1-1-3 Ouverture économique et défi de la
mégapolisation
A partir de 1991, et donc de l'ouverture économique du
pays aux capitaux étrangers, l'espace Chenna ·te va encore
évoluer, se complexifier, pour donner la métropole de rang
international que l'on conna»t aujourd'hui. Dans le centre,
déjà dense (on dépasse désormais les 10.000
habts/km2 dans les quartiers de Kodambakkam, George Town ou
T-Nagar2), on construit toujours plus en hauteur, même si la
réglementation en vigueur n'autorise pas une verticalisation excessive.
Pour cette raison, et gr%oce à l'amélioration des conditions de
circulation (les autoroutes font leur apparition, les boulevards à
grandes capacité sont créés (Inner Ring Road et Chennai
Bypass), et l'on met en place une gare routière géante, la plus
grande du sous-continent indien: la CMBT, à Koyambedu), le glissement
vers le Sud et l'Ouest va s'intensifier. L'arrivée massive de
l'automobile, surtout à partir des années 2000, participe
grandement au phénomène. Dans le même temps, on assiste
à l'explosion logique du péri-urbain, oü les bourgs ruraux
en dehors de l'agglomération mais entretenant des relations
étroites avec celle -ci, vont parfois conna»tre un doublement de
leur population entre 1991 et 2001 (Chengalpet, Sriperumbudur,
Tiruvallur3).
L'arrivée massive de capitaux, par ailleurs, va
complètement bouleverser la physionomie de la ville, en participant au
redéploiement des activités et à la spécialisation
des espaces, le long de ce qu'on a appelé des ÇcorridorsÈ
de développement. Le secteur privé occupe désormais une
place prépondérante dans le processus de création de
nouveaux espaces, et le secteur public est relégué au rTMle de
facilitateur. C'est ainsi que va émerger, au cours des années
2000, un IT corridor au sud de la ville, le long d'une nouvelle voie express,
l'OMR. En l'espace de dix ans, près d'une centaine de milliers d'emplois
sont créés dans le domaine des technologies de l'information, ce
qui va impulser l'arrivée de nouvelles populations, plus
qualifiées et plus exigeantes en matière de qualité de
vie. Pour cette raison, de nouveaux quartiers sont créés,
composés essentiellement de gated communities et de
résidences de standing, toujours le long de cet IT corridor .
L'ouverture de l'East Coast Road en 2001, qui constitue un véritable
Touristic Corridor en parallèle de l'OMR, ne fera que
participer à la conquête de nouveaux espaces
résidentiels, toujours plus au Sud. Désormais, la distance qui
sépare les marges Sud de l'agglomération au cÏur de la ville
excède les 50 km, et ce n'est là qu'un début.
Mais l'émergence de ces nouveaux espaces ne concerne pas
seulement cette zone, puisque des corridors industriels viennent
compléter la donne, le long cette fois des voies express NH 4
2 D'après documents internes - CMDA
3 Source: Census of India 2001
(Bangalore) et NH 45 (Madurai), oü de vastes usines
d'assemblage vont s'installer. Gr%oce à l'apparition du système
de Zones Economiques Spéciales, sortes de zones franches visant à
réduire les coüts de production et à fournir toutes les
facilités nécessaires à une attractivité optimale,
les entreprises étrangères vont affluer, notamment autour de
Sriperumbudur pour la NH 4 (Nokia, Saint Gobain, L&T), ou de Mahindra World
City pour la NH 45 (Ford, Renault-Nissan, Infosys...). L'ampleur de ces
nouvelles structures va nécessiter la présence d'une main
d'oeuvre qualifiée et abondante, ce qui va amener à l'explosion
de l'offre de formation. Des écoles d'ingénieur (au nombre actuel
de 250) et des universités privées vont être
créées aux quatre coins de la ville, et viendront
compléter le processus de création, en somme, de edge-cities
suivant le modèle américain.
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