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Libéralisation financière et intermédiation bancaire: le cas de la Côte d'Ivoire

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par Fidelia Beugre DAGO
Université de Cocody-Abidjan, UFR Sciences économiques et de Gestion, Programme PTCI - DEA-PTCI 2005
  

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CHAPITRE II : CARACTERISTIQUES PROPRES A LA COTE D'IVOIRE

Ce chapitre sera subdivisé en deux sections, la première présentera l'intérêt et le cadre de l'étude, puis la seconde présentera la politique de mobilisation de l'épargne financière et celle du financement bancaire en Côte d'Ivoire.

II-1- Intérêt et cadre de l'étude

II-1-1- Intérêt de l'étude

L'essentiel du débat sur le financement des pays en voie de développement durant ces trente dernières années se rapporte essentiellement à la politique de libéralisation financière. Elaborée par Mc Kinnon et Shaw, les fondements théoriques de la libéralisation financière, s'articulent autour de certaines mesures qui ont pour nature de favoriser le libre choix des banques dans la tarification de leurs services d'intermédiation.

En effet, ces mesures permettent au système bancaire d'évoluer dans un environnement concurrentiel et conduisent les banques à dégager une marge suffisante pour bien remplir leur fonction d'intermédiaires financiers.

Cependant, les résultats obtenus ont souvent été décevants (Mahar et Williamson, 1998). En outre, le bien fondé de ces recommandations est contesté lorsqu'il est pris en compte la structure des systèmes financiers des PVD (Van winjbergen, 1983) et les imperfections des marchés du crédit liées aux asymétries d'information (Stiglitz, 1994).

La Côte d'Ivoire étant un pays en développement, l'idée la plus admise est que l'épargne financière nationale (dépôt à vu et à terme) doit participer pour une grande part à la formation du capital productif. Une telle stratégie fondée sur des projets plus diversifiés, plus liés aux besoins immédiats peut, et doit avoir recours prioritairement à des sources de financement internes. La réussite de ce type d'orientation est conditionnée par l'existence d'une épargne financière abondante et un financement bancaire productif, et surtout la formation d'un marché financier jouant un rôle de mobilisation de l'épargne et d'affectation de ressources financières. Il faut également rappeler que la présence d'un environnement socio-politique stable est extrêmement important pour un meilleur développement économique en général et particulièrement pour un développement financier dans la mesure où la confiance et la maîtrise de la qualité du risque sont nécessaires pour les intermédiaires bancaires. En effet, bien que la Côte d'Ivoire ait connu durant ces trois dernières décennies une relative stabilité politique, elle est confrontée depuis 1990 à des crises sociopolitiques récurrentes, qui d'ailleurs se sont soldées par une partition de son territoire depuis Septembre 2002. Les conséquences de cette crise ont été dramatiques pour l'économie ivoirienne en général et particulièrement pour le fonctionnement de son système bancaire.

Dès lors, au delà du débat sur la politique de libéralisation financière, il serait donc intéressant d'analyser les effets attendus (indirect et direct) d'une telle politique sur l'intermédiation bancaire en Côte d'Ivoire, tout en considérant la fiabilité et la capacité du système d'information des banques à travers l'effet de la dégradation du portefeuille des banques sur le financement bancaire.

II-1-2- Cadre de l'étude

Dans cette section, nous ferons un aperçu du système bancaire ivoirien, nous énumérons les mesures de libéralisation financière. En outre, nous montrerons les effets de la crise socio-politique sur le système bancaire et enfin, un bref rappel de la politique de mobilisation de l'épargne financière et du financement bancaire de la Côte d'Ivoire.

II-1-2-1- Organisation du système bancaire de la Cote d'Ivoire

Le système bancaire se compose d'une banque centrale (BCEAO), de 22 établissements de crédit, dont 17 banques et 5 établissements financiers. Parmi les banques, l'on observe 11 établissements de crédit à vocation général. Une banque de l'habitat, deux établissements spécialisés dans le financement des PME, ainsi que la Banque Nationale d'Investissement (BNI), ex Caisse Autonome d'Amortissement (CAA), qui assurait la gestion de la dette publique. Les établissements financiers pour leur part se caractérisent par une activité orientée essentiellement vers le crédit-bail mobilier et immobilier. Le secteur bancaire ivoirien est assez concentré, puisque les quatre principaux établissements représentent les trois quarts du total des bilans de la place. Les établissements de crédit de la Côte d'Ivoire représentent 32 % du poids de l'ensemble des bilans bancaires de l'UEMOA, soit une part sensiblement inférieur à celle du PIB ivoirien dans l'économie sous régionale (rapport de la zone franc, 2003).

II-1-2-2- Les mesures de libéralisation financière (voir annexe 2)

Face à la crise financière et bancaire que traversaient les pays de l'Union Economique et Monétaire Ouest Africain (UEMOA), les autorités de l'union ont opté pour une politique de libéralisation financière (au sens de Mc Kinnon et Shaw) à la fin des années 80.

En Côte d'Ivoire, comme d'ailleurs dans toute l'UEMOA , la libéralisation financière a été amorcée en 1989 avec la nouvelle politique de la monnaie et du crédit, et affirmée avec les reformes de 93. La BCEAO (Banque Centrale des Etats de L'Afrique de l'Ouest) a significativement modifié sa politique de taux d'intérêt d'abord avec le remplacement du taux d'escompte préférentiel et du taux d'escompte normal par un taux d'escompte unique (1989) et ensuite la mise en place du taux de prise en pension (un taux intermédiaire entre le taux du marché monétaire et le taux d'escompte, 1993). Par ailleurs le fonctionnement du marché monétaire de l'union a été adapté avec la création d'un marché interbancaire, d'un guichet d'appel d'offres et la fusion des trois compartiments en un seul guichet hebdomadaire (1993). Du point de vue des taux d'intérêt débiteurs ils ont été totalement libéralisés,suite à la suppression des niveaux planchers en 1989 et des niveaux plafonds en 1993, même s'il existe un taux d'usure que les banques sont tenues de ne pas dépasser. En outre, à l'exception de la rémunération minimale pour placement privés de moins d'un an et inférieurs à 5 000 000 de f CFA et le taux fixe pour les placements contractuels, toutes les autres conditions créditrices ont été libéralisées en 1993.Il est tout aussi intéressant de noter que les programmes sectoriels de crédit ont été supprimés en 1989 et l'encadrement du crédit a été remplacé en 1993 par la constitution de réserve obligatoires en règle générale non rémunérées.

II-1-2-3- La crise socio-politique et le système bancaire ivoirien

II-1-2-3-1- Un aperçu du système bancaire avant le 19 septembre 2002

Dans cette sous-section, nous analyserons d'une part l'évolution de l'intermédiation bancaire et d'autre part l'évolution de la marge bancaire sur la période de 1990 à 1999.

En effet, la libéralisation financière a été amorcée à partir de 1989, ce qui a permis la hausse des dépôts bancaires de 7,55 % en moyenne. De façon spécifique le taux de croissance des dépôts à vue a été plus important que ceux des dépôts à terme. Quant au financement bancaire, on assiste durant cette période à une hausse du taux des crédits de long et moyen terme relativement à celui de court terme. De -1,22% avant la période, il est passé à 3,32 %.

L'évolution de la marge bancaire durant la période de 1990 à 1999, prend en compte les différentes caractéristiques principales de sa composition. Il faut préciser entre autre que grâce au processus de libéralisation financière, la majorité des banques du système ont vu la hausse de leur marge d'intermédiation.

En effet, il apparaît que les produits des créances bancaires sont relativement supérieurs aux charges des dépôts effectués par la clientèle. En moyenne, le produit des créances bancaires s'est fixé à 130,2 milliards de FCFA contre 24,3 milliards de FCFA  pour les charges sur prestations de services. (Voir tableau 1).

Tableau 1 : Les composantes des différentes mesures de la marge d'intermédiation des

banques et établissements financiers (1990-1999)

 

Taux de croissance

Moyenne simple en milliard de FCFA

Produits des créances sur la clientèle

2,5

130,2

Créances sur la clientèle

2,7

1317,5

Charges des dépôts de la clientèle

-1,0

34,7

Dépôts de la clientèle

7,6

1001,7

Produits sur prestations de services

1,7

18,4

Charges sur prestations de services

24,3

1,6

Actif (bilan)

1,9

1898,4

 

Source : Rapport annuel de la commission bancaire, Note d'Information Statistique de la BCEAO

La marge d'intermédiation bancaire se subdivise en deux éléments. D'une part la marge nette d'intermédiation bancaire et d'autre part, la marge nette d'intermédiation élargie. Durant cette période le taux de croissance annuel de la marge nette d'intermédiation a été de 3,44%. (Voir tableau 2)

Tableau 2 : Marges d'intermédiation bancaire dans l'UEMOA, de 1990- 1999

 

Taux de croissance

Moyenne simple en pourcentage

Marge nette d'intermédiation

3,44

6,04

Marge nette d'intermédiation élargie

2,75

7,31

 

Source : Rapport annuel de la commission bancaire, Note d'Information Statistique de la BCEAO.

II-1-2-3-2- L'impact de la crise socio-politique sur le système bancaire

La crise socio-politique, il faut le rappeler a un impact extrêmement négatif sur le système bancaire ivoirien. En effet depuis 2002, date du déclenchement total et ouverte de la crise, la croissance des crédits à la clientèle a été interrompue et a reculé de 10 %. Le recul des concours à l'économie a touché aussi bien les crédits à court terme (71 % des encours de crédits) que les crédits à moyen et long terme. Cette tendance résulte du recul de la demande globale de crédit et de la fermeture des agences bancaires situées dans la zone de conflit. Les crédits de campagne ont connu également une forte baisse (-150 %). La qualité des risques a continué de se dégrader. Les créances en souffrance brutes se sont en effet alourdies(+ 20 %) et leur taux , rapporté à l'ensemble du porte feuille de clientèle, net de provisions, a continué de progresser (10% fin 2003, contre 3,1% fin 2000).

L'alourdissement des provisions pour risque et la baisse des produits sur opérations de clientèle, a fait reculé le résultat net de l'ensemble du système bancaire ivoirien. Avec un bénéfice net de 8,9 milliards de frs. CFA en 2002, elle affiche en 2003 un bénéfice net de 6,7 milliards de frs CFA. Dans un contexte général de dégradation de la qualité des risques, l'instabilité et l'insécurité grandissante, les établissements bancaires ont accéléré la restructuration du tissu bancaire ivoirien. L'implantation des agences a été revue, même dans les zones épargnées par le conflit, réduction des effectifs...La SGBCI et la BICICI ont ainsi fermé environ un tiers de leurs agences et réduit leurs effectifs dans des proportions comparables (rapport de la zone franc, 2003).

II-2- Politique de mobilisation de l'épargne financière et de financement

bancaire de la Côte d'Ivoire

II-2-1- La politique de mobilisation de l'épargne financière

La politique de mobilisation de l'épargne financière s'est basée essentiellement sur la politique de prix des matières premières agricoles, la politique de revenu d'une part et d'autre part sur le mode de fonctionnement du système financier.

II-2-1-1- La politique de prix et la politique de revenu

En effet, le monopole autrefois détenu par la caisse de stabilisation des prix des produits agricoles a permis à l'Etat de Côte d'Ivoire de mobiliser des ressources financières excédentaires, générées par cette structure. L'agriculture étant la source principale du revenu national, les autorités ivoiriennes ont observé étroitement l'évolution du prix des produits agricoles. D'une amélioration des cours, se dégage une ponction sur la valeur ajoutée qui constitue pour l'Etat une épargne financière.

La politique de revenu élaborée par la Côte d'Ivoire favorise la constitution d'une épargne obligatoire des ménages. Ces derniers se doivent d'épargner des ressources financières dans le cadre du système de protection sociale (retraite, assurances ...). L'excédent de ces ressources a servi à la constitution d'épargne par les autorités. De telles politiques ont été conduites à cause de la faiblesse de l'épargne intérieure. Les taux d'intérêt débiteurs et créditeurs étant faible, incitent les ménages à écarter toute réalisation d'épargne financière.

II-2-1-2- Le mode de fonctionnement du système financier ivoirien

Le système financier ivoirien comme d'ailleurs, la majorité des systèmes financiers des PVD, est caractérisé par le dualisme.

En présence du système financier formel, il faut noter le développement du système financier informel. L'Etat de Côte d'Ivoire, pour mobiliser les ressources financières, a institué la modernisation et le développement de ce secteur. Dès lors, l'on a assisté à la création des structures de microfinance. Ces structures reparties sur l'ensemble du territoire permettent aux ménages relativement pauvres de constituer une épargne financière.

En effet, les coopératives d'épargnes et de crédit, et les caisses rurales d'épargne constituent l'essentiel de ces structures décentralisées. Ce circuit financier s'est développé à partir de 1976. Les COOPEC sont localisées dans les villes comme le sont les banques alors que les CREP sont localisées dans le monde rural. Ce réseau a connu trois grandes phases dans son évolution :

- une phase de croissance (1976-1985) avec la création de 75 caisses ;

- une phase de stagnation (1985-1993) caractérisé par un assainissement dans la distribution du crédit ;

- et une phase de forte croissance à partir de 1994.

II-2-2-La politique de financement bancaire

Cette politique, depuis 1962, a évolué sur deux périodes. Celle qui a été conduite de 1962 à 1989 et celle de la mise en application de la reforme de la politique financière dans l'UEMOA depuis 1989.

II-2-2-1- La politique de financement bancaire de 1962 à 1989

Sur la première période la politique de réescompte et la politique sélective de crédit furent les instruments de contrôle qualitatif de crédit. En effet, par le réescompte les banques empruntent directement de la liquidité  auprès de la banque centrale par le biais des titres privés qu'elles disposent en porte-feuille. Cet emprunt est assorti par un taux d'intérêt appelé taux de réescompte. Ce taux qui est à la fois le taux de refinancement et le taux directeur du crédit, protège et garanti les banques contre les fluctuations de la valeur de leurs titres et leurs assure un profit connu d'avance. Par le contrôle de ce taux, la BCEAO dirige la politique de refinancement monétaire des banques de second rang.

Après une décennie de fonctionnement, il est apparu que cet instrument en vigueur depuis 1962, ne pouvait plus assurer le contrôle qualitatif du crédit. En fait, la conjugaison du maintient des taux d'intérêt bas et des mutations du système monétaire international du début des années 70 ont conduit à une profonde adaptation des instruments de politique monétaire et des règles d'intervention de la banque centrale.

Dès lors, en remplacement de la politique de réescompte, il sera institué à partir de 1975, la politique sélective de crédit. Elle a pour caractéristique principale, l'obligation des banques et des établissements financiers à respecter les coefficients maxima ou les quotas dans la répartition du crédit aux différents secteurs d'activité de l'économie. L'objectif principal est d'éviter que certains secteurs ne trouvent pas de financement nécessaire à leur développement alors que d'autres non prioritaires, disposent d'encours trop abondants alors qu'ils ne présentent pas une solvabilité plus assurée. L'objectif est donc pour les autorités ivoiriennes de développer de façon significative le tissu industriel ivoirien.

II-2-2-2- La reforme de la politique de financement bancaire

Sur la seconde période, notamment de 1989 à nos jours, la politique de financement est celle de la reforme, initiée par les autorités de la BCEAO. La mise en oeuvre de cette politique s'est faite de manière graduelle. Tout d'abord d'Octobre 89 à Septembre 93, puis de Septembre 93 à nos jours.

En effet, d'octobre 89 à Septembre 93, les autorités monétaires de l'UEMOA cherchent à assurer un meilleur contrôle de la liquidité et la mobilisation des dépôts à terme. En outre, la surveillance de la qualité du crédit devient une préoccupation majeure. Il sera donc mis en place à partir de 1990, la commission bancaire de l'UEMOA, chargée de contrôler le système bancaire. L'objectif des autorités sera donc d'abandonner la politique dirigiste de financement et surtout d'accorder la liberté aux banques en matière d'octroi de crédits.

A partir de 1993, les autorités de la BCEAO, vont adopter un nouveau dispositif de gestion monétaire et plus particulièrement du crédit. La politique va dès lors se focaliser essentiellement sur l'utilisation des instruments tels que le système de réserves obligatoires, le marché monétaire, la titrisation des encours consolidés, et de nouvelles dispositions pour le financement de la campagne agricole.

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand