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L'art du désert - Etude des peintures aborigènes contemporaines du désert central d'Australie dans le contexte de la culture aborigène et du marché de l'art.

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par Amandine Dooms
Université Libre de Bruxelles - Histoire de l'Art et Archéologie. Civilisations non-européennes 2001
  

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4.2.2 L'authenticité

Le problème de l'authenticité est également très contradictoire. Une peinture authentique pour les Aborigènes est une copie de l'original dessiné il y a des milliers d'années par l'ancêtre. Cette peinture doit être faite sous les ordres de la personne qui est responsable du Rêve associé ou en tout cas avec son approbation. L'artiste peut innover mais sur des points de détails et avec l'accord des autres responsables du Rêve. L'histoire doit pouvoir être lue par les personnes suffisamment initiées. S'il n'existe pas d'artiste au sens où on l'entend, les Aborigènes reconnaissent néanmoins à certains de leurs pairs des dons particuliers en peinture : par exemple pour leur grande capacité à tracer des cercles parfaits, à équilibrer la composition ou à transmettre l'histoire à travers une image. Il faut savoir que ces règles traditionnelles sont beaucoup moins respectées pour les peintures destinées à la vente que pour les peintures cérémonielles (Anderson & Dussart 1989, 93-101).

Pour le marché occidental, les critères d'authenticité diffèrent selon que l'on considère l'objet comme de l'art contemporain ou de l'art ethnique. Pour l'art contemporain, l'oeuvre doit avoir été peinte par celui qui signe. Or les Aborigènes ne signent pas car c'est l'ancêtre qui est l'auteur de l'oeuvre. Le peintre est anonyme. Pour s'adapter au marché, les signatures se sont développées24 mais c'est souvent le nom du responsable du Rêve qui est inscrit, peu importe qu'il ait peint ou non le tableau. De plus, les tableaux sont souvent réalisés à plusieurs. Comme dans les ateliers de la Renaissance, seul le « maître »signe (Petitjean

24 Les signatures sont placées très souvent à l'arrière de la toile.

2000, 163). Pour les arts primitifs, une oeuvre authentique doit avoir été conçue dans un contexte traditionnel avec les matériaux et techniques traditionnels. Les objets pré-coloniaux ou du tout début de la colonisation sont donc souvent les plus recherchés et les mieux mis en valeur. Les peintures des Aborigènes du Désert ne répondent pas du tout à ce critère puisque la transposition depuis les supports traditionnels à la toile mieux adaptée au marché s'est faite par une intervention occidentale.

4.2.3 La valeur d'une oeuvre

La valeur d'une peinture pour les Aborigènes se traduit principalement par l'importance du Rêve qui lui est associé. D'ailleurs, le peintre devra payer plus de dédommagements aux autres responsables du Rêve si le Rêve est important (Glowczewski 1991, 309). Cela pose parfois des problèmes car la valeur du Rêve, inaccessible au galeriste, ne correspond pas toujours à la valeur que donne le galeriste au tableau, et le peintre ne comprend pas pourquoi il touche moins d'argent que pour un tableau qui était pour lui de moindre importance. Le tableau en tant qu'objet n'a aucune valeur pour les Aborigènes, il ne viendrait à aucun d'eux l'idée d'accrocher leurs tableaux à un mur25 (Isaacs 1999, 15). Ils ont d'ailleurs tendance à négliger la toile une fois peinte. C'est alors aux conseillers artistiques ou aux galeristes de veiller à mettre la toile en sécurité avant qu'elle ne

25 Seul peindre est important, le résultat est sans intérêt. Les peintures de sables, dont les tableaux contemporains sont inspirés, sont d'ailleurs éphémères. Comme pour les mandalas en Inde, faire le tableau prime sur l'objet lui-même. Comme les tableaux ne sont pas fait dans une matière éphémère, les artistes les apportent aux centres artistiques ou les vendent le plus rapidement possible pour en être débarrasser (communication personnelle : Petitjean 2002).

soit abîmée par les enfants et les chiens. (communication personnelle : Petitjean juin 2002).

Pour l'art contemporain, les critères principaux qui font la valeur d'un artiste et de son oeuvre sont notamment l'innovation et l'originalité dont l'artiste fait preuve, sa reconnaissance par des spécialistes renommés et, bien que ce soit en partie nié à cause du caractère péjoratif d'une oeuvre dite commerciale, par le succès de l'oeuvre dans le marché de l'art et notamment lors des grandes ventes aux enchères (Moulin 1992, 47-64). Tous les arguments et leurs opposés ont servi à justifier la valeur des oeuvres si diverses jusqu'ici reconnues dans l'art contemporain, il devient particulièrement difficile de se baser sur des critères de qualités formelles de l'oeuvre. (Danto 2000, 45 ; Moulin 1997, 46). On a vu que l'innovation ne correspond pas aux idées que se font les Aborigènes des tableaux qu'ils peignent, néanmoins certains artistes ont pris plus de liberté pour leur interprétation picturale des Rêves et font preuve d'une réelle originalité (cf. p.62- 6).

Toute cette controverse que suscite l'art du Désert ne fait-elle pas aussi de lui un art pleinement contemporain dont un souci depuis Duchamp a souvent été de poser la question : mais finalement qu'est ce que l'art ? (Danto 2000, 42).

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