2.1.3 Les dessins de sable
Traditionnellement, la parole peut être
accompagnée de dessins symboliques ou figuratifs faits dans le sable et
illustrant le discours. Il pourrait s'agir, par exemple, d'une chasse ou de
l'histoire d'un ancêtre, ou encore d'expliquer l'organisation sociale de
la société (ILL.19). Au fur et à mesure de l'histoire, le
narrateur efface les dessins de la main pour illustrer la suite. Se
succèdent ainsi plusieurs scènes attachées à
l'histoire. Le dessin remplace même parfois la parole tout comme le
langage des signes qu'utilisent les Aborigènes (Petitjean 2000, 56). Les
peintures contemporaines utilisent souvent les mêmes signes que ceux que
l'on voit dans les dessins de sable (Petitjean 2000, 56).
2.1.4 Les arts du corps
2.1.4.1 La peinture corporelle
La peinture corporelle est une des sources de motifs pour les
artistes contemporains. Tout comme les peintures de sable et l'art rupestre,
elle existe avant tout dans le contexte rituel religieux et utilise des cercles
concentriques, des points, des lignes...(ILL.20). Selon T.G.H. Strehlow, elle
sert, tout comme de nombreux masques et costumes africains, à
transformer les danseurs et autres participants des cérémonies
qui deviennent les ancêtres à qui sont destinées les
cérémonies (Strehlow 1964, 52). Les motifs et les couleurs
diffèrent selon les groupes et selon les cérémonies ou
selon les occasions, telles que la protection lors des guerres ou la parade
amoureuse. Les couleurs disposées au doigt sur la peau recouverte de
graisse animale sont celle de la terre : ocre rouge, jaune et brun, argile
blanche et charbon. L'ocre rouge est considérée comme la plus
sacrée, invoquant la puissance et des significations profondes et
secrètes (Isaacs 1984, 56).
Bien plus que de la simple peinture, on retrouve parfois une
seconde peau faite sur le danseur à base d'herbes hachées et
collées, de plumes, de fientes d'oiseau, etc, telle une peinture de
sable sur support humain (ILL.12, 21) (Isaacs 1984, 65-6). Il ne faut pas
oublier que, dans la culture aborigène, le vêtement est quasi
inexistant ; la peau est donc le support direct de toutes décorations
(bien qu'actuellement les vêtements occidentaux sont de plus en plus
répandus : short, tee-shirt...).
2.1.4.2 La scarification
La scarification est également fort répandue.
Comme la peinture, elle correspond à un statut mais est
définitive. Plus que la douleur momentanée qu'elle engendre,
c'est le dessin qui compte (Isaacs 1984,54). Les motifs sont les mêmes
que dans les autres formes d'art aborigène vues jusqu'ici.
2.2 Historique du courant artistique contemporain.
2.2.1 Les premiers objets aborigènes du
désert fabriqués au vingtième siècle.
Au début de la colonisation du désert qui
accompagna l'inauguration de la ligne de chemin de fer trans-australienne en
1915, les femmes aborigènes des missions des Monts Warbuton (1934) et
d'Ernabella (1939) furent encouragées dans la production de statuettes
de bois destinées à la vente dans les grandes villes. Ces
statuettes, connues sous le nom de toas (ILL.22), sont donc des
inventions liées à la colonisation et s'insèrent peu dans
la tradition aborigène. Parfois, leurs décorations reprennent des
signes et des motifs traditionnels sortis des grandes compositions que sont les
peintures corporelles, de sable ou rupestres. A Ernabella, des sacs,
écharpes, tapis, ceintures, décorés comme les
toas avec des motifs traditionnels furent également
fabriqués pour la vente. Vers 1972, ces objets tissés furent
remplacés par les batiks. (Caruana 1994, 102-3).
Les peintures sur toile diffèrent des toas
car, même si elles ont incorporé des éléments
nouveaux que sont le médium et le support, elles s'insèrent dans
la continuité de la tradition. La peinture n'est pas un simple
élément de décoration sur l'objet mais forme l'objet
lui-même. De plus, en tant que séquences extraites des ensembles
plus grands que sont les peintures de sable, les compositions gardent plusieurs
niveaux de signification accessibles selon les niveaux d'initiation, et ont
ainsi un sens traditionnel profond pour ceux qui savent l'y trouver. Une
troisième chose distingue les peintures sur toile des toas :
elles sont
insérées dans le marché de l'art en tant
qu'oeuvre d'art et pas seulement en tant qu'objet artisanal ethnologique.
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