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La popularité des séries télévisées causera-t-elle leur fin? Une analyse du modèle économique des séries télévisées par l'étude de leur réseau et une approche sur leurs perspectives dans un univers digitalisé

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par Héléna Ly
Université Paris- Dauphine - Master 2 management  2012
  

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2) Du point de vue des professionnels de l'audiovisuel

Le visionnage illégal n'est pas forcément quelque chose mal vécu par les professionnels de la série, et notamment les créateurs. Tim Kring, créateur de la série Heroes, exprime son sentiment vis-à-vis du téléchargement, alors que sa série a été l'une des plus téléchargée, mais annulée pour mauvaise audience à la télévision71.

(( Elle était téléchargée illégalement, piratée. Moi j'ai pris ça comme un honneur. C'est exactement le genre de fans dont on a envie. Ceux qui vont rechercher activement notre série ».

Pour Lise Barembaum, la circulation des séries télévisées sur internet n'est pas gênante pour les maisons de production d'origine (américaine), car quoiqu'il arrive, les chaînes réussissent à vendre leur contenu partout dans le monde. Ce commerce reste donc malgré tout profitable, en particulier pour les Américains.

(( Même si on télécharge eux ils s'en fichent. Prends Lost. Ils le vendent à 300 ou 400 chaînes dans le monde. Et comme ils le vendent à plein de gens, ils ne le vendent pas trop cher. »

Elle pense même que la disponibilité des séries sur internet contribue à leur développement.

(( Les séries françaises on ne peut pas les télécharger, ce qui est un problème, et un frein à leur diffusion [...]. Les Français ont tort de faire ça par ce que même le téléchargement permet de faire connaître. Mais bon... »

D'autant qu'il lui paraît difficile d'interdire aux gens d'aller sur internet, car les modes de consommation ont changé.

(( Comment dire à quelqu'un que tu peux tout avoir gratuitement en cinq minutes, qu'il faut payer ? Surtout que notre génération regarde la télé de façon délinéarisée. Alors aujourd'hui qui se pose la question de ce qu'il va regarder à 20:50 ? Il n'y a plus de grands rendez-vous. »

71 Series Addict, Olivier Joyard, première diffusion 30 novembre 2011, Canal Plus

Et elle assure d'ailleurs que le téléchargement est essentiel pour les professionnels de l'audiovisuel.

(( D'ailleurs tous les jeunes dans notre métier ne s'en cachent pas non plus. Tout le monde télécharge. Ce n'est pas possible d'acheter toutes les séries américaines. Alors que les gens qui ont 40 ou 50 ans sont plus frileux. Mais quand tu leur proposes de télécharger les huit saisons de Dr House et de les installer en 10 minutes sur leur PC, ils ne disent pas non. Donc tout ça c'est un grand jeu d'hypocrisie. Mais disons que dans notre métier c'est impossible de ne pas télécharger. À moins d'être très très riche. »

Les inquiétudes se porteraient donc, selon elle, sur les chaînes de télévision importatrices, et plus précisément les chaînes Françaises qui ont bénéficié d'une attention particulière dans notre étude. En effet, ces chaînes dépendent beaucoup de la fiction américaine et préfèrent généralement ne pas investir dans la création originale, qui est plus coûteuse, rassemble moins d'audience, et est difficile à exporter.

(( Regarde TF1 ils ont payé un épisode de Dr House 150000 € alors que pour un épisode de Joséphine ils vont payer 1 000 000 €. Et si on prend les flopes. Par exemple Inquisitio pour un épisode, France 2 va investir 800 000 euros alors que quand ils diffusaient Urgence, ça leur coutait 150 000 l'épisode. Et tout ça pour une audience 5 fois supérieure. Donc c'est sûr que la fiction Française a beaucoup de mal à rivaliser. »

(( Les diffuseurs ne font rien d'autre que diffuser, ils distribuent le produit. Et aujourd'hui les gens se passent de ce point de distribution. [...) TF1 je ne les vois pas vendre Joséphine à l'étranger. C'est difficile, c'est très franco-français »

A ce propos, elle admet le retard des chaînes dans la diffusion, et elle émet quelques hypothèses sur ce retard.

(( Ils achètent en mai. C'est diffusé en septembre aux États-Unis. Et ils commencent au mois de mai d'après. Peut-être qu'ils ont l'obligation d'attendre que ça passe aux États-Unis. De toute façon leurs programmes sont faits avant. Je ne vois pas M6 acheter en mai et diffuser en juin [...). Et je pense aussi que les Américains veulent le privilégier de la première diffusion. »

Les professionnels de la traduction ont aussi leur mot à dire sur ce point. Selon eux, le fansubbing est un danger pour la profession. Et l'ATAA (Association des Traducteurs / Adaptateurs de l'Audiovisuel) réagit vivement au reportage Series Addcit d'Olivier Joyard, qui faisait un portrait élogieux des fansubbers dans son reportage. Voici un extrait du billet critique publié sur le site de l'association72.

(( Là où le bât blesse, c'est qu'Olivier Joyard donne uniquement la parole aux fans et aux fansubbers, ce qui produit un discours assez surprenant, car ce documentaire affirme sans argumenter, sans remettre en question un seul instant l'éloge inconditionnel des fansubbers, et sans s'interroger sur les conditions de réalisation du fansubbing, que ce soit en termes de qualité ou de légalité.

72 http://www.ataa.fr/blog/retour-sur-series-addict/

Pas un mot sur le droit d'auteur, une notion reconnue internationalement a travers la Convention de Berne, ni sur le Code de la Propriété Intellectuelle [...] ou sur l'illégalité dans laquelle oeuvrent les fansubbers. [...] »

(( Si cette complaisance dans la présentation du fansubbing est un choix du réalisateur, qui est libre de donner la direction qu'il souhaite a son documentaire, elle nous amène a poser d'autres questions. Que pense donc Olivier Joyard du phénomène illégal qu'il encense ainsi ? Lui-même auteur, comprend-il le risque que représentent pour la création le fansubbing et le piratage ? Pourquoi n'a-t-il pas l'honnêteté de reconnaître que la majorité des sous-titres de fansubbing sont de piètre qualité, remplis de fautes et de contresens, mal synchronisés, repérés à la hache, rédigés en dépit du respect de la lisibilité du spectateur ? »

(( Certes, certaines plaintes avancées par les fans sont légitimes. Il est vrai que le retard entre les diffusions américaines et françaises est considérable. Et quand les chaînes font l'effort de mettre les épisodes a disposition très rapidement, c'est ~ des prix prohibitifs. De plus, les téléspectateurs qui souhaitent se tourner vers les éditions DVD sont souvent confrontés à des sous-titrages catastrophiques, payés au rabais et réalisés par des non professionnels engagés par de grandes multinationales de la localisation. Mais, d'une part, le droit de se plaindre ne donne pas le droit de voler, et, d'autre part, les fans ne pousseront pas les chaînes ~ faire davantage d'effort en les volant. Deux évidences qui semblent avoir échappé à Olivier Joyard. »

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"La première panacée d'une nation mal gouvernée est l'inflation monétaire, la seconde, c'est la guerre. Tous deux apportent une prospérité temporaire, tous deux apportent une ruine permanente. Mais tous deux sont le refuge des opportunistes politiques et économiques"   Hemingway