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Zones économiques spéciales et nouveaux enjeux fonciers: le cas de Marg Swarnabhoomi au Tamil Nadu, Inde

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par Paul BERTIN
Université Bordeaux III - Master 1 territoires, développement et cultures 2010
  

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1.2 - Des Export Processing Zones au SEZ act de 2005

Si la Chine fût la première à se lancer dans le développement de ZES, l'Inde, dès 1965, fit l'expérience des toutes premières zones franches d'exportation asiatiques. Leur portée resta très limitée cependant, avec une contribution aux exportations aux alentours de 5% en 2000.

La première pierre est posée en 1965, avec la création de la zone de libre-échange Kandla dans l'état du Gujarat, puis la mise en place de Santacruz electronics à Mumbai, et des EPZ de Falta, Cochin, Chennai, Noida, et Visakhapatnam en 1980, créées suite au choc pétrolier.

3 Selon le coefficient de Gini ou 0 signifie légalité parfaite et 1 l'inégalité maximale, la Chine obtient 0,5 en 2006, le Brésil 0,56, là oü l'inde obtient seulement 0,3.

Le principe de fonctionnement de ces zones franches repose sur toutes sortes d'avantages censés promouvoir les exportations. L'Etat met donc en place une législation spécifique, avec notamment la mise en place d'une exonération fiscale en ce qui concerne les matiéres premières et les biens d'équipement, d'une exonération des droits de douane et de l'impTMt aux sociétés, d'une aide à la fourniture de produits de base. L'alimentation en eau et en électricité est garantie sans interruptions, et des infrastructures appropriées sont mises à disposition.

A partir de 1991, l'Inde souhaite accélérer son intégration dans l'économie-monde et lance un programme d'ajustement structurel, appuyé par l'OMC, la banque mondiale et le FMI. Il en résulte une simplification des dispositions administratives, des incitations fiscales accrues, et l'intégration de nouvelles industries, notamment agro-alimentaires.

Forcé de constater le manque d'efficacité des EPZ, le nouveau gouvernement de coalition mis en place à partir de 2005 adopte une nouvelle politique, en théorie directement inspirée de celle des ZES chinoises, mais différente dans sa pratique. Pourvues d'un cadre réglementaire solide, et permettant l'attraction d'investissements étrangers sans pour autant exiger la mise en oeuvre de réformes impopulaires et sensibles en matiére de législation du travail, les ZES indiennes voient le jour en 2005 avec le coup d'envoi donné par l'adoption du Special Economic Zones Act . Le gouvernement entend ainsi faire affluer les investissements privés dans l'infrastructure industrielle, qui accuse des retards considérables. Le but est d'opérer un basculement de l'économie, jusque-là essentiellement axée sur le secteur primaire. Dans le même temps, c'est un moyen pour le gouvernement de se désengager et de laisser le secteur privé le remplacer dans son rTMle de fournisseur de services aux citoyens. La loi sur les ZES vise ainsi à créer un nouveau systeme de gouvernance, un nouvel ordre économique, politique et géographique, détaché des droits constitutionnels, et des méchanismes parlementaires et juridiques.

La loi sur les ZES entre en application en février 2006, et alors même qu'elle s'apprête à affecter des millions de vies, aucun report dans les médias n'est observé. Il faut dire qu'aucun débat public ou parlementaire n'a eu lieu avant son adoption.

Les objectifs tels que décrits dans le SEZ Act sont les suivants :

- Générer de nouvelles activités économiques,

- Promouvoir les exportations de biens et services

- Promouvoir l'investissement étranger et domestique

- Créer de l'emploi

- Développer de nouvelles infrastructures

- Maintenir la souveraineté et l'intégrité de l'Inde, la sécurité de l'Etat et les bonnes relations avec les Etats étrangers.

Pour ce faire, le gouvernement reconduit les principes édictés pour le développement de ses EPZ, avec des exonérations fiscales de 100% pour la production destinée à l'exportation au cours des cinq premières années d'exploitation, puis réduites à 50% les cinq années suivantes, une suppression des droits de douane, des taxes indirectes et des impTMts sur les bénéfices. Mais désormais, l'Etat n'est plus l'initiateur de ces nouvelles ZES. Ce sont des agences parapubliques ou des promoteurs entiérement privés qui vont se charger de les développer. Les promoteurs restent de fait propriétaires de ces enclaves, et découpent leur terrain en lots qu'ils vont ensuite proposer à la location à des entreprises. Par ailleurs, la loi prévoit autour de ces ZES la possibilité pour les promoteurs de développer, en plus de l'aire de production, une zone plus large pouvant contenir commerces, logements, structures de loisirs et hotelliéres, autorisant ainsi la construction de villes privées.

Comme on l'a vu, les ZES s'accompagnent de la création d'un nouveau systeme de régulation, totalement séparé des mécanismes institutionels existants. En déclarant chaque nouvelle SEZ d'intérêt public, les gouvernements fédéraux déléguent le pouvoir décisionnel jusque-là détenu par le Commissaire au Travail vers le Commissaire au Développement, notamment pour ce qui concerne la question de la législation du travail et des salaires minimums, du régime d'assurance, etc. Les fonctions policiéres et judicières sont elles aussi altérées, puisqu'en vertu de la loi, « aucune enquête, perquisition ou saisie ne pourra être effectuée dans une ZES par un organisme ou un dirigeant, sauf avec la permission du commissaire au développement4 » . La loi prévoit aussi que des tribunaux spéciaux doivent être mis en place pour tra»ter spécifiquement des litiges dans les ZES 5

civils .

Les ZES sont par ailleurs extraites de la juridiction des panchayats et organismes municipaux élus dans de nombreux états, du fait de leur classement en tant que « cantons industriels », assurant ainsi l'effacement des institutions locales de gouvernance démocratique dans les ZES. Par ailleurs, il est important de noter que toute ZES se doit d'être cloturée et sécurisée, et que seules les personnes autorisées ont droit d'accés à la zone6.

4

Section 22, SEZ Act 2005

5

Section 23, SEZ Act 2005

6 Article 11, section 2, SEZ Act 2005

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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon