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Déterminants socioéconomiques influençant l'accessibilité aux soins dans la zone de santé de masa. cas de l'hgr masa/kasangulu. province du bas-congo

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par ESAIE AYMAR BUMBA MOASO DJONGI
Université de Kinshasa - Master en santé publique 2009
  

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CHAPITRE 1 : INTRODUCTION GENERALE

1.1. CONTEXTE ET JUSTIFICATION

« Tout système de santé découle d'une culture politique, des valeurs sociales et morales et des impératifs économiques de la société qu'il sert. On ne peut faire de distinction nette entre les facteurs juridiques, éthiques, cliniques, politiques et économiques qui interviennent tous dans l'évolution du système de soins de santé d'un pays. » (Groupe de travail sur les soins de santé de l'Association du Barreau canadien, 1994:1).

L'approche relative à la santé de la population a pour but principal de maintenir et d'améliorer l'état de santé de la population dans son ensemble, pour ainsi réduire les iniquités entre les groupes à cet égard. C'est d'ailleurs l'un des plus grands défis à relever au chapitre de la santé de la population. (Comité consultatif fédéral-provincial-territorial sur la santé de la population, 1999).

Les facteurs sociétaux jouent un rôle très important dans la santé et la maladie. Nous sommes plus conscients des contraintes auxquelles sont assujettis les services de santé désireux de procurer la santé à tous les citoyens. Nous aurons toujours besoin de services de santé, que ce soit pour traiter les malades et les blessés, ou pour fournir de l'information et des services dans le but de prévenir les maladies et de promouvoir la santé. Les services de santé et les difficultés d'accès sont eux-mêmes d'importants déterminants de la santé. Les systèmes de santé qui n'assurent pas de soins équitables peuvent accroître les disparités sociales et nuire au bilan de santé. À ce jour, les politiques et les recherches sur la santé ont été axées sur l'élimination des obstacles financiers à l'accès; les autres obstacles n'ont pas fait l'objet d'études poussées.

L'accès aux soins de santé est un impératif moral, directement lié aux droits de l'homme. L'objectif final est de garantir un accès universel aux soins à tous les patients. La diversité entre les régions concernant la capacité à fournir des traitements devrait être reconnue partout dans le monde. Par conséquent, les programmes thérapeutiques élaborés localement, basés sur des facteurs épidémiologiques, économiques et politiques ne devraient pas être retardés plus longtemps. Il est également important de souligner que ces programmes ne doivent pas compromettre les meilleures pratiques cliniques.

A. EVOLUTION ET ORIENTATIONS STRATEGIQUES DU SYSTEME SANITAIRE DE LA RDC

Différents documents servent de base en ce qui concerne les orientations stratégiques du pays, il s'agit notamment :

(i) La déclaration d'Alma Ata en 1978 qui suppose la participation de nombreux secteurs économiques autre que celui de la santé. Cette politique visait la globalité des soins et les soins de santé primaires (SSP). Elle a mis en place huit très bonnes composantes malheureusement les moyens n'ont pas suivi pour atteindre ses objectifs.

(ii) Les soins de santé sélectifs en 1986, cette stratégie sélectionnait certaines maladies jugées prioritaires par les partenaires. On a soupçonné à tord ou à raison les partisans de cette approche d'être à la merci des firmes internationales pour le marché de leurs produits commerciaux (condoms, médicaments,...).

(iii) La déclaration de Harare en 1987 qui impliquait la nécessité de décentraliser mais aussi le maintien des fonctions organisationnelles et l'autorité du niveau centrale. Il impliquait également le maintien de l'intégration des différents programmes au niveau du district.

(iv) L'initiative de Bamako en 1987 : l'OMS et l'UNICEF ont concentré leurs efforts sur les deux stratégies retenues pour atteindre la santé pour tous en l'an 2000. Il s'agissait de la fourniture des médicaments essentiels pour tous et l'autofinancement local. Les médicaments étaient vendus trois fois le prix et avec la différence on finançait les soins de la mère, de l'enfant et on rendait gratuit les soins pour les indigents.

(v) Les objectifs du millénaire pour le développement (OMD) qui ont été adoptés en septembre 2000 par les chefs d'Etat de 189 pays lors de la célébration du nouveau millénaire. Cette déclaration s'est concrétisée par un plan de campagne qui a fixé les objectifs à atteindre d'ici à 2015. Ces objectifs vont de la réduction de moitié de l'extrême pauvreté à l'éducation primaire pour tous, en passant par l'arrêt de la propagation du VIH/sida et constituent un schéma directeur pour l'avènement d'un monde meilleur. Les 8 objectifs sont :

1. Réduire l'extrême pauvreté et la faim ;

2. Assurer l'éducation primaire pour tous ;

3. Promouvoir l'égalité des sexes ;

4. Réduire la mortalité infantile ;

5. Améliorer la santé maternelle ;

6. Combattre le VIH/SIDA, le paludisme... ;

7. Assurer un environnement durable ;

8. Mettre en place un partenariat mondial pour le développement.

A chaque objectif ont été attribués cibles et des indicateurs pour l'évaluation des performances des interventions.

Ces huit OMD s'appuient sur les accords conclus lors de conférences tenues par les Nations Unies dans les années 90 et représentent les engagements pris pour réduire la pauvreté et la faim, et pour remédier à la mauvaise santé, aux inégalités entre les sexes, au manque d'instruction, au défaut d'accès à l'eau potable et à la dégradation de l'environnement.

Les OMD sont conçus comme un pacte qui montre la contribution que les pays développés peuvent apporter par l'intermédiaire du commerce, de l'aide au développement, de l'allègement de la dette, de l'accès aux médicaments essentiels et du transfert de technologies.

(vi) De la Politique Nationale de Santé (2000), basée sur les principes de la qualité des soins et des services, l'efficience et l'efficacité des projets et programmes de développement sanitaire, la participation communautaire, la décentralisation et l'intégration des services spécialisés au sein des services de santé de base.

(vii) Du Plan Directeur de Développement Sanitaire (2001), instrument de mise en oeuvre de la politique nationale de santé.

(viii) Du Vade-mecum du partenariat (2002) établissant le cadre réglementaire d'un partenariat entre l'Etat et les différents acteurs impliqués dans la mise en oeuvre de la politique sanitaire nationale.

(ix) De la Stratégie de Renforcement du Système de Santé (2005), visant à réorganiser l'ensemble du système de santé de manière à lui permettre à terme, de couvrir toute la population au moyen de structures de santé offrant des soins de santé de base de qualité (globaux, continus et intégrés, efficaces et efficients avec la participation communautaire) se substituant progressivement à la logique de la verticalité qui caractérise de nombreux programmes et à un secteur privé mal coordonné.

C'est un instrument d'intégration pour toute intervention des partenaires qui travaillent en partenariat avec le Ministère de la Santé. Elle va contribuer à la réalisation des priorités nationales et les objectifs globaux et Sous Régionaux poursuivis par le pays, notamment la Lutte contre la Pauvreté et l'atteinte des Objectifs de Développement du Millénaire. Elle prend en compte la nature systémique des services de santé et comprend 6 axes qui, pour des raisons de forme sont présentés séparément alors qu'ils sont interdépendants.

Ces 6 axes sont :

Ø Revitalisation de la zone de sante et correction des distorsions induites a ce niveau.

Ø Renforcement de la gouvernance et de leadership.

Ø Développement des ressources humaines pour la sante.

Ø Reforme du secteur du médicament.

Ø Reforme du financement de la sante.

Ø Renforcement du partenariat intra et intersectoriel, notamment le partenariat Public Privé.

Selon les analyses effectuées dans le cadre de la rédaction de la Stratégie de Renforcement du Système de Santé (SRSS), les principaux obstacles à surmonter sont :

a) Un « sous financement » du secteur de la santé ainsi qu'une affectation peu efficiente des fonds disponibles qui a mené, avec un désengagement de l'Etat et une population appauvrie, à un effondrement des structures d'offre de soins et à une « commercialisation » du secteur entraînant des barrières financières et une offre inadéquate des services.

b) Un problème de ressources humaines, caractérisé par une pléthore de personnels mal formés et sous-payés, contraints de rechercher les avantages que peuvent offrir des programmes verticaux à financement extérieur, aux dépens de travail à effectuer dans la zone de santé.

c) Un faible encadrement de la zone de santé, le travail d'équipe cédant le pas à des activités exécutées dans le cadre de programmes verticaux.

d) Un leadership limité du Ministère de la Santé Publique, entraînant une perte de son autonomie de décision, des difficultés de coordination ou de planification et un manque d'emprise sur le financement du secteur.

(x) Le Document de stratégie de croissance et réduction de la pauvreté (DSCRP) mettent l'accent en matière de la santé sur l'accessibilité financière et la mise en place de système d'assurance, l'amélioration de la qualité des services et la mise en place de services ciblant les pauvres, la redéfinition du rôle du gouvernement. Le document stratégique de la croissance et de la réduction de la pauvreté, se veut un prolongement des efforts de normalisation de la vie en RDC.

Il fournit un diagnostic de la situation générale du pays et en propose les pistes de sortie.

Ainsi cette présentation va s'appesantir sur le secteur de la santé, démontrant le niveau actuel et proposant les pistes de sortie.

(xi) La mise sur pieds d'un plan national développement sanitaire qui a le but de contribuer au bien être de la population congolaise d'ici 2015. Son objectif général est de contribuer à l'amélioration de la santé de la population congolaise dans le contexte de lutte contre la pauvreté.

Le PNDS s'articule sur quatre axes stratégiques:

Ø le développement des Zones de Santé,

Ø l'appui au développement des Zones de Santé,

Ø le renforcement du leadership et de la gouvernance dans le secteur et,

Ø le renforcement de la collaboration inter sectorielle.

(xii) Le PAP (Programme d'Actions Prioritaires) avec ses cinq piliers :

(a) Promotion de la bonne gouvernance et consolidation de la paix ;

(b) Consolidation de la stabilité macroéconomique et de la croissance ;

(c) Amélioration de l'accès aux services sociaux et Réduction de la vulnérabilité (y compris la Santé) ;

(d) Lutte contre le VIH/SIDA et

(e) Appui à la dynamique communautaire.

(Mini Santé, RDC, Stratégie de renforcement du système de santé 2005).

Conformément à la constitution de la RDC, un processus de décentralisation politique a été initié à partir du niveau national. Ceci se matérialise notamment par la mise en place de gouvernements locaux pour chaque province dont l'un des ministres a la charge de la santé dans ses attributions.

(Mini Santé RDC, Politique et stratégies de financement du secteur de santé, Kinshasa, septembre 2004).

Le développement des systèmes de santé dans les Pays en Voie de Développement ont été centrés sur deux objectifs : la protection des colons par la mise en place d'hôpitaux dans les grandes villes et la lutte contre certaines pathologies : trypanosomiase, malaria, etc. qui décimaient la main d'oeuvre locale et freinaient la réalisation de grands travaux tels que les routes et les voies ferrées.

La seconde moitié de ce siècle se caractérise par deux évènements :

· d'une part une efficacité de plus en plus grande des services de santé parmi lesquels les vaccinations et les nouveaux traitements dont l'efficacité semble permettre l'éradication de certaines maladies ;

· et d'autre part un souci des nouveaux gouvernements d'étendre les services de santé à l'ensemble de leur population.

Ces deux évènements vont donner lieu à deux stratégies distinctes de développement des services de santé :

· la mise en place de programmes spécifiques destinés à combattre et si possible éradiquer un seul problème de santé (tuberculose, fièvre jaune, malaria, lèpre,...) ou encore s'occupant de la santé d'un groupe déterminé (le programme élargi de vaccination pour les enfants de moins d'un an,...).

· La mise en place d'un système de santé accessible à tous et capable de répondre aux besoins de santé de toute la population. La synthèse des différentes expériences menées a donné lieu à la politique des soins de santé primaires, définie à Alma Ata en 1978.

L'armature sanitaire actuelle de la RDC a été réalisée dans le cadre général du Plan décennal pour le Développement économique et social du Congo Belge (1948-1958) élaboré à l'initiative de Monsieur Pierre WIGNY alors Ministre des colonies. La partie de ce plan consacrée au développement hospitalier et sanitaire fut l'oeuvre du Médecin Chef des services médicaux, le Dr. VAN HOOF et du Médecin Inspecteur de l'hygiène, attaché au ministre des colonies, le Dr. DUREN.

Ceci a donné naissance au plan VAN HOOF-DUREN qui consistait à organiser une couverture sanitaire intensive de l'ensemble du pays, en étendant un véritable quadrillage médicale et sanitaire tel qu'il avait été réalisé dans certaines régions par la croix rouge (Province Orientale) et le FOREAMI. Suivant ce plan, chacun des territoires du pays devrait être doté d'un service médicochirurgical, d'une maternité et d'un service des consultations prénatales et postnatales.

La RDC a adopté en 1980, la politique des soins de santé primaires promulguée à Alma-Ata en 1978. Il a souscrit à la charte africaine de développement sanitaire, ainsi qu'à la déclaration des chefs d'Etat et de gouvernement de l'Organisation de l'Unité africaine sur la santé comme base de développement.

La situation sanitaire de la RDC a connu des niveaux de développement variables depuis la période coloniale à nos jours. Du système de santé basé sur la médecine curative avec les centres médico-chirurgicaux et dispensaires satellites, en passant par une période où les soins de santé à base communautaire sont offerts grâce aux efforts de plusieurs intervenants, aujourd'hui, la politique sanitaire a pour option fondamentale « la satisfaction des besoins de santé de toute la population qu'elle soit en milieu urbain ou en milieu rural ». Elle vise:

· L'éducation concernant les problèmes de santé et les méthodes de lutte;

· La promotion de bonnes conditions nutritionnelles;

· La protection maternelle et infantile y compris la planification familiale;

· La lutte contre les épidémies et les endémies;

· La vaccination contre les maladies infectieuses;

· Le traitement des maladies et des lésions courantes;

· L'approvisionnement en eau saine et les mesures d'assainissement de base;

· La fourniture des médicaments essentiels.

Le taux d'accès aux soins de santé en RDC oscille entre 40 et 50%, d'après une enquête démographique et de santé menée par le Ministère du plan et les partenaires en 2007et actualisée en 2009. En clair, plus de 30 millions des Congolais n'accèdent pas à des soins de santé de qualité. A côté de ces chiffres, il faut ajouter le délabrement des infrastructures sanitaires, construites pour la plupart à l'époque coloniale et peu après l'accession du pays à l'indépendance.

Le peuple congolais a droit à une vie saine pour être socialement et économiquement productif. En effet, nul ne peut avoir la joie de vivre, ni être efficacement productif s'il n'est pas en bonne santé.

L'on comprend dès lors la place qu'occupe la santé dans les Cinq Chantiers du Chef de l'Etat. Celui-ci entend promouvoir le droit de tout Congolais à la santé à travers le renforcement des mécanismes garantissant l'éthique en santé, l'équité dans la distribution des soins et des services de santé, la solidarité communautaire et l'humanisation des services de santé. Pour cela, certains principes doivent être observés dans l'application de la politique nationale en la matière, notamment la qualité des soins et des services, la participation communautaire, la déconcentration des services de production des soins et la décentralisation des centres de prise de décisions.

Pour y arriver plusieurs actions sont envisagées par le gouvernement :

· La réorganisation du système national de santé, de manière à rapprocher la population des centres de soins par leur décentralisation et leur déconcentration ;

· L'amélioration de l'accessibilité aux soins par la couverture adéquate en infrastructures de santé, l'approvisionnement en équipements et en médicaments essentiels, le déploiement des ressources humaines sur toute l'étendue du territoire national et la mobilisation des ressources financières ;

· L'amélioration du rendement des services par la motivation du personnel, le développement des activités d'information sanitaire, de formation du personnel de santé, de recherche et de communication pour la santé ;

· La promotion d'un environnement propice à la vie saine par la dynamisation des activités d'hygiène, d'assainissement du milieu, de contrôle de qualité, d'approvisionnement en eau saine et en denrées alimentaires.

Le but primordial du Chantier Santé du Chef de l'Etat est de promouvoir l'état de santé de toute la population, en fournissant des soins de santé de qualité, globaux, intégrés et continus avec la participation communautaire, dans le contexte global de la lutte contre la pauvreté. (www.ministère de la santé publique RDC, la mission du ministère de la santé)

Tout au long de ce travail, notre préoccupation tourne autour des questions ci-après :

1. Quels sont les déterminants socio-économiques influençant l'accessibilité aux soins dans l'hôpital général de référence Masa de Kasangulu ?

2. Comment faciliter l'accès des populations congolaises aux soins de santé en général et celles de la Zone de santé de Masa située dans le territoire de Kasangulu en particulier ?

Ce travail comporte deux parties.

La première partie porte sur l'introduction générale, elle est répartie en trois sous points : contexte et justification, énoncé du problème et la revue de la littérature.

La deuxième partie présente en chapitres notre travail personnel : la méthodologie, la présentation de la Zone de Santé rurale de Masa, la présentation et interprétation des résultats et enfin la conclusion suivie de quelques recommandations générales.

1.2. ENONCE DU PROBLEME

L'accès aux services de santé de base est l'un des facteurs clefs favorisant une meilleure santé des populations. Améliorer l'accès physique, étant une priorité nationale, la Banque mondiale et de nombreux autres partenaires du développement ont soutenu d'importants investissements pour construire et équiper des centres de santé de base. Pourtant, malgré une augmentation considérable du nombre de dispensaires, la fréquentation n'a pas beaucoup variée et les indicateurs de santé demeurent très préoccupants. La tendance actuelle ne permettra pas à la RDC d'atteindre les objectifs du millénaire. Tant que la population n'utilisera pas davantage les services de soins préventifs et curatifs, il est fort probable que cette tendance ne se modifiera pas significativement. Tenter de se rapprocher des objectifs du millénaire exige des mesures permettant une évolution positive des taux de fréquentation des services de santé.

L'utilisation adéquate des services de santé est donc importante pour améliorer la santé des populations, notamment dans les pays en développement où des barrières économiques, physiques et sociales existent. En outre, les facteurs économiques et socioculturels peuvent avoir un important impact sur l'utilisation des services de santé.

L'utilisation des services de santé peut entraîner l'amélioration du bien être et de la santé des populations. Ceci ne peut se faire qu'à double condition : que les services offerts soient efficaces, et que la population en fasse un usage rationnel.

Nous envisageons donc d'analyser la relation entre la pauvreté, les caractéristiques socioculturelles et l'utilisation des services de santé dans la Zone de santé de Masa dans le Bas-Congo.

Les pays en voie de développement se voient dans l'obligation de faire face aux difficultés d'ordre divers. Leurs gouvernements respectifs sont incapables de financer les services de santé.

Plusieurs études faites en Afrique démontrent que l'utilisation des services de santé est faible et oscille entre 10 et 20% (OMS et all, 1989).

La santé de la population constitue la préoccupation majeure de tout gouvernement responsable. Cela se traduit par la proportion élevée de pays dans la ratification des accords et traités internationaux en rapport avec la santé, notamment la déclaration d'Alma Ata (1978) et les traités de Bamako (1980). La R.D.Congo, ayant souscrit à ces accords, ne reste pas indifférente dans la traduction concrète de ces traités pour le bien-être de sa population malgré la crise multiforme qu'elle traverse.

En effet, depuis son accession à la souveraineté nationale et internationale, la R.D.Congo a connu des nombreuses difficultés multisectorielles paralysant ainsi son économie. Le délabrement du tissu économique du pays, renforcé par les pillages et les deux guerres, respectivement en 1996 et la dernière en 1998 qui a duré cinq ans, a eu des répercussions néfastes dans tous les secteurs notamment celui de la santé.

La population congolaise vit dans un environnement social de plus en plus précaire. L'absence d'un système formel de protection sociale constitue un élément aggravant cette précarité. On observe alors dans le pays une majeure portion des groupes vulnérables en matière de soins de santé, avec comme corollaire l'apparition des problèmes financiers dans l'accessibilité aux soins de santé de qualité.

Le taux d'utilisation des services de santé par la population du pays en général et par celle de la Zone de santé de Masa en particulier a atteint un niveau très faible. Le Bureau Central de la Zone rapporte que ce taux se situe actuellement à 30% pour les soins curatifs, pendant que l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) fixe la norme à 1NC /habitant/an soit pratiquement100%. (Document de la stratégie de la croissance et de la réduction de la pauvreté (draft 04), juin 2006, page 22-24).

En effet, la complexité des services de soins de santé et de l'assurance maladie, l'inexistence et la non performance des systèmes d'assurance maladie ainsi que certaines exclues par manque de possibilité de cotisation renforcent cette inaccessibilité.

Si la qualité de service est l'une des explications du niveau d'utilisation, cette étude montre aussi l'importance d'un ensemble d'autres facteurs qui devraient être pris en compte pour améliorer la fréquentation des services. Parmi ceux-ci, l'éthique n'est pas le moindre. Accorder une place particulière à l'éthique dans les programmes de formation, tout comme au contrôle communautaire sur l'exercice des professionnels de santé sont des priorités pour reconstruire le capital de confiance entre population et prestataires de soins.

Bien que le coût joue un rôle important, ce facteur ne doit pas être surestimé dans l'analyse des conditions d'accès aux services de santé de base. Apporter un soutien financier aux plus pauvres est crucial pour diminuer les barrières à l'accès. Mais, lorsque les services sont de qualité, la majorité de la population les utilise, même si leur coût est relativement élevé.

De nombreuses recherches ont montré le lien entre l'amélioration de la qualité et l'augmentation de la fréquentation. Cette hypothèse a fondé l'Initiative de Bamako. Malheureusement, la mise en place de celle-ci s'est souvent traduite par une augmentation du coût des services, sans véritable amélioration de leur qualité.

De plus les services offerts ne répondent pas toujours bien à la demande des populations.

Ces deux raisons majeures expliquent le succès globalement limité de l'Initiative de Bamako. (Utilisation des services de santé de premier niveau au Mali : Analyse de la situation et perspectives, Martine Audibert, 2005)

Le problème de l'accès aux soins de santé au Congo est immense. Une stratégie de mise en place de mécanismes de partage solidaire du risque-maladie a donc toute sa place dans une politique globale d'amélioration de l'accès aux soins. Il y a un grand besoin et une forte demande de la part des acteurs des systèmes locaux de santé congolais de pouvoir recourir à un appui de qualité dans les phases d'analyse, de planification, de mise en place et de monitorage de systèmes de micro-assurance santé. Il y a lieu d'organiser et de structurer rapidement ce type d'appui au Congo.

Vu le faible pouvoir d'achat de la population congolaise, il est indispensable d'envisager une politique de subventions pour que les systèmes de micro-assurance santé atteignent des couvertures significatives. Ces subventions doivent être organisés de façon rationnelle et ne pas hypothéquer les dynamiques d'entraide et de solidarité locales. L'optimalisation de ces subsides demande des recherches de terrain.

Les systèmes de micro-assurance santé agissent au niveau de la demande. Ils tentent de mobiliser, sur une base de solidarité et de partage de risque, des ressources pour financer les soins de santé. Ils visent d'autre part à organiser les utilisateurs dans leur interaction avec les prestataires. Ceci est une opération complexe dont le succès dépend de la confiance que les gens ont dans le gestionnaire du système de micro-assurance, mais aussi de la qualité de l'offre de soins. Une politique d'appui au développement de ces systèmes doit donc aller de paire avec une stratégie de rationalisation de l'offre des soins.

Afin d'assurer l'accès du peuple congolais à une vie saine, lui permettant d'être socialement et économiquement productif, le gouvernement devra promouvoir son droit à la santé à travers le renforcement des mécanismes garantissant l'éthique en santé, l'équité dans la distribution des soins et des services de santé, la solidarité communautaire et l'humanisation des services de santé.

Le niveau d'instructions de base du chef de ménage et aussi de la mère peut augmenter le recours aux soins de santé. En effet il est souvent admis que les individus avec niveau d'instruction élevé ont la capacité d'assimiler l'information pour rechercher les alternatifs dans le financement de soins. Avec un taux d'analphabétisme envoisinant 60%, cela peut constituer un obstacle au financement de soins de santé.

La Zone de santé rurale Masa est la deuxième zone issue du découpage de la Zone de santé de Sona Bata dans le territoire de Kasangulu, District de la Lukaya, Province du Bas-Congo.

Elle a une superficie de 2700 Km2 et comprend 436 villages repartis dans 14 Aires de santé dont 4 se trouvent dans la cité de Kasangulu qui est le Chef lieu du Territoire et où se trouvent le Bureau Central ainsi que l'Hôpital Général de Référence de la Zone de santé. La Zone de santé de Masa dispose de 18 CS, 21 postes de santé et 1 centre hospitalier. Le taux d'utilisation des services curatifs a évolué en decrescendo de 65% en 2003, 48% en 2004, 40% en 2005, 29% en 2006, 31,4% en 2008 et 28% en 2009. Le taux de référence de 2009 est de 1,6% contre un taux de contre-référence de 4,7%. Les pathologies dominantes selon la morbidité sont le paludisme, les IRA, les filarioses, les maladies diarrhéiques ainsi que la malnutrition protéïno énergétique.

Le non assainissement de plusieurs villages, la couverture faible en eau potable et la faible sensibilisation en matière de communication pour le changement des comportements sont des problèmes de santé publique majeurs dans notre zone de santé.

La zone de santé dispose des organes de gestion fonctionnels à savoir le conseil d'administration ainsi que les comités de gestion tant au niveau du bureau central et de son hôpital de référence.

Les difficultés d'ordre organisationnelle sont beaucoup ressenties par l'incapacité à organiser des formations classiques par manque financement ; l'absence de phonie relais rendant la collecte des données épidémiologiques difficiles ainsi que le sous équipement des structures sanitaires a partir du bureau central.

Les recettes réalisées ne permettent pas à la zone de faire face de façon correcte à la surveillance des maladies et surtout à suivre régulièrement les différentes activités programmées dans son plan d'action.

La zone de santé ne dispose pas d'un partenaire externe capable de financer les activités programmées dans le plan d'action. L'absence de véhicule est un handicap majeur pour la réalisation des supervisions intégrées.

Néanmoins avec la participation communautaire, la zone de santé réalise tant soi peu ses activités aboutissant à des performances satisfaisantes.

La situation sanitaire de la Zone de santé Masa est très préoccupante. L'utilisation des services sanitaires y est fortement compromise avec conséquence immédiate une hausse de la morbi-mortalité sur l'ensemble de la Zone de santé. La morbidité liée au Paludisme est élevée chez les enfants de moins de 5 ans (67%) ; la prévalence de la Trypanosomiase est élevée dans l'aire de santé de Kimpakasa (3.7%) ; la prévalence de l'Onchocercose est également élevée et estimée à 30% ; la proportion de la population desservie en eau potable représente 27% ; il y a faible détection de la Tuberculose (59%) et une faible opérationnalité des structures de participation communautaire pour le développement.

La situation de l'Hôpital Général de Référence est plus préoccupante que celle de la Zone de santé toute entière. Des efforts doivent être conjugués de manière concertée entre le Pouvoir organisateur des services publics de l'Etat et les différents partenaires de développement ainsi que les usagers pour briser le cercle vicieux de pauvreté dans laquelle se trouve l'hôpital en vue de rendre disponible les soins et services de santé de qualité et durables à la population de Kasangulu.

En dépit d'un nombre insuffisant de lits montés (43 au lieu de 100lits selon les normes) à l'HGR Masa/Kasangulu, le taux d'occupation de lit est assez faible (30% au lieu de 60 à 70%) et l'HGR utilise la tarification à l'acte pour le recouvrement des coûts des soins et services offerts aux malades. Malgré qu'il soit à proximité de Kinshasa, le niveau socio-économique de la population de Kasangulu est extrêmement pauvre. Cette situation ne lui permet pas d'accroître sa capacité à mobiliser les ressources financières locales qui lui permettraient de jouer pleinement son rôle et d'offrir encore plus de soins de qualité à la population.

L'amélioration de la qualité des soins et services offerts pourra attirer les malades à utiliser les services des structures sanitaires.

Une étude a été menée en 2006 au sein du bureau central pour rechercher les facteurs qui expliqueraient la faible demande des soins par cette population. Trois facteurs dont délabrement des infrastructures, mauvais état de la route et absence de certains services ont été retenus à la base de cette faible demande.

Malgré les efforts du gouvernement provincial par le canal de son Excellence Monsieur le Gouverneur MBATSHI MBATSHIA à la réhabilitation de l'hôpital, de la route et en dotant l'hôpital des matériels pour la mise en place de certains services non existants, cette situation ne permet pas à l'hôpital général de référence Masa d'améliorer son taux d'utilisation des soins et services de santé et par conséquent, de mobiliser des ressources financières nécessaires pour couvrir tant soit peu ses charges de fonctionnement surtout qu'il ne reçoit aucun subside de l'Etat.

Devant de telles situations, l'intérêt de cette étude serait de répondre à la question de comment améliorer l'accessibilité aux soins de santé ?

Pour le faire, nous identifierons les déterminants socio-économiques qui sont à la base du faible taux d'utilisation dans la zone de santé en général et à l'HGR MASA en particulier.

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