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Organisation de marchés émergents: efficience et risque de sélection adverse

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par Donatien AVELE
Université Montesquieu Bordeaux IV - France - DEA Sciences de gestion 2004
  

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Section 1. L'accès au financement des entreprises Africaines.

Dans cette section, nous étudions les modes de financement des PVD (1) à travers les fondements des deux modes de financement (1.2), la transition vers le système financier (1.2). Ensuite nous examinons les moyens de financement des entreprises Africaines (2) : le financement interne (2.1) et le financement externe (2.2).

1. Les modes de financement des P.V.D

Les concepts d'économie d'endettement et d'économie de marché financier connaissent, en réalité, une distinction purement conceptuelle, c'est-àdire qu'aucune économie réelle ne peut satisfaire pleinement aux conditions de l'un ou de l'autre. Il n'en demeure pas moins qu'il est généralement considéré

que les Etats-Unis et la Grande Bretagne se rapprochent du système de l'économie de marché financier qui se fonde sur les mécanismes de la finance directe. Par ailleurs, le mode de financement qui domine le tiers monde avant la crise de la dette se rapproche plutôt du système d'endettement, mais depuis c'est vers le système de régulation par le marché qu'ils se sont acheminés.

1.1. Les fondements des deux modes de financement.

Une économie d'endettement est une économie dans laquelle les agents économiques à excédent de financement, généralement les ménages, financent les déficits des agents à besoin de financement (les entreprises et l'Etat). La caractéristique de ce système réside dans la prédominance de la finance indirecte c'est-à-dire le recours massif des agents à besoin de financement13, « les entreprises », aux organismes de crédits plutôt qu'au financement par l'intermédiaire de l'émission boursière. Compte tenu des besoins en investissements de la sphère productive, c'est la banque centrale qui se trouve contrainte d'alimenter l'économie en moyens de financement. Dans un tel système, les taux d'intérêts sont des taux administrés et non des taux d'équilibre reflétant l'état du marché. Ils sont utilisés par la banque centrale pour accroître la quantité de crédit.

Quant aux caractéristiques du système d'économie de marché financier, la prédominance de la finance directe reste la base de tous ses mécanismes. Les entreprises s'approvisionnent prioritairement sur le marché financier lorsqu'elles ont un besoin de financement. Elles procèdent à l'émission de valeurs mobilières qu'achètent les ménages qui détiennent ainsi leur épargne sous forme de titres, et ne s'adressent aux institutions d'octroi de crédits que subsidiairement. L'Etat émet des obligations ou des bons de trésor pour satisfaire ses besoins de financement. Le marché monétaire est dans ce cas le lieu de rencontre de l'offre et de la demande de la liquidité de la part des banques, marchés sur lequel peut intervenir la banque centrale pour agir sur cette liquidité conformément aux besoins de l'économie. Les taux d'intérêts s'établissent en fonction de l'état du marché en reflétant la disponibilité ou la

13 Dans une économie d'endettement, les agents à capacité de financement, quant à eux préfèrent les placements dans les banques aux titres émis sur les marchés financiers.

pénurie de ressources que connaît l'économie concernée compte tenu de ses besoins d'investissements.

1.2. La transition vers le système de marché financier.

Dans de nombreux pays en développement, le mode de financement des économies a été essentiellement basé sur l'intermédiation bancaire. L'aggravation de la crise de la dette au début des années 1980 a entraîné la fermeture des marchés internationaux de capitaux envers les emprunteurs de la plupart des pays du tiers-monde. La pénurie qu'a engendré cette crise a entraîné de forts taux d'inflation.

Au moment où la nécessité de lutter contre l'inflation est apparue et que les programmes d'ajustements structurels14 ont commencé à prendre place, la politique monétaire devait chercher à maîtriser la masse monétaire. Or l'encadrement du crédit accompagné d'une politique du taux d'intérêt bas et à la sélectivité administrative a conduit à l'inefficacité de la politique monétaire sur les déséquilibres l'appareil productif.

Cette inefficacité a entraîné le passage à une politique monétaire et financière basée sur la révision progressive à la hausse des taux d'intérêts. Par ailleurs, cette tendance à la hausse du taux d'intérêts était devenue urgente compte tenu des opportunités de placement que proposaient les marchés financiers étrangers. C'est à ce moment là qu'un début d'innovation a commencé à apparaître de la part des trésors publics, des entreprises et des institutions financières. Il en est résulté un développement des innovations financières et l'établissement de marchés où peuvent se former des taux d'intérêts par la rencontre de l'offre et de la demande. Ces taux d'intérêts reflètent parfaitement la structure des carences en, ressources (en fonction des maturités) que connaît une économie nationale dans la globalité.

Le processus d'évolution vers un système d'économie de marché financier s'installe progressivement au fur et à mesure du développement du marché boursier. Ce dernier permet aux entreprises de trouver des fonds

14 A la suite des recommandations du Fonds Monétaire International, des programmes d'ajustements structurels ont été adoptés par la plupart des pays en développement afin de faire face aux problèmes d'endettement issus du recours excessif aux capitaux étrangers durant les années soixante-dix.

nécessaires pour financer leurs investissements à moindres coûts, de même que les ménages trouvent des produits de placements plus diversifiés et plus rentables.

2. Les moyens de financement des entreprises Africaines. 2.1. Le financement interne.

Le financement interne de l'entreprise trouve ses origines dans les ressources exceptionnelles résultant d'opérations sur le capital menées par l'entreprise : cessions d'immobilisations (notamment de constructions ou de terrains), cessions de participations dans des filiales qui n'entrent plus dans la stratégie définie par les dirigeants de la firme. Le financement interne peut tout de même être dégagé par l'activité courante de la firme après que celle-ci ait rémunéré l'ensemble de ses stakeholders (parties prenantes).


· L'autofinancement.

Le financement interne ou autofinancement a une composante normale et exceptionnelle. La composante normale est au sens strict de l'autofinancement ; elle est habituellement constituée par la dotation aux amortissements et le bénéfice net non distribué. Son niveau est fonction des charges qui viennent en réduction de dividendes adoptée par les propriétaires de l'entreprise. La seconde composante du financement interne provient des ressources exceptionnelles résultantes d'opérations affectant le patrimoine : cessions de biens meubles et immeubles ou de participations etc. Il s'agit en fait d'opérations de désinvestissement, par conséquent leurs flux ne peuvent qu'être conjoncturels.

L'autofinancement en général, est la source privilégiée de financement des entreprises [Myers et Majluf, 1984]. La raison généralement avancée est la disponibilité immédiate des ressources, leur usage sans aucune condition restrictive et, surtout pour le dirigeant d'entreprise ou l'obligation de révélation de l'information sur la situation financière de l'entreprise. Toutefois l'autofinancement est non seulement un frein à la mobilité de l'épargne d'un secteur à un autre, mais est rarement suffisant pour couvrir tous les besoins de financement des entreprises [Ginglinger, 1991 et 1997].

Le financement interne dégage d'énormes avantages pour les dirigeants de l'entreprise : disponibilité, flexibilité, absence de contrôle explicite par les pourvoyeurs de capitaux.

Le financement interne ne peut assurer de façon suffisante le financement de la croissance de l'entreprise. Finalement l'entreprise se trouve obligée de se tourner vers le financement externe.

2.2. Le financement externe.

A partir du moment où l'autofinancement n'a pas pu ou n'est pas suffisant pour répondre aux besoins de l'entreprise, le financement externe devient un passage obligé. On peut alors soit faire appel à l'endettement qui est une source dont la durée de vie est strictement limitée et qui ne confère pas aux pourvoyeurs de fonds le droit de regard sur la gestion de l'entreprise soit recourir aux capitaux propres.


· Les banques.

La banque intervient dans le financement des entreprises en offrant des dettes et des services financiers : c'est la fonction d'intermédiation de la banque. Celle-ci est importante pour les pays d'Afrique au Sud du Sahara car il n'existait pas, et cela jusqu'à un passé récent, un marché boursier dans bon nombre de ces pays15. Si bien que, en matière de couverture des besoins de financement de l'économie en général et particulièrement pour les entreprises, le monopole des banques est quasi-total. Pour les Etats il faut souligner les aides, les dettes et les financements spéciaux des projets émanant des banques centrales : la BEAC (banque des Etats de l'Afrique centrale), la BOAD (banque ouest africaine de développement), de la BAD (banque africaine de développement) ; on note aussi ceux émanant de l'étranger tels que la Banque mondiale, du Fonds Monétaire International, du Fonds Européen de développement, de l'Union Européenne etc.

Cependant le monopole des banques n'est pas synonyme de couverture adéquate des besoins de financement de l'économie et particulièrement de ceux des entreprises. En effet dans leur fonction d'intermédiation, les banques

15 A titre d'exemple on peut citer la zone UEMOA (union monétaire et économique ouest africaine) ou encore la zone CEMAC (communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale)

consentent deux types de prêts : à court terme (un an au plus) et à moyen ou long terme. Les particuliers sont éligibles aux prêts de court terme (découverts), et aux prêts de long terme (crédit de trésorerie et de fonctionnement) [Merchez, 1998]. Outre les banques centrales, d'autres institutions du secteur financier participent au financement des entreprises africaines :


· Les banques commerciales.

Les banques commerciales sont les principaux fournisseurs officiels des services financiers au monde des affaires. Elles servent d'intermédiaires financiers en mobilisant les dépôts et l'épargne pour les céder à titre de prêts personnels ou de prêts aux entreprises. Les grandes banques commerciales s'occupent de divers services financiers : non seulement l'épargne, les dépôts, les crédits, mais aussi les transferts de l'étranger et les opérations de change, ainsi que l'assurance, l'acquittement de factures etc.

Les banques commerciales privées, comme toutes les entreprises, sont mues par la recherche du profit. Cela revient en terme bancaire, à maximiser son produit net bancaire, c'est-à-dire le total des intérêts et commissions perçues sur les banques et la clientèle notamment au titre de la rémunération des dépôts. En agissant sur les produits des emplois et sur les coûts des ressources, les banques atteignent leur objectif. En effet agir sur les produits des emploi pour les banques consiste à jouer sur deux vecteurs : augmenter le volume des emplois sur la clientèle saine d'une part et, limiter les risques pour éviter d'avoir ultérieurement à constituer des provisions pour créances douteuses d'autre part. Pour être conforme à ce principe, les banques sélectionnent leur clientèle en tenant compte de leur capacité, de la structure du personnel de la direction du crédit de la banque et des opportunités du marché interbancaire. La capacité de la clientèle est évaluée par son autonomie financière et la capacité de la gestion [Merchez, 1998]. Tandis que l'autonomie financière s'évalue par l'importance des fonds propres par rapport au total du bilan, par rapport également aux immobilisations, mais aussi par l'importance du fonds de roulement16.

16 Le fonds de roulement est le solde qui représente la différence entre les ressources permanentes (capitaux propres et ressources assimilés + dettes et ressources assimilés) et les actifs immobilisés du bilan. La norme est un FR positif, dans ce cas il y a suffisamment de ressources de long terme pour couvrir des emplois de court terme ayant un caractère permanent.

En ce qui concerne le fonds de roulement (FR) requis, il est recommandé par celui du besoin de financement de l'exploitation ou besoin en fonds de roulement (BFR)17. Une insuffisance en FR amène la banque à exiger de l'entrepreneur ou des actionnaires ou associés des rapports complémentaires en fonds propres (augmentation de capital ou en comptes courants associés bloqués), étant entendu que la rentabilité de l'affaire ne fasse pas ressortir des faiblesses rendant l'avenir de l'entreprise préoccupant. Autrement l'entreprise doit présenter en plus une surface acceptable (l'endettement ne doit pas excéder les fonds propres) et, doit être d'une rentabilité jugée satisfaisante en comparaison avec d'autres entreprises concurrentes du même secteur. L'insuffisance du fonds de roulement et l'incapacité des entreprises à augmenter leurs capitaux propres sont les étapes majeures au cours desquelles le dossier de crédit est arrêté. En effet, l'augmentation des fonds propres indispensables pour la plupart des entreprises confrontées à l'absence d'un marché des actions.

Une fois la question du fonds de roulement dépassée, la banque examine la qualité de la gestion par la structure des charge (frais de personnel et frais financiers) et par la réalité du bénéfice (celui-ci doit être généré par l'exploitation courante et non par des facteurs exogènes ou temporaires, tels que les plus values de cessions, gains de changes ou les sous amortissements des immobilisations etc.). La non-satisfaction de ces conditions aboutit à l'exclusion de certains clients, mais paradoxalement la satisfaction des mêmes conditions n'engendre pas l'octroi systématiquement du crédit. En effet, les banques n'ont pas d'obligation de faire du crédit à leurs clients sains si la structure du personnel de leur direction de crédit ne permet pas de supporter une augmentation d'un éventuel volume des concours, surtout lorsque les clients sont de petites affaires ponctuelles. De même les banques refuseront d'octroyer du crédit lorsque les opportunités du marché interbancaire sont plus lucratives.

Cette brève présentation de l'action sur les emplois montre les difficultés qui se présentent aux entreprises désireuses d'obtenir un financement. Toutefois le fait que les banques soient des entreprises ne justifie pas toute la politique de

17 Le BFR est la différence entre les actifs circulants et le passif circulant. Lorsque ce solde est positif on parle de besoin de financement et lorsqu'il est négatif c'est un déficit de financement donc un pool de ressource. La norme est un BFE ou BFR positif.

crédit orientée sur le court terme. En effet l'impact des normes bancaires et des mesures de prudence auxquelles sont soumises les banques commerciales sont des aspects non négligeables de la politique bancaire de financement des entreprises. Par prudence et par souci de respect de la réglementation bancaire, les banques se limitent au crédit de court terme lorsqu'elles ne placent pas leur excédent de trésorerie sur le marché monétaire et rarement dans les participations. Les mesures de prudence tirent leurs raisons d'être dans le fait que l'octroi de crédit par les banques est créateur de monnaie.

En effet le phénomène création monétaire est indissociable du crédit Keynes, [1936]. Prêter de l'agent pour les banques entraînerait une création de monnaie (les dépôts en banque servent d'assise aux crédits qui engendrent la création de monnaie). Par conséquent l'octroi incontrôlé du crédit engendre une création anarchique de monnaie. Il en résulterait des distorsions des déséquilibres économiques, à commencer par l'inflation, qui engendreraient une baisse du pouvoir d'achat de la monnaie à l'intérieur du pays, mais aussi à l'extérieur avec une tendance à la dépréciation de la monnaie nationale par rapport à une monnaie de référence (l'Euro depuis janvier 200218). Afin d'éviter de telles conséquences, l'essor des crédits par les banques est limité par les autorités monétaires. Ainsi les banques Africaines définissent un certain nombre de règles dont : n'octroyer des crédits qu'aux clients jugés solvables ; lier le volume des demandes de crédits de la clientèle à l'évolution de la conjoncture par le biais du respect des seuils minima de ratios de gestion, de fixation de plafonds de progression d'encours (encadrement des crédits), la constitution des réserves obligatoires non rémunérées représentant une certaine proportion des dépôts à vue et à terme et, incitant les banques à arrêter la croissance de leurs ressources clientèle qui sont les assises de crédits nouveaux etc.

A la lumière de cette présentation, une conclusion se dégage : les banques Africaines en général et les banques en Afrique au sud du Sahara en particulier ne peuvent pas être une source de financement appropriée d'où la nécessité de recourir à d'autres sources de financement telles que le crédit interentreprises.

18 La parité est de 1 Euro = 655,956995 FCFA.


· Le crédit interentreprises.

Bien qu'il soit beaucoup plus développé dans les pays du nord, le crédit interentreprises existe aussi dans les entreprises des pays en développement en l'occurrence dans les entreprises Africaines et il serait assez risqué en l'absence de statistiques de faire une estimation de son importance. Néanmoins, on note que pour une entreprise quelconque le crédit interentreprises représente un apport net de ressources si le montant des crédits consentis à ses clients est inférieur à celui accordé par ses fournisseurs.

Dans la relation de crédit interentreprises il ne peut y avoir de crédit s'il n'existe pas de confiance entre les partenaires. Le plus souvent la confiance s'installe lorsqu'il existe une garantie (caution ou intermédiaire financier) capable de palier, à l'échéance, l'incapacité du débiteur. Autrement, comme la date d'échéance de la dette fournisseur est moins une variable aléatoire que celle des créances clients (problèmes de recouvrement), une tierce personne. Il s'agit en général d'un établissement financier ou d'une banque qui apporte ce concours ponctuel de court terme moyennant une rémunération.

Le crédit interentreprises reste alors lié aux concours ponctuels de court terme des établissements financiers ou bancaires qui dans la majorité des cas permettent la bonne fin du crédit.

· Les actionnaires d'origine.

Ils participent au financement de leurs entreprises en apportant des capitaux propres et, occasionnellement des dettes. Toutefois dans nombre de cas les actionnaires d'origine arrivent à couvrir difficilement les besoins de croissance de leurs entreprises. Ils ont soit des moyens extrêmes limités, soit par souci de diversification ils préfèrent ne pas tout investir dans une seule affaire.

· Les établissements de crédit-bail.

Le crédit- bail ou leasing permet de financer par dettes l'acquisition d'immobilisation sans aucune garantie préalable et en fonction des cash-flows générés par ladite immobilisation. La société de leasing reste propriétaire de l'immobilisation pendant l'exploitation jusqu'au remboursement de la dette.

Le crédit-bail est une source de financement qui offre des avantages certains pour les PME qui le plus souvent ont des difficultés à fournir des garanties aux banques pour la demande de crédit à des fins d'acquisition d'immobilisation ou d'investissements. Toutefois, les taux d'intérêts appliqués au crédit-bail restent supérieurs à ce que prélèvent les banques sur les avances de trésorerie et les prêts à court terme. La raison est que le marché des capitaux que doit utiliser les sociétés de crédit-bail pour financer leurs opérations est peu développé, ce qui renchérit par conséquent le coût de leurs ressources [Popiel, 1995]. Néanmoins le crédit-bail malgré son apparition récente et son coût élevé connaît une activité relative par rapport au capital risque.


· Le capital risque.

Le capital risque est un financement temporaire sous forme de capital action ou de prêts, dont la rentabilité est liée aux profits et qui assure un certain contrôle sur la gestion. Les entreprises africaines peuvent disposer de cette possibilité d'apport en capitaux offert par ce genre de sociétés. Le capital risque est encore embryonnaire et son développement est conditionné à un environnement qui favorise l'initiative privée, un régime fiscal qui facilite les opérations de capital risque, un mécanisme approprié pour absorber les pertes, et une « porte de sortie », par exemple une bourse de valeurs mobilières. Ces conditions expliquent en partie pourquoi ce mode de financement demeure non opérationnel. Toutefois, à ces conditions s'ajoutent des freins sociologiques d'une grande importance, tel la non prédisposition du chef d'entreprise à ouvrir le capital de sa société à des particuliers ou des entités qu'il ne connaît pas personnellement [Popiel, 1995].

Le capital social a sa place dans le financement des petites entreprises mais ne peut que combler un « vide » qu'on pourrait appeler déficit de capital social, en vue d'un équilibre adéquat entre la dette et ledit capital social. La plupart des investisseurs en capital-risque n'investiront pas essentiellement dans de petites entreprises pour lesquelles les possibilités de rendement élevé sont relativement limitées, les risques élevés et les possibilités de retrait très difficiles. Dans les pays occidentaux, les gros investissements sont réalisés dans de petites entreprises afin de financer la phase de démarrage, la mise au point de

produits ou l'expansion ou pour préparer une entreprise à une offre publique, généralement, dans les domaines novateurs ou de haute technologie.

Dans le contexte africain, il est difficile de trouver de tels cas, bien que les avantages comparatifs du continent liés à une faible intensité technologique et aux secteurs des services à vocation exportatrice puissent déboucher sur des possibilités de capital-risque. Les agro-industries constituent un domaine qui pourrait également offrir des possibilités.

Il existe une demande et un marché potentiels de capital-risque en afrique. Toutefois, les conditions de l'offre du capital-risque (forte valeur ajoutée et rendement élevés dans un délai relativement court, en échange d'un niveau de risque élevé) ainsi que l'acceptation d'une participation (nécessité de partager la propriété) sont susceptibles de limiter le nombre de bénéficiaires de ces projets dans un avenir proche.


· Les titres de créances négociables (TCN).

Le marché des capitaux offre deux types de financement aux entreprises : des dettes et des capitaux propres. Les dettes sont négociées sur deux différents marchés : le marché monétaire qui est le segment de court terme du marché des capitaux et le marché obligataire le segment de long terme. Ce dernier marché et le marché de capitaux existent bien en Afrique ; à titre d'exemple ces deux marchés sont connus en Afrique de l'ouest depuis 1998 sous l'appellation de Bourse Régionale de Valeurs Mobilières (BRVM). Les obligations sont des titres de créances émises par des collectivités du secteur privé ou public. Elles peuvent être des obligations classiques à taux fixes ou variables ou des obligations à taux révisables.

Le marché obligataire permet de mettre en relation des agents économiques ayant un besoin de financement par dettes à long terme, et des intervenants disposant de liquidités à placer à long terme avec un risque réduit. L'évolution récente du marché obligataire est caractérisée par une croissance des émissions et par une explosion des formes d'emprunts.

Le financement obligataire intervient dès lors que l'autofinancement se révèle insuffisant pour assurer le financement de l'entreprise et donc sa croissance (augmentation de production, rachat d'entreprises). Cette forme de

financement (financement obligataire) s'inscrit bien dans la politique à terme de l'entreprise. L'apport obligataire est loin d'être négligeable pour l'économie en général et particulièrement pour les entreprises. Néanmoins il faut noter la faiblesse du nombre d'émetteurs, toute chose qui permet de dire que le recours aux obligations ne touche qu'une infime minorité d'entreprises.

Le marché monétaire comporte deux compartiments : le marché interbancaire réservé aux professionnels bancaires et, le marché des titres de créances négociables qui propose aux entreprises industrielles et commerciales, des actifs standardisés. Ce compartiment est une alternative de financement pour les entreprises non bancaires. Pour se financer sur le marché monétaire, les entreprises émettent des actifs financiers de court terme qui sont des billets à échéance représentant un droit de créance portant intérêt. Les titres émis sont négociables sur un marché réglementé, d'où l'appellation de titres de créances négociables (TCN).

Les billets de trésorerie constituent un mode de financement nouveau dont l'utilisation s'inscrit dans la gestion de trésorerie des entreprises. Financement non bancaire mettant en relation directe les entreprises soucieuses de se procurer de fonds et celles qui disposent d'excédents à placer ; il s'agit d'un instrument réservé aux grandes sociétés car les tentatives d'ouvrir le marché aux petites entreprises ne semblent pas couronnées de succès. Les billets de trésoreries correspondent à un dépôt à terme négociable constitué par une entreprise au profit d'une autre ; ils ne sont ni des valeurs mobilières ni des effets de commerce.

L'analyse des modes de financement montre leur inadéquation dans la couverture des besoins de financement de long terme des entreprises. En effet, l'autofinancement est par essence limitée et ne saurait couvrir tous les besoins de financement des entreprises. De même les actionnaires ne peuvent pas continuellement couvrir l'ensemble des besoins de leurs entreprises. Du moins, s'ils le peuvent, la prudence les inciterait à se diversifier en investissant dans d'autres projets. La banque, qui constitue le principal mode de financement, n'est pas de nature à prêter facilement aux riches encore moins aux pauvres petites entreprises. Toutefois, lorsqu'elle accepte de prêter, le coût du crédit élevé et son échéance n'excède pas l'an. Le crédit inter entreprises, dont la mise

en oeuvre et la survie impliquent une banque pour la bonne fin des opérations, n'est pas non plus facilité par la nécessité des garanties et le coût élevé du service bancaire. Le financement des entreprises par les établissements financiers spécialisés constitue aussi une part marginale dans la couverture des besoins de long terme. Les établissements de crédit-bail parce qu'ils sont encore récents et l'absence d'un marché boursier a longtemps handicapé le recyclage de l'épargne en Afrique au sud du Sahara.

Enfin le capital risque parce qu'il est embryonnaire et cherche ses marques dans un milieu où les freins sociologiques ne sont pas de nature à faciliter l'admission des personnes à son initiative. Les titres de créances négociables sont également marginaux dans le financement et encore limités à un cercle spécifique d'agents économiques.

Les limites des moyens de financement des entreprises africaines dans la couverture des besoins de moyen et long terme sont évidentes. La finance directe est-elle une solution pour faire face à l'inadéquation de ces modes de financement et surtout de la finance indirecte en raison d'un système bancaire imparfait ?

3. Rôles de la bourse : une lecture par la nouvelle théorie des institutions.

Dans cette sous-section, nous utilisons les rôles de la bourse en général pour montrer comment elle participe à la réduction des coûts de transactions. Les rôles de la bourse que nous utilisons sont ceux du marché financier tel défini par Fabozzi, Modigliani et Ferri [1994]. Ces auteurs intègrent explicitement les notions de coûts de transactions utiles pour notre analyse. Ils définissent trois rôles pour le marché financier : la liquidité des valeurs mobilières et la réduction des coûts de transactions ; la rencontre des offreurs et des demandeurs de titres.

3.1. la liquidité des valeurs mobilières et la réduction des coûts de transactions : coût de recherches et coût de l'information. Ici, nous intégrons la réduction des coûts de transactions et d'information, liés à la mise en relation entre offreurs et demandeurs de titres en l'absence du marché boursier. Il s'agit

des frais liés à la rémunération des capitaux levés et des intermédiaires (coûts explicites) d'une part et, du temps passé à rédiger les contrats, rechercher une contrepartie et évaluer un projet ou l'adéquate utilisation des capitaux élevés, etc. (coûts implicites) d'autre part.

3.2. La rencontre des offreurs et des demandeurs de titres .

La rencontre de l'offre et de la demande renvoie aux fonctions de mobilisation et d'allocation de l'épargne. De ce point de vue, le marché financier favorise l'émission publique des valeurs mobilières pour le financement des investissements. En ce sens, le marché boursier définit un support institutionnel qui fixe les règles régissant l'émission et les transactions (achat/vente) des valeurs mobilières pour l'ensemble des acteurs. En l'absence d'un tel cadre institutionnel pour la rencontre entre l'offre et la demande de titres, il est difficile de mobiliser efficacement l'épargne et de l'allouer dans un investissement.

En effet les coûts de mobilisation et d'allocation de l'épargne sont plus élevés parce que l'activité sous-jacente implique, pour un agent à besoin de financement, d'énormes transactions : la recherche d'information sur les épargnants, les négociations particulières avec chaque épargnant et la rédaction d'autant de contrats qu'il y a de contreparties dans l'hypothèse d'un dénouement heureux pour l'agent à besoin de financement. Par conséquent la mobilisation de l'épargne et son allocation nécessitent la présence d'agents spécialisés comme les banques, les établissements d'épargne ou les bourses.

Car ces intermédiaires étant spécialisés dans cette tâche réalisent les économies d'échelle qui réduisent les coûts de la mobilisation et de l'allocation de l'épargne d'une part ; et les épargnants sont plus sécurisés en renonçant temporairement à leur épargne aux mains de tels intermédiaires, dont ils ne peuvent vérifier la crédibilité et surveiller efficacement l'utilisation de leur épargne.

Le gain des économies d'échelle réalisé par les intermédiaires dans la collecte de l'épargne et la réduction du coût de l'allocation de l'épargne est un important aspect sur lequel il convient de revenir. En effet ces intermédiaires n'ont pas la même politique de rétrocession de l'épargne collectée auprès des

agents à capacité de financement. Les banques et établissement assimilés font uniquement des prêts, tandis que les bourses permettent de lever des capitaux et quasi-capitaux propres et, d'émettre des emprunts. Les coûts des prêts bancaires et des emprunts obligataires, de même que le coût des capitaux propres, sont également différents. Lorsqu'il n'existe que les banques, les rapports de forces dans l'allocation de l'épargne sont en leur faveur. Celles-ci peuvent, dans ce cas, prendre en otage un agent à besoin de suppression de financement en le spoliant des gains de son activité, car la menace de suppression de financement l'incite à obtempérer aux désirs des banques[ Rajan, 1992]. Toutefois, en présence d'un système financier diversifié, la possibilité de diversification des sources de financement pour les agents à besoin de capitaux fait jouer la concurrence, ce qui a pour conséquence la baisse des coûts de financement bancaire [Pagano, Panetta et Zinagles 1998]. La nécessité d'une diversification des sources de financement se présente ainsi comme une nécessité dans la réduction des coûts du capital.

Il est également important de revenir sur la réduction des coûts de vérification pour les épargnants, d'un quelconque agent en quête de capitaux. Il est difficile et coûteux pour un épargnant de collecter et traiter l'information sur plusieurs agents à besoin de capitaux. Par conséquent, pour minimiser les risques, il est préférable pour un épargnant de ne pas investir (il en résulte une allocation sous optimale des ressources). Cependant il est plus aisé pour les intermédiaires spécialisés d'exercer cette fonction parce qu'ils disposent de plus d'expertise et de pouvoir qu'un petit épargnant. Les banques parce qu'elles sont très proches des agents à besoin de capitaux, peuvent facilement assurer ces tâches [Stiglitz, 1985]. Toutefois les banques peuvent abuser de cette position, si bien que des épargnants à besoin de capitaux, pour réaliser de nouveaux projets, vont préférer y renoncer. Il va en résulter un sous investissement et une allocation non optimale des ressources.

En présence d'un marché boursier, la possibilité de tirer profit de l'information privée incite à sa recherche, toute chose qui la rend rapidement publique et favorise une meilleure allocation de l'épargne [Kyle, 1984]. De plus les menaces de prise de contrôle hostile qui pèsent en permanence sur les entreprises cotées et la possibilité d'indexer la rémunération des gestionnaires

au cours de bourse des titres sont des aspects qui contraignent à une bonne gestion de l'entreprise et des capitaux levés [Stein (1988) et Jensen et Murphy (1990)].

Les rôles de la bourse, précédemment étudiées, ont mis en exergue la rencontre des offreurs et des demandeurs des titres, renvoyant aux fonctions de mobilisation et d'allocation de l'épargne. Mais pour savoir si elle a pleinement joué son rôle, il convient d'examiner si le financement par les titres peut se substituer à la finance indirecte en raison d'un système bancaire imparfait.

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"Je voudrais vivre pour étudier, non pas étudier pour vivre"   Francis Bacon