WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Le sort des droits de préemption dans les procédures collectives agricoles

( Télécharger le fichier original )
par Jérémy MAINGUY
Université de Poitiers - Master 2 Droit de l'activité agricole et de l'espace rural 2010
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

b. La question de la cession à titre onéreuse du bail rural

En effet, il ne faut pas éluder une question centrale dans le devoir : la question de la cession à titre onéreux des baux lors des plans de cession, appelée communément « chapeau » ou « pas de porte ».

Cette pratique est interdite en vertu de l'article L. 411-74 du Code rural.

Cependant cette pratique existe toujours. Elle est très répandue dans de nombreuses régions notamment la région naturelle du Vexin normand pour donner un exemple.

Les procédures collectives étant une « période d'exception », il est judicieux de s'interroger si le plan de cession ne permet pas de déroger à cette disposition.

Dans le contexte du plan de cession, l'autorisation de céder les baux ruraux à titre onéreux serait judicieux en pratique :

- le prix permettait de payer les créanciers ;

- le versement d'une somme aux bailleurs éviterait la dispersion des baux que permet l'arrêt du 9 juin 1998.

Il n'existe pas de textes prévoyant expressément cette possibilité.

En son absence, ce sont les dispositions du Code rural qui s'appliquent.

Cependant un jugement du tribunal de grande instance de Chartres en date du 22 mai 1991 59 avait retenu une offre de cession valorisant le bail rural par une interprétation de l'article 82 alinéa 3.

Le tribunal estimait que la dérogation prévue à l'article 82 alinéa 3 de la loi du 25 janvier 1985, portait sur l'intégralité du statut du fermage.

Ce jugement reste une décision d'espèce.

Les professionnels travaillant sur les procédures collectives agricoles connaissent cette règle.

Le plan de cession annexée au mémoire le démontre : l'interdiction du pas de porte posée à l'article L. 411-74 du Code rural est rappelée.

En réalité, il y a un pas de porte versé dans la majorité des cas.

59 TGI Chartres 22 mai 1991 : RD rur. n° 198 décembre 1991, p. 403.

Afin de réaliser les cessions, ces professionnels utilisent une technique simple : ils fixent un prix global et non élément par élément.

Le pas de porte est ainsi englobé dans une totalité rendant le versement de cette somme parfaitement légale.

Autre solution il suffit de surévaluer l'indemnité d'amélioration des fonds loués prévue par l'article L. 411-69 du Code rural, la jurisprudence a facilité cette pratique par l'arrêt de la troisième chambre civile de la Cour de cassation du 22 octobre 2003 60.

Cet arrêt pose le principe que la répétition d'une somme équivalente à la différence entre le prix des biens mobiliers acquis par le preneur et leur valeur vénale suppose la démonstration d'une contrainte exercée par le cédant à l'encontre du cessionnaire.

Cette condition supplémentaire limite les actions fondées sur l'article L. 411-74 du Code rural.

Il n'y a pas lieu de juger ces professionnels, les pas de porte permettent de réussir des cessions où le choix opéré par le bailleur peut entrainer un morcellement total de l'exploitation.

La pratique du pas de porte est une véritable coutume dans certaines régions.

En effet, la longue pratique des pas de porte a comme résultat que certains agriculteurs assimilent pas de porte et indemnités pour amélioration du fonds.

Il faut noter qu'il y a très peu d'action en répétition des sommes qui sont intentées, même si les sommes sont restituées le preneur aura beaucoup de difficultés à trouver d'autres terres.

Les agriculteurs qui intentent cette action subissent la méfiance et le rejet de la part des propriétaires.

On peut considérer que le pas de porte est une véritable coutume contra leguem.

Il résulte de ces éléments que le plan de cession peut permettre la cession du bail rural et ainsi le transfert du droit de préemption à un autre preneur en dérogation de l'article L. 411-35 du Code rural.

Une cession qui est souvent faite à titre onéreuse mais de manière officieuse.

60 Cass. civ. 3°, 22 octobre 2003 : Ann. Loyers 2004, 455, note Lachaud.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre"   Paul Eluard