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Politique de Libéralisation financière dans l'UEMOA: Impact et condition de réussite à partir d'une analyse emprique sur données de panel

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par Fidelia Beugre DAGO
Université de Cocody-Abidjan, UFR Sciences économiques et de Gestion, Programme GPE de la WBI (World Bank Institute) - DESS - GPE (Gestion de la Politique Economique) 2007
  

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Section I/ Libéralisation financière et croissance : brève revue de littérature et expérience des pays de l'UEMOA

A/ Brève revue de la littérature :

Du point de vue théorique, le concept de libéralisation financière apparaît au début des années 70 dans les écrits de R.I Mc Kinnon (1973) et E .Shaw (1973). Ces deux auteurs présentent la libéralisation du secteur financier comme un moyen efficace et simple pour accélérer la croissance économique des pays en voie de développement. Cette théorie trouve rapidement un écho favorable, tant auprès des grands organismes internationaux (FMI, Banque Mondiale) qu'auprès de certains pays en voie de développement. Elle séduit par la simplicité de sa mise en oeuvre. Pour ces deux auteurs, les pays en voie de développement souffrent moins d'un manque de ressource financière que d'une intermédiation, essentiellement bancaire, devenue inefficace du fait des distorsions liées à l'administration des taux d'intérêts. Le développement de leurs travaux a donné lieu au paradigme de la répression financière (Galbis, 1977, Mathieson, 1980, Fry, 1995). La principale proposition de politique économique est la libéralisation des conditions financières des banques, le taux d'intérêt étant la principale variable de contrôle. En l'occurrence, il devrait s'en suivre une hausse des taux d'intérêt qui permettent aux banques d'être plus performantes dans la mobilisation de l'épargne et le financement de l'économie. Depuis les contributions de ces deux pionniers, un train de littérature économique, en la matière, à été mis en place dont l`objectif est de tester la validité de la thèse de la libéralisation financière selon laquelle un système financier libéralisé joue un rôle positif dans le financement du développement économique.

Dans son ensemble, la première génération des travaux des héritiers [Kapur (1976,1983), Vogel et Buser (1976), Galbis (1977), Mathieson (1979, 1980)], comme le souligne Balassa (1993), s`attache plus à modéliser les contributions originelles de Mac-Kinnon et de Shaw qu`à apporter de nouveaux fondements au concept de la libéralisation financière. Cependant, Fry (1988b) parvient à enrichir les thèses des fondateurs en spécifiant les fonctions d`investissement et d`épargne. Selon FRY l'administration des taux d'intérêt à un niveau bas entraîne des conséquences, telles qu'un système bancaire peu développé, la rareté de l'épargne financière, la faiblesse de l'investissement et de la productivité du capital, ce qui serait un frein à la croissance économique.

La libéralisation financière est censée favoriser, à travers la hausse du taux d'intérêt créditeur réel, l'accroissement des investissements et l'augmentation des ressources investies en capital productif. Fry (1981) trouve des résultats significatifs et conformes à la relation positive entre le taux d'intérêt réel et le volume de crédits intérieurs sur un échantillon de douze pays asiatiques. Par contre, Green et Villanueva (1991) trouvent que la hausse des taux d'intérêt réduit les investissements dans 33 pays en développement. Demetriades et Devereux (1992) aboutissent à une conclusion similaire sur un échantillon de 64 pays en développement.

Quant à la seconde génération, Roubini et Sala-i-Martin (1992, 1995) et De Melo et Giovannini (1993) et King et Levine (1993b), elle s`est efforcée de fonder sa contribution sur des concepts économiques plus récents. Dans une étude, Bandiera et al (2000) analysent la fonction d'épargne privée dans un échantillon de huit pays en développement. Dans six pays, les régressions entre l'épargne privée et le taux d'intérêt créditeur réel conduisent à une corrélation négative. En outre pour Bandiera et al (2000), l'effet à court terme de la libéralisation financière sur l'épargne peut être observé lorsque les réformes viennent d'être mises en place. Une évaluation de l'impact des différentes réformes financières sur l'épargne nécessite une analyse des différents canaux de transmission de la libéralisation financière et la séparation entre les effets de court terme et de long terme véhiculés par le processus de transmission. L'effet à court terme provient essentiellement d'une variation des taux d'intérêt et des quantités de crédits disponibles. Dans ce cas l'épargne pourra chuter pendant les premières années de la libéralisation financière laissant la place à un boom de la consommation (Muellbauer, 1994). A long terme, la libéralisation financière aura permis un développement financier qui influencera positivement la croissance de la production et du revenu, et donc de l'épargne.

Cependant, l`échec des expériences de libéralisation financière dans de nombreux pays en développement a été à l`origine de l`émergence de plusieurs analyses émanant de nouveaux courants théoriques. Citons, à titre d'exemple, les analyses des néo-structuralistes de Taylor (1983) et de Van Winjbergen (1983), celles des post-keynésiens Burkett et Dutt (1991), celles liées aux problèmes informationnels de Stiglitz et Weiss (1981) et enfin celles liées aux problèmes de financement du déficit budgétaire de l`Etat [Bencivenga et Smith (1992)]. Ces analyses ont essayé de montrer les effets néfastes de la libéralisation sur le développement économique.

Les critiques néo-structuralistes prennent en considération non seulement le secteur financier officiel mais aussi le secteur financier informel. Elles ont mis en évidence les effets négatifs d`une hausse des taux d`intérêt, conséquence directe de la libéralisation financière. Par contre, les critiques post-keynésiennes se basent sur les concepts keynésiens de demande effective, de préférence pour la liquidité et de constitution d`une épargne de précaution. Elles montrent que, dans un contexte d`utilisation des pleines capacités de production, la libéralisation financière, parce qu`elle permet théoriquement la croissance de l`épargne, se traduira par un ralentissement économique à la fois à court et à long terme. En outre, dans un contexte de plein emploi, elle ne serait efficace qu`à court terme tandis que son impact de long terme s`avèrerait indéterminé (Dutt et Burkett, 1991).

Depuis lors, les analyses aussi bien théoriques que pratiques ont montré que le succès de la libéralisation des systèmes financiers est souvent assuré par le respect de certaines conditions, telles que, les réformes fiscales, juridiques, comptables, financières et réglementaires ainsi que la stabilité macro-économique. Mac-Kinnon (1991) souligne que la discipline budgétaire et le contrôle monétaire doivent intervenir avant d`entamer des politiques de libéralisation. Pour Johnston et Pazarbasioglu (1995), les politiques macroéconomiques de stabilisation constituent une condition préalable à toute politique de libéralisation financière réussie en termes d`efficacité et de croissance économique. Quant à Fry (1997) il soutient que les différences institutionnelles (les modes et la qualité de la supervision prudentielle) constituent une des causes qui affectent l`impact des politiques de libéralisation financière sur le développement financier. Plus tard, cette idée a été soutenue par Arestiers, Demetriades, Fattouh et Mouratidis (2002). D'autres comme De-Silianes et Vishny (1997) ont souligné que la qualité des normes juridiques et les lois d`exécution des contrats sont des déterminants importants du développement des marchés des capitaux.

Généralement, les leçons tirées à partir de l'expérience de certains pays d'Amérique latine, du Sud-Est asiatique ou de Scandinavie confirment en outre que la réussite d'un processus de libéralisation financière est tributaire d'une bonne politique macroéconomique. C'est en effet, le moyen d'éviter un déséquilibre grandissant des marchés financiers et d'atténuer les crises financières lorsque la panique fait rage. Une gestion rigoureuse des finances publiques, grâce à laquelle les déficits ne grossissent pas hors proportion, permet d'éviter la tentation de recourir à l'emprunt extérieur qui pourrait compliquer la gestion de la dette, miner le crédit du pays ou le rendre plus vulnérable aux chocs externes. La politique monétaire peut servir à contrecarrer les désordres dans des marchés (un relèvement temporaire des taux d'intérêt peut inverser l'exode des capitaux) et, alliée à la politique budgétaire, elle peut atténuer la contraction de l'économie en cas de fléchissement de la conjoncture (une expansion budgétaire et monétaire permet de stimuler la production et l'emploi, et de faire face aux effets de perturbations passagères.

En somme, la majorité des contributions théoriques admettent que la libéralisation financière accroîtra le poids de l`activité financière dans la production de biens et de services si elle est précédée par un plan de reformes minutieux et des considérations systémiques appropriées.

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand