WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Contribution a la relance de la coopération décentralisée entre Rilleux-la-Pape et Natitingou: dynamiques et perspectives.

( Télécharger le fichier original )
par Hospice Bienvenu HOUNYOTON
Université Lumière Lyon 2 - Master 2 Parcours Professionnel d'Economie Sociale et Solidaire 2008
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

Chapitre II- L'analyse de la coopération Rillieux-la-Pape-Natitingou

Ce chapitre dresse une analyse du partenariat entre les deux communes (Section 1), tout en essayant de faire des propositions, suggestions et recommandations aux différents acteurs impliqués dans ce partenariat pour le rendre durable, efficace et profitables aux deux collectivités (Section2).

Section 1- La coopération entre Rillieux-la-Pape-Natitingou en question

Cette section passe au peigne fin le partenariat entre les deux collectivités et se veut avant tout une analyse des enjeux et des stratégies des acteurs individuels et institutionnels dans le projet de solidarité internationale. Elle essaie d'amorcer une conception d'une bonne coopération décentralisée.

Paragraphe 1- Une analyse critique et objective du partenariat Rillieux-Natitingou

Il s'agit de mettre en évidence dans ce paragraphe, les bonnes actions et les paradoxes de la relation qui lie les deux collectivités partenaires à la lumière de l'analyse des actions déployées sur le terrain et la méthode adoptée pour la réalisation de ces actions.

Mais avant toute analyse, il importe de rappeler que la coopération entre Rillieux et Natitingou a été initié en 1995 et a démarré officiellement en 1998 avec la signature d'un premier accord de partenariat. C'est une coopération déjà ancienne que les deux territoires ont bien voulu inscrire dans leurs différents programmes. Au départ, les relations entre les deux communes s'inscrivaient dans un cadre de solidarité internationale avec une inégalité de statut car l'une était une collectivité gérée par des élus tandis que l'autre est sous administration d'un pouvoir central. Après les premières élections municipales de 2002 au Bénin, les relations entre les deux communes vont connaître une évolution et vont s'inscrire dans un contexte exclusivement de décentralisation fondée sur les rapports de territoire à territoire. C'est alors que naît l'idée d'une coopération décentralisée entre les deux collectivités. Aujourd'hui, cette exclusivité se trouve renforcée et les deux collectivités sont très fortement mues et engagées en faveur de l'idée d'une coopération plus juste et équilibrée. Cette approche d'une logique de relations entre partenaires du même niveau, ayant le même statut juridique, s'articule autour de trois principes fondamentaux que sont l'égalité, la réciprocité et la connaissance mutuelle. C'est sur la base de ces trois principes que les deux partenaires ont conçu et structuré leurs relations. Les deux collectivités ont ainsi donc su tisser sur la base de d'égalité, de réciprocité et de connaissance mutuelle une coopération exemplaire, qui répond aux enjeux de développement au Sud et de solidarité au Nord. La coopération entre les deux collectivités s'est développée selon trois axes en reprenant ainsi les principes du développement durable visant à agir en même temps sur les aspects environnemental, humain et économique.

Au plan humain, nous constatons que, la coopération accompagne le processus de décentralisation en assurant la formation et la qualification du personnel de la mairie de Natitingou. Elle a initié un projet de formation des cadres de la mairie et des artisans notamment des tisserands de la commune.

Au plan économique, le projet de construction du centre de tissage vise le développement économique de la commune par une plus value apportée aux techniques de fabrique des tissus traditionnels.

Le volet environnemental verra se développer l'important projet « Natitingou-Ville Propre », qui est un projet de gestion et de traitement des ordures ménagères et des déchets solides de la commune de Natitingou. L'objectif de ce projet est d'être une innovation, en ce sens qu'il promeut non seulement une pratique alternative peu coûteuse de gestion des ordures grâce à l'évacuation de ces ordures par charrettes et à traction asine, mais aussi une opération pilote de gestion des ordures adaptée à cette région du nord Bénin. Afin de renforcer la dimension culturelle des relations entre les deux collectivités, la coopération s'appuie sur un jumelage entre les deux villes, jumelage caractérisé par des actions d'échanges culturels, sportifs et de connaissance mutuelle entre les deux cultures.

La coopération entre les deux communes a permis la réalisation d'importantes actions de développement. Ce qui nous laisse dire que la relation entre les deux collectivités, est une coopération au service des échanges nord-sud, de l'aide au développement et surtout de l'éducation au développement. De la solidarité, cette coopération aboutira à une véritable relation de développement local à Natitingou.

Cependant, l'étude de cette coopération révèle des insuffisances graves qui ne sont pas de nature à considérer les deux partenaires comme égaux. En effet, la coopération se base sur des projets et un fonctionnement flous. En matière de fonctionnement par exemple, il est à déploré l'absence de dispositifs et de règles de mise en oeuvre des actions retenues avec des objectifs clairement identifiés. Nous constatons l'absence d'une méthode d'action permettant de construire et de mettre en oeuvre les projets de la coopération. On note également un dysfonctionnement entre les diverses structures de mise en oeuvre. Par exemple, on remarque dans le cadre de l'exécution des projets, que certaines personnes déléguées préfèrent assurer le contrôle des projets et se donnent la liberté de choisir des acteurs sans concertation aucune avec la mairie de Natitingou. Ce phénomène a été amplifié pendant la période de crise au sein du conseil communal de Natitingou, marquée par des destitutions ou menaces de destitution du Maire de la commune. Pendant cette période et bien avant, on remarquait que la mairie restait cantonnée dans une fonction minimale, à savoir celle d'un territoire réceptacle sur lequel se développent ou s'expérimentent des actions de coopération. De plus, les relations entre la mairie et le comité de jumelage de Rillieux-la-Pape, chargé de la mise en oeuvre de la coopération manquait de clarté et de respect mutuel. Les populations de Natitingou sont mises en retrait. Le comité de jumelage est devenu une vraie chasse gardée de certains membres qui ont la main sur les projets, les choix des acteurs à les mettre en oeuvre. On est simplement dans une situation d'activisme plein certes de bonne volonté, mais très brouillon, qui entache la coopération entre les deux communes. Les actions sont largement préconçues de manière impressionnante et exécutées dans un esprit de domination et d'imposition. La coopération entre dans une phase de dérive et fondée sur une structuration hiérarchique de haut vers le bas sans aucune complémentarité.

Concernant les projets proprement dits, il importe de signaler qu'ils privilégient des approches différentes. Par exemple, le projet de gestion et de traitement des déchets n'est pas traité de façon inclusive dans un projet d'assainissement. Le lancement de ce projet n'est pas accompagné d'un plan d'assainissement de la commune et pour nous s'inscrit juste donc dans une logique d'action temporelle, éphémère, non durable dans le temps et sans grands enjeux de développement. Le projet a manqué également de faire appel au tissu associatif local et à l'implication des populations bénéficiaires dans cette formidable démarche pourtant axée sur une solution alternative à moindre coût, pouvant garantissant un cadre de vie et de santé dignes et vivables. L'implication des populations ou de la société civile pourrait être une garantie de la gestion des équipements, du système de collecte et de traitement des déchets. Elle pourrait aussi susciter la participation financière des habitants, leur apport en matériel ou en main d'oeuvre locale.

Par ailleurs, le projet a développé une approche comme nous l'avions précisé plus haut, tout à fait particulière, centrée sur le contrôle des actions par une seule personne du comité de jumelage de Rillieux-la-Pape, parfois non mandatée aux dépens d'une étroite collaboration ou relation entre la commune, ses habitants et les partenaires du nord. Une telle manière de faire freine le développement des actions de la coopération et ne traduit pas les objectifs de la coopération, qui sont d'éduquer au développement et d'améliorer le cadre de vie et les conditions de vie des populations de Natitingou. L'enjeu de responsabilisation des acteurs locaux notamment des élus qui devrait permettre à terme, de garantir une certaine autonomie communautaire est loin d'être un but poursuivi par la coopération. La coopération pour finir manque d'une bonne coordination entre projets et les acteurs sensés contribuer à son développement et à sa pérennisation. Cette situation a provoqué, nourri et entretenu des tensions entre les personnes ou les différents acteurs aux intérêts et stratégies divergents. La coopération entre les deux collectivités, ne répond pas en gros au sens du partenariat respect mutuel, d'égalité des parties, de réciprocité, de co-construction, de participation et de co-décision. Il n'y a pas une démarche claire connue et acceptée par les deux parties dans la construction des projets encore moins dans leur mise en oeuvre.

Dans ces conditions, la coopération ne peut-être guère efficace. Et c'est justement ce que nous enseignent les dix ans de partenariat entre Rillieux et Natitingou. C'est à une coopération détournée à des fins personnelles aux intérêts égoïstes, que nous remarquons dans notre analyse. C'est une coopération qui a manqué de développer une stratégie de dynamique de développement de la commune. Elle brille également par l'absence de mécanismes de participation communautaire, d'une crédibilité de la commune aux yeux des natayais. Ce qui ouvre la voie à toutes les dérives notamment les détournements de fonds et l'espérance de pouvoir s'enrichir sur le dos des populations par certains habitants de la commune. Cette situation n'est pas du tout confortable et jette le discrédit sur l'engagement de Rillieux en ce sens que les populations sont dans une position d'assistées perpétuelles au lieu de prendre en main le développement de leur territoire. La responsabilité d'une telle situation se trouve donc partagée par les uns et les autres c'est-à-dire par les deux partenaires qui sont coupables de la mauvaise marche de cette coopération.

Après cette analyse montrant les problèmes d'appropriation des relations entre les deux collectivités, nous tenterons une petite théorie d'une bonne coopération décentralisée, durable, pérenne, dynamique, efficace et efficiente.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"I don't believe we shall ever have a good money again before we take the thing out of the hand of governments. We can't take it violently, out of the hands of governments, all we can do is by some sly roundabout way introduce something that they can't stop ..."   Friedrich Hayek (1899-1992) en 1984