Section II : Méthode d'analyse
A :
Le modèle 
A/ 1 : Spécification du modèle
 
Les recherches théoriques et empiriques les plus
marquantes entre le développement financier et la croissance
économique sont les travaux de King R. et Levine R. (1993) qui ont mis
évidence le rôle important du système financier dans le
développement de la croissance économique. Ces auteurs ont
développé un modèle estimé sur la base d'un
échantillon composé de 80 pays sur la période (1960-1989).
Ces derniers avaient effectué leurs validations en coupes transversales,
cependant nous estimons que l'analyse à partir de
l`économétrie des données de panel semble être une
voie de recherche plus pertinente pour l`estimation des facteurs de croissance.
En effet la prise en compte de données individuelles et temporelles
permet de mieux appréhender les différents facteurs susceptibles
d`expliquer la croissance. Considérant dès lors les travaux de
Hamdi Kalfaoui (2006), notre analyse empirique prend en compte des
données annuelles pour les pays de la zone Uemoa. C'est un
échantillon de 7 pays qui s`étale sur une période de 16
ans allant de 1989 à 2004, donc 112 données. La
spécification du  modèle prend la forme suivante :  
(1) 
Croissance :   
  
Oý  est le taux  de croissance  économique,  ILF,  l`un  des 
indicateurs  de  libéralisation financière et VC  les variable de
contrôles et  , le terme d`erreur. 
Pour mettre en évidence les conditions de
réussite, nous essayerons d'analyser les termes d'interaction entre
variables en vue de savoir si l'impact positif de la libéralisation
financière est étroitement lié à certaines
conditions économiques, institutionnelles et sociales. En effet, des
travaux théoriques et empiriques antérieures ont montré
que la réussite de la libéralisation financière est
fonction du niveau de développement économique et financier, des
structures institutionnelles et sociale, de la stabilité
macroéconomique (Amairi Bouzid 2006, Hamdi Kalfaoui, 2006). Dès
lors, nous présentons un modèle dont l'analyse nous conduira
à déterminer des conditions favorables à la croissance. Le
modèle est le suivant : 
  
(2) 
Avec   une variable incluse dans la matrice des variables de
contrôle , et  peut représenter le déficit budgétaire (DBG) en
pourcentage du PIB, le taux d'inflation (INFL), le niveau du capital humain
(HUM), l'ouverture commerciale (OCM) en pourcentage du PIB, le niveau de la
dette extérieure (DET) en pourcentage du PIB. Par exemple
l'équation (2) permet de tester si l'augmentation ou la diminution du
taux d'inflation par pays change l'effet de la libéralisation
financière sur la croissance. En Effet, un taux d'inflation
élevé est un signe d'instabilité macroéconomique.
Si le paramètre (b2) associé au croissement des deux variables
 est négatif, il montrerait qu'un environnement
macroéconomique inflationniste conduit la libéralisation
financière à avoir un effet négatif sur la croissance. Si
par exemple, le paramètre b2 associé au croissement des deux
variables  est positif, il montrerait également que le niveau du capital
humain favoriserait un impact positif de la libéralisation
financière sur la croissance économique. 
A/2 Le choix des
variables
A partir de la  revue de la littérature
théorique et empirique, nous avons mis en  exergue  les  principaux 
facteurs  ou  déterminants  financiers  de  la croissance 
économique. De façon générale, la  théorie
économique  distingue  deux types de  variables déterminantes :
des variables de contrôle et des indicateurs de libéralisation
financière. 
L'indicateur économique choisi qui est la variable
à expliquer c'est à dire  le  développement
économique ou la croissance, est représentée par le PIB
réel par habitant (PIB) 
Les indicateurs de mesure de la  libéralisation
financière (ILF) : Le niveau de la libéralisation
financière interne est mesuré par deux indicateurs fondamentaux 
qui  évaluent  le  niveau  de  développement  de  la  finance 
indirect  à  travers  le degré de canalisation des fonds au
secteur privé et l`efficience de l`intermédiation
financière : 
Les crédits accordés au secteur privé en
pourcentage du  PIB ( ), 
La monnaie au sens large en pourcentage du PIB ( ) ; 
Concernant l'indicateur de la libéralisation
financière externe, qui mettra en évidence l'innovation
technologique, nous mettrons l`accent sur  les investissements directs
étrangers qui vise la capacité d`un pays à attirer les
investisseurs étrangers. Cette variable est exprimée en
pourcentage du PIB ( ). En effet pour tenir compte de l'ensemble des canaux par lesquels
l'ouverture peut affecter la croissance économique, il nous parait
nécessaire de rajouter les IDE dans notre équation de croissance.
Les IDE induisent l'innovation technologique. Leur effet positif a
été démontré par plusieurs auteurs comme 
Borensztein,  De  Gregorio  et  Lee  (1995).  
Les variables de contrôle que nous avons choisies ont
été sélectionnées vu l`importance de leur pouvoir
prédictif et leur impact direct   sur  la croissance économique.
Nous nous  basons sur la  littérature de la  croissance  endogène
 pour  expliquer  et évaluer la variabilité du taux de croissance
du PIB réel par tête : 
 Le stock du capital humain (HUM) : En considérant  les
travaux de Mankiw Romer et Weil (1992), cette variable sera estimée
à partir du taux de croissance du taux de scolarisation secondaire comme
proxy du capital humain (?PIB / ?HUM > 0) ; 
  Le taux de croissance de la population (POP) :
L'étude du modèle de croissance exogène, comme celui du
Solow, considère qu'un taux de croissance élevé de la 
population exerce un effet appauvrissant (?PIB / ?POP < 0) ; 
 Le niveau de PIB initial par tête (PIBI) : Dans le
cadre de la théorie néoclassique l'élasticité  du
taux de croissance du PIB réel en pourcentage du PIB initial par
tête mesure le degré de convergence des pays de l'UEMOA vers
l'état d'équilibre. 
 Le  degré  d`ouverture  commerciale  de 
l`économie  (OCM) :  Estimé  par  le  volume  des exportations
plus les importations en pourcentage de PIB  (?PIB / ?OCM <> 0) ; 
 Taux d`investissement publique par rapport au PIB (IPu) :
Dans le cadre du modèle de croissance endogène de Barro, les
investissements publics ont un effet positif sur la croissance (?PIB/ ?IPu >
0) ; 
  Taux d`investissement privé par rapport au PIB (IPr)
: Estimé par la formation brut du capital plus la variation de
l'épargne privée (?PIB / ?IPr > 0) 
Nos données seront essentiellement tirées des
statisques de la  Banque  mondiale (World development indicators 2002 et
2004) , ADB indicators 2002 et du Fonds Monétaire International
(InternationalFinancial Statistics ). 
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