2-2-2 Un complément nécessaire
Le fait, donc, de commencer l'entretien par un questionnaire,
plus classique, permet d'ouvrir le dialogue et de plonger la personne
sondée dans le vif du sujet, ce qui facilitera, le moment venu, la
justification de l'utilisation de la cartographie mentale. Le questionnaire
fixe la thématique, en posant les questions, qui, intuitivement, doivent
refléter les elements devant logiquement transpara»tre sur la
carte. Je vous propose de visualiser ce questionnaire disponible en annexe
à la fin du mémoire. Il s'agit d'un questionnaire plutTMt court,
de façon à laisser le temps nécessaire à la
realisation de la carte. Le tout est concu pour durer une vingtaine de
minutes.
La grille de questions se decompose en 3 parties :
La première partie, classique, nous renseigne sur les
informations personnelles du
participant, mais plus important, sur son occupation, son lieu
de travail, et son ancienneté dans la région, ce qui devrait
avoir un impact sur ses perceptions et ses pratiques.
La deuxième partie se concentre sur
l'accessibilité et la mobilité. Toutes ces données, ainsi
que celles de la partie suivante, nous fournissent des renseignements à
même d'être comparés à ceux d'autres
localités, et qui mêlent le spatial au temporel. Le but de cette
deuxième partie vise tout d'abord à nous éclaircir sur
l'intensité des liens qui unissent la personne avec son environnement
extérieur, par des données de récurrence sur des parcours
habituels. Ces données nous renseignent aussi sur la qualité de
ces liens en abordant la question des facilités offertes en terme de
loisirs, de commerces, de culture, ou de services pratiques (santé,
éducation, transport s...). Elles mêlent donc le quantitatif et le
qualitatif. Par ailleurs, on aborde en parallèle la question des moyens
disponibles, en transports privés et publics, pour que des liens
puissent se mettre en place.
Enfin, la troisième partie demande plus de
réflexion de la part du participant, en l'invitant à s'exprimer
sur ses manques, ses besoins, mais aussi sur ses envies, son affectif. La
dernière question, quant à elle, nous servira à faire le
lien entre questionnaire et cartographie. Simple, elle demande cependant
beaucoup de rigueur de la part du participant, et vient compléter, et en
même temps vérifier la carte mentale.
2-2-3 Qui interroger? Cadre de l'exercice.
Pour chaque localité, au nombre de 7, on devra choisir
un échantillon de dix intervenants. Comme l'on cherche à comparer
ensuite les résultats liés à chacune de ces
localités, il est important que nos échantillons disposent d'une
même base qualitative.
En premier lieu, étant donné que notre
enquête se concentre essentiellement sur la mesure de la mobilité,
il est nécessaire d'avoir affaire à des individus
possédant le même potentiel technique pour se déplacer, et
d'une certaine facon, à des individus possédant des moyens
financiers équivalents. Dans le même temps, la répartition
des moyens de transports privés propres à nos intervenants doit
refléter la proportion de ces moyens de transports à
l'échelle régionale. Tout cela par souci d'égalisation et
d'adaptabilité des résultats. Pour chaque localité, donc,
on interrogera 1 individu possédant une automobile, 5 possédant
un deux-roues motorisé, et 4 ne possédant qu'un vélo, ou
rien du tout. Ensuite, la question de l'%oge est elle aussi primordiale,
partant du principe que l'%oge influe sur la volonté, la capacité
et la nécessité de se déplacer. Par conséquent, on
préfèrera faire intervenir des actifs et des jeunes en %oge de se
déplacer librement, ce qui devra nous donner une
moyenne d'%oge par échantillon comprise entre 30 et 40 ans
(entre 32 et 39 ans en réalité une fois l'enquête
achevée).
La question de l'équilibre dans le genre des
intervenants, que j'avais envisagé au départ, n'est pas sans
soulever quelques problèmes. En effet, au commencement de
l'enquête j'avais fait le choix d'interroger équitablement (50%)
hommes et femmes. Puis très vite est apparue une évidence: les
femmes se déplaçaient peu, ou en tout cas beaucoup moins que les
hommes, ce qui rendait nul, dans près d'un cas sur deux, les
résultats de l'enquête. Sur un échantillon plus large, cela
n'aurait pas posé de problème, et l'on aurait même pu
comparer les différentes tendances entre hommes et femmes, mais sur un
échantillon de 10 personnes seulement, l'efficacité de la
démarche de notre enquête s'est trouvée fortement
compromise. Ce constat reste cependant à nuancer, ca r le
véritable problème, en réalité, repose plus sur le
fait de l'exclusion de ces femmes de la sphère professionnelle, que sur
le fait du genre, et particulièrement dans les quartiers nord, plus
pauvres, par lesquels mon enquête a commencé. Il est probable que
la situation diffère significativement en fonction de la zone
étudiée. Toujours est-il qu'après avoir
réalisé les 20 premières interviews, nous avons donc
décidé avec mon interprète, non sans regret, de nous
concentrer uniquement sur les hommes, ce qui nous a du même coup
contraint à nous rendre de nouveau dans les premières
localités sondées.
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