2eme partie - Aux sources du projet Swarnabhoomi
Afin de comprendre les raisons d'être du projet
Swarnabhoomi, il convient de revenir sur les dynamiques urbaines et
économiques récentes de la ville de Chennai, puisque le projet a
été voulu dans le but de répondre à une demande,
incontestablement liée à un nouveau contexte metropolitain.
2.1 - Chennai et son contexte metropolitain
Chennai, anciennement Madras, capitale de lÕEtat
fédéral du Tamil Nadu, est aujourdÕhui la
4eme 9
ville du pays avec ses 9 millions dÕhabitants ,
derrière les megapoles que sont Delhi, Bombay, et Calcutta.
Malgré un contexte indien oil le processus dÕurbanisation se fait
à petits pas, Chennai attire , et sÕinsére
aujourdÕhui pleinement dans une réalité globale.
Située à quelques heures seulement de Bangalore, cinquieme ville
du pays et centre majeur de la production et de la recherche en informatique et
technologies de pointe, Chennai, elle aussi, a fait le choix de la
spécialisation. Elle est aujourdÕhui à la tete de
lÕEtat le plus urbanisé et le plus industrialisé du pays,
et contribue à hauteur de 30% de la production automobile indienne.
Ville portuaire, elle reste egalement trés competitive dans le domaine
du textile qui a fait sa richesse au cours des siécles
précédents, et contribue à la moitié des
exportations nationales de cuir en 2008. Depuis les années 80 et surtout
9010 et lÕémergence de politiques incitatives, on
observe le développement de corridors industriels le long de grands axes
routiers et autoroutiers, principalement à lÕouest et au sud,
avec lÕémergence notamment dÕun IT corridor, probablement
lÕune des plus grosses concentration sud asiatiques en matiére de
recherche et développement dans le secteur des technologies de
lÕinformation et de la communication. De trés nombreux
frabricants informatiques ou éditeurs de logiciels y ont élu
domicile, comme par exemple Hewlett Packard, Dell ou IBM, pour ne citer que les
plus célébres, si bien que ce secteur représente 11,5% des
revenus de la métropole en 2007 (Ramesh, 2007).
9
Estimation e'tant donne que le dernier recensement date de
2001
10 Et lÕouverture economique du pays initiee en 1991
Cette concentration post-libérale sur le modele
nord-américain des edge-cities, qui fait suite à un
processus de développement urbain déjà complexe au vu de
la polynuclé arité de l'agglomération, essentiellement due
aux gonflements successifs de bourgs ruraux qui peu à peu ont
fusionné, a conduit à l'appartition d'une bipolarité au
sein de la région métropolitaine de Chennai. Graduellement, on
passe ainsi d'une partie nord consacrée aux industries lourdes et
polluantes, à une partie ouest consacrée principalement à
l'assemblage (avec par exemple l'installation ces dernieres années de
centres de production dans les secteur de la téléphonie et de
l'électronique, par de grandes firmes multinationales telles que Nokia,
Siemens, Motorola ou Sony-Ericsson), et à une partie sud, plus moderne,
et tournée vers les industries de pointe, l'enseignement
supérieur et la recherche. Le haut niveau d'éducation,
l'émergence récente de nombreuses ZES qui attirent les flux de
capitaux étrangers, le développement d'infrastructures
adaptées et l'avenement du transport individuel, participent à la
tertiarisation de la periphérie sud de Chennai, qui n'en finit plus de
s'étendre, toujours plus loin le long de l'autoroute NH45, de la Old
Mahabalipuram Road (OMR), et de l'East Coast Road (ECR). Les
anciennes activités, dans le secteur primaire pour l'essentiel,
disparaissent, et cedent la place à des quartiers créés de
toutes pieces, à des gated commu nities, et à des villes
nouvelles, rivalisant tant par leur ampleur que par la qualité des
équipements qu'elles proposent. Les grues sont partout, le béton
coule à flot, et le visage de l'Inde de demain prend forme, à
l'image de la Chine au cours de la derniere décennie. Tant et si bien
que pour se rendre du centre-ville à la pointe sud de
l'agglomération, on doit désormais parcourir plus d'une trentaine
de kilometres. Cette coulée vers le sud prend également sa source
dans la flambée des prix de l'immmobilier dans la partie centrale de
Chennai, qui rivalisent parfois avec ceux des grandes villes
européennes11. La proximité de l'aéroport
international a évidemment participé à attirer une
population riche et mobile.
Le projet Swarnabhoomi, sur lequel je reviendrai plus en
détail dans une deuxieme partie, s'inscrit pleinement dans cette logique
de fuite vers le sud,
et se trouve de fait directement lié aux dynamiques
métropolitaines de la ville de Chennai. De plus, à l'issue d'un
entretien avec le Chief Planner du CMDA (Chennai Metropolitan
Development Authority), j'ai appris que l'ECR, qui relie Chennai
à Swarnabhoomi et à Pondichéry, a été prise
pour cible dans le cadre du développement d'un corridor touristique, qui
devrait profondément influer sur l'attrait de
11
Quartier de Nungambakam notamment
la zone au cours des prochaines annees. Pour faciliter cette
transformation, lÕECR devrait etre elargie tres prochainement à
2x2 voies, ce qui devrait permettre une acceleration des flux.
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