1-2-2 Au Nord, un espace mutant à
(re)conquérir
Le Nord de Chennai, ou North Chennai, appara»t
avant tout comme un espace méconnu, tant par la population que par la
sphere de la recherche. Pour un chenna ·te du sud, rares sont les
occasions de se rendre dans cette partie de la ville, hormis pour des raisons
professionnelles. En effet, comme on l'a vu précédemment, c'est
là que se concentrent les activités industrielles lourdes, une
partie de l'industrie mécanique (Ashok Leyland), ainsi que les
plates-formes de stockage de frêt en provenance du port de Chennai. La
population n'y cro»t que tres faiblement4, et l'emprise
spatiale des zones résidentielles n'y est encore que tres
limitée. L'essentiel de l'espace est occupé par les industries et
les espaces agricoles, même si les friches et les marais dominent encore,
du fait de la forte salinité des sols qui rend impossible leur mise en
culture. Mais avant de nous pencher plus en détail sur la situation,
il est important de fixer le cadre spatial de notre
étude.
Carte n°3 - Chennai North : cadre de
l'étude
4 5,2% d'augmentation entre 1991 et 2001, contre 20,3% pour
l'ensemble de la CMA - Census of India 2001
Nous désignerons donc par Ç North Chennai
È l'espace compris entre les eaux du Golfe du Bengale et l'autoroute
NH 5 (Kolkata), partant des quartiers de Tondiarpet et Washermanpet pour la
limite Sud, jusqu'aux limites Nord de la CMA. Il s'agit là d'un
espace vaste, mais encore faiblement
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peuplé. La population n'y excède pas les 400.000
habitants en 2011. Les infrastructures routiéres accusent un retard
considerable en comparaison du reste de la ville, et ressemblent d'avantage
à ce que l'on pourrait trouver en milieu rural, surtout d'un point de
vue qualitatif. Les grands axes y sont rares, et la majorité des flux
sont concentrés le long de la cTMte sur la Ennore High Road et
la Thiruvottiyur High Road, ne pouvant supporter qu'un trafic
réduit. Plus au Nord, la Manali High Road permet de connecter
les deux axes précédents à la TPP Road (ou
Minjur High Road), construite il y a une dizaine d'années pour
permettre un accés direct au nouveau port d'Ennore. Enfin, cette TPP
Road a été récemment connectée à
l'Inner Ring Road de Chennai, grand boulevard permettant de contourner
les espaces centraux pour rallier le Sud de la ville. Toutes ces voies,
à l'exception de l'Inner Ring Road, ne permettent pas un
raccordement au réseau des bus de ville. En effet, leur encombrement et
leur étroitesse est telle qu'il leur est tout simplement impossible de
circuler. Seules quelques lignes serpentent sur les routes plus tortueuses et
assurent un service minimum (en principe un bus toutes les heures ou toutes les
deux heures), au prix de nombreuses crevaisons et accidents6. Pour
cette raison, les habitants du North Chennai circulent principalement par leur
propre moyen, ou gr%oce au systeme d'auto-rickshaw (individuels) mais surtout
de share-autos (collectifs) qui quadrillent le secteur. Les coûts s'en
trouvent bien évidemment augmentés par rapport au bus.
Néanmoins, la voie ferrée traverse le secteur,
par la cTMte, et offre une alternative plus intéressante aux voyageurs
en terme de cofit. Mais elle reste difficilement accessible aux habitants
situés à l'Ouest de la longue zone industrielle qui la longe. Par
ailleurs, les trains de voyageurs y circulent à vitesse réduite,
et les passages sont rares (un à deux passages par heure, soit une
frequence moyenne divisée par trois par rapport aux autres lignes
urbaines). Pour toutes ces raisons, il est extrêmement difficile de se
déplacer dans cette partie Nord de la ville. Et c'est là un
aspect primordial de notre etude.
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