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Typologie des systèmes d'élevage laitier au Maroc en vue d'une analyse de leurs performances

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par Mohamed Taher Sraà¯ri
Faculté universitaire des Sciences agronomiques de Gembloux, Belgique - Doctorat en Sciences agronomiques et Ingénierie biologique 2004
  

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IV-3-3 Situation générale des exploitations et de leurs moyens de production

Deux des sept étables sont détenues par des agriculteurs n'exerçant pas d'autres activités. Les cinq restantes sont gérées par des salariés du secteur privé (médecin, ingénieur) ou par des fonctionnaires de l'Etat. Ceci confirme les observations de travaux antérieurs en relation avec l'élevage suburbain où les citadins investissent le plus souvent le champ de la production agricole en mobilisant une part de leurs revenus afin de générer davantage de richesses [CENTRÈS, 1996 ; MOUSTIER et PAGÈS, 1997].

La superficie moyenne par ferme était de 186 286 ha, caractérisée par une ample variation de 3 à 386 ha. Deux fermes représentaient plus de 90 % de la superficie totale et détenaient près de 36 % des vaches (Tableau 36).

Tableau 36. Paramètres structurels des fermes suburbaines étudiées.

 

Minimum

Moyenne #177; écart type

Maximum

 
 
 
 

Superficie arable (ha)

3

186 #177; 101

386

Superficies fourragères (ha)

5

23,4 #177; 24,7

75

Effectif en vaches

16

31,4 #177; 18,6

67

Chargement (ha de fourrage/vache)

0,16

0,38 #177; 0,69

0,83

Après plus de 10 années de sécheresse relative, les potentialités d'irrigation étaient sérieusement diminuées et ceci a affecté la disponibilité en fourrages. Par conséquent, les fourrages correspondaient principalement à des cultures pluviales telle que la triticale ou l'orge, l'avoine et le mélange avoine-vesce à l'automne et en hiver. Trois exploitations avec des investissements coûteux dans les moyens d'irrigation (motopompe et système d'aspersion) pratiquaient en plus des cultures fourragères estivales tels le maïs et le sorgho pour disposer de verdure aux moments de soudure. Ces fourrages sont le plus souvent ensilés. De manière générale, le chargement animal était très élevé, puisqu'il n'y avait que 0,38 ha de fourrages par vache. Au niveau de l'étable étatique (SODEA), ce paramètre affichait une valeur minimale de 0,16 (6,5 vaches à l'ha de fourrages), révélant que l'assise foncière de cette ferme est en priorité dévolue à des cultures de rente et non pas aux fourrages, tel que ça a été observé dans d'autres études vouées à ces mêmes étables [SRAÏRI et KESSAB, 1998].

IV-3-4 Alimentation, production laitière et reproduction du cheptel bovin des fermes suburbaines

Face aux contraintes climatiques et à l'exiguïté des parcelles (même quand le terrain est disponible les agriculteurs déclarent le réserver en priorité à des cultures de rente plutôt qu'aux fourrages), le bilan fourrager des vaches repose en grande partie sur les achats de concentrés. C'est ce qui ressort de manière claire du tableau 37.

Tableau 37. Paramètres d'alimentation des vaches dans les fermes suburbaines étudiées.

Paramètre

Minimum

Moyenne #177; écart type

Maximum

 
 
 
 

UFL cc/v/an

1 367

2 924 #177; 1 237

4 834

UFL cc/kg lait

0,48

0,63 #177; 0,25

1,29

Ratio Fourrages / Concentrés (%)

12

25 #177; 11

41

La quantité moyenne d'énergie issue des concentres par vache était de 2 924 #177; 1 237 UFL, avec une variation très intense entre étables avec des modes d'élevage extensif (1 367 UFL dans l'étable n°5) et étables spécialisées en lait avec recours systématiques aux concentrés (4 834 UFL dans l'étable étatique de la SODEA). Cette tendance se retrouve aussi dans l'efficience de conversion des concentrés en lait qui a affiché une très large variabilité. Ainsi, une valeur moyenne de 0,63 UFL issues des concentrés par kg de lait a été trouvée. Elle variait de 0,48 à 1,29 UFL respectivement dans les étables n° 6 et 5. Ces chiffres montrent que l'usage des concentres alimentaires était associé à la satisfaction des besoins énergétiques d'entretien des troupeaux, du moment que les consommations en énergie issue des concentrés dépassent le besoin unitaire de production d'un litre de lait (0,43 UFL) lorsque les fourrages assurent l'entretien [INRA, 1988]. Ces données démontrent de manière très claire la rareté des fourrages et aussi l'ampleur des erreurs de rationnement, sachant que dans six des sept étables, les fermiers n'avaient pas recours à une confection de rations équilibrées. En fait les carences minérales et encore plus protéiques ne peuvent qu'altérer l'efficience de conversion de l'énergie des concentrés en lait comme le souligne WOLTER [1995].

Par conséquent, les fourrages ne représentaient que 25 % de la valeur de l'énergie issue des aliments concentrés. Dans quatre des sept fermes, la gamme de concentrés utilisés était très étroite : orge grain, pulpe sèche de betterave (PSB) et son de blé. L'association « galactogène », qui pourrait être qualifiée de miracle selon le jargon des éleveurs, entre la PSB et le son de blé provient de l'énergie hautement digestible des fibres de la PSB conjuguée aux matières azotées totales du son de blé. Elle ne peut qu'avoir un effet bénéfique pour rehausser la valeur d'un fourrage pauvre et même d'une paille, que d'ailleurs beaucoup d'éleveurs considèrent comme un fourrage. Mais la synergie issue de cette association alimentaire, certes efficace pour des vaches rustiques faiblement laitières, telles que les croisées et les locales, montre des limites évidentes lorsqu'il s'agit de nourrir des bovins à très fort potentiel laitier : insuffisance quantitative azotée, déséquilibre en acides aminés limitant et risques d'acidose [SRAÏRI et FAYE, 2004]. De plus, la propagation généralisée de cette ration modèle « son de blé + PSB » en constitue paradoxalement le facteur limitant principal, tant ces matières premières connaissent des fluctuations de prix au moindre soubresaut du marché (renchérissement poussé en début de sécheresse, dépréciation importante après des pluies, dès que le disponible herbager peut dispenser d'acheter de coûteux aliments, de surcroît pour des éleveurs aux moyens de trésorerie limités)

La ferme étatique de la SODEA et deux autres fermes avaient accès à d'autres types de concentrés, telles les pulpes d'agrumes déshydratées, les tourteaux de soja et de tournesol et de la luzerne déshydratée importée ; cette dernière assumant un rôle de fibres additionnelles hautement digestibles pour les vaches laitières.

La reproduction des vaches laitières était exclusivement assurée par l'insémination artificielle. En fait, l'intervalle moyen entre vêlages était de 399,1 #177; 10,6 jours (Tableau 38). Cette valeur était proche des recommandations pour une rentabilité optimale sur les fermes laitières [NEBEL et MC GILLIARD, 1993]. Elle est aussi sensiblement similaire aux 397,6 jours d'intervalle entre vêlage trouvés par BENAICH et al. [1999] dans des élevages laitiers de la même région sous la coupe des mêmes inséminateurs. Ceci illustre la réussite des interventions des inséminateurs, et aussi des détections de chaleur. Ces résultats peuvent être expliqués par les conditions favorables qu'offre l'environnement périurbain pour la pratique de l'IA : facilités de communications grâce aux téléphones portables, bonne infrastructure routière et distances courtes entre exploitations. Ce genre de causes est à l'origine de circuits d'IA performants, selon BASTIAENSEN [1997]. En revanche, l'âge moyen au premier vêlage était en retard par rapport aux recommandations, puisqu'il atteignait 917 jours, soit environ 30 mois. Ceci renseigne sur des vitesses de croissance des génisses inadaptées et illustre une tendance très fréquente dans les fermes laitières des pays en voie de développement : une maturité sexuelle retardée des génisses Holstein due à une ingestion d'énergie insuffisante au cours de la croissance [DE JONG, 1996; HEINRICHS et HARGROVE, 1987]. Il faut d'ailleurs mentionner à cet égard que les veaux en croissance, étant le plus souvent refoulés à un rôle de compétiteur vis-à-vis des vaches, ils se trouvent relégués à consommer les refus et à faire les frais des périodes de disette, avec ce que ça sous-entend de retards de croissance, et même de mortalité. Les jeunes femelles sont sûrement celles qui paient les tributs les plus élevés à ces limitations, et il n'est pas rare de remarquer que des élevages laitiers de taille imposante ne disposent d'aucune stratégie pour le renouvellement, quand ils n'ont pas vendu toutes leurs génisses. Quant à parler des spécificités des pratiques destinées aux jeunes femelles pour les préparer à une longévité maximale et amortir par conséquent le coût de revient de leur élevage est utopique, tant les jeunes veaux femelles et les génisses sont considérées comme un « mal » encombrant [SRAÏRI et FAYE, 2004].

Le rendement moyen en lait par vache était de 4 179 #177; 1 943 kg. Il a varié de 1 036 à 5 994 kg. Les valeurs maximale et encore plus moyenne montrent que le potentiel laitier de la race Holstein n'est pas atteint. Ceci peut être expliqué par les limitations d'ordre environnemental, notamment au niveau de l'alimentation des vaches. Des rations riches en concentrés et rarement équilibrées, avec une part ridicule de fourrages de qualité, ont en effet été observées tout le long du suivi d'élevage et dans la majorité des étables.

Tableau 38. Caractéristiques de la reproduction et rendement laitier par vache des fermes suburbaines

Paramètre

Minimum

Moyenne #177; écart type

Maximum

Intervalle entre vêlage (jours)

384

399,1 #177; 10.6

415

Age au premier vêlage (jours)

880

917,2 #177; 25,7

944

Rendement laitier par vache (kg)

1 036

4 179 #177; 1943

5 994

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