'annonce et le retrait furent l'oeuvre de sa contribution.

4°) Arabi Moumine Absakine

Le rôle de la Mosquée, objet fortement islamique, était la contribution de cet homme au visage tacheté de blessures rappelant les guerres tribales et ethniques connues au Tchad durant le règne d'Hissein Habré1(*)6. En tant qu'Imam dans une mosquée de Libreville, il nous a révélé les versets coraniques témoignant la place qu'occupe la mosquée lors des funérailles.

C°) Etat de la question

Les ouvrages consultés explorent la mort et les rituels dans leurs fonctions religieuses en tant que faits sociaux qui se situent dans le temps et dans l'espace. En même temps, ils replacent les relations humaines dans un univers pleins de signifiants dont il convient de les replacer dans un contexte précis, notamment celui de la rencontre des religions.

Si l'apport de Louis Vincent Thomas est édifiant par la vision holiste qu'il se veut de la mort plus que de son caractère individuel, vision qui s'expliquerait par la forte charge sociale et symbolique de l'événement, il importe de la considérer comme la marque d'une empreinte teintée des logiques et des croyances qui cohabitent désormais dans un même sphère.

Aussi, l'approche de Joseph Tonda sur le deuil nous a permis de comprendre le rôle des acteurs sociaux lors des funérailles, notamment les femmes, les hommes et même la mosquée. Cette contribution est à considérer dans son contexte de production, celui de la société Congo et à la replacer dans son contenu sociologique.

Pour Patrick Baudry, la modernité est l'un des changements expliquant le déni de la mort. Cette approche a le mérite non le refus de mourir moins encore son caractère irréversible mais contribue à comprendre les transformations que connaissent les rituels funéraires d'aujourd'hui.

L'ensemble de ces ouvrages consultés par la nature des faits funéraires qu'ils traitent, laissent partiellement place aux phénomènes de coexistence, pratiques éminemment existentielles dans la croyance actuelle. En tant que productions littéraires sur les funéraires, elles entrent dans un contexte de société et de croyance dont il apparaît inessentiel de relativiser ces approches mais de s'en servir pour explorer les rituels funéraires Dadjo sous les formes actuelles.

d°) Perspectives d'étude

Vu le traitement de la question des rituels de la mort en général et le quasi absence d'ouvrages sur les Dadjo en particulier sur des aspects tels que le nécessite notre étude, aspects portant notamment sur leurs formes de survivances et de coexistences, nous nous inscrivons dans la perspective de THOMAS Louis Vincent pour étudier ce phénomène social et culturel. Car, au niveau méthodologique, la méthode de ce chercheur épouse notre adhésion par le fait qu'elle se veut rigoureusement descriptive, puis analytique.

Par cette même démarche, nous pensons l'appliquer chez les Dadjo par la description de l'annonce de deuil, la manifestation de la cérémonie mortuaire, les habits du deuil, les interdits funéraires et le lever de deuil.

Aussi, dans nos sociétés, les funérailles qui sont des occasions de sociabilité, de cohésion et la production du savoir-faire funéraire d'origine culturelle; il est nous nécessaire et même judicieux de redéployer nos réflexions sur cet aspect pour rendre compte des phénomènes qui immortalisent son existence.

* 1 6 Président et dictateur tchadien, accusé de meurtre de plus de quarante mille personne entre 1982-1990

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"Ceux qui vivent sont ceux qui luttent"   Victor Hugo