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Redéploiement industriel et grands projets structurants dans la métropole de Chennai: quelle place pour les quartiers Nord ?

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par Paul BERTIN
Université Bordeaux III - Master 2 territoires développement et cultures 2011
  

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4-2-2 La barrière du social : réalité du terrain

L'exécution du projet de l'EMRIP a donc commencé, dès le début 2011. Cependant, l'avancée des travaux, réalisés par la NHAI (National Highway Authority of India), se heurte à un obstacle de taille, qui en plus des problèmes de financement et d'initiatives publiques avait sans doute déjà freiné le bouclage du projet. En effet, la Ennore High Road, qui doit être transformée en Ennore Expressway, se trouve cernée par un slum gigantesque, qui s'étire sur près de 6km. De part et d'autre de la route qui n'est pas très large à l'heure actuelle (environ 8m), se sont installées au fil des années des milliers de familles, dans des conditions extrêmement précaires. En fait, à l'époque de la construction de cet axe, on avait anticipé les besoins futurs en prévoyant l'espace nécessaire à d'éventuels élargissements. Pour cela, on avait construit une digue qui permettait de gagner du terrain sur la mer, là oü se trouvait auparavant la plage. On disposait ainsi d'une longue bande de terre, large d'une cinquantaine de mètres, qui permettrait les travaux si nécessaire. Evidemment, l'inévitable s'est produit, et les slums, principalement constitués de familles de pêcheurs, sont venus

conquérir ce nouvel espace disponible, jusqu'à l'occuper dans sa totalité.

Aujourd'hui, le temps presse, et la route doit être élargie à 20m. En l'espace de 4 mois, depuis janvier 2011, près de 1000 habitations ont été détruites, forcant leurs occupants à se déplacer. Les agents en charge de la construction sont venus sur place au préalable, ont pris des photos des maisons, et fourni aux habitants un document officiel attestant de leur occupation des lieux. Ce document leur donne le droit d'exiger un nouveau logement, en compensation du préjudice causé. Déjà, depuis 5 ans, le gouvernement a entamé la construction d'un complexe résidentiel qui à terme devrait fournir les logements nécessaires aux 10.000 personnes déplacées et donc résoudre le problème. Il a été convenu que chaque famille disposerait d'un appartement privatif, d'une quinzaine de m2.

En haut à gauche, le slum d'Anna Nagar à New Washermanpet, oü les destructions on déjà commencé.
En haut à droite, le complexe résidentiel de Netaji Nagar à Ennore, déjà investi par ses nouveaux habitants.
En bas, paysage classique au bord de l'Ennore High Road, à Anna Nagar, New Washermanpet.

Mais voilà, la solution de relogement proposée par le gouvernement ne convient pas à tout le monde. Tout dÕabord, celui-ci se situe à Ennore, à 7km dÕAnna Nagar (à ne pas confondre avec le quartier dÕAnna Nagar à lÕOuest de Chennai, oil les conditions de vie nÕont rien de commun avec lÕAnna Nagar de New Washermanpet), le quartier oil nous avons rencontré les habitants. Hors, les habitants du Sud de lÕEnnore High Road survivent gr%oce aux ressources issues de la seule activité praticable : la pêche. Là oil les nouveaux logements ont été regroupés, lÕacces à la mer est impossible, et un déplacement dans ce quartier implique donc lÕabandon de lÕactivité nourriciére. Les populations se retrouvent donc en situation extreme, ne disposant pas dÕun niveau dÕéducation ou dÕune condition sociale qui leur permette de sÕadapter. Par ailleurs, il a été stipulé quÕun appartement serait propose pour chaque famille déplacée. Mais la taille de ces foyers nÕa absolument pas été prise en compte, et les conditions de relogement sont les même quelque soit le nombre de membres dans celui-ci. Des familles nombreuses, parfois comprenant jusquÕà 8 ou 10 membres, se retrouvent condamnées à survivre dans un espace de 15m2. Parmi les populations qui se sont déjà installées dans Netaji Nagar à Ennore et auxquelles jÕai pu rendre visite, une grande partie nÕa dÕautre choix que de dormir dans la rue, par manque de place.

Par ailleurs, lÕeau manque cruellement, puisque les nouveaux immeubles ne sont pas raccordés au réseau de distribution. Ils dependent entiérement des précipitations qui sont recueillies dans des cuves sur le toit, et nÕont pas dÕautre choix que dÕacheter la ressource à lÕextérieur. LÕalimentation électrique est bien présente, mais le gouvernement nÕexigeant pas le paiement dÕun loyer (il y a renoncé alors que cÕétait initialement prévu), il impose en contrepartie le reglement de factures dÕélectricité absolument exorbitantes. Les habitants ne disposant pas des moyens suffisants se voient donc coupés de leur alimentation. SÕajoute à cela lÕabsence totale de structures nécessaires à lÕinstallation des commerces, qui nÕont dÕautre choix que de sÕétablir au bas des immeubles, dans de petits cabanons construits à la h%ote. Les problémes de criminalité, par ailleurs, compromettent fortement lÕattrait de la zone, totalement à lÕécart de la couverture policiére. Ainsi, on mÕa rapporté quÕun meurtre avait eu lieu dans le quartier la nuit précédent ma visite, mais quÕil ne sÕagissait en rien dÕun fait isolé puisque ce genre dÕévénements survenait en moyenne une fois par semaine. On comprend donc les réticences des familles à venir sÕétablir à Netaji Nagar.

Cependant, les travaux de destruction et dÕélargissement nÕont été entamé que dans la partie la plus au Sud de la Ennore High Road, au niveau dÕAnna Nagar et des quartiers voisins. Pour la partie Nord, les bulldozers se sont heurtés à des groupes de resistance, sans doute mieux organisés et donc plus virulents que ceux qui avaient été mis en place, sans succés, au Sud. Cette situation trouve son

explication dans un éventail de population different entre les deux zones. En effet, autour dÕAnna Nagar, même si les familles de pêcheurs sont fortement représentées, elles ne constituent pas la majorité, comme cela peut etre le cas plus au Nord. Et il semblerait que la capacité des habitants à sÕunir face à la crise repose en grande partie sur une certaine homogénéité du groupe. Donc pour lÕinstant, une partie des habitants de la zone semble avoir été épargnée, malgré les interventions parfois violentes des forces de police et au prix de nombreuses arrestations.

Pour lÕheure, 2000 personnes ont investi leurs nouvelles habitations, et 5000 logements ont été construits à Netaji Nagar. Ceux qui ont fait le choix de resister, bien conscients du fait quÕils devront tTMt ou tard ceder aux requêtes du gouvernement, demandent seulement une solution alternative, qui leur permettrait non pas d'être relogés mais simplement déplaces, à proximité, sur des terrains ou ils puissent reconstruire leur vie sans renoncer à leur moyen de subsistance.

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"Il existe une chose plus puissante que toutes les armées du monde, c'est une idée dont l'heure est venue"   Victor Hugo