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Réfugiés Hmong à  Montreuil-Bellay (Maine-et-Loire) - rapports aux lieux et diaspora

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par Pilippe MICHEL-COURTY
Université de POITIERS - Migrinter - Master 2 2007
  

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Intégration

L'accueil des populations immigrées fait depuis longtemps en France l'objet de politiques et de théories spécifiques.

L'assimilation fut longtemps une doctrine de la politique coloniale française que le législateur, dans l'ordonnance du 19 octobre 1945, concevait comme étant une manière de « se distinguer aussi peu des nationaux par le langage, la manière de vivre, l'état d'esprit, le comportement à l'égard des institutions françaises ». Le sujet assimilé est ainsi condamné à changer ou périr (GERARD, STOETZEL, 1953). Avec la décolonisation et les nouvelles donnes imposées par l'accroissement des flux migratoires internationaux, cette doctrine fut abandonnée, et au lieu de parler d'assimilation on préféra le terme intégration ainsi défini, en 1991, par le Haut Comité à l'Intégration comme étant « un processus spécifique [par lequel] il s'agit de susciter la participation active à la société nationale d'éléments variés et différents , tout en acceptant la subsistance de spécificités culturelles, sociales et morales et en tenant pour vrai que l'ensemble s'enrichit de cette variété, de cette complexité ». Nous serons ainsi amené à poser la problématique de l'intégration dans le cadre des diasporas.

Contrairement aux migrations de travail d'individus seuls dont le projet migratoire inclut théoriquement le retour définitif au pays natal et qui, par conséquent, limitent au strict minimum leur implication dans la société « de travail », les diasporas concernent des groupes ethniques familiaux transplantés dans des Etats et des sociétés qu'ils n'ont pas toujours choisis. Dans la mesure où le retour au pays d'origine n'est qu'un rêve, « à l'étranger domicilié se pose le problème de la greffe ou de l'insertion dans une nouvelle `patrie'... De par sa lignée l'individu appartient à un ailleurs dont il peut garder la nostalgie, même s'il ne caresse plus l'idée de la revoir » (MORINEAU, 1993). Le repli communautaire semble peu conciliable dans la société française qui reste attachée à une conception élective de la nation reposant sur « le désir clairement exprimé de continuer la vie commune » (RENAN, 1882).

Dans le cadre d'une immigration que l'on peut considérer comme définitive, on a affaire à la rencontre de deux populations socialisées chacune dans sa culture. P. BERGER et T. LUCKMAN distinguent deux formes de socialisation : la socialisation primaire qui est « la première socialisation que l'individu subit dans son enfance, et grâce à laquelle il devient un membre de la société » et la socialisation secondaire qui consiste en « tout processus postérieur qui permet d'incorporer un individu déjà socialisé dans des nouveaux secteurs du monde objectif de la société »20(*). Même si, pour celui qui arrive, les relations avec la population locale peuvent se réduire au contact public obligé, il est nécessaire de trouver un dénominateur commun qui leur serve de lieu et d'occasion de communication pacifique. L'élément indispensable est alors l'acquisition de la langue du pays d'accueil qui peut être considérée comme la première étape de socialisation secondaire et en cela de re-socialisation.

Socialisation, cohabitation, insertion, assimilation sont autant de termes utilisés pour désigner différents modes d'adaptation de l'individu dans la société, qui pourraient correspondre aux étapes progressives de son intégration (KHELLIL, 1997). Pourtant, dans le cas des diasporas, comment concilier liens et solidarité communautaires et intégration individuelle ? Si cette dernière consiste en une re-socialisation de l'individu aux normes et valeurs essentielles de la société d'installation qui exerce un pouvoir dominant, elle implique l'abandon de tout ou partie de sa culture, « la perte du cadre culturel intérieur » (NATHAN, 1988 : 183), qui correspondra à une acculturation. L'observation des comportements matrimoniaux des enfants nés pour la plupart en France peut illustrer cette forme de « déchirure » : si les mariages endogames contribuent au maintien de la famille dans sa cohésion traditionnelle, le choix de l'union libre ou du mariage « mixte » indique une certaine désintégration du « noyau dur » culturel. L'intégration par l'acquisition de nouveaux modes comportementaux empruntés à la société d'installation ne risque-t-elle pas de mettre en péril le fonctionnement même de la diaspora ?

* 20 BERGER, P., LUCKMAN, T., 1994. La construction de la réalité. Méridiens- Klincksieck

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus