Recommandations
Le media internet est donc devenu incontournable pour suivre une
série, pour sa praticité (voir ce que l'on souhaite, quand on le
souhaite) et pour son coût faible ou inexistant. Certains
répondants ont même affirmé que c'est grâce a
internet qu'ils ont commencé a suivre les séries
télévisées.
On ne peut donc plus nier le rôle essentiel que joue
internet, car étant le support le plus adapté aux séries
télévisées, il est devenu aujourd'hui un média,
voire le média principal pour regarder des séries
télévisées.
Cependant, aujourd'hui, sur internet, ce sont les offres
illégales qui répondent aux besoins client, au détriment
de l'offre légale, encore peu innovante.
A. Construire une offre légale adaptée aux
besoins clients sur internet
1) Les bénéfices indispensables d'une
offre internet
Pour contrer la prolifération des offres illégales,
les actants digitaux doivent être en mesure de proposer un modèle
aussi bien, sinon mieux adapté.
Elle doit donc pouvoir proposer les mêmes avantages que
l'offre illégale, évoquées par les usagers actifs :
- Une sortie simultanée (a un ou deux jours près)
avec la sortie du pays d'origine (cela concernant dans quasi-totalité
des cas les Etats-Unis).
- Cette sortie doit aussi s'accompagner de sous-titres, au
minimum anglais, et de façon optimale en français.
- Cette offre est idéalement gratuite ; si elle est
payante, elle doit être jugée raisonnable par l'usager.
Ces avantages, devenus des « bases )) incontournables pour
l'usager actif nécessitent bien sûr une refonte complète du
réseau digital officiel actuel.
2) Une mise à disposition rapide sur
internet
L'organisation digitale légale est encore très
en retard comparée a l'organisation illégale. Cette
dernière se montrant particulièrement innovante, demandons-nous
s'il est possible de s'en inspirer.
a) A quel coût les vidéos peuvent-elles
être mises en ligne rapidement sur internet ?
Dans un premier temps, arrêtons-nous sur le principe du
site internet PureVid (imitant le concept que MegaUpload avait inventé),
à savoir une rémunération des membres pour poster des
vidéos, rémunération variable en fonction de divers
critères.
Ce système ne serait-il pas adaptable de manière
légale ? Cela ne paraît pas impossible.
Au lieu de rémunérer des membres, les
producteurs seraient rémunérés directement, plutôt
que de passer par la chaîne longue et complexe de la VOD décrite
en revue de littérature. Et l'on peut très bien imaginer les
producteurs vendre leur contenu en streaming à des plateformes
opérant sur différents pays.
L'achat de contenu serait, lui, bien supérieur au prix
d'achat proposé par le site PureVid en contrepartie, et le coût
pourra aussi être fonction du nombre de vue par vidéo, en plus
d'une base d'achat fixe.
Ce genre de démarche a d'ailleurs déjà
été amorcé par la plusieurs société. Ainsi,
la chaîne HBO travaille en partenariat avec Parsif International,
société spécialiste de la VOD. HBO pourra alors vendre son
contenu directement sur internet dans les pays du nord de
l'Europe73.
De son côté, Netflix, la société
n°1 en SVOD n'hésite pas a négocier des contrats
d'exclusivité. Elle innove en étant la première
chaîne a diffuser une série sur internet, avant sa diffusion
télévisée, avec House of Cards de David Fincher, moyennant
un coût de 100 millions de dollars pour 24
épisodes74.
Il n'y aurait donc pas d'obstacle a ce que ce genre de
modèle naisse, si ce n'est l'investissement financier
particulièrement élevé. Seules de très grandes
entreprises digitales pourraient donc se permettre proposer ce type d'offre.
b) Quel revenu pour ce type de modèle
?
Les plateformes doivent aussi pouvoir élaborer un
modèle de revenu qui serait à la fois rentable pour lui et
abordable pour l'usager.
On l'a vu dans cette étude, beaucoup d'usagers sont
prêts a payer pour regarder leurs séries. Le prix n'est donc pas
un obstacle, a condition que celui-ci reste raisonnable.
Pour beaucoup, le modèle idéal est celui d'un
abonnement fixe, permettant un accès en illimité aux contenus de
la plateforme. Dans les entretiens réalisés, le prix que les
usagers sont prêts a mettre pour ce genre d'offre varie autour de
10€. Mais pour avoir une idée plus précise de ce prix, il
faudrait réaliser une étude quantitative.
Néanmoins, il faut encore voir si ce prix peut
être compatible avec les coûts engendrés par l'achat de
contenus. C'est pourquoi, le prix d'achat variable en fonction du nombre de
vues, comme suggéré précédemment, paraît
être un bon moyen pour mesurer ses coûts.
Une autre possibilité peut être l'achat a la
saison, et non a l'épisode, comme c'est actuellement proposé. Car
lorsque l'on décide de suivre une série, on s'engage
73
http://www.lesechos.fr/entreprises-secteurs/tech-medias/actu/0202223590251-l-americain-hbo-vendrases-series-directement-aux-telespectateurs-europeens-354683.php
74
http://www.cinechronicle.com/2011/04/netflix-elargit-ses-activites-avec-mad-men-et-house-of-cards23351/
généralement pour une saison entière. Et
pour que l'usager n'ait pas peur de s'engager pour une saison entière,
il est encore possible de lui proposer de voir les deux premiers
épisodes de façon gratuite.
Pour d'autres usagers, la notion de payer pour regarder une
série peut être inconcevable. Car la série
télévisée est un produit fait pour la
télévision, et de fait, proposé gratuitement. Pour
proposer une offre compatible à ce besoin de gratuité, les
plateformes pourraient proposer des vidéos sponsorisées par de la
publicité, comme c'est le cas aujourd'hui sur You Tube.
On a vu cependant, dans la revue de littérature, que la
capacité de ciblage des annonces digitales peut parfois être
complexe a réaliser. C'est pourquoi il est essentiel que les plateformes
de streaming donnent la possibilité a l'usager de se s'identifier sur
son site, comme c'est le cas pour Deezer. Cette étape peut même
être obligatoire, comme le fait Spotify. Et comme ce dernier, il peut
aussi être intéressant de relier les identifiants à ceux de
Facebook, ce qui permettrait de récupérer un certain nombre
d'informations intéressantes à exploiter pour un ciblage
publicitaire.
Les plateformes seraient ainsi capables de satisfaire les
annonceurs en procédant à un ciblage précis.
Notons que le principe de l'offre payante et celui de l'offre
gratuite ne sont pas incompatibles, et il est possible de proposer a l'usager
de s'inscrire de façon gratuite ou de souscrire à une offre
payante qui lui conférerait des avantages supplémentaires. Ce
principe peut aussi s'inspirer des plateformes illégales, qui
n'autorisent qu'un temps restreint de visionnage gratuit toutes les deux ou
trois heures. Au-delà, l'usager doit souscrire a une offre payante.
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