WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

La popularité des séries télévisées causera-t-elle leur fin? Une analyse du modèle économique des séries télévisées par l'étude de leur réseau et une approche sur leurs perspectives dans un univers digitalisé

( Télécharger le fichier original )
par Héléna Ly
Université Paris- Dauphine - Master 2 management  2012
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

B. Système traditionnel qui doit évoluer

Cette offre internet n'est pas incompatible avec les supports traditionnels que sont la télévision et les DVDs.

Comme on l'a vu dans cette étude, par la suite, l'usager ne pose aucune objection a revoir sa série à la télévision (ces rediffusions étant jugées comme étant des moments agréables, et ils sont parfois considérés comme des rendez-vous).

La série peut aussi être revue en DVD, cette offre étant plutôt adaptée à des personnes particulièrement fan d'une série.

Notons cependant que bien que les usagers comprennent en général les questions de droits d'auteurs, les institutions de surveillance, en particulier Hadopi, ne sont guère appréciées.

1) La télévision

a) Redonner le goût de la télévision au spectateur

Un désamour pour la télévision a été exprimé par la plupart des répondants en entretien qualitatif.

La principale raison de cette désertion est le fait que les séries télévisées ne sont proposées que très tardivement par rapport a l'heure américaine. Il paraît cependant difficile pour la télévision de programmer une série selon les désirs du public (le lendemain de leur diffusion), d'autant qu'il faut un certain temps pour doubler les épisodes. Nos recommandations ne porteront donc pas sur ce point.

Mais si l'offre illégale connaît un succès auprès des spectateurs, c'est aussi parce que la télévision les y a en quelque sorte poussés, sur des points qu'elle pourrait pourtant corriger. En effet, beaucoup de répondants ont reproché aux chaînes de ne pas proposer les séries télévisées en anglais sous-titré français. Les spectateurs se retrouvent ainsi contraints de regarder un mauvais doublage français, ce qui le pousse a donner sa préférence pour l'offre illégale.

Pourtant, aujourd'hui, les programmes sont généralement bien disponibles en version originale sous-titrée avec la généralisation de la TNT. Mais le téléspectateur n'est simplement pas averti de cela. On pourrait donc suggérer aux chaînes de bien préciser, au début d'un programme, si ce dernier est disponible en version original ; cet avertissement pouvant être une annonce sonore ou un simple bandeau informatif.

L'autre reproche fait par deux anciennes téléspectatrices, et qui pourrait aussi être amélioré, est celui de la programmation.

En effet, les chaînes ont la fâcheuse tendance à avoir une programmation étrange, parfois incompréhensible. Ainsi, la date de démarrage d'une série n'est pas toujours très claire, ce qui parfois mène le téléspectateur a rater le début d'une série. De plus, les épisodes de séries télévisées sont souvent proposés dans le désordre, dans le but de remplir les cases horaires. On peut alors voir, a l'heure de prime time, un épisode d'une saison inédite, couplé avec un épisode la saison précédente (moins coûteux) a l'heure suivante. Cela porte le spectateur dans une confusion totale, puisque toutes les séries télévisées sont, au moins en partie, « feuilletonnantes ~, et lorsque les épisodes ne s'enchaînent pas, le spectateur risque de perdre le fil de l'intrigue, et par conséquent, d'abandonner la série.

Les chaînes de télévision devraient donc innover dans la forme de leurs cases horaires. On peut ainsi se demander pourquoi la chaîne n'essaierait pas de faire des cases d'une heure plutôt que deux. Dans ce contexte, elle ne serait plus obligée d'enchaîner les épisodes d'une même série par deux ou trois fois, avec, une ou deux rediffusions parmi eux.

Elle pourrait ainsi envisager des soirées (ou autres créneaux) thématiques, avec la diffusion d'épisodes de séries différentes, mais du même genre (par exemple séries comiques amicales avec Friends et How I met your mother). Et dans ce cas, le mélange entre inédit et ancien ne dérangerait plus, car le téléspectateur comprendrait que la suite logique aurait lieu la semaine suivante.

b) Une légalisation en masse des séries télévisées sur internet : une menace forte ?

Dans cette partie, on prendra le point de vue des chaînes de télévision française.

Pour diverses raisons évoquées dans ce mémoire, les séries télévisées restent des produits particulièrement séduisants pour les chaines. C'est pourquoi la diffusion illégale sur internet des séries télévisées est une menace grandissante ; et on peut bien comprendre que les chaînes risqueraient de ne pas apprécier que ces programmes deviennent consultables sur internet de façon légale, car cela risque de diminuer leur audience.

Mais cela peut aussi jouer en leur faveur : si la diffusion des séries a la télévision n'est plus la première officielle, cela pourrait augmenter son pouvoir de négociation, ce qui permettrait aux chaînes de diminuer les coûts d'acquisition de programmes. Alors qu'aujourd'hui, la diffusion illégale sur internet ne peut être réellement considérée comme un argument dans les négociations.

On peut d'ailleurs se demander si l'offre digitale rapide et de façon légale diminuerait réellement de façon considérable l'audience télévisuelle. Car on peut supposer que le seul report d'audience serait celui des spectateurs de l'offre illégale vers l'offre légale. En effet, les téléspectateurs ne regardent-ils pas la télévision pour justement ne pas avoir à chercher un contenu particulier et pour se laisser porter par ce que la télévision propose ? La télévision n'a-t-elle pas déjà perdu l'audience préférant le support internet ?

Mais cela n'est qu'une supposition. Car ces comportements potentiels ne sont pas visibles sur cette étude, et pourrait aussi faire l'objet d'une étude quantitative.

Si cette dernière hypothèse se vérifie, la mise à disposition des séries sur internet de manière légale deviendrait d'autant plus avantageuse. Car non seulement le coût d'acquisition des programmes diminuerait, mais en plus, leur audience, et donc leur revenus publicitaires, resteraient les mêmes.

c) La création originale comme facteur clé de succès pour les chaînes

Les chaînes de télévision restant un élément indispensable dans le modèle des séries télévisées, puisque c'est encore elles qui financent la très grande majorité des séries télévisées, elles pourraient ainsi profiter de ce nouvel excédent de revenu hypothétique pour investir dans des créations originales de qualité.

Et pour que la création originale soit un investissement plutôt qu'un coût, les chaînes doivent faire en sorte de favoriser des créations qui sont considérées comme des rendezvous par les spectateurs, et qui seront par la suite exportables, a l'instar de Canal Plus avec Les Borgia ou Braquo. Ainsi, la fiction française générerait des revenus additionnels : il y aurait d'un côté les recettes publicitaires, et de l'autre les revenus liés aux reventes a l'international.

Mais pour favoriser la création originale de qualité, plusieurs mesures sont à prendre.

Tout d'abord, demandons-nous si les quotas obligatoires de programmes français à diffuser sont un avantage dans ce modèle économique. Car ils sont peut-être une fausse bonne idée. En effet, même si les quotas forcent les chaînes à produire un minimum de programmes français, permettant de soutenir les entreprises de l'audiovisuel françaises, ils risquent de diluer les investissements sur la création française. Et cette dilution peut pousser les chaînes à investir dans un grand nombre de programmes, avec un budget restreint pour chaque programme.

Or, il faut se demander si un système sans quota aurait ses qualités. Car dans ce cas, on pourrait supposer que les chaines produiraient certes moins de fiction française, mais on peut penser que ces dernières pourraient bénéficier d'un plus grand investissement. Ainsi, les contenus seraient moins nombreux, mais de meilleure qualité et donc exportables, ce qui les rendraient plus rentables.

Ensuite, comme l'a souligné Lise Barembaum, il faut que les actants du réseau de la série télévisée apprennent à collaborer ensemble.

D'une part, il faudrait que les chaînes de télévision n'aient plus peur de produire des
contenus avec des côtés subversifs. Car les bonnes séries ne sont pas nécessairement les

séries lisses et familiales. Et cela veut dire faire plus confiance aux producteurs et scénaristes dans leur création.

D'autre part, les scénaristes doivent aussi apprendre a travailler de plus en plus en équipe. Cette méthode étant particulière, elle doit pouvoir s'apprendre grâce à des formations spécialisées dans l'écriture de scénario a plusieurs. Et cela s'accompagnerait d'un changement de statut du scénariste, qui deviendrait, comme aux Etats-Unis, non plus un artiste ayant un droit complet sur les oeuvres qu'il produit, mais un professionnel de la télévision, qui apprend a partager ses oeuvres avec un collectif, et qui par conséquent cède ses droits d'auteur.

Les producteurs pourraient aussi apprendre à profiter de plus en plus de cette nouvelle source de revenu qu'est le placement de produit. Cela pourrait être une aide non négligeable à la création.

Pour pouvoir utiliser ce procédé, la série doit créer des héros auxquels le public a envie de s'identifier et qu'il apprécie. La télévision a donc besoin de personnages forts et emblématiques avant de pouvoir user du placement de produit. Cette source de financement n'est applicable qu'à la condition qu'une série atteigne un certain niveau de qualité, ce qui suppose donc que les conditions précédemment énumérées se réalisent.

Mais cette technique n'est pas encore très répandue en France, même si elle est désormais autorisée, car les contraintes sont encore assez nombreuses. En effet, les actants ont peur de se voir refuser une scène par le CSA. Ce modèle est donc encore expérimental en France, et il faut apprendre à lui faire confiance.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Ceux qui rêvent de jour ont conscience de bien des choses qui échappent à ceux qui rêvent de nuit"   Edgar Allan Poe