1.3.3 - Une économie rurale en péril, des
conditions de travail négligées
Les récents déplacements de populations issues
du domaine agricole et de la pêche conduisent aujourd'hui certaines
régions à se poser des questions quant à la hausse de
l'insécurité alimentaire. Une majorité des terres acquises
pour le développement de futures ZES sont en effet hautement fertiles en
particulier dans le cas des zones multi-produits, les plus larges. Les
scientifiques estiment que 82.000 familles de travailleurs agricoles
dépendant de la terre pour leur subsistance vont surement être
déplacées à cause des projets qui ont été
adoptés jusqu'à ce jour. On estime que la perte de revenus totale
annuelle pour toutes ces familles est proche des 35 millions d'euros (Bhaskar
Goswami 2006). On doit ajouter à cela la destruction de nombreux emplois
indirectement liés à l'agriculture dans l'artisanat, le commerce
et la petite industrie.
La pêche est menacée du fait d'une privation
croissante de l'accès à la mer à cause du
développement de projets de ZES portuaires, au Gujarat, au Maharashtra,
en Andhra Pradesh et au Tamil Nadu.
Par ailleurs les rudes conditions de travail dans les ZES
indiennes comme chinoises est une réalité aujourd'hui reconnue.
Le Commissaire au Développement, en déclarant les ZES comme
étant un Çservice d'utilité publique È, suspend
ainsi le droit de grève et le droit d'association. Aucune protestation
n'est possible de la part des travailleurs dans les ZES. Dans certains Etats
comme le Maharashtra, du fait de sa toute puissance, le Commissaire au
Développement peut même refuser une inspection de la Direction de
la Sécurité Industrielle et de la Santé. En Andra Pradesh,
le salaire minimum a été récemment revu à la
baisse, et le travail y est maintenant possible 365 jours par an, et 24h par
jour, moyennant une prime pour les heures supplémentaires.
Le Ministère des Finances a récemment conduit une
étude, et estime que les pertes cumulées dues aux
réductions fiscales offertes en cinq ans dans le cadre de la politique
des ZES
sÕelevent à plus de trois milliards dÕeuros,
ce qui represente 6 à 7% des recettes annuelles du pays en 2006.
Le refus systématique de la vente de terres fertiles dans
lÕEtat de Goa a récemment
conduit le
gouvernement à stopper le processus de creation des
ZES, et à dénotifier la totalité des projets supposes
sÕy établir. Dans un tel contexte, et notamment à la suite
des incidents de Nandigram en 2007, le gouvernement central réagit et
apporte quelques corrections à sa politique en matiére de ZES. En
juin 2007, le Ministére du Commerce interdit explicitement
lÕacquisition forcée de terrains dans un but privé, et
interdit egalement lÕacquisition de terres arables. Les gouvernements
provinciaux sont priés de ne plus venir en aide aux promoteurs.
Cependant, la machine étant déjà
lancée à pleine vitesse et les considerations sociales et
environnementales nÕétant pas une priorité, les
repercussions de ces corrections se font toujours attendre.
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