2.2.2.1 Yuendumu : deuxième noyau de
développement.
« Centre de peuplement » créé en 1955
à 120 km au nord-ouest d'Alice Spring, Yuendumu regroupait à
l'origine (et toujours actuellement) principalement des Aborigènes
Walpiri. Dès le début des années soixante-dix, on proposa
aux Aborigènes de Yuendumu et à ceux des autres centres Walpiri
de quoi peindre à l'aquarelle et à l'acrylique. Mais rares sont
ceux qui consentirent à peindre aussi librement des motifs ancestraux
avant les années quatre-vingts (ILL.38). Comme
ils avaient été précédés
d'une dizaine d'années par les artistes de Papunya, les
Aborigènes de Yuendumu étaient, avant même de commencer
à peindre, au courant du fonctionnement du marché de l'art, et
bénéficièrent des découvertes et des erreurs de
leurs voisins. Ils mirent tout d'abord au point un système de
contrôle des images pour éviter la diffusion
d'éléments secrets et sacrés : en 1985, la
coopérative de l'Association des artistes aborigènes
Warlukurlangu endossa ce rôle ainsi que celui d'intermédiaire
entre les peintres et les acheteurs. C'est en 1983 que furent peintes les
fameuses portes de l'école de Yuendumu suite à la demande du
Principal, Terry Davis, à un groupe de grands initiés. Les
peintures (ILL.39) représentent les aspects profanes, et donc visibles
par tous, de différents Rêves de la région. Leur
présence au sein de l'école a instauré un équilibre
symbolique entre la tradition occidentale enseignée aux enfants et la
tradition aborigène ainsi remise en valeur (Caruana 1994, 223 ; Isaacs
1999, 29). Les grandes surfaces que sont ces portes entraînèrent
les peintres à choisir pour support des grandes toiles plutôt que
les petites utilisées jusque là : les grandes surfaces leur
permettent de faire des compositions plus complexes, véritables
séquences extraites des peintures de sable traditionnelles (Caruana
1994, 224). Les femmes artistes ont pris plus d'importance à Yuendumu
qu'à Papunya, peutêtre notamment grâce à
l'intérêt que leur ont porté Nancy Munn et Françoise
Dussart, deux anthropologues. En 1984, les femmes passèrent de la
décoration d'objets quotidiens à la peinture sur toile pour
acquérir les fonds nécessaires à l'achat d'une voiture
pour la communauté (Caruana 1994, 126). Beaucoup se sont
attachées à ce dernier médium (ILL.40,41). Actuellement,
environs 200 artistes, hommes et femmes, peignent pour l'association
Warlukurlangu (Isaacs 1999, 29).
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