3) Années 2000, un « troisième
âge d'or » ?
Les chaînes câblées commencent elles-aussi
à diffuser des séries à partir des années 1990.
Mais c'est surtout durant la décennie suivante que ces chaînes
produiront des séries de façon régulière. La
pionnière en la matière sera la chaîne HBO, suivie de
très près par Showtime, entre autres.
Ce qui marque le style de ces nouvelles séries «
câblées ~, c'est le « politiquement incorrect » (M.
Boutet, 2009), faisant naître des « séries
télévisées pour public cultivé », si l'on
reprend le titre d'un article du Monde Diplomatique à propos des
séries des chaînes câblées9.
Quelles sont ces séries souvent qualifiées de chefs
d'oeuvre ? Citons-en quelques-unes.
HBO a notamment produit The Sopranos (qui raconte le
quotidien d'un parrain de la mafia), Six feet under (portrait
empathique d'une famille de croque-morts), sans oublier The Wire
(l'évolution de policiers et criminels, décrite dans un
environnement réaliste), cette dernière ayant même
été utilisée comme un outil pédagogique à
Harvard pour un cours sur les inégalités sociale, et à
l'Université de Nanterre, qui a consacré un séminaire
dédié à cette série du 13 janvier au 1er
juin 2012.
Showtime, quant à elle, donne la parole aux homosexuels
dans The L world et Queer as folk. Mais elle va aussi
décrire de manière empathique la vie de criminels, en en faisant
des héros sympathiques et courageux, avec Weeds (dont le
personnage principal est une dealeuse de drogue) et Dexter (dont le
héros est un tueur en série).
Les chaînes câblées osent créer ces
séries « politiquement incorrectes » pour plusieurs raisons.
Tout d'abord, elles sont plus libres dans leur écriture, du fait
qu'elles ne subissent pas la même régulation que les networks de
la part de la FCC. Ensuite, le public des chaîne n'est pas le même,
puisqu'il est généralement de catégories
socio-professionnelles supérieures, pouvant s'offrir le câble. Les
chaînes peuvent donc offrir un contenu « premium » plus
ciblé.
Pour produire ce contenu de haute qualité, les
chaînes font des investissements élevés dans la production.
Ainsi, HBO aurait déboursé environ 4,5 millions de dollars par
épisode pour sa série « Deadwood », alors que, à
titre de comparaison, un épisode de Lost produit par ABC ne
coûtait « que » 2,5 millions de dollars à produire.
9 Séries télévisées pour public
cultivé, Dominique Pinsolle et Arnaud Rindel, Le Monde diplomatique juin
2011
Ces programmes de haute qualité ayant été
particulièrement bien reçus par le public et par les critiques,
cela a influencé les networks. Le fameux (( politiquement incorrect
» est alors aussi devenu la règle pour les networks, dans la mesure
du possible.
Dans cet esprit sont apparues les fameuses séries
Dr House (tournant autour d'un anti-héros cynique) et
Desperate Housewives (critique de la vie en apparence parfaite des
femmes au foyer des banlieues chics).
Ce fort développement de la série de qualité
a mené la presse à qualifier cette décennie de (( mini
âge d'or télévisuel »10.
|