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Contribution des reboisements de mangrove du delta du saloum (sénégal) à la séquestration de carbone atmosphérique: cas des villages djirnda et sanghako

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par Ralph Mercier DEGUE-NAMBONA
Université Cheikh Anta Diop - DEA Sciences de l'Environnement 2007
  

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B. PROBLEMATIQUE ET REVUES BIBLIOGRAPHIQUES

La mangrove est définie par Blasco (1991) et cité par Véga (2000) comme une forêt de palétuviers se développant dans la zone de balancement des marées des régions littorales intertropicales, pouvant se maintenir localement jusqu'à 32° Nord et 28° Sud sous l'effet de courants marins chauds. Selon Véga (2000), Spalding (1997) estime qu'elle colonise dans ces régions près de 75% des côtes et deltas, avec une surface pouvant être évaluée à 182.000 km2. Tomlinson (1986) cité par Véga (2000) répartit la mangrove en deux zones biogéographiques distinctes et caractérisées par une biodiversité végétale particulièrement faible. L'aire orientale ou pacifique inclut la mangrove des côtes est-africaines jusqu'à celle de l'Asie et de l'Australie [Véga, 2000]. Elle compte environ soixante (60) espèces arborées strictement inféodées à ce milieu. L'aire occidentale ou atlantique dans laquelle se situe le delta du Saloum comprend selon Véga et al. (2000), des espèces de mangrove des côtes atlantique et de la côte pacifique américaine. Sa richesse spécifique est moindre puisqu'elle ne regroupe que sept (07) espèces arborées que sont : Avicennia germinans et A. schaueriana (Avicenniaceae), Rhizophora mangle, R. racemosa et R. harissonni (Rhizophoraceae) Laguncularia racemosa et Conocarpus erectus (Combretaceae) [Véga, 2000].

Le développement de la mangrove est tributaire de la température de l'air (température moyenne du mois le plus froid supérieure à 16°C) et la présence de zones littorales protégées et peu profondes [Arnaud, 1997 ; Lee, 1999]. Pool (1977) et Amarasinghe (1992) cités par Véga (2000) ont montré que la position des écotones entre milieu marin et terrestre de l'écosystème mangrove fait qu'il est soumis à de nombreux facteurs limitant tels que : la durée d'exondation et d'inondation, la salinité des eaux et l'hydromorphie du substrat. Dans ces conditions de vie difficiles, seules les espèces ayant développé des mécanismes d'adaptation divers (racines échasses, pneumatophores, mécanismes de régulation du sel) ont pu subsister [Cantera et Arnaud, 1997] cités par Véga (2000).

La mangrove était considérée autrefois comme un milieu hostile et inutile, ce qui était à la cause de sa dégradation et sa destruction sous l'effet de l'anthropisation [Ramirez-Garcia et al. 1998] cité par Véga (2000) mais des travaux récents ont montré son intérêt tant au niveau socioéconomique, de par sa grande production de bois et l'abondance de sa faune (crustacés, poissons etc.) [Doyen et al. 1985 ; Ndour, 2005] qu'au niveau écologique, pour son rôle important dans les chaînes trophiques côtières, dans la protection des côtes contre l'érosion marine, et pour sa sensibilité aux variations du niveau des mers [Doyen et al. 1985 et Ndour, 2005]. DIOUF (1996) atteste que la richesse trophique de l'estuaire du Sine-Saloum est issue principalement de la mangrove qui joue le rôle de zone de frayère, de nourricerie, d'habitat,

de reproduction et de la promotion du développement des poissons. Il a affirmé en même temps que la présence d'une mangrove luxuriante favorise une richesse spécifique et des effectifs élevés des poissons de par son rôle d'enrichissement trophique des milieux, de la protection contre la prédation et la diversification des types d'habitats.

De nos jours, beaucoup de programmes de recherche s'intéressent à l'écosystème mangrove, que ce soit en vue de sa restauration et de sa conservation ou bien de façon plus globale, pour la compréhension de son fonctionnement tant au niveau national qu'international.

Au Sénégal, le delta du Saloum constitue la région la plus septentrionale occupée par une haute mangrove dans l'ouest de l'Afrique [Dupuy et Verschuren, 1982] cités par Ndour (2005). Giffard (1974) cité par Ndour (2005), confirme la disparition des reliques de la végétation de mangrove signalée par Chaudreau (1916) en Mauritanie mais, qui sont encore signalés dans le delta du fleuve Sénégal où Chambonneau avait noté en 1677 la présence d'une épaisse et haute mangrove [Chamard et al. 1999]. Trochain (1940) a par ailleurs témoigné de la disparition de la végétation de mangrove des cuvettes du N'diael, par la découverte de pneumatophores subfossiles, confirmant ainsi l'existence de mangrove notée par Chambonneau sur le fleuve Sénégal [Ndour, 2005].

Les autres localités du Sénégal où l'on rencontre encore la mangrove sont : la Somone, JoalFadiouth, l'estuaire du Saloum et le fleuve Casamance [Ndour, 2005]. Les formations de mangrove y sont dominées par Rhizophora harissonii, R. mangle et R. racemosa (Rhizophoraceae) [Marius, 1981 ; Diop, 1986] et Avicennia africana (Verbénaceae). A ces deux familles qui constituent l'essentiel des formations de mangrove s'ajoute celle des Combrétaceae représentée par Conocarpus erectus et Laguncularia racemosa [Ndour, 2005]. Il apparaît ainsi que les mangroves du delta du Saloum, à l'instar des mangroves de l'Afrique de l'ouest sont caractérisées par une pauvreté floristique par rapport aux mangroves de l'Afrique orientale [Ndour, 2005].

Les espèces du genre rhizophora et Avicennia sont principalement rencontrées en peuplements purs dans la zone du delta du Saloum, mais l'étendue de ces peuplements diminue de plus en plus sous l'effet des facteurs naturels (déficit pluviométrique, érosion, salinité, attaque par des parasites) et anthropiques (coupes de bois, construction des routes et des barrages, pression foncière etc.) [Ndour, 2005 ; JICA, 2004 ; UICN, 2006]. Soumaré et al. (1992) atteste d'une diminution des surfaces de mangrove sur la base d'une comparaison d'images satellitaires de 1976 à 1991. Cette régression de la mangrove est liée à la salinisation et à l'acidification des sols favorisés par le déficit pluviométrique [Bovin et al. 1985]. Il s'ajoute à ces principales causes de dégradation, la perturbation des régimes hydriques

responsables de la submersion [Diop et al. 1989] et de la sédimentation [Marius et al. 1992]. Mais aussi, la rupture de la flèche de Sangomar qui protégeait la mangrove de la zone du delta du Saloum des perturbations mécaniques de la houle constitue une cause relativement importante de la régression des espaces de mangrove du Sénégal [Ndour, 2005]. Cependant, bien que la végétation de mangrove régresse en certains endroits, une régénération naturelle a été signalée par divers auteurs tels que : Marius (1984), Doyen et al. (1985), Diop et al. (1997), et Ndour (2005). Balla Dieye (2007) a démontré d'une régénération de 4,15 à 10,6% pour une régression de 8.5% par étude d'images satellitaires Landsat (1972, 1979 et 1999) et Spot (1986, 1990, 1997, 2001 et 2003). Il a localisé cette régénération sur les bordures des mangroves dans les tannes humides alors que la régression est concentrée dans la périphérie nord-ouest de l'estuaire du Saloum.

La prise de conscience de la régression des espaces de l'écosystème mangrove du Sénégal en général et du delta du Saloum en particulier, s'est matérialisée au cours de ces deux dernières décennies par diverses actions de reboisement. Kaly, (2004) atteste que les premiers essais de reboisement réussis et connus remontent en 1994 à Somone, avant de s'étendre dans le delta du Saloum les années suivantes mais seulement sur une seule espèce de palétuviers (le Rhizophora mangle).

Le reboisement de la mangrove du delta du Saloum peut être scindé en deux catégories suivant les phases de réalisation. La première catégorie est celle de la première phase qualifiée d'expérimentale et caractérisée par un manque de technicité, une mauvaise maîtrise de la qualité du substrat, la promotion d'une seule espèce de palétuviers avec des taux de réussite allant de faibles à moyens pour la plupart des plantations [Diedhiou, UICN, 2006]. La deuxième catégorie est celle correspondant à la deuxième phase de réalisation marquée par une bonne acquisition d'expériences en terme de technicité et de maîtrise de la qualité des substrats ainsi que la diversification des espèces caractérisée par l'introduction d'Avicennia avec des taux de réussite généralement appréciables [Diedhiou, UICN, 2006].

JICA/JAFTA (2005) a classé pour sa part les reboisements de mangrove du delta du Saloum en quatre (04) catégories en fonction des moyens utilisés à la réalisation de la plantation. Elle distingue : des plantations réalisées à travers des campagnes des services administratifs (Eaux et Forêts/Parcs Nationaux) principalement dans les régions insulaires ; des plantations réalisées à l'initiative des populations à l'exemple du groupe des femmes de Djirnda ; des plantations réalisées sous la direction des ONG à l'exemple de FIOD qui a incité le reboisement de 240 ha dans trois (03) villages de 1997 à 2001 par apport d'une importante

aide en nature ; et enfin des plantations réalisées avec l'aide des Organismes comme UICN, WAAME, OCEANIUM et CAREM depuis 1995.

Rien que pour la période de 1995 à 2001, JICA/JAFTA (2005) a dénombré en total 420 ha de terres reboisées par les ONG (UICN, WAAME et CAREM) dans 49 villages du delta du Saloum. Cependant, il est à noter que les actions de ces ONG ont été pour la plupart concrétisées grâce à l'appui des organisations villageoises à l'exemple des Comités de Plage créés par l'UICN à partir de la deuxième moitié des années 1990 dans les régions insulaires, et, les Comités Villageois pour la Réhabilitation de la Mangrove (CVRM) créés à partir du milieu des années 1990 par WAAME [JICA/JAFTA, 2005]. Ces CVRM sont principalement implantés dans 35 villages du bassin du Saloum. Ces plantations réalisées en guise de réponse aux effets des changements climatiques ont fait l'objet de plusieurs travaux d'étude d'impact tant au plan écologique que socioéconomique commandités par divers institutions (UICN, OCEANIUM, JICA, WAAME etc.). Cependant, leurs impacts en termes de séquestration de carbone atmosphérique n'ont jamais été évalués.

Le présent rapport porte sur le suivi évaluation de la séquestration de carbone atmosphérique par les plantations de mangrove de l'UICN. Il assure la continuité de la recherche d'informations sur l'utilité sociale, écologique et environnementale des reboisements de mangrove dans la RBDS. Une première étude réalisée par Diédhiou, UICN (2005) a permis de montrer au plan des impacts que quelques années après la réalisation de ces plantations, les impacts écologique et socioéconomique sont nombreux comme en témoigne la réapparition des espèces jadis disparues ou en voie de disparition comme les Tympanotonus des vasières « paco-paco », les crevettes, les huîtres et, le développement des activités génératrice de revenus comme l'apiculture, la cueillette des crevettes, des harches.

Cependant, en rapport avec le protocole de Kyoto (PK, 1997), aux recommandations de Bali (2008) et à l'importance des forêts dans la séquestration du carbone, les impacts des plantations de mangrove du delta du Saloum en termes de séquestration de carbone atmosphérique reste encore à évaluer. C'est dans cette optique que, l'UICN (Bureau national du Sénégal) s'est engagée dans l'évaluation de la quantité de carbone stockée par ces dites plantations de mangrove.

En somme, la confirmation de l'hypothèse d'une forte séquestration de carbone par les plantations de mangrove, pourrait aider à affiner et varier l'argumentaire des programmes de restauration et de conservation des zones de mangrove. Par ailleurs, la valorisation des informations devrait aussi être une source supplémentaire de motivation des populations dans la restauration des formations de mangrove. A ces deux aspects incitatifs, il s'ajoute un besoin

de démontrer la pertinence des plantations de mangrove par rapport à la problématique d'adaptation aux changements climatiques. C'est dans cette dynamique, qu'un contrat de stage a été signé entre l'UICN et l'ISE pour la conduite de cette étude. Les principaux objectifs de cette étude sont :

o la Connaissance de la dynamique des reboisements de mangrove,

o l'Estimation de carbone de la biomasse sur pieds et recherche des régressions aiométriques correspondantes enfin,

o la Recherche des intérêts de l'élaboration des projets de séquestration de carbone par le biais des reboisements de mangrove.

L'aboutissement de ces différents objectifs d'étude nécessite l'utilisation d'un certain nombre de méthodes et de matériels de mesure et de calcul mais aussi de pratiques appropriées.

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand