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Réfugiés Hmong à  Montreuil-Bellay (Maine-et-Loire) - rapports aux lieux et diaspora

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par Pilippe MICHEL-COURTY
Université de POITIERS - Migrinter - Master 2 2007
  

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v Espaces masculins ouverts / espaces féminins fermés

Que ce soit une maison ou un appartement, le logement d'une famille hmong est un lieu bruyant, animé, traversé par les enfants, les « cousins »... Très souvent la télévision fonctionne sans qu'on y prête une attention véritable. Chacun entre et sort selon ses envies ou ses besoins. Pourtant dans cet espace domestique, sous un désordre apparent, on peut percevoir une « organisation » que nous allons présenter. Que révèle-t-elle sur le fonctionnement de la cellule familiale ?

Le visiteur est toujours accueilli dans la salle de séjour, espace ouvert indispensable aux lois de l'hospitalité lao, qui a fait l'objet de soins tout particuliers. On y trouve toujours le même type de mobilier : le « living », dans lequel sont encastrés le poste de télévision et le matériel hi-fi, occupe un pan de mur, plusieurs canapés juxtaposés, la table et les chaises. Aux murs, sont affichées de nombreuses photos qui se veulent à la fois « officielles » - le(s) couple(s) et les enfants en costume traditionnel - et plus intimes - les enfants, les jeunes couples, les petits-enfants... A chaque fois les sujets photographiés ont posé. Rares toutefois sont les photos venues du Laos, ce qui s'explique aisément compte tenu des conditions du départ. Pourtant Ka-Gé TCHA a un petit album de photos jaunies prises dans le camp de Ban Nam Yao. Par contre, lors des voyages effectués par la suite en Thaïlande (voir partie IV), les hommes ont fait de nombreuses photos et plus souvent des films et des cassettes vidéo qu'ils montrent fièrement à l'occasion. Çà et là, dans la salle de séjour, figurent des objets traditionnels : des instruments de musique parmi lesquels le khen - l'orgue à bouche -, des pendeloques brodées de motifs géométriques complétées de grappes de perles de couleurs vives enfilées... Dans cet environnement somme toute banal, ce sont les rares objets, bien modestes en apparence, qui traduisent l'attachement sentimental avec le pays d'origine.

La salle de séjour est le lieu de la convivialité communautaire où se regroupe la famille lors des fêtes ou des rassemblements de fin de semaine. Mais c'est avant tout un espace masculin, celui du père de famille et des hommes, jeunes ou adultes qui s'installent pour de longues conversations souvent ponctuées d'anecdotes qui déclenchent les rires. Il est d'autant plus masculinisé, comme dans le cas de Ka-Gé TCHA qui a investi un coin de la pièce pour en faire son atelier de couture avec la piqueuse plate professionnelle et au sol les stocks de torchons ou de tablier à ourler... Dans ce cas, les espaces de résidence, de travail et d'échanges se confondent, même lorsque « dans le détail une savante organisation des lieux réserve des emplacements propres à chaque fonction » (FREMONT, 1999 : 162).

Photo n°6 : Espace professionnel au domicile

A l'inverse, la cuisine est le lieu féminin par excellence, comme le souligne Teng CHIENG :

Et chez nous, chez les Hmong, les femmes elles veulent pas discuter dans la salle de séjour, elles veulent discuter dans la cuisine... C'est pour ça qu'il faut faire la cuisine plus grande que la salle de séjour... C'est compliqué pour vous les Français... Elles préfèrent rester dans la cuisine... Je sais pas, les femmes des Hmong elles aiment comme ça... elles viennent dans la salle de séjour à la fin manger, elles font rien du tout, elles s'assoient pour voir la télé...

Le discours révèle avant tout une vision masculine de l'activité féminine, avec la dénonciation implicite du goût féminin pour le bavardage, et de la structure de l'espace domestique avec une « distribution très stricte des activités imparties à chacun des deux sexes, de leur lieu, leur moment, leurs instruments... L'ordre social fonctionne comme une immense machine symbolique tendant à ratifier la domination masculine sur laquelle il est fondé » (BOURDIEU, 2002 : 23). Mais cette déclaration de Teng CHIENG exprime également un « nous » identitaire opposé à un « vous ». Est-ce alors l'exclusion des dominants qui les a amenés à se constituer en un groupe particulier, un « nous » accentuant la communautarisation, et trouvant dans le répertoire culturel certains traits qui les spécifient ?

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"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci