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Le chemin de fer dans l'économie ivoirienne 1960-1980

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par Konan Alain BROU
Université de Cocody Abidjan - Maitrise 2007
  

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Chapitre I : PRESENTATION DU RESEAU FERROVIAIRE

A l'indépendance, le chemin de fer participe déjà au développement de la Côte-d'Ivoire. Ainsi, il importe pour nous d'évoquer brièvement son histoire, les activités du réseau et leurs évolutions.

A- : Les activités du chemin de fer en 1960

1- Rappel historique

A la fin du XIXeme siècle, les premiers efforts de l'administration coloniale pour exploiter les richesses de la Côte-d'Ivoire coïncident avec l'âge d'or du chemin de fer en Europe. C'est tout naturellement que le rail apparût comme le mode de transport le mieux adapté à la mise en valeur des richesses du pays.

Envisagé dès 1893 par « le capitaine Marchand »2 la réalisation d'un chemin de fer destiné à atteindre le Niger fit en 1898 l'objet d'une première étude confiée à « la mission Houdaille qui devait en même temps déterminer l'emplacement du port de la Côte-d'Ivoire »3.

L'idée maîtresse était alors de relier Grand-Bassam à Kong important

centre caravanier de l'époque suivant la vallée de la comoé. L'étude de celui-cieffectué par le capitaine Crosson-Duplesses, permit d'entreprendre la
construction du début de la ligne en 1904. Malgré les interruptions dues à des
difficultés de toutes sortes et surtout la première guerre et la deuxième guerre, la
ligne avança tant bien que mal.

Pour mieux apprécier l'évolution des travaux, referons-nous à ce tableau 1

2 La Régie Abidjan Niger n°27, Abidjan, SEDU 1978, p15

3 id La Regie Abidjan- Niger n° 27 op-cit p15

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Tableau 1

Etapes de la construction du Rail en Côte-d'Ivoire

Désignation des sections

Longueur Km

Date d'exécution

Abidjan- Agboville

82

1903-1906

Agboville- Dimbokro

99

1906-1910

Dimbokro- Bouaké

135

1910-1912

Bouaké- Katiola

55

1919-1923

Katiola- Tafiré

117

1924-1928

Tafiré- Ferkessedougou

70

1929

Ferkessedougou- Bobo-Dioulasso

228

1929-1932

Abidjan- Wharf de Port- Bouet

11

1930-1931

Source : SEMI- BI- ZAN, La politique coloniale des travaux publics en Côte-d'Ivoire, thèse 3eme cycle 1973, p186

En effet, débuté le 12 Janvier 1904, la ligne qui devait finalement atteindre Ouagadougou au kilomètre 1145 va traverser le sud de la Côte-d'Ivoire en passant par le centre pour enfin aboutir au nord du pays.

Exploité d'abord directement par l'administration coloniale, puis confié à la Régie des chemins de fer de l'AOF (voir sigles et abréviations), le réseau obtint enfin son autonomie de gestion. Et le « 1er Avril 1959, fut créée la Régie Nationale des chemins de fer Abidjan Niger (RAN) »4 qui exploite les voies ferrées implantées en Côte-d'Ivoire et en Haute-Volta pour le compte de ces deux pays.

4 Henri Bourgoin, Philippe Guilhaume, Côte-d'Ivoire, économie et société p110

2- Les services proposés

Au lendemain des indépendances, le souci premier des autorités ivoiriennes est de construire maintenant une Côte-d'Ivoire moderne tournée résolument vers le développement.

En effet, en 1960 la Côte-d'Ivoire acquiert son indépendance héritant des vestiges de la colonisation. Mais force est de constater que ces vestiges quoique utiles ne peuvent garantir un développement judicieux et harmonieux de cette jeune nation en construction. Dès lors, l'Etat de Côte-d'Ivoire va chercher les voies et moyens pour mettre en place sa politique de développement.

C'est dans cette optique que pour le déplacement des personnes et des biens à l'intérieur comme à l'extérieur du pays, les moyens de transport et de communication (routes, voie ferrée, transport aérien, voies lagunaires et maritimes) seront très vite sollicités pour le faire.

Le chemin de fer héritage de la colonisation et quoique vétuste va s'affirmer dès l'abord comme un atout fondamentale dans la mise en place de cette politique de développement.

Par ailleurs, notons que l'une « des bases les plus importantes de toute activité dans un pays reste l'infrastructure économique »5. C'est en cela que le réseau ferroviaire en 1960 va s'atteler à être un des facteurs essentiels du développement de la Côte-d'Ivoire par les services qu'il se propose d'offrir.

Nous savons que la Côte-d'Ivoire est un pays agricole doté d'un port en eau profonde qu'il fallait approvisionner en produits d'exportation.

De même, la colonisation a fait que le pays entretient des relations avec les pays sahéliens ; relations basées sur le déplacement des populations et d'importants échanges commerciaux dans la mesure où par l'entremise du chemin de fer, le port approvisionne ces pays du nord en produits de toutes sortes et sert aussi de support pour l'exportation de leurs productions agricoles.

5 Louis Edouard Settie, l'Etat et le processus de développement en Côte d'Ivoire 1960-1980, Abidjan ipnetp 1997, p25

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Toutes ces situations vont faire que les activités du chemin de fer en 1960 seront intenses. Et comme nous l'avons évoqué plus haut, le chemin de fer est un moyen de transport et de communication qui propose de transporter des voyageurs du sud au nord et vice-versa ; il va bien s'y prendre en ce début des indépendances car le service voyageurs du réseau est en constante évolution au fil des mois d'exploitation.

Que ça soit le trafic international de voyageurs parce que faisant partie intégrante du trafic où le trafic à l'intérieur de la Côte-d'Ivoire, ce sont des milliers de personnes qui utilisent le train pour leurs différents déplacements. Cet accroissement du trafic voyageur répond aux soucis des autorités ivoiriennes de permettre à bon nombre de personnes de se déplacer librement sans les contraintes d'une cherté du prix du transport.

C'est en ce sens que dès les indépendances, des mesures seront prises pour les voyageurs et les marchandises consistant à appliquer sur les itinéraires reliant les grands centres et les centres importants des prix fermes et moins élevés que ceux donnés par les trafics habituellement applicables pour permettre un trafic voyageur et marchandise intense.

En effet, à défaut de proposer des matériels de pointe pour le trafic, l'application de prix à la portée de toutes les couches de la population a entraîné un engouement de la part des voyageurs à emprunter le rail pour leur déplacement.

Par ailleurs, à l'indépendance le chemin de fer bien que vétuste présentait de meilleurs atouts pour le transport des voyageurs. C'est fort de tous ces constats que les résultats de quelques mois d'exploitations ne laisseront personne indifférent. Déjà en Août 1960, le chemin de fer va transporter 115.076 voyageurs soit 16 millions de voyageurs-kilomètres contre « 107.689 voyageurs, soit 14 millions de voyageurs- kilomètre »6 en 1959.

6 Régie du chemin de fer Abidjan Niger, Rapport trafic de la RAN 1960

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L'on note une augmentation en nombre voyageurs de 6,42 % et en trafic de 13,35 % durant le mois d'Août sur les années comparées de 1959 et 1960.

Les activités du chemin de fer du point de vue du trafic voyageur étaient en constante progression et ceci pour le bonheur des autorités ivoiriennes qui voient en ce moyen de transport et de communication un atout indispensable pour le développement du pays. Ainsi en Décembre 1960, le rail va transporter 142.000 voyageurs soit 20 millions de voyageurs-kilomètres contre 134.000 voyageurs en 1959.

L'analyse de ces chiffres nous montre une hausse des activités du réseau ferroviaire pour le transport des voyageurs car le nombre voyageur a augmenté de 5,50 % et de 21,89 % du point de vue du trafic.

Par ailleurs, lorsqu'on essaie d'analyser les résultats cumulés des activités au niveau du trafic voyageurs sur les huit (08) premiers mois (Janvier à Août), nous constatons une augmentation en nombre voyageurs de 5,53 % et en trafic de 9,48 % par rapport à la même période de 1959.

Ce sont « 1.015.806 voyageurs soit 149 millions voyageurs-kilomètres »7 contre 135 millions voyageurs-kilomètres en 1959. En d'autre terme, les activités du chemin de fer en 1960 du point de vue des voyageurs étaient en nette croissance durant toute l'année.

Ainsi, lorsqu'il s'agit de nous focaliser sur le trafic voyageur sur toute l'année, les résultats sont très rassurants et portent à croire que la voie ferrée est un moyen de transport et de communication apprécié par les populations pour se déplacer à l'intérieur comme à l'extérieur de la Côte-d'Ivoire.

Les résultats sur l'année complète de 1960 comparés à ceux de 1959 se présentent comme suit : de Janvier 1960 à Décembre 1960, ce sont 1.508.890 Voyageurs qui ont empruntés le train soit 216 millions de voyageurs-kilomètres contre 195 millions de voyageurs-kilomètres pour la même période de 1959.

7 id.Regie du chemin de fer Abidjan Niger, Rapport trafic de le RAN op-cit

Le constat est que sur toute l'année, l'on note une augmentation des activités du chemin de fer à travers son trafic voyageur qui a connu une hausse de 7,12 % en nombre voyageurs et 12,55 % en trafic.

Au total, le trafic voyageur du réseau ferroviaire est en nette croissance faisant du chemin de fer un moyen de transport et de communication indispensable pour l'économie ivoirienne.

Il en est de même pour le trafic marchandises de la voie ferrée qui connaît lui aussi une croissance exponentielle.

En effet, nous savons que depuis sa mise en service, le chemin de fer devait servir à transporter les marchandises lourdes du sud au nord et vice-versa. Et ce rôle n'a pas beaucoup changé en 1960 car les autorités ivoiriennes vont miser sur la voie ferrée pour transporter les produits de l'agriculture vers le Port d'Abidjan, mais aussi approvisionner les pays sahéliens qui n'ont pas de débouché sur la mer.

Ainsi donc, en Avril 1960 déjà le trafic marchandises est en nette augmentation par rapport aux chiffres du même mois de 1959.

Cette augmentation est de 13,70 % et porte surtout sur les transports de ciment (4.774 tonnes en 1960 contre 2.609 tonnes en 1959), des graines de coton, d'arachides, de sésames et autres oléagineux.

A partir d'Août de cette même année, c'est-à-dire quatre mois après, le trafic marchandises continu sa croissance et nous allons enregistrer 40.051 tonnes de marchandises chargées soit 15 millions tonnes-kilomètre en trafic en 1960 contre 32.475 tonnes de marchandises chargées soit 13 millions tonnes-kilomètre en trafic en 1959.

Le résultat est que le trafic marchandises a connu une augmentation de 18,90 % en tonnes chargées et de 12,66 % en tonnes-kilomètre sur les quatre mois d'étude.

Le trafic international étant un des piliers du réseau ferroviaire en Côted'Ivoire, son accroissement va automatiquement se refléter sur la croissance des

activités du Chemin de fer dans la mesure où le Mali, la Haute-Volta, et le Niger ont besoin de se ravitailler en produits de toutes sortes, vue l'accroissement de leurs populations et le niveau de vie qu'elles aspirent.

Dès lors, l'analyse des chiffres de Décembre 1960 au niveau du trafic nous laisse croire que le chemin de fer en 1960 était le moyen de transport et de communication le plus utilisé pour évacuer les marchandises dans les deux sens. Nous avons enregistré une augmentation du trafic de 62,75 % en tonnes chargées et 65,97 % en trafic par rapport à Décembre 1959.

Au total, lorsqu'on essaie de comparer les huit (08) premiers mois du trafic de marchandises de 1960 par rapport à la même période de 1959, nous constatons que de Janvier 1960 à Août de cette même année, le trafic se présentait comme suit : au niveau des tonnes marchandises chargées, nous avons enregistré 358.742 tonnes soit 132 millions de tonnes-kilomètre.

C'est en cela que nous avons noté une légère augmentation de 2,14 % en tonnes chargées et 4,89 % en trafic. Ces chiffres il faut le dire montrent la vitalité du trafic du chemin de fer qui continue de prendre du volume durant notre période d'étude c'est-à-dire 1960.

Cet accroissement du volume des activités du réseau ferroviaire est dû au développement de la Côte-d'Ivoire et de ses voisins immédiats ou lointain du nord dont la Haute-Volta avec qui notre pays a des liens économiques très forts de part le Port d'Abidjan.

Tous ces échanges commerciaux qui naissent, prennent forme et se développent, agissent immédiatement sur le trafic marchandises du chemin de fer car les résultats des douze (12) mois d'exploitation vont attester nos dires.

De Janvier à fin Décembre 1960, le trafic marchandises du rail a connu une progression très satisfaisante qui augure des lendemains meilleurs.

Au niveau des tonnes chargées, nous enregistrons 567.568 tonnes soit 219 millions de tonnes-kilomètre contre 190 millions de tonnes- kilomètre pour la même période de 1959.

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C'est une augmentation de 13,03 % en tonnes chargées et 15,08 % en trafic qui est constatée.

En 1960, les échanges commerciaux à l'intérieur comme à l'extérieur de la Côte-d'Ivoire sont concentrés sur un ensemble de produits qui circulent sur le réseau.

A propos des marchandises transportées, il faut noter que celles-ci d'une manière générale se composent dans le sens nord-sud de « bois, arachides, karité, palmistes, coton, banane, café, riz »8 .

Dans le sens inverse, ce sont des marchandises constituées d'épiceries, conserves, farine, boissons, sel et surtout le ciment et le combustible liquide car les pays comme le Mali, la Haute-Volta et le Niger sont aussi en construction donc ils ont énormément besoin de matériaux de construction mais aussi des hydrocarbures.

Par ailleurs, il convient de noter qu'il existe un déséquilibre dans le trafic car il est souvent en faveur des marchandises en partance du sud vers le nord et provenant plus précisément de l'Europe dans la mesure où par le bais du chemin de fer, L'Etat profite pour ravitailler les villes de l'intérieur du pays qui sont embranchées sur le réseau et les pays sahéliens.

En somme, en 1960 le chemin de fer en Côte-d'Ivoire était déjà incontournable du point de vue du volume de ses activités.

En effet, comme moyen de transport et de communication, il était utilisédès 1960 pour le transport des voyageurs et des marchandises du sud au nord et

vice-versa.

Ainsi tout au long de l'année 1960 les activités du réseau croissaient en volume faisant du chemin de fer un outil indispensable dans le développement économique du pays.

8 Louis Edouard Settie, l'Etat et le processus de développement en Côte-d'Ivoire 1960-1980 op-cit p28

Par ailleurs toutes sortes de produits circulent sur le réseau à cause des liens économiques unissant la Côte-d'Ivoire aux pays sahéliens en général et la Haute-Volta en particulier. Ce qui nous amène à nous intéresser à son rythme de croissance de 1960-1980

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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille