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Organisation de marchés émergents: efficience et risque de sélection adverse

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par Donatien AVELE
Université Montesquieu Bordeaux IV - France - DEA Sciences de gestion 2004
  

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Section 2. La finance directe peut-elle se substituer à la finance indirecte ?

Comme cela a été vu à la section précédente, les banques n'ont pas pu répondre aux attentes des entreprises et donc à leur financement.

Dans cette section nous examinons si le marché boursier peut assurer ce rôle en répondant aux questions suivantes : quel est l'intérêt de la finance directe (1) ? de quelle façon peut-elle se substituer à la finance indirecte en raison d'un système bancaire imparfait ? Cette question est examinée à travers les liens de complémentarité entre la banque et le marché boursier (2) ; nous mettons un accent sur l'ultime stade de développement financier (2.1) et les imperfections sur les marchés financiers (2.2).

1. Intérêt des marchés boursiers émergents.

Tout d'abord, la vraie création de richesse ne se situe pas en Bourse, elle se situe dans les entreprises dans le sens où l'investissement productif est supérieur à l'investissement spéculatif en termes de croissance. Il semble donc important de rappeler que la raison d'être d'un marché boursier est de canaliser l'épargne vers les entreprises en permettant le développement des émissions nouvelles d'actions et d'obligations. Le marché boursier doit également, pour réussir sa mission, attirer l'épargne stable, celle à la recherche d'un placement à moyen et à long terme. Le rôle du marché apparaît très proche de celui des banques. Il s'agit de financer les éventuels investissements et permettre aux économies d'atteindre des niveaux de croissance plus importants.

L'intérêt principal des marchés émergents se situe au niveau de la diversification des portefeuilles mondiaux (ce qui présuppose une facilité d'accès sur le marché pour les investisseurs étrangers) et non au niveau des levées de capitaux pour les entreprises locales. Les placements sur ces marchés ne sont pas uniquement motivés par des considérations de rendement mais également par des objectifs de réduction de risque19. D'autre part, leur développement n'est pas une réponse évolutionnaire aux forces du marché mais plutôt le fait des gouvernements, qui ont joué un rôle actif dans les programmes de privatisations et de libéralisation des mouvements de capitaux.

Par ailleurs, au niveau macroéconomique, les marchés permettent d'attirer l'épargne étrangère et d'aider les pays à devenir indépendants des taux d'intérêts internationaux qui les exposent à une variation du montant du service de la dette quand ils sont élevés.

Dans l'analyse des deux modes de financement possibles - l'un direct et l'autre indirect - la question la plus souvent retenue est de savoir si l'un des systèmes est supérieur à l'autre. Le mode de financement est en effet susceptible d'affecter à la fois le volume et la nature des investissements ainsi que la croissance.

Tout d'abord, la finance par les titres a l'avantage de garantir des liquidités et de contrecarrer la pénurie de capital dans les pays où les prêts bancaires sont limités à certains secteurs où se font des taux d'intérêts élevés. De plus, on associe le marché à une meilleure discipline financière des entreprises, les actionnaires et les groupes financiers ayant un droit de regard et le marché faisant planer la menace de rachat ou de prises de participations.

Néanmoins, le marché décourage les investissements à long terme (souvent plus risqués) car les firmes découragent des rendements financiers à court terme pour satisfaire les actionnaires. En effet, les relations étroites et anciennes entre les entreprises industrielles et les banques sont découragées en présence du marché alors qu'elles permettent d'effectuer des investissements en recherche et développement à plus long terme. L'intermédiation financière a

19 Même en diversifiant considérablement un portefeuille national, il n'est pas possible d'éliminer le risque de marché. L'adjonction de valeurs étrangères, même à plus haut risque, à un portefeuille uniquement national réduit le risque total du portefeuille dès lors que la corrélation entre ces <valeurs et le marché national est faible.

l'avantage de réduire le risque concernant notamment le caractère révocable des engagements.

Si les désavantages de la banque existent, les avantages du marché n'ont pas été prouvés. Mais, il existe deux modes de financement étant souvent présents dans une même économie, la question essentielle est de savoir s'il existe des liens de complémentarité entre la banque et le marché ?

2. Existe- t-il des liens de complémentarité entre la banque et le marché ?

L'analyse des liens existant entre la banque et le marché montre qu'il existe une complémentarité entre la banque et le marché. Autrement dit, la finance directe a du mal à se substituer aux financements bancaires dans le sens où l'efficacité de ces deux types de finance est liée. Le marché boursier d'un pays n'a de chances de se développer que s'il existe des structures bancaires adéquates et propres à soutenir son évolution.

2.1. Ultime stade de développement financier.

Les tenants de la libéralisation financière n'opposent pas le développement bancaire et le développement des marchés financiers.

Les différents indicateurs de développement des marchés boursiers et des intermédiaires bancaires calculés par King et Lévine [1996] sont fortement corrélés. En général, une structure bancaire fragile va de pair avec un marché peu liquide, étroit, volatil et mal intégré à l'échelle internationale. Les auteurs concluent qu'il n'y a pas lieu d'opposer le développement des marchés boursiers à celui du secteur bancaire; les marchés financiers et les banques offrant des services financiers différents, ils stimulent tous deux et indépendamment, la croissance.

Par ailleurs, l'expérience prouve qu'un secteur bancaire raisonnablement efficace est nécessaire au développement des marchés des titres. Tout d'abord, le système bancaire contribue au développement du marché en fournissant du crédit aux participants et favorisant ainsi les échanges de titres et la liquidité du marché.

De plus, les banques ont des acteurs importants sur ces marchés auxquels on associe souvent une fonction régulatrice.

A l'inverse, un faible système bancaire nécessitant une restructuration, une recapitalisation contraint le développement économique et celui du marché. L'effort pour développer des marchés des titres face à une infrastructure bancaire, institutionnelle et réglementaire inadéquate peut entraîner des risques inutiles à la fois sur les échanges de titres et plus généralement sur le système financier tout entier à cause des effets d'entraînement.

Il faut donc en priorité réformer le système bancaire avant de libéraliser les mouvements de capitaux et ouvrir les marchés à la concurrence étrangère. Ce résultat s'oppose à l'analyse de Cho [1986] et de Mac Kinnon [1973] dans ses premiers écrits.

Partant du résultat de Stiglitz et de Weiss [1981]qui met en évidence les défaillances du marché du crédit en situation d'information imparfaite, Cho

[1986] montre que le développement d'un marché boursier est une condition sine qua non pour réduire les problèmes de sélection adverse et de hasard moral et pour assurer une meilleure affectation du capital.

Cependant, Gurley et Shaw [1960] affirment que le marché boursier ne peut se développer qu'au dernier stade de développement du système financier. En effet, il ne peut y avoir de Bourses que si le marché du crédit est totalement libéralisé de façon à ne plus offrir de crédits bancaires préférentiels aux grandes entreprises [Mac Kinnon, 1988]. Ainsi, et contrairement à Cho [1986], le marché boursier est tributaire des réformes financières et du développement du secteur bancaire. De plus, le financement par émission d'actions ne représente qu'une petite part des activités productives. Dans une étude effectuée dans huit pays industrialisés, Mayer (1990) conclut que la part du financement boursier par rapport au financement total des investissements est de moins 5%. Les choses ont certainement beaucoup évolué en une décennie mais il est d'une part très difficile de connaître l'emploi des fonds levés sur les marchés financiers et d'autre part, il semble qu'effectivement, les grandes entreprises cotées en bourse utilisent les fonds de leurs actionnaires à d'autres fins que

l'investissement productif. Pour ce dernier, elles préfèrent s'adresser traditionnellement au secteur bancaire.

En conséquence, il semble que les marchés boursiers ne puissent pas jouer de rôle significatif dans le développement des économies africaines notamment le financement des entreprises africaines.

2.2. Les imperfections sur les marchés financiers.

Cho [1986] fonde la nécessité de créer des marchés boursiers sur l'absence d'imperfections informationnelles. Mais, ce marché ne présente pas moins d'imperfections que le marché bancaire.

Tout d'abord, et nous l'avons dit précédemment, le marché financier favorise le court-termisme à l'instar du système financier anglo-saxon. Amable et Chatelain [1995] affirment que les investissements prêtent davantage d'attention aux profits et aux dividendes de court terme qu'aux rendements de long terme. Ce système financier anglo-saxon contraste avec les systèmes financiers japonais et allemand qui assurent une intermédiation bancaire privilégiant les relations de long terme. Par ailleurs, Stiglitz [1989] montre que l'offre d'actions peut faire l'objet de rationnement. En effet, les nouvelles émissions d'actions entraînent une baisse importante de la Valeur du marché de la firme, de telle manière que peu d'entreprises sont incitées à émettre de nouveaux titres pour augmenter leur stock de capital.

De plus, les dirigeants des entreprises favorisent les intérêts des actionnaires et renoncent à émettre de nouvelles actions. Ils préfèrent recourir à l'endettement lorsqu'ils ont besoin de nouveaux capitaux.

Au total, Stiglitz et Weiss [1981] prouvent que les imperfections sur le marché financier peuvent être plus accentuées que sur le marché du crédit. En effet, il semble que les dirigeants des entreprises financées par actions puissent détourner les profits vers des usages privés plus facilement que les dirigeants d'entreprises financées par dette. Ainsi, l'argument de Cho [1986] ne tient plus. Le marché boursier ne peut pas se substituer à un marché bancaire imparfait.

En fait, le développement du marché financier nécessite le développement du secteur bancaire et n'est pas pour autant exempt d'imperfections. Sa création n'est souhaitable qu'au dernier stade du développement financier, une fois que le secteur bancaire est bien structuré et fonctionne correctement.

Dans le cas de l'Afrique, il apparaît donc inutile pour le moment d'inciter à la création de tels marchés. Les entreprises exclues du financement bancaire seront également exclues du financement par titres. Il serait coûteux et inefficace de forcer les gouvernements à posséder leur propre marché boursier. Les efforts doivent en priorité se tourner vers la réhabilitation du système bancaire.

DEUXIEME PARTIE : MICROSTRUCTURE DES
MARCHES BOURSIERS EMERGENTS

 

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand