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L'urbanisation non maitrisée et le risque industriel: cas de la centrale électrique de Kounoune

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par Alassane BARRO
Ecole Nationale d'Economie Aplliquée (ENEA) - Ingénieur des travaux en aménagement du territoire environnement et gestion urbaine 2010
  

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INTRODUCTION

« Plus les risques sont faibles, meilleure est l'entreprise »
Sophocle

Après plusieurs décennies de développement euphorique, on avait oublié les manifestations éventuelles d?un risque industriel, ce qui s?expliquait par la confiance générale accordée aux ressources de la science et de la technologie. Le développement industriel a eu comme conséquence l?accroissement de production et de stockage des produits souvent dangereux dans l?enceinte des usines. Ce développement est à l?origine d?une urbanisation croissante des zones où sont installées ces usines. Il a également engendré une multitude d?accidents au point qu?on parle désormais de risque industriel. Le risque est le « produit » d?un aléa1 avec un enjeu, à savoir la gravité des conséquences sur les éléments vulnérables. L?augmentation du niveau de risque peut donc être liée soit à l?aggravation de l?aléa, soit à celle des enjeux. Ainsi, le risque est d?autant plus élevé que la densité de population et les potentiels économiques exposés augmentent, ceci combiné à la probabilité de survenance de l?accident.

Les accidents d?origine industrielle se produisent particulièrement dans des zones stratégiques où on note en général de forte concentration humaine et d?intenses activités économiques. C?est la raison pour laquelle ces accidents industriels favorisent souvent des transformations considérables bouleversant le milieu humain, le tissu économique, la structure urbaine et l?environnement, entre autres.

Ainsi, depuis la fin des années 60, le nombre d?accidents industriels majeurs n?a cessé de prendre de l?envergure. Ces accidents2 se sont produits aussi bien dans les pays développés et dans ceux en voie de développement. On peut ainsi citer parmi ces accidents l?explosion d?un réacteur chimique en juillet 1976 à SEVESO en Italie, la fuite de 40 tonnes de gaz toxique de l?usine de pesticides d?union Carbide en décembre 1984 à Bhopal en Inde, l?explosion du réacteur de type RBMK n°2 de la centrale

1 L'aléa correspond à la probabilité de manifestation d'un phénomène accidentel se produisant sur un site industriel

2 http://www.aria.developpement-durable.gouv.fr/

L'urbanisation non maitrisée et le risque industriel : Cas de la centrale électrique de
Kounoune

nucléaire de Tchernobyl le 26 avril 1986 en URSS ou encore l?explosion d?une citerne d?ammoniaque de la SONACOS le 25 mars 1992 au Sénégal.

Tous ces accidents ont mis à nu des dysfonctionnements sécuritaires au niveau des zones industrielles. En conséquence, ils ont rendu les pouvoirs publics conscients des impacts négatifs de ces accidents et du danger que comporte le système technologique actuel. En dépit de toutes les politiques relatives à la planification urbaine et à la sensibilisation des populations sur les accidents industriels, l?évolution progressive de l?urbanisation autour des installations classées à haut risque devient un phénomène incontrôlable. D?ailleurs, cette évolution a comme corollaire le non respect des périmètres de sécurité. Les employés préfèrent souvent habiter à proximité de l?usine en vue de réduire les coûts de transport. Le Sénégal n?a pas échappé à ce fléau et a connu des catastrophes entrainant des pertes humaines et matérielles inestimables. Ces catastrophes se sont produites sur plusieurs endroits du territoire sénégalais en général et, en particulier dans la zone franche qui concentre le plus grand nombre d?entreprises. En effet, nous nous rappelons toujours les accidents constituant des exemples révélateurs et illustratifs. Ils se sont distingués dans le transport aérien, ferroviaire, routier, maritime. L?accident le plus meurtrier s?est produit en 2001 avec le naufrage du bateau le Joola3 qui a causé deux mille (2000) morts. La Direction de la protection civile a répertorié 387 industries en 2003 à Dakar (Gueye, 2003). La centrale électrique de Kounoune, d?une puissance de sortie de 67,5Mw, fait partie des 70 industries de première classe de l?agglomération urbaine de Dakar. Cette centrale est à haut risque car susceptible de causer des dangers pouvant porter atteinte aux personnes, aux biens et à l?environnement. Elle se situe dans la communauté rurale de Sangalkam et précisément dans le village de Kounoune. Il faut noter que ce village est entrain de connaitre une urbanisation croissante où les habitations se rapprochent de plus en plus de la centrale électrique. Une survenance éventuelle d?un accident dans les périmètres de la centrale peut être préjudiciable aux personnes et aux biens bouleversant ainsi le tissu économique, social, environnemental et politique.

Voilà donc les principaux arguments qui nous ont stimulés, par le biais de cette présente
étude à nous intéresser à l?urbanisation non maitrisée face au risque industriel. Etant un
domaine où le degré de la réticence des acteurs mis en jeu est très significatif, nous

3 Nom de la principale ethnie de la Casamance (Sénégal)

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Kounoune

essayerons d?apprécier les moyens de protection, d?évaluer le niveau d?exposition des personnes et de calculer les distances d?effets en vue d?estimer l?ampleur des conséquences sur l?étendue du territoire considéré comme vulnérable.

Ainsi, ce présent document traitera trois grandes parties : Le cadre de référence, la méthodologie et le cadre de l?étude, l?analyse et interprétation des résultats. Nous finirons par la formulation de recommandations et la conclusion.

L'urbanisation non maitrisée et le risque industriel : Cas de la centrale électrique de
Kounoune

PREMIERE PARTIE

CADRE DE REFERENCE

L'urbanisation non maitrisée et le risque industriel : Cas de la centrale électrique de
Kounoune

PREMIERE PARTIE : CADRE DE

REFERENCE

CHAPITRE I : REVUE CRITIQUE DE LITTERATURE

Dans l?une de ses oeuvres ?vie de relation au Sénégal : la circulation des biens (Dubresson, 1979) traite essentiellement de l?historique de l?implantation industrielle. La première impulsion de l?industrie a eu lieu au cours de la période coloniale où Dakar servait de base à toute l?Afrique Occidentale Française. Cette situation se justifie par la particularité de la région tant sur le plan géographique que celui climatologique. Get aspect trouve son importance dans l?approvisionnement en matières premières réceptionnées à partir du port, transformées dans la zone industrielle et réembarquées à partir de ce même port en destination des pays occidentaux. Après les indépendances ce processus s?est renforcé avec une extension de la zone industrielle vers la zone franche industrielle qui s?étend jusqu?à Bargny. Désormais, l?essentiel des unités industrielles de Dakar se trouve concentrées sur la zone allant du port de Dakar à Bargny. Il faut souligner que l?industrie sénégalaise a connu quatre étapes dans le développement de son infrastructure (Bonnardel, 1978)4 :

- Avant la Seconde Guerre Mondiale, Dakar a été pratiquement la seule ville d?Afrique à bénéficier de l?implantation d?unités industrielles, notamment des huileries, brasseries, biscuiteries, fabriques d?air liquide. ..Ces implantations ont été facilitées par la présence du port et le rôle phare que jouait le Sénégal dans les colonies françaises,

- Pendant la seconde guerre mondiale, les difficultés d?approvisionnement en matières premières ont impulsé le développement d?industries tournées vers l?intérieur et qui transforment les matières premières locales. C?est la naissance des cimenteries, poissonneries, fabriques de chaussures etc.,

- Après la seconde guerre mondiale, jusque dans les années 1950, prend naissance une diversification de l?industrie sénégalaise du fait de la libéralisation

' Vie de relation au Sénégal:la circulation des hiens. Dakar.

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du secteur par la politique métropolitaine. On assiste ainsi à la modernisation et à l?extension des unités déjà existantes mais également à la naissance des premières unités industrielles dans les secteurs tels que la chimie, les emballages etc.,

- De 1960 à 1980, le déclin des confédérations africaines (AOF et AEF) qui représentaient un marché de plus 100 millions de consommateurs a occasionné une chute de la production de l?industrie, avec la fermeture de nombreuses unités ;

L?analyse de l?évolution de l?industrie montre donc un essor sous l?impulsion de la puissance coloniale. Dans le souci de rattraper le retard économique, les pays africains ont développés des stratégies incitatives pour attirer les investisseurs et relancer l?activité économique à travers le développement de nouvelles industries. Cependant, au-delà de l?essor économique, les populations des pays du Nord sont conscientes contrairement à celles du Sud des inconvénients que ce secteur peut entrainer. Les substances nuisibles souvent utilisées par l?industrie comme matière, peuvent être tout aussi dangereuses que les divers rejets dans le milieu avec des conséquences négatives aussi bien pour l?environnement que pour les populations.

Le développement industriel ne va sans créer des catastrophes et risques sur l?environnement, les biens et les personnes. En effet, selon l?Agence Européenne de l?Environnement et de l?OCDE, le risque industriel est une source de sinistres à grande échelle caractérisée dorénavant par une hyper corrélation des risques. Les dommages causés par un accident ne se limitent pas à des dégâts matériels car une catastrophe industrielle peut avoir d?une part des impacts financiers et sociaux importants et d?autre part, des conséquences graves sur la santé humaine et sur l?environnement. Mais le rapport sur les risques émergents au 21éme siècle révèle que méme si l?accumulation d?événements catastrophiques durant les dernières années a permis d?envoyer un tel signal d?alerte aux gouvernements, force est de constater que les mesures prises pour obtenir une réduction de l?ampleur des sinistres quelle que soit leur origine avaient été jusqu?à présent peu efficaces.

Ainsi, le Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté (DSRP) indique que la protection sociale et la gestion des risques constituent les instruments privilégiés pour une croissance accélérée et une réduction durable de la pauvreté.

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Les risques et catastrophes auxquels les populations sont exposées maintiennent les groupes les plus vulnérables dans la précarité et font basculer d?autres dans la pauvreté. Du fait de leurs conséquences sur les personnes, les biens et l?environnement, ils font perdre à l?économie nationale des gains de croissance importants.

A cet égard, le gouvernement a pris des mesures incitatives importantes marquées par l?adoption d?un arsenal juridique et la mise en place de la commission supérieure de la protection civile, des organes de gestion et de prévention des catastrophes dont le plus connu est le plan ORSEC5. Mais, il convient de souligner que les modalités d?application des textes et règlements posent problèmes.

Les exemples récents d?accidents qui se sont produits dans le monde montrent la vulnérabilité des sociétés développées. LAGADEC (1981) effectue le rapprochement avec des crises historiques et préconise la mise en place de dispositifs permettant de rassembler des moyens suffisants, de mesurer l?importance du risque et d?en combattre les effets de façon appropriée. Il prétend que la difficulté résulte tout de même à développer à la fois des capacités techniques, organisationnelles et sociopolitiques qui sont trois composantes fondamentales de toute action cohérente en situation de crise. (LAGADEC, 1981) a inventé le terme « risque technologique majeur » pour qualifier ces risques dont les conséquences sont potentiellement très importantes mais dont la probabilité de se produire est faible. Ainsi, ces nouveaux risques sont rares mais susceptibles de se produire à n?importe quel moment et provoquer de gros dégâts. Il s?agit de risques « proliférant » qui, s?ils se réalisent, agissent en multiplicateur, et leurs conséquences peuvent dépasser la capacité financière des assurances à indemniser les dommages. « L?effet domino » est particulièrement redouté.

Pour mieux illustrer le danger généré par une installation classée face aux enjeux du milieu qui l?entoure Amel et Ali (2005) proposent de montrer des scénarios de risque selon une approche déterministe. Cette dernière est faite à partir d?un scénario maximum lié au stockage atmosphérique c'est-à-dire un accident majeur susceptible de se produire physiquement dans une installation quelle que soit la cause, sans qu?aucun système de prévention, de protection ou d?intervention ne puisse en limiter les effets.

Or, le stockage atmosphérique inclus toujours l?ensemble des capacités contenant des substances à une pression sensiblement égale à la pression atmosphérique. Ainsi, pour

5 Organisation de secours

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ce type d?équipement, Amel et Ali (2005) prétendent que l?événement central le plus redouté est la perte de confinement de la substance dangereuse.

Et à partir de cette idéologie, il est alors possible d?imaginer la survenance de certains phénomènes tels que le Boil over, par exemple.

Pour DUPLESSIS (2006) dans son ouvrage intitulé « risque industriel et structure urbaine, » certains accidents qui se sont déjà produits tels que l?explosion de l?usine AZF ont induit une prise de conscience des risques encourus par les ménages résidant à proximité des industries à risque (DUPLESSIS, 2006). Selon DUPLESSIS (2006), la meilleure façon de combattre les risques industriels serait d?instaurer une implication accrue des riverains dans les décisions ou les débats publics concernant les établissements à risque. Il a montré les enjeux d?une politique publique de maitrise de l?urbanisation et prétend que la réglementation de l?urbanisation autour des sites à risque est le levier privilégié de l?action publique et ceci ne pourrait se faire que par l?implication des acteurs. Cependant, il est possible de parvenir à un certain degré de réduction du risque sans pour autant espérer atteindre le risque zéro qui demeure inaccessible. Il souligne que le nombre d?accidents industriels majeurs n?a cessé d?augmenter et la taille des problèmes a changé d?échelle depuis la fin des années 60. Et face à ces problèmes qui ont entrainé des conséquences humaines, économiques et environnementales, l?opinion est cependant alertée sur la dangerosité des systèmes industriels.

Malgré la mise en place d?une politique de prévention des risques majeurs, il n?a pas été selon lui possible de contrecarrer l?évolution inévitable de l?urbanisation vers les installations industrielles génératrices de risques majeurs. Cela dénonce le décalage entre le développement industriel et la planification urbaine et propose une réflexion sur les modalités de cohabitation à moindre danger entre les industries dangereuses et la vie urbaine

C?est Ulrich BECK (2001) qui a sans doute le plus fermement souligné la nécessaire recomposition des points de vue résultant de cette importance de la notion du risque (BECK, 2001).

Dans son célèbre ouvrage de 1986, il souligne que « la société industrielle, en s?affirmant c'est-à-dire dans le cadre discret de la normalité, quitte la scène de l?histoire mondiale par la petite porte des effets qu?elle induit (...) (p-13).

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Les risques sont avant tout des risques invisibles ou peu visibles, autant nichés dans les formules des scientifiques que dans les demandes productivistes des agriculteurs ou celles consommatoires des classes moyennes. Il va évoquer les multiples facettes du risque.

Ils sont démocratiques c'est-à-dire il affecte le riche comme le pauvre et modifie les systèmes économiques, juridiques et politiques.

Ils sont également mondialisés car aucun pays ne peut espérer s?en sortir tout seul (idée d?une politique intérieure mondiale).

Toujours selon BECK (2001), les progrès des sciences ne diminuent pas le risque, mais autorise tout à la fois l?augmentation de la conscience du risque et la critique du savoir scientifique lui-même. Ainsi, la peur tend à dominer notre vie et la sécurité traitée comme un bien public mesurable économiquement, s?impose aux citoyens autant qu?elle répond à leur peur. Cependant, il est revenu également sur le « risque terroriste » pour le distinguer du risque écologique et celui économique.

(BECK, 2001), montre que notre société évolue vers une société du « risque incompressible » dans laquelle ce mode de protection s?amoindrit paradoxalement à mesure que croît l?ampleur du danger. Face à ce type de risque, la collectivité pourrait devenir une « société sans assurances ».

Les dégâts éventuels en jeu sont « illimités, globaux et souvent irréparables, ce qui enlève toute signification à l?idée de compensation monétaire » (p.45). De plus, ce méme auteur relève que l?accident n?a plus de limites (spatiales et temporelles) et change de ce fait de signification : il devient un incident dont on voit le début mais non la fin « une débauche de destruction rampante, galopante et se superposant les unes aux autres ». Or, cela signifie qu?il n?y a plus de critères de normalités ni de méthodes de mesures et donc de base pour évaluer les dangers. On compare ce qui n?est pas comparable, l?évaluation devient dissimulation.

Il va jusqu?à méme dire qu?il y aurait confusion de deux siècles :

+ Les dangers auxquels nous sommes exposés sont de ce siècle ;

+ Les moyens grâce auxquels on promet de les maitriser pour assurer notre sécurité appartiennent à un autre siècle (héritage de la société industrielle du XIXème et du XXème siècle).

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Giddens et Beck (1986) nous ont expliqué que notre société n?est pas proportionnellement plus dangereuse que celle d?autre-fois mais qu?elle doit repenser son attitude face aux aléas en terme de risque puisque la science ne peut plus prétendre contrôler les risques et que les technologies anti-risques accroissent les risques.

Selon Knight (1986) « les risques à l?âge de la globalisation ne sont donc pas des interruptions isolées du service normale mais font partie de l?activité habituelles ". Et pour faire face à ces risques qualifiés de « technologiques "par opposition aux risques naturels, S. Charbonneau, dans « L?acceptabilité du risque d?accident majeur », affirme que l?homme peut emprunter deux voies d?actions opposées. D?abord, il peut choisir de neutraliser définitivement le risque en annihilant la source de celui-ci. Envisagée de manière globale, et certes peu réaliste, par certains mouvements écologistes des années 60, à travers la théorie de la « croissance zéro », cette méthode consiste à cesser l?activité dangereuse pour l?homme et l?environnement. Il s?agit de «l?option zéro pour motif de sécurité en matière de projets industriels«

Ensuite, la société doit-elle supporter ces risques, ce qui ne l?oblige en rien à se confiner dans l?action. Certes, la reconnaissance du droit de réparation des dommages subis par les tiers du fait d?une activité dangereuse est reconnue depuis longtemps.

Mais cette solution, indispensable lorsque l?accident a eu lieu, ne doit pas faire oublier que le meilleur moyen contre le risque technologique est de prévenir l?éventualité de sa survenance.

Cependant, cet objectif de prévention devra être appliqué de façon modulée, différenciée, selon l?activité source de risques.

Il est important de rappeler que les notions de risque technologique ou d?accidents majeurs n?existaient pas explicitement. Ces anciens textes visaient essentiellement à prévenir les troubles de voisinages et les risques pour la salubrité publique que faisaient peser les activités qu?ils encadraient sur les propriétaires riverains.

Il s?agissait par exemple d?éloigner les abattoirs des zones urbanisées mais encore de réglementer les dépôts de bois ou de chiffons afin que leur localisation ne facilite pas la propagation des incendies à des zones habitées.

Ewald (2001) a quand à lui essayé de faire des différents facteurs qui sont susceptibles de transformer le risque notamment les évolutions démographiques, les progrès de la

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connaissance, les progrès scientifiques et technologiques, la mondialisation et la mutation du système productif.

Son analyse montre comment ces facteurs impactent sur les risques mais aussi sur le système de protection ; par exemple, les progrès de la connaissance ont permis d?améliorer potentiellement le niveau d?information sur les risques en sachant leur origine. Egalement, la consistance de leur travail ne va pas sans prétendre que le risque doit être perçu comme endogène.

Le cahier des préludes est consacré à la prévention et à la gestion des risques urbains et rassemble les contributions des différents acteurs qui ont analysé les modalités de réduction des risques ou la façon de limiter les conséquences en cas de catastrophes.

Et de ces auteurs, il ya Jean BROT et Jacques POIROT en 2005 dans (« Risques urbains : de la prévention à la gestion ») avancent des stratégies visant à prévenir et à gérer les risques urbains.

Ces stratégies sont devenues progressivement une préoccupation majeure des citadins et des responsables des différents acteurs (industriels, Etat, ONG, etc.).

Pour eux, il ne suffit pas simplement de mener une politique de prévention mais aussi d?appliquer le principe de précaution étant entendus que l?article 5 de la charte de l?environnement stipule en effet que « lorsque la réalisation d?un dommage, bien qu?incertaine en l?état des connaissances scientifiques, pourrait affecter de manière grave et réversible l?environnement, les autorités publiques veillent, par application du principe de précaution à l?adoption des mesures provisoires et proportionnées afin d?éviter la réalisation du dommage ainsi qu?à la mise en oeuvre des procédures d?évaluation des risques encourus ».

La recherche de solutions aux problèmes technologiques est complexe puisque entre en jeu une diversité de valeurs et de positions qui s?imbriquent dans des questions institutionnelles, en consensus pour sauvegarder un système sociopolitique, ou dans les menaces et les dangers qui affectent un espace (Estacion, 2004).

Il a montré la meilleure façon de comprendre la dynamique et la complexité des risques actuels.

Selon lui, il est important que la définition de départ du risque inclue les relations entre les aspects « purement » techniques et les aspects sociopolitiques. Pour que les aspects sociopolitiques soient techniquement adaptés et satisfaisants (aspects importants pour la

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Kounoune

stabilité des décisions) ils doivent être traités à l?intérieur de la conception des solutions et non comme externalités, sinon sera créée une tergiversation dans les décisions.

Le principe de précaution, par rapport à la responsabilité du comportement éthique de l?homme et le respect à la vie se présente comme un des ponts possibles entre la gouvernabilité et le risque De Marchi y Funtowicz (2002). Cela est dû au fait que dans ses propositions, il est capable d?articuler des objectifs scientifiques et éthico-politiques afin de guider l?élaboration de politiques publiques en relation aux risques, soutenues par des consensus plus amples et plus stables.

Un des postulats sur le principe de précaution est décrit par (Lowell, 2001)qui mentionne les éléments nécessaires pour le mettre en pratique: « la défense du droit de base de chaque individu et des futures générations pour un environnement sain et promoteur de vie ; l'action préventive quand il existe une évidence crédible qu'un dégât se produit ou peut se produire, même quand la nature exacte et la magnitude du dégât ne sont pas totalement connues ; l'identification, l'évaluation et la mise en pratique des chemins les plus sûrs pour satisfaire d'une manière viable les nécessités sociales ;

assigner aux promoteurs des activités potentiellement dangereuses la responsabilité d'étudier à fond les risques pour pouvoir les réduire, ainsi qu'évaluer et choisir les alternatives les plus fiables pour satisfaire une nécessité particulière, dans une révision indépendante du processus ; et appliquer des processus de prise de décisions transparents et complets pour augmenter la participation de tous les acteurs impliqués et des communautés (particulièrement ceux qui seraient potentiellement affectés par une décision au niveau des politiques). ».

TOUTAIN, E6 (2007) a essayé de faire le rapport entre installations classées et droit de l?urbanisme. Ce dernier constitue, selon lui l?outil fondamentale permettant de réglementer et si nécessaire d?interdire l?implantation de nouvelles activités ou populations, à proximité d?une installation dangereuse préexistante. Les législations régissant les installations et l?urbanisme sont différents d?où le principe d?indépendance. En effet, l?autorisation accordée au titre de la législation des installations classées n?est aucunement liée à la délivrance du permis de construire de cette installation. Même si l?exploitant voit son projet autorisé par le préfet, le permis de construire pourrait

6 Eric TOUTAIN, Mémoire de DEA : Installations Classées et Prévention des risques technologiques majeurs

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néanmoins lui etre refusé en raison du risque technologique que génère l?installation en cause. Et PRIEUR (2005) de faire la distinction entre « constructions d?habitations à proximité d?installations classées » et des « constructions d?installations classées à proximité d?habitations existantes«.

La difficulté à appliquer le règlement repose sur les conflits d?intérêt entre l?Etat et la collectivité devant recevoir l?installation. Le premier cherche à créer le plein emploi et renforcer la collecte des taxes et impôts en encourageant les investisseurs à s?implanter. La collectivité locale, quant à elle compte sur le prix du mètre carré du sol étant donné que ce dernier augmente en fonction du rapprochement de l?installation ceci dans les communautés européennes.

Enfin, NOVEMBER (2000) dans sa thèse sur le territoire du risque va plus loin en affirmant que le risque est un facteur d?accélération des dynamiques urbaines en ce sens qu?il entraine des processus et de renouvellement.

Le territoire et le risque entretiennent des relations étroites. L?ouvrage indique les grandes traditions de prise en compte des risques en géographie. Certains praticiens du risque distinguent le risque spéculatif, qui apporte la possibilité de gain ou de perte, du risque pur, qui ne donne que des possibilités de perte.

Les études en matière de risque ont une approche trop souvent fragmentée. Ce manque d?ambition ne semble pas sans remède. Par exemple en gestion des risques des collectivités territoriales, certaines études ont déjà porté sur l?ensemble des traductions de connaissance du risque au sein de chaque entité d?administration.

Le programme méthodologique de November (2000) insiste beaucoup sur la dimension imaginaire du territoire. Pour lui, le territoire n?est qu?une connaissance du risque. Ce programme méthodologique peut être résumé à travers trois termes : dynamique, réseaux, pouvoir-capacité.

En ce qui concerne la dynamique, NOVEMBER (2000) défend que la cartographie des risques soit trop prenante. Cette cartographie "point-ligne-surface" n?est pas stable selon l?échelle de la carte. L?opposition entre des risques avec un "bassin naturel" et des risques diffus s?atténue lorsqu?il est pris en compte les "lignes", c?est-à-dire les réseaux. Par exemple, pour le risque incendie, qui est considéré comme un "point", c?est-à-dire

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un risque diffus, son traitement repose sur des réseaux d?alerte et de bouches à incendie, c?est-à-dire des "lignes". Une stratégie de spécialisation des espaces est génératrice de dynamique d?accumulation de risques en longue période.

Pour en revenir sur le Sénégal, le rapport du PNUD-UNCHS7-BANQUE MONDIALE montre que la majeure partie des unités industrielles est localisée dans la zone de Dakar qui est un site privilégié à cause des infrastructures comme le port, les institutions administratives, le marché, etc.

En effet, Dakar abrite 80% des industries par rapport au reste du pays. L?importance de l?industrialisation de Dakar, démontre tout le poids économique de la région pour le Sénégal. Ce qui d?ailleurs doit justifier amplement les investissements dans la prévention des risques. Selon toujours le rapport, la gestion des risques industriels est perçue comme une affaire relevant de la seule compétence de l?Etat au niveau central. Elle est de plus en plus prise en charge par les autorités et les entreprises privées. Cependant, elle implique plusieurs acteurs dont les activités ou la position sont directement ou indirectement liées aux risques et à leurs conséquences. Et des ces acteurs, nous retenons ceux institutionnels par exemple le gouvernement central et ses ministères, les démembrements de l?Etat, les collectivités locales composées par des communes et des communautés rurales.

Et selon le classement par rapport aux communes les plus impliquées, la municipalité de Rufisque avec la centrale du Cap des Biches et la SOCOCIM, vient en troisième dans la concentration d?industries à risque. Ce qui la classe au sein des communes à problèmes. Mais l?action de ces secteurs institutionnels ne saurait être efficace sans le concours de ceux du secteur socio-économique. Les industries constituent la source des risques du fait de la qualité de leurs technologies ou de la nature de leurs activités. Depuis environ 3ans, la situation a changé à la SOCOCIM où l?Etat a passé avec la société un protocole de gestion des problèmes de pollution.

Le rapport du PNUD-UNCHS-BANQUE MONDIALE révèle que la plupart des installations technologiques de ces industries sont obsolètes et posent donc des

7 United Nations Centre For Human Settlements

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problèmes de maintenance et de surveillance permanente. Il montre également l?importance de la prise en compte de la dimension environnementale en l?illustrant par l?exemple de la SOCOCIM où avec une non pose de filtres ou leur fonctionnement défectueux au niveau des cheminées de l?usine fait perdre des milliers de tonnes de ciment car l?évaluation en terme de valeur financière de ces pertes aurait permis d?acheter des filtres, de minimiser les nuisances et pollutions et d?accroitre le production de l?entreprise.

Et le rapport avance une conclusion selon laquelle il n?y a pas une intégration des chapitres de gestion sécuritaires et prévention des risques dans la budgétisation des entreprises. Ce sont 5 à 10% des entreprises qui opèrent des contrôles de maintenances systématiques. Et certaines d?entre elles le font souvent sous contrainte.

CHAPITRE II : CADRE CONCEPTUEL Vulnérabilité

Au sens commun et étymologique la « vulnérabilité » est issu du bas latin vulnerabilis, lui-même tiré de vulnerare, qui signifie blesser, et de vulnus, qui veut dire blessure. La vulnérabilité est le caractère de ce qui est vulnérable, c'est-à-dire de ce qui est sensible, fragile, faible, défectueux, à la merci de la moindre atteinte, blessure, attaque REVET (2008)

Dans le langage courant, la vulnérabilité est donc utilisée pour désigner un état de fragilité, une propension à subir des dommages. La vulnérabilité possède aujourd?hui un champ sémantique extrêmement large résultant de la diversité des disciplines et des courants de pensées qui se sont à chaque fois emparés de cette notion et l?ont définie en l?adaptant à leurs exigences propres. Les domaines de recherches dans lesquels la notion a été conceptualisée sont très nombreux.

En sociologie par exemple, la vulnérabilité permet de qualifier un état des sociétés face aux risques majeurs et à des changements socio-économiques qui s?accélèrent DOBRE (2003)

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La vulnérabilité peut alors être définie comme « l?état qui se caractérise par l?absence d?alternative, tant matérielles que symboliques ou culturelles, à une situation personnelle ou collective de grande fragilité ou de menace.

Ceci dessine les contours d?un monde « sans-abri » où la question des ressources civiles et politiques pour rendre possible la poursuite de la vie sociale se pose avec la plus grande acuité » DOBRE, M (2003)8.

Dans le domaine de la psychologie et de la psychanalyse, la vulnérabilité se définit comme un état de moindre résistance des sujets aux nuisances et aux agressions extérieures. Elle évoque les sensibilités et les faiblesses patentes ou latentes immédiates ou différées et peut être comprise d?une capacité (ou d?une incapacité) de résistance aux contraintes de l?environnement ANAUT, (2005)9.

Dans un tout autre domaine, la notion de vulnérabilité a également été utilisée dans la recherche en informatique, en matière de climatologie : la vulnérabilité comme le degré par lequel un système risque de subir ou d?être affecté négativement par les effets néfastes des changements climatiques (Estacion, 2004)en matière d?archéologie : la vulnérabilité exprime le niveau de détérioration ou de perte d?un objet archéologique soumis à un phénomène donné [PISA10, 2002]. Dans le cadre des recherches portant sur les risques, elle représente la propension d?un territoire donné à subir des dommages et des dérèglements en cas de manifestation d?un phénomène dangereux (R.D'ERCOLE, 1994)

Dans le seul domaine de la recherche sur le risque majeur, de multiples études ont été développées sur la vulnérabilité, tant du point de vue théorique que méthodologique. Dans ce même ordre d?idées, la vulnérabilité a pu aussi être envisagée comme la propension d?un territoire et de ses enjeux à subir ou à résister aux aléas. Elle dépend alors de facteurs tels que la présence de population, la qualité du bâti ou des caractéristiques techniques du territoire

IFEN11, (2006). C?est une de ces visions simplifiées de la vulnérabilité qu?a adopté le
ministère français de l?Ecologie, de l?Énergie, du Développement Durable et de
l?Aménagement du territoire en, pour qui la vulnérabilité est la propension qu?ont

8 Michelle DOBRE, l?écologie au quotidien : Elément pour une théorie sociologique de la résistance ordinaire, Harmattan, 352 pages, 2003.

9 Marie ANAUT, soigner la famille, collection sociétale, Paris, Armand colin, 2005

10 Programme Internationale pour le Suivi des Acquis

11 Institut Français de l?environnement

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certains éléments vulnérables (ou enjeux), tels que les personnes, les biens ou les différentes composantes de l?environnement susceptibles de subir des dommages, du fait de l?exposition au danger.

De la même façon, la notion de vulnérabilité a également pu être décomposée en vulnérabilité géographique (qui dépend des caractéristiques physiques du territoire et de l?aléa), structurelle (relatives aux caractéristiques architecturales et techniques des matériaux et constructions), organisationnelle (qui dépend de la capacité à gérer la crise et à revenir à la normale), individuelle (qui correspond à la fragilité intrinsèque et au degré d?exposition des personnes) DIA, (2008).

Cette définition combinée avec celle évoquée par REGHEZZA dans son excellent travail de thèse où il considère la vulnérabilité comme un mot à la mode et que sa promotion est liée à un contexte, à une conjonction d?événements catastrophiques survenus ces dernières années est la plus appropriée à notre travail de recherche. En effet, dans les périmètres de la centrale les populations les plus vulnérables sont ceux dont leurs ménages jouxtent la centrale mais également les personnes utilisant les voies de circulation et pour les biens ce sont principalement les équipements tels que les établissements éducatifs, électriques et sanitaires.

Le risque

Le risque comme étant la prise en compte d?une exposition en danger, un préjudice ou événement dommageable, inhérent à une situation ou une activité.

Le risque est défini par la probabilité de survenue de cet événement et par l'ampleur de ses conséquences (aléa et enjeu). Il peut être appliqué à une personne, une population, des biens, l'environnement ou le milieu naturel. Frank Knight12 (1921) a proposé une distinction qui fait référence entre le risque et l?incertitude : à un risque peuvent être assignées des probabilités mathématiques mais pas à une incertitude. Ce concept présente une ambiguïté étant donnés qu?il est différemment utilisé par des auteurs et suivant des domaines précis.

Bernoulli, D (1978)13, apporte la première définition scientifique : « le risque est l'espérance mathématique d'une fonction de probabilité d'événements ». En termes plus simples, il s'agit de la valeur moyenne des conséquences d'événements affectés de leur

12 Economiste (1885-1972) connu pour sa distinction entre risque et incertitude proposée en 1921

13 Dans Spécimen théorie novae de mensura

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probabilité. Ainsi, un événement e1 a une probabilité d'occurrence p1 avec une conséquence probable C1 ; de même un événement en aura une probabilité pn et une conséquence Cn, alors le risque r vaudra p1.C1 + p2. + ... + pn.Cn. Le produit pi. Ci est appelé valeur de l'aléa i.

La directive SEVESO2 a quand à elle défini en 1996 le risque comme étant la probabilité qu?un effet spécifique se produise dans une période donnée ou dans les circonstances déterminées. En conséquence, un risque se caractérise par deux composantes : la probabilité d?occurrence d?un événement donné, la gravité des effets ou des conséquences de l?événement supposé pouvoir se produire.

Cependant, en matière de risques une des difficultés majeures est liée à leur imprévisibilité du fait de l?émergence de nouveaux périls. Il existe tout de méme des risques technologiques qui sont d?ores et déjà prévisibles alors les moyens pour les prendre en compte et de limiter sont disponibles. Ainsi, lors du sommet de la terre de Stockholm (1972), le phénomène de changement climatique, apparu depuis une trentaine d'années, et identifié, a montré qu'il existe un risque d'origine anthropique sur l'environnement, qui peut avoir des impacts sur la société.

GRANVORKA, G a affirmé depuis Rio (1992) que les sociétés contemporaines sont désormais admises comme hautement empreintes de risque. Et une fois acceptée son universalité, la nécessité d?une prise d?une prise en compte de sa gestion et du besoin de protection qui l?accompagne s?imposent dans une démarche duale qui implique à la fois le scientifique et certainement la collectivité. Le scientifique, en raison du rôle préventif qui lui est attribué et la collectivité car il lui revient de gérer ce risque.

Toutefois, une double distinction doit être opérée entre « risque " et « incertitude ". En effet, si au sens du dictionnaire, le risque représente la « possibilité d?une perte, blessure ou péril » et l?incertitude définie comme la chose « indéfinie, indéterminée " + JIIJE's, ff (2006) dans leur acception courante, la distinction entre les deux est que le risque dénote une probabilité positive d?occurrence d?un évènement négatif, alors que l?incertitude n?implique pas nécessairement un jugement de valeur ou de classement d?une possible occurrence. Fondamentalement donc, les deux termes se réfèrent à une même situation dans laquelle certains aspects du futur ne peuvent être prévus.

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Selon Knight (1921) le risque est présent quand des évènements futurs se réalisent avec une probabilité mesurable, et l?incertitude est réelle quand ces mémes évènements à venir sont indéfinis ou non calculables.

Le couple risque/incertitude devient une distinction entre probabilités mesurables ou non, le risque étant une situation assortie de probabilités différentes. Dans le modèle de Knight (1921), le risque couvre deux situations distinctes : l?incertitude mesurable et l?incertitude non mesurable. Dans une hypothèse de risque quantifiable, les agents sont en mesure de se protéger du risque, de le convertir en certitude.

Ce faisant, ils peuvent créer les synergies, les institutions nécessaires à la protection ou encore à la précaution. Les agents fonctionnant sur un principe de mutualisation de leurs efforts, connaissances ou expériences, le risque peut être éliminé, mieux cerné, ce qui conduit à une réduction de l?incertitude.

Dans le cadre de notre étude, le concept risque serait utilisé dans les installations classées et de la protection de l?environnement à l?exemple de la centrale électrique et des industries susceptibles de causer des dommages graves sur les personnes et à l?environnement. Dia (2008)14 conçoit le risque comme la rencontre entre l?aléa et la vulnérabilité. Or, l?aléa est selon ce dernier un phénomène ou une situation éventuelle qui peut générer un danger pour les personnes, les biens ou les moyens de production et il est éventuellement irréversible. Il avance trois critères fondamentaux pour caractériser le risque dont la temporalité, l?intensité et territoires et chacune d?entre eux présente des spécificités

Effets dominos

Tiré du langage commun, il pourrait être sommairement défini comme désignant la transmission successive d?un événement entre plusieurs personnes ou choses, à raison de la proximité que celle-ci entretiennent entre elles.

Ainsi, sont par exemples sujets à effets dominos les automobiles impliquées dans une collision en chaine, ou encore ces arbres déracinés lors d?une tempéte, non par le vent mais par la chute d?autres arbres.

Cependant, dans l?hypothèse où les installations ainsi rapprochées sont dangereuses, la survenance d?un accident dans l?une d?entre elle fait courir le risque supplémentaire de sa transmission aux autres installations dont le fonctionnement était jusque là normal.

14 Cours gouvernance des risques ATEGU II, ENEA, 2008

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Peuvent ainsi être imaginées la propagation d?un incendie, des explosions «en chaine«. En définitive, un tel regroupement d?installations dangereuses, s?il est mal maitrisé, peut aboutir à la multiplication exponentielle des dommages pour l?homme et l?environnement. (Ewald, 2001)

Urbanisation

L?urbanisation c?est le mouvement de développement des villes, à la fois en nombre et en taille, numérique et spatial ; il concerne tout ce qui est lié à la progression directe du phénomène urbain et transforme peu à peu les villes ou les banlieues et souvent les deux Garnier, J(1995)15. Dans le langage courant, le mot urbanisation vient du latin urbs qui désigne la cité, la ville. L?urbanisation représente donc l?action d?urbaniser c'est-à-dire d?organiser le développement des villes. La banque mondiale quant à elle définit l?urbanisation comme un changement de proportion de la population nationale résidant dans les zones urbaines.

Pour BORIES V. (2006), l'urbanisation peut-être définie comme l'expansion de la population, des activités et des espaces urbains est le phénomène majeur de ce siècle. Elle s'effectue à un rythme de croissance moyenne de 2 % à l'échelle mondiale. Le monde compte aujourd'hui trois milliards de citadins. Les villes sont le moteur de la croissance économique et jouent un rôle fondamental dans la mondialisation. Ces dynamiques se traduisent dans l'organisation des espaces et dans les paysages urbains. Cependant l'ampleur de ce phénomène est inégale selon les régions du monde. L'urbanisation progresse beaucoup plus rapidement dans les pays en développement que dans les pays industrialisés et riches et elle profite davantage aux très grandes villes qu'aux plus petites : la population urbaine dans les pays du Sud est deux fois supérieure à celle des pays du Nord et le nombre de villes de plus de dix millions d'habitants a été multiplié par trois en cinquante ans.

Abordant dans le même sens, POURTIER R. (1993) signale que « L'urbanisation représente à n'en point douter, la transformation la plus spectaculaire de l'Afrique contemporaine, celle aussi qui pose le plus de problème. Les grandes villes d'Afrique ont atteint et dépassé les dimensions de l'ingérable... parce qu'ayant réussi à absorber

15 Jean Beaujeu Garnier dans Précis de géographes urbains ; 1995

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des excédents démographiques dont le rythme de croissance n'a son égal nulle part ailleurs au monde ». Cette explosion urbaine pose de nombreux problèmes sociaux et environnementaux selon l'auteur. ATTA K. (2005) aborde dans le même sens et définit l'urbanisation comme un processus de concentration de la population en un lieu donné. Lorsque cette population atteint un certain seuil, elle suscite de nouveaux modes de production et de consommation. L'urbanisation se déroule à des rythmes différents selon les pays et les régions du monde.

Quant à TROTSKY M. (2003), il fait la situation de l'urbanisation à Bondoukou. Pour lui, la ville de Bondoukou a connu une évolution spatiale de 1897 à nos jours. Cette dynamique spatiale a permis à la ville de s'étaler dans toutes les directions. Cependant, l'évolution de la ville n'a pas été suivie par les infrastructures adéquates et de nombreuses activités non encadrées ont émergé, entraînant la baisse du pouvoir d'achat et la montée de la pauvreté par le manque d'activité motrice. Ainsi, la dégradation de l'environnement et du cadre de vie est-il le signe patent de la pauvreté. C'est pourquoi l'auteur fait des recommandations dans le sens de la génération d'une croissance économique durable. Cette action doit se faire selon trois pôles qui sont la création de revenus pour les pauvres, une prestation mieux ciblée des services sociaux de base et la prévision d'une marge de sécurité pour les plus démunis.

Pour FRACHON A. (1996), l'urbanisation est un des mouvements en profondeur qu'occulte l'actualité immédiate, mais qui n'en sont pas moins déterminants pour l'avenir car l'Afrique n'est plus rurale. Il faut donc renouveler les stocks de représentations traditionnelles, celle d'un continent encore dominé par la " nature ", sauf à manquer une des grandes évolutions en cours : l'Afrique s'urbanise très vite. L'auteur pense que cette urbanisation est un facteur de modernisation car c'est en ville que les Africains trouveront les modes d'organisation de la société et les modes de production adaptés à leur culture.

Quant à KOUZMINE Y. (2005), il fait savoir que l'urbanisation du Sahara Algérien constitue aujourd'hui une donnée essentielle dans l'appréhension des dynamiques spatiales complexes qui l'animent. Cet auteur souligne qu'en moins de cinquante ans, le Sahara s'est massivement urbanisé, bouleversant les morphologies urbaines ainsi que les

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pratiques et rapports socio-spatiaux des populations dans la ville. En conséquence, de cette urbanisation rapide, de nouveaux problèmes sont apparus sur les espaces urbains. Il s'agit de la crise du logement, de la dégradation de l'environnement et du manque de cohérence au plan des morphologies urbaines. Aussi, les modalités d'évolution de ces milieux urbains se posent aujourd'hui car ces espaces sont fragiles et contraignants. L'auteur salue l'intégration des politiques d'aménagement du territoire au concept de durabilité au sein des législations. Ces politiques doivent déterminer l'action Étatique au travers de la conduite des différents schémas, plans et programmes d'aménagement du territoire.

Etude de danger

Le dictionnaire environnement et développement durable définit l'étude de dangers comme étant une étude prévue dans le décret du 21 septembre 1977 de la réglementation française et requise lors du dépôt d'un dossier de demande d'autorisation pour les installations classées pour la protection de l'environnement. L'étude de dangers est révisable à tout moment sur demande du Préfet et d?autres services compétentes comme la Direction de l?Environnement et des Etablissements Classés. Les informations relevées doivent permettre d'identifier les sources de risque, les scénarios d'accident envisageables et leurs effets sur les personnes et l'environnement.

Les études de dangers constituent la base indispensable pour l'établissement des Plans d'Opération Interne (POI) et des Plans Particuliers d'Intervention (PPI). Avec la directive SEVESO II, l'étude de dangers doit être désormais réactualisée au moins tous les cinq ans.
La définition donnée par le JO du 12 avril 2009 : Étude précisant l'ensemble des risques auxquels se trouvent exposés, lors d'un accident d'origine interne ou externe, les personnes et les biens situés à l'intérieur ou à proximité d'une installation, ainsi que les dommages qui en résultent pour l'environnement. L'étude de dangers identifie les sources de dangers et expose les scénarios d'accident. L'étude de dangers comporte une analyse des mesures propres à réduire la probabilité et les conséquences des accidents.

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