3-2-2 Des données quantitatives
précieuses
On a ici compilé toutes les données liées
à la mobilité au sens large. A partir de celles-ci
(hors distance Domicile/Travail), on propose un Ç coefficient de
mobilité È, qui repose simplement sur le
calcul de la moyenne de ces résultats. Attention
cependant, la valeur affichée pour Teynampet doit être
manipulée avec précaution, en raison des résultats nuls
obtenus dans deux catégories, du fait de sa situation
géographique en centre-ville. En réalité Teynampet
devrait obtenir le coefficient de mobilité le plus fort si l'on ne
tenait pas compte de ces deux colonnes.
Point par point, on note d'abord que la distance entre le
domicile et le lieu de travail (il s'agit, comme pour le reste de la moyenne
sur chaque localité) ne semble en rien représentative de
tendances spécifiques. La fréquence de la mobilité vers le
centre-ville non plus. Il aurait fallu interroger un échantillon plus
large pour pouvoir tirer des conclusions.
La fréquence des déplacements
intra-agglomération du Nord vers le Sud, et inversement du Sud vers le
Nord révèlent une très faible intensité des
rapports, si on les compare aux déplacements en direction du
centre-ville. On note cependant un attrait plus important du Sud (pour le
Nord), que du Nord (pour le Sud), ce qui reflète tout à fait nos
observations liées aux cartes mentales.
Les tendances à l'observation des fréquences des
déplacements hors de l'agglomération et hors du Tamil Nadu, quant
à eux, se révèlent particulièrement similaires. Le
Nord accuse des scores en retrait par rapport, notamment, à
Teynampet et à Tambaram , oü ce type de
mobilité appara»t comme particulièrement intense.
Sekkadu, qui paraissait pourtant fortement enclavée par le
biais des cartes mentales, obtient des scores tout à fait
étonnants dans ces deux séries, équivalents à
Mogappair ou Sholinganallur. Ce qui nous conforte dans
l'idée que les résultats liés à la cartographie
mentale restent à nuancer. Par ailleurs, la mobilité hors
agglomération et hors Tamil Nadu n'est pas seulement liée
à la qualité du réseau de tran sports, mais aussi et
surtout à une question de moyens. Hors, comme on a pris soin
d'équilibrer nos échantillons sur ce plan, il n'est pas
étonnant de se retrouver face à une telle situation.
Plus surprenant, dans la série suivante qui concerne le
nombre d'entrées (oü d'éléments figurant) sur nos
cartes mentales, les habitants de Manali New Town paraissent aussi
prolifiques que ceux des localités du Sud. Cependant, si l'on se
remémore les caractéristiques des cartes obtenues pour cette
localité, on avait noté une très grande confusion,
beaucoup de détours et de discontinuités. Plus que le nombre
d'entrées sur une carte mentale, ce sont d'avantage les
éléments qualitatifs qui restent significatifs. Malgré
tout, les localités du Nord restent en retrait, de manière plus
générale, par rapport à celles du Sud, notamment
Teynampet et Tambaram, qui dominent encore largement.
Pour notre dernière série, la tendance para»t
plus nette, et les déplacements des Çgens du NordÈ se
caractérisent par une plus faible variété des lieux
visités.
Enfin, la création de notre coefficient de
mobilité vient gommer les inégalités et exceptions que
l'on a pu noter, et vient confirmer la tendance classique d'un Nord en retrait
sur le plan de la mobilité. Le cas de Moggappair, pourtant,
révèle une tendance semblable à celle du Nord. Finalement,
on peut dire que la mesure quantitative de la mobilité s'avère
très problématique, et imparfaite. Heureusement, les
données suivantes vont nous permettre d'affiner nos observations.
On insiste ici d'avantage sur la qualité de vie que sur
la mobilité. Il s'agit de mettre en avant l'intégration plus ou
moins marquée dans un système urbain moderne, à travers la
fréquentation de lieux représentatifs, et la perception
qualitative de l'offre dans les domaines de la santé et de
l'éducation. Le mixage de ces données nous permet de créer
un Çcoefficient d'urbanité È, représentatif de
l'intensité de cette immersion.
Le cinéma, très populaire à Chennai,
n'est visiblement pas accessible à tous. Partant toujours du principe
que les personnes issues de nos échantillons disposent de moyens
financiers identiques, on peut clairement énoncer que les habitants du
Nord de la ville fréquentent beaucoup moins ce type de lieux. Si l'on
considère que l'attrait pour le cinéma est comparable en tous
points de la ville, ce faible niveau de fréquentation ne peut
s'expliquer que par une accessibilité difficile.
Le constat est sensiblement identique pour la
fréquentation des restaurants, des centrecommerciaux, et des lieux
dédiés aux loisirs et à la culture (musées,
concerts, expositions, parcs d'attraction...etc), même si l'on note,
comme pour les séries précédentes, quelques
irrégularités de facon très ponctuelle. L'intensité
de la fréquentation des supermarchés, qu'on doit d'avantage
relier à une question pratique qu'au domaine du plaisir, reflète
une même réalité: le Nord reste très en retrait, et
on doute fortement de son intégration dans un mode de vie moderne, qui
semble être acquis, en partie tout du moins, pour le reste de Chennai.
Par ailleurs, lorsque les participants sont amenés
à se prononcer sur la qualité des infrastructures accessibles
dans les domaines de la Santé et de l'Education, l'écart se
creuse de nouveau entre le Nord et le reste de la ville. Ces constats, j'ai pu
y etre confronts par moi -même lors des déplacements sur le
terrain, et je ne peux que les confirmer. Les écoles, hormis les
écoles primaires, sont quasi-absentes du paysage du Nord de la ville.
L'acces à des niveaux College et Lycée implique des
déplacements sur de longues distances, comme ce pourrait etre le cas
dans un cadre rural. Parfois, d'après les témoignages recueillis,
plusieurs heures sont nécessaires aux étudiants pour rallier leur
établissement, le matin, puis le soir. Il existe bien quelques
établissements privés, mais de par leur nature, il ne sont
accessibles évidemment qu'à une partie de la population. La
situation est comparable sur le plan de la Santé, oil seuls de petits
dispensaires publics et quelques cliniques privées existent.
Les chiffres révélés par notre
coefficient d'urbanité, finalement, apparaissent comme la consequence
directe et attendue de l'enclavement mis en evidence jusque-là. Les
spécificités de ce Ç Nord È de la ville se
précisent. Le document suivant nous renseigne quant à lui sur les
besoins exprimés par les habitants, et se propose de faire ressortir
quelques priorités, telles qu'elles devraient etre prises en compte par
les politiques et les aménageurs. Il a été realise
à partir des réponses obtenues à la question n du
questionnaire (Si vous aviez le pouvoir d'améliorer votre quartier, dans
quels domaines agiriez-vous?).
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