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Organisation de marchés émergents: efficience et risque de sélection adverse

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par Donatien AVELE
Université Montesquieu Bordeaux IV - France - DEA Sciences de gestion 2004
  

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Section 1. Concept de l'efficience des marchés financiers.

La notion d'efficience des marchés financiers trouve ses origines dans la célèbre thèse de Bachelier en 190025 qui étudie le lien entre l'évolution des cours en bourse et la marche au hasard. Afin d'expliquer les raisons pour lesquelles les cours sur les marchés financiers sont impossibles, il a effectué une série de travaux empiriques. Bachelier était en avance sur son temps puisque les autres études sur le comportement du cours des actions n'apparaissent qu'au début des années 60 avec des auteurs comme Samuelson26 [1965].

Les principales références sur l'efficience des marchés financiers sont sans doute les articles de Fama27 [1965, 1970,1991]. Il a marqué le début de la littérature moderne sur le sujet en définissant un marché efficient comme un

25 Bachelier L. (1900) « Thèse de la spéculation» thèse de doctorat de sciences mathématiques, Annale de l'Ecole Normale Supérieure, 3e série, T. 27. En Anglais « theory of speculation », in cootner, P. (ed.), the Random Character of stock Market Prices, Massachusetts Institute of Technology Press, Cambridge, MA, A964.

26 Samuelson P.A. (1965) «The Proof that property Anticipated Prices Fluctuate Randomly», Industrial Management Review, n°6, PP.41-49.

27 Fama E. (1965) «The Behavior of Stock Market Prices», Journal of Business, 38, Janvier, PP. 34-105.

Fama E. (1970) «Efficient Capital Market : II», Journal of Finance, Décembre, 25, PP 338-417. Fama E. (1991) « Efficient Capital Market : II », Journal of Finance, Décembre, 46, PP. 1575- 1618.

marché sur lequel les cours reflètent intégralement l'information disponible. Par ailleurs, il a distingué trois formes de l'efficience informationnelle des marchés financiers correspondant à trois niveaux d'informations progressives : la forme faible, la forme semi-forte et la forme forte. Depuis plusieurs autres définitions de l'efficience informationnelle sont apparues. Parmi ces différentes définitions, les plus fondamentales sont celles de Jensen28 [1978] et de Beaver29[1981].

1. Efficience informationnelle des marchés boursiers.

Dans cette sous-section, nous tentons de fournir une définition complète de l'efficience informationnelle des marchés financiers en nous intéressant sur les différents degrés d'efficience tels qu'ils ont été définis par Fama. Nous abordons en suite la problématique posée par la présence d'initiés sur les marchés boursiers et l'impact de leurs opérations sur l'efficience informationnelle. La question relative sur les conséquences de telles opérations sur la liquidité des marchés boursiers sera abordée dans la deuxième section de ce chapitre.

1.1.Définitions.

Fama (1970) définit un marché efficient comme un marché sur lequel les cours reflètent instantanément l'ensemble des informations disponibles, c'est-àdire les conséquences des événements passés, présents et les anticipations sur les événements futurs. Il admet plusieurs hypothèses pour une efficience totale du marché financier.

· Les coûts de transaction (les commissions et les taxes doivent être nulles) ;

· La gratuité et la disponibilité des informations pour l'ensemble des investisseurs ;

· Les investisseurs doivent maximiser l'utilité espérée de leur richesse ;

· Les investisseurs doivent être dans une situation de concurrence.

28Jensen M. (1978) « Some Anomalous Evidence Regarding Market Efficiency », Journal of Political Economy, n° 6(2/3), PP. 95-101.

29 Beaver W.H. (1981) « Market Efficiency », The Accounting Review, Vol. 56 (1) PP. 233-7.

La théorie de l'efficience des marchés implique qu'il est possible de prévoir les variations des cours car l'ensemble des informations est intégré dans le cours affiché. En d'autres termes, le cours affiché pour chaque actif financier sur un marché efficient est à tout moment une estimation de sa valeur intrinsèque. La valeur intrinsèque d'un titre est déterminé par les qualités et les caractéristiques propres de l'entreprise et non par la manière telle qu'elle est estimée par les intervenants sur le marché.

La distinction de l'efficience donnée par Fama a été souvent critiquée30. On lui reproche principalement l'impossibilité dans la pratique de respecter les hypothèses ci-dessus. L'accès à l'information est généralement coûteux et, en plus, chaque transaction d'achat ou de vente nécessite le paiement de commissions et de taxes. Plusieurs auteurs ont donc tenté de donner une définition plus élaborée ou au moins complémentaire à celle de Fama.

Jensen [1978] décrit un marché efficient en terme d'absences de profit d'arbitrage, c'est-à-dire qu'il considère que dans un marché efficient, il est impossible de réaliser des profits positifs en échangeant des informations. Le terme « profits » désigne les rentabilités ajoutées pour le risque, nettes de l'ensemble des coûts. Dans un tel cas, les cours reflètent l'information jusqu'au point ou le bénéfice marginal lié à l'utilisation d'information n'excède pas les coûts marginaux d'information et de transaction. Cette définition utilise une notion que l'on appelle « l'efficience économique ».

Beaver [1981] définit le concept d'efficience par rapport à l'ensemble des signaux donnés par le marché. Il considère qu'un marché est efficient par rapport à un signal si la configuration des cours des titres est identique à celle qu'elle aurait été dans une économie où chaque agent reçoit à la fois le signal en question et des informations privilégiées. Quant à Latham31 [1986], il considère que les marchés sont efficients par rapport à une information bien précise si l fait de révéler cette information à tout le monde ne changerait ni les cours d'équilibre, ni la composition des portefeuilles.

30 Pour une synthèse des critiques, voir Patrick Roger (1988) « Théorie des marchés financiers efficients et asymétrie d'information : une revue de littérature », Finance, Janvier, PP 59-97.

31 Latham M. (1986) « Information Efficiency Market Subsets », Journal of Finance, 41, PP 39-52.

Plus récemment, Malkiel32 [1992] a synthétisé ces différentes définitions du concept d'efficience informationnelle de la manière suivante :

« Un marché financier est considéré efficient s'il reflète complètement et correctement l'ensemble de l'information pertinente à la détermination des cours. Formellement, le marché est efficient par rapport à une certaine catégorie d'information à tous les agents. L'efficience par rapport à cette information...implique qu'il n'est pas possible de réaliser des profits ».

Dans la première partie de cette définition, l'auteur reprend exactement la définition de Fama alors que dans la seconde partie, il suggère que si les cours ne sont pas modifiés quand l'information est révélée, le marché est considéré comme efficient à l'égard de cette information. Sa troisième suggestion pour définir l'efficience d'un marché financier est de prendre en compte les profits résultant de l'exploitation de cette information. La constatation de rentabilités excessives permet de conclure que le marché n'est pas efficient par rapport à cette information.

1.2. L'efficience et les coûts de l'information.

Grossman et Stiglitz (1980) ont pris en compte l'activité de recherche et de traitement de l'information dans la définition de l'efficience. Leur analyse repose sur l'hypothèse fondamentale que le coût ne peut être nul et par conséquent que les marchés ne peuvent être informationnellement efficients. Ainsi, ils énoncent : « dans la mesure où l'information est coûteuse, le cours ne peut refléter de façon

parfaite toute l'information disponible, puisque, s'il en était ainsi, ceux quidépensent des ressources pour obtenir l'information ne recevraient aucune

compensation ».

Selon la définition de Fama (1970), le système des cours est supposé révéler toute l'information relative à la valeur intrinsèque du titre. Ceci est vrai puisque l'une des principales hypothèses du cadre analytique de Fama est la nullité du coût d'information. Pour Grossman et Stiglitz, le coût engendré par l'activité de recherche et de traitement de l'information rend impossible la révélation de toute l'information disponible dans les systèmes de prix.

32 Malkiel B. (1992) « Efficient Market hypothesis », in Newman P., Milgate M. and Eatwel J.(eds), News Palgrave Dictionary of Money and Finance, Macmillan, London.

Ils supposent l'existence de deux groupes de spéculateurs sur le marché, à savoir ceux qui supportent des coûts pour obtenir l'information (les agents informés) et ceux qui ne veulent pas dépenser leurs ressources et qui n'observent que les cours des titres pour s'informer (les agents non informés). Si les cours des actifs reflètent la totalité de l'information disponible, nous nous retrouvons dans une situation où les agents non informés sont capables de déduire de ces prix l'information des agents informés, et par conséquent leur coût d'information est nul. Dans un tel cas, les informés se trouvent dans une situation où ils ne sont pas incités à collecter de l'information, et par conséquent le marché ne peut pas intégrer celle-ci et n'est donc pas efficient.

Dans la situation où les cours ne reflètent pas la totalité de l'information, les informés profitent de l'avantage procuré par la recherche d'information sans que les non informés y accèdent. L'explication est toute simple puisque les cours sont « bruités » et les non informés ne sont pas capables de savoir lors d'un changement de cours si celui-ci est la conséquence d'une nouvelle information ou simplement d'un « bruit ».

1.3. Les trois formes de l'efficience informationnelle et leurs conséquences. La parfaite efficience informationnelle n'existe pas en réalité. Nous avons pris l'habitude de la classer en trois degrés bien qui dépendent de l'information prise en compte depuis le célèbre article de Fama [1970].

Les décisions d'investissement sur les marchés financiers dépendent moins des informations pertinentes disponibles sur le marché, mais du degré d'efficience informationnelle de celui-ci. Plusieurs raisons expliquent l'importance de cette hypothèse sur les marchés financiers. La principale se trouve dans la définition du concept d'efficience informationnelle. Ce dernier suggère que le cours constitue la meilleure évaluation de la valeur d'un titre à un moment donné puisqu'il prend en compte l'ensemble de l'information disponible sur le passé, le présent et le future. Ce cours indique donc l'utilité d'un titre en intégrant l'opinion générale des agents.

Dans un tel marché, l'ensemble des événements prévisibles dont dépendent les cours des entreprises sont identifiés ainsi que leurs conséquences. De ce fait, aucun titre n'est sous-évalué ou surévalué. Les cours des actifs financiers qui sont déterminés sur un marché efficient permettent de

fournir des indicateurs d'une grande importance sur la santé des entreprises et permettent ainsi d'aider les investisseurs dans leurs choix d'investissements. Ainsi, ils assurent une bonne allocation des ressources en capital.

Fama (1970) propose trois versions de l'hypothèse de l'efficience des marchés financiers qui font une distinction entre les ensembles d'information que le prix d'un titre doit incorporer.

o D'abord, il y a l'information sur les prix passés des titres ; il s'agit là

de la version faible de l'hypothèse d'efficience : le prix d'une action reflète toute l'information contenu dans l'histoire passée du prix du titre, et la conséquence directe de l'hypothèse faible est l'analyse technique33 ( qui consiste à regarder essentiellement les prix passés ou des fonctions de ces prix passés).

o Ensuite, il y a toute l'information publiquement disponible

concernant le titre qui inclut entre autres les rapports annuels, les analyses techniques et fondamentales disponibles publiquement, l'information à caractère macro-économique et sectoriel : c'est la version semi-forte de l'hypothèse d'efficience car le prix d'une action reflète toute l'information disponibles et la conséquence d'une telle hypothèse est toute analyse basée sur l'information publique (analyse fondamentale34).

o Finalement il y a l'information publique y compris l'information privée ou

privilégiée ou celle provenant d'initiés de la compagnie qui a émis

le(« insider information ») ; il s'agit de la version forte de l'hypothèse

d'efficience ; le prix d'une action reflète alors toute l'information disponible qu'elle soit publique ou privée et la conséquence de l'hypothèse forte est que toute possibilité de gains inexploités sera éliminée.

33 L'analyse technique est fondée sur l'hypothèse que les mouvements antérieurs des cours ont tendance à se reproduire. Ce qui implique qu'il est possible de prévoir les retournements de tendance ou de les identifier en utilisant uniquement des données historiques.

34 Face à l'école chartiste ou technique, on trouve l'école dite d'analyse fondamentale ou fondamentaliste. Cette appellation est issue de leur manière de déterminer la valeur fondamentale des actifs financiers traités sur le marché. Cette technique consiste à déterminer pour chaque titre sa valeur intrinsèque. Si le cours du marché est inférieur (respectivement supérieur) à la valeur fondamentale, il est possible de réaliser des bénéfices en prenant une position haussière.

Dans son article de 1991, Fama redéfinit les trois formes de l'efficience en utilisant trois types de tests empiriques. Ainsi l'efficience de forme faible devient l'étude de la prévisibilité des rentabilités ; cette forme d'efficience est validée par des tests permettant de vérifier s'il est possible de prévoir les rentabilités futures des titres en se basant uniquement sur les séries historiques des cours et sur les dividendes. Par ailleurs, la forme semi-forte regroupe les études événementielles concernant l'information publique, c'est-à-dire les tests permettant de vérifier si l'ensemble de ce type d'information est déjà intégré dans les cours des titres. Quant à la forme forte, elle regroupe les tests portant sur l'information privilégiée détenue par certains investisseurs initiés.

L'étude de la forme forte d'efficience des marchés financiers a été développée essentiellement sur le marché boursier américain. Dans un tel marché, il est impossible de réaliser des profits grâce à des avantages informationnels privilégiés.

Si l'objectif attendu de cette forme d'efficience est de savoir si les initiés (ils sont représentés, soit par les investisseurs qui détiennent une part importante de titres existants d'une entreprise soit ils font partie des dirigeants de celle-ci), en réalisant leurs opérations sur la base des informations privilégiées dont ils disposent, tirent ou non profit supérieurs à ceux attendus pour le risque encouru, nous nous interrogeons plutôt sur l'impact de leurs opérations (d'initiés) sur l'efficience informationnelle des marchés boursiers.

2. L'impact d'opérations d'initiés sur l'efficience informationnelle des marchés boursiers.

Dans cette deuxième sous-section, le but est d'étudier l'impact des opérations d'initiés sur l'efficience informationnelle. A travers les différentes hypothèses émises par les auteurs sur la théorie financière, nous essayons d'en déduire si l'intervention des initiés peut contribuer ou pas à l'amélioration de l'efficience informationnelle des marchés boursiers.

2.1. Les opérations d'initiés peuvent-elles améliorer l'efficience informationnelle des marchés boursiers ?

Une très vaste littérature traite les conséquences des opérations d'initiés sur les principales caractéristiques des marchés boursiers (efficience, liquidité...).Manne [1966] peut être considéré comme le précurseur sur la problématique posée à la réalisation des opérations d'initiés dans les marchés boursiers. Il affirme que la réalisation de tells opérations contribue à l'amélioration de l'efficience. Cette affirmation se justifie par le fait que lorsque les opérations d'initiés sont permises, les cadres des entreprises exploitent au maximum leur information privée qui est ainsi incorporée dans les cours cotés.

Une étude empirique sera menée quelques années plus tard par Meulbroek [1992] afin de tester l'hypothèse selon laquelle la présence d'initiés sur un marché boursier augmente le contenu informationnel des cours. Pour ce faire, l'auteur utilise une liste des cas d'initiés détectés par la SEC35 ; il va ensuite montrer que la variation anormale des cours observée lors de l'intervention des informés représente 40 à 50% de la variation des cours constatée le jour de l'annonce. Finalement, Meulbroek en déduit que les initiés de par leurs transactions informées contribuent à la découverte des vrais prix.

Mais un certain nombre d'auteurs vont remettre en cause les hypothèses émises par Manne [1966] et Meulbroek [1992] selon lesquelles la réalisation des opérations délictueuses permet d'améliorer le contenu informationnel des cours cotés.

Pour Kyle [1985] , si les initiés sont conscients des conséquences de leurs transactions sur les cours, ils vont adopter une stratégie d'échange de manière à retarder leur information et finalement à ne pas la divulguer au reste du marché. Cette situation va entraîner une diminution de l'efficience informationnelle des marchés financiers. De façon identique, Biais et Foucault [1993] vont montrer que si les prix cotés reflètent une part de l'information privée, alors plusieurs facteurs limitent cette révélation d'information, notamment le bruit dû à des chocs de liquidité ainsi que le comportement stratégique des informés.

Cependant Manove [1989], ainsi que Fishman et Hagerty [1992] montrent que si les initiés suspectent simplement la présence des initiés sur le marché,

35 Securities and Exchange Commission

l'hypothèse selon laquelle les opérations d'initiés améliorent l'efficience informationnelle est remise en cause et ceci pour les raisons suivantes :

Tout d'abord, pour Manove [1989], lorsque les agents non informés sont conscients du risque de sélection adverse, ils vont exiger une prime de risque de compensation, et ceci va nécessairement engendrer des coûts supplémentaires de liquidité. Manove va donc conclure en disant que la réalisation d'opérations d'initiés ne peut contribuer à l'amélioration du contenu informationnel des cours seulement si les transactions portent sur d'importants volumes et que de toute évidence l'efficience est meilleure lorsqu'une information nouvelle est directement communiquée au public plutôt que par l'intermédiaire du marché.

Ensuite, selon Fishman et Hagerty [1992], la présence d'initiés sur les marchés peut décourager les non initiés dans leur recherche d'information ce qui conduit à la diminution de l'efficience des cours.

Dans une vision beaucoup plus large, Ausubel [1990], montre que si les initiés sont présents sur les marchés, il y aura nécessairement une dégradation de la confiance des non initiés vis-à-vis des marchés ; ceux-ci (non initiés) prenant en compte les préjudices que les informés (initiés) peuvent leur causer. Ainsi, lorsque les opérations d'initiés sont permises, les informés vont tirer profit de l'information privée qu'ils détiennent sans pour autant rendre celle-ci publique. Finalement, on arrive à une situation d'équilibre révélateur d'une manière partielle ; laquelle conduira les informés à réaliser des bénéfices aux dépens des autres investisseurs présents sur le marché. Pour cet auteur la réglementation de ce type d'opération va obliger les informés à rendre publique leur information avant de l'exploiter, ce qui va permettre une augmentation des profits non seulement des non informés mais aussi de ceux des initiés, l'équilibre devenant alors révélateur. Finalement, on va aboutir à une situation où grâce à la réglementation de ces types d'opérations, les effets bénéfiques seront d'autant plus importants que l'asymétrie d'information existant entre les informés et les non initiés est importante.

Restant dans la même logique que celle évoquée par Ausubel [1990], Bhattacharya et Spiegel [1991] vont plus loin en affirmant qu'il suffit que les non

informés pressentent la présence d'initiés sur le marché, pour qu'ils refusent d'effectuer des transactions compte tenu du risque de sélection adverse. Finalement l'intervention d'initiés conduit au blocage du marché où aucune transaction ne se réalise.

En définitive, l'impact des opérations des initiés sur l'efficience informationnelle des marchés boursiers n'est pas défini de façon claire et précise par la littérature théorique, car deux hypothèses s'opposent.

Pour certains auteurs, l'intervention d'initiés conduit à la découverte de vrais prix et donc améliore l'efficience informationnelle des marchés boursiers, alors que pour les autres ces opérations délictueuses vont plutôt décourager les non initiés à effectuer leurs transactions car conscients du risque de sélection adverse et contribuer ainsi à la diminution du contenu informationnel des cours cotés.

L'analyse que nous avons menée concerne l'efficience informationnelle au sens fort car celle-ci est basée sur la prise en compte d'informations privilégiée dans les cours des actifs. Les seuls tests pertinents consistent à déterminer si des investisseurs initiés sont capables de battre le marché. Il existe plusieurs difficultés à la réalisation de ce type de tests compte tenu du manque de données relatives aux opérations d'initiés dans les pays émergents comme ceux de l'afrique.

Contrairement aux marchés boursiers des pays développés, il n'existe aucune source fiable permettant la réalisation d'étude concernant l'activité boursière d'investisseurs privilégiés. La seule alternative opérationnelle pour tester indirectement la forme forte de l'efficience est la mesure de la performance des gérants de portefeuilles qui sont susceptibles d'acquérir des informations avant leurs publications. Mais les marchés boursiers émergents d'Afrique sont encore jeunes pour effectuer ce genre de tests. Au terme de cette analyse portant sur l'impact des opérations d'initiés sur l'efficience informationnelle des marchés boursiers, nous pensons tout de même que les pays africains doivent réglementer de telles opérations car celles-ci peuvent avoir des conséquences néfastes sur l'efficience informationnelle de leurs marchés boursiers même si jusqu'ici les tests n'y ont pas été réalisés.

Les marchés boursiers émergents d'Afrique d'une manière générale et particulièrement au sud du Sahara ne sont pas réglementés comme ceux des

pays développés. Il est de toute évidence que la présence d'initiés sur de tels marchés puisse influencer l'influence l'efficience informationnelle qui déjà souffre du manque de transparence de ces marchés boursiers.

Contrairement à l'hypothèse émise par Manne [1966] selon laquelle les opérations d'initiés contribueraient à l'amélioration de l'efficience informationnelle des cours cotés, ceci se justifiant par le fait que lorsque ces opérations sont permises, les cadres des entreprises exploitent au maximum leur information privée qui est ainsi incorporée dans les cours cotés, cela semble ne pas être vérifié en ce qui concerne les marchés boursiers émergents d'Afrique ; ceci pour des raisons suivante :

o Tout d'abord, il semblerait que les marchés boursiers émergents d'Afrique ne sont pas efficients compte tenu de leur manque de transparence d'une part ;

o D'autre part, la corruption qui sévit actuellement dans ces pays viendrait

simplement aggraver la situation si de telles opérations sont permises.

Partant de la théorie de l'agence, Brudney [1979] et Easterbrook [1981], estiment que le fait de pouvoir réaliser des transactions sur la base d'informations privilégiée, incite les cadres à retarder au maximum la publication de l'information ; dans le cadre des marchés boursiers d'Afrique, une telle hypothèse permettrait aux cadres africains de tirer profit de cette information privilégiée.

Pour Bagnoli et Khanna [1992], la non interdiction des opérations d'initiés peut même conduire les gérants à adopter des stratégies de gestion dont l'objectif n'est plus la maximisation de la valeur de l'entreprise mais la maximisation des profits que ces derniers espèrent réaliser sur les transactions qu'ils font pour leur propre compte sur les titres de leur entreprise.

Dans le cas des marchés boursiers émergents d' Afrique, nous pensons que les opérations d'initiés doivent être interdites car compte tenu de la corruption et du manque de crédibilité de certains dirigeants cadres d'entreprises africains, ceux-ci chercheraient plutôt à réaliser des profits de leur information privilégiée aux dépens des non informés, ce qui pourrait avoir des conséquences sur les caractéristiques de marché telles que l'efficience ou la liquidité et entraînerait même des asymétries d'informations et des risques de sélection adverse ; ce qui

augmenterait davantage l'impact de telles opérations sur l'efficience informationnelle des marchés boursiers émergents d'afrique.

Pour mieux comprendre l'impact des délits d'initiés sur l'efficience informationnelle des marchés boursiers, un nombre important de modèles de la microstructure des marchés financiers étudient la formation des prix dans un contexte d'asymétrie d'information.

2.2. Formation des cours cotés dans un contexte d'asymétrie d'information.

Comment peut-on résoudre le problème d'asymétrie d'information et améliorer le contenu informationnel des cours en présence d'initiés dans un marché boursier ?

Plusieurs courants de pensée ont essayé de résoudre ce problème. Grossman [1976] essaie de répondre à cette question en utilisant les concepts développés par la théorie des équilibres en anticipations rationnelles. En fait, Grossman s'attache à montrer que le prix d'équilibre d'un titre financier peut permettre de résoudre les asymétries d'information existant entre les initiés sur la valeur du titre et les agents non informés. Il part d'une intuition simple en supposant qu'un agent dispose une information lui indiquant qu'une action est sous-évaluée. Il peut réaliser un gain en plaçant des ordres d'achat. Mais cet accroissement de la demande va provoquer une augmentation du prix qui signale au marché que certains agents considèrent que l'action est sousévaluée.

Si les agents non informés anticipent correctement la relation qui existe entre le prix et l'information de l'initié, ils peuvent pour chaque niveau de prix inférer l'information privée de celui-ci. L'article de Grossman [1976] propose une modélisation rigoureuse de cette intuition. Il montre qu'il est possible d'obtenir des équilibres parfaitement révélateurs, c'est-à-dire tels que les prix reflètent toute l'information des agents informés36. Il donne ainsi un fondement

36.Grossman montre que le prix d'équilibre constitue une statistique suffisante de l'information des agents informés. Ceci signifie qu'un agent qui n'observe que le prix d'équilibre est en mesure de formuler les anticipations qu'un agent qui observerait les signaux reçus par chaque initié et qui disposerait ainsi de toute l'information privée disponible.

micro-économique à la notion d'efficience des marchés boursiers. Grossman et Stiglitz [1980] montrent que ce résultat pose un problème lorsque les coûts d'information supportés par les agents informés sont pris en compte. En effet, si les prix d'équilibre transmettent toute l'information privée, les agents informés ne peuvent pas réaliser des profits supérieurs à ceux obtenus par des agents non informés. Dans ces conditions aucun agent n'a intérêt à payer un coût pour s'informer et les prix d'équilibre ne peuvent donc transmettre aucune information privée.

L'efficience forte est donc incompatible avec l'équilibre du marché boursier. En fait, Grossman et Stiglitz [1980] montrent que pour obtenir des équilibres dans lesquels il existe une proportion non nulle d'agents informés, il est nécessaire que les prix d'équilibre ne soient pas parfaitement révélateurs. C'est le cas lorsque certaines variables (par exemple l'offre totale d'actif risqué) qui influence la réalisation du prix d'équilibre ne peuvent pas être observées par les agents non informés. Dans les modèles de Grossman [1976] et Grossman et Stiglitz [1980], les agents informés déterminent leur fonction de demande sans tenir compte de leur fonction de l'information qu'ils révèlent au marché. Ceci revient à supposer que ces agents ont un comportement concurrentiel puisqu'ils ne prennent pas en compte l'impact de leurs transactions sur les prix réalisés à l'équilibre. Deux travaux plus récents sur la transmission d'information par les prix [Kyle (1985), Kyle(1989), Gale et Hellewig (1989), Laffont et Maskin (1990)...] abandonnent l'hypothèse d'un comportement concurrentiel des agents informés.

Les articles de Kyle [(1985), (1989)] montrent que, conformément à l'intuition, lorsque les agents informés sont conscients de leur impact sur les prix, l'efficience informationnelle des prix est diminuée. Ils soulignent également que l'asymétrie d'information est un déterminant important de la liquidité d'un marché. Gale et Hellwig [1989] et de Laffont et Maskin [1990] reviennent sur le résultat de Kyle en matière d'efficience informationnelle en montrant que lorsque les agents informés ont un comportement non concurrentiel, plusieurs équilibres peuvent être obtenus et que le degré d'efficience informationnelle dépend dans ce cas de l'équilibre considéré. Laffont et Maskin [1990] par exemple obtiennent un équilibre dans lequel toute

l'information de l'agent informé est révélée et un autre équilibre dans lequel aucune information n'est révélée par le prix d'équilibre. D'autres articles Glosten [1989], Bhattacharya et Spiegel [1992], Bossaerts et Hughson [1991] mettent en évidence que l'existence d'asymétrie d'information peut conduire à des situations dans lequel le marché est particulièrement illiquide pouvant conduire même à une suspension des échanges.

Cette asymétrie d'information peut donc s'expliquer par le fait que dans un marché boursier certains investisseurs (agents) détiennent des informations sur les prix des actifs financiers et d'autres (les non informés) n'ont pas forcément les mêmes informations. Cette présence d'agents informés (initiés) peut entraîner des conséquences non seulement sur l'efficience informationnelle mais aussi sur la liquidité des marchés financiers.

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"Ceux qui rêvent de jour ont conscience de bien des choses qui échappent à ceux qui rêvent de nuit"   Edgar Allan Poe